Mairie de Montréal : Denis Coderre devance Valérie Plante

Un nouveau sondage montre que la course à la mairie de Montréal risque d’être un match de revanche pour Denis Coderre. S’il se présentait aujourd’hui, 40 % des électeurs voteraient pour lui.

La Presse Canadienne / Montage L'actualité

Au moment d’écrire ces lignes, l’ex-maire de Montréal Denis Coderre n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature à la mairie de Montréal aux élections de novembre 2021, mais le principal intéressé n’a pas l’air pressé de nier ou de confirmer ces rumeurs. Or, son livre Retrouver Montréal, paru mercredi, semble jeter les bases de sa plateforme électorale, selon les journalistes qui ont eu la chance de le consulter. Nous pouvons donc lire entre les lignes.

Avec la dissolution récente du parti Vrai changement pour Montréal (l’ancienne formation de Mélanie Joly), la course à la mairie de Montréal se dessine comme un fort probable affrontement entre l’actuelle mairesse Valérie Plante et son prédécesseur, Denis Coderre (malgré l’éclosion de nombreux nouveaux partis municipaux dans les derniers mois). Ce serait donc un match revanche.

Nous vous présentons aujourd’hui un tout nouveau sondage de la firme Recherche Mainstreet sur la course à la mairie de Montréal. Comme les élections municipales montréalaises n’auront lieu qu’en novembre prochain, les chiffres dévoilés ci-bas ne constituent aucunement une « prédiction » du résultat de l’automne, ils sont plutôt un aperçu de l’état de cette course à la ligne de départ.

À la question : « Si des élections municipales avaient lieu aujourd’hui, pour quel candidat à la mairie voteriez-vous ? », les répondants devaient choisir parmi les options suivantes :

  • Valérie Plante, de Projet Montréal
  • Denis Coderre, d’Ensemble Montréal
  • Un autre candidat
  • Je ne sais pas

Voici les résultats de tous les répondants au sondage :

L’ancien maire Denis Coderre se hisse au premier rang avec 40 % d’appuis parmi l’échantillon complet du sondage, une avance de 16 points sur l’actuelle mairesse et cheffe de Projet Montréal Valérie Plante, qui ne reçoit que 24 %. L’option « autre candidat » ne récolte qu’un maigre 11 %. Point important à souligner : pas moins du quart des répondants se disent indécis pour l’instant, affirmant que rien n’est encore joué ; ces chiffres pourraient donc changer de façon substantielle d’ici les élections.

Le sondage posait ensuite une question de relance aux répondants indécis. « Même si votre choix n’est pas encore fait, pour quel candidat seriez-vous enclin à voter ? » Voici les résultats des répondants décidés et enclins :
Denis Coderre mène par 17 points, 50 % contre 33 % pour la mairesse de Montréal. Il s’agit certes d’une avance imposante, si l’on considère que l’ancien ministre libéral fédéral a récolté 32 % et 46 % des suffrages lors de ses deux courses à la mairie (en 2013 et 2017, respectivement). Toutefois, nous devons apporter bémol important : lorsque nous analysons les sous-échantillons par tranche d’âge, nous remarquons que Coderre doit son avance presque entièrement aux répondants âgés de 18 à 34 ans (voir graphique ci-dessous). En effet, chez les jeunes électeurs, l’ex-maire bénéficie d’un appui monstrueux de 67 % des répondants décidés, contre seulement 20 % pour la mairesse Plante :


Or, un sondage Léger publié dans les dernières semaines de la campagne de 2017 montrait que Denis Coderre détenait une mince avance auprès des jeunes électeurs, mais tirait de l’arrière parmi les électeurs plus âgés. Néanmoins, cet écart de plus de 40 points chez les jeunes électeurs semble pour le moins étonnant.

Dans les autres tranches d’âge, Denis Coderre mène par sept points chez les 35-49 ans, puis il y a égalité statistique chez les 50-64 ans et les 65 ans et plus. Si l’on ne considère que les électeurs de 35 ans et plus, les deux candidats sont au coude-à-coude : Coderre a la faveur de 42 % des répondants et Plante, 40 %. De plus, nous pourrions ajouter que l’échantillon de répondants de 18 à 34 ans est plus modeste que celui des autres tranches d’âge, donc ce sous-échantillon possède une plus grande marge d’erreur. Est-ce une donnée statistiquement aberrante ? C’est une hypothèse plausible.

Chez les électeurs francophones, Coderre détient une avance de 14 points sur sa rivale. Auprès des non-francophones, il mène par 22 points :
Néanmoins, les chiffres de ce sondage ne sont pas tous négatifs pour Valérie Plante. Le taux de satisfaction des électeurs montréalais à l’égard du travail de la mairesse s’élève à 54 %, contre 37 % d’insatisfaits, pour un résultat net de + 17. Bien des politiciens, peu importe le palier de gouvernement ou d’administration, rêveraient de bénéficier d’un tel niveau d’appréciation en année électorale :
De son côté, Denis Coderre est aussi vraisemblablement apprécié des électeurs montréalais : 61 % des répondants affirment avoir une impression favorable de l’ancien maire de Montréal, contre seulement 25 % ayant une opinion défavorable. Les nombreuses tournées médiatiques de Denis Coderre au cours des derniers mois semblent donc avoir porté des fruits jusqu’à maintenant :

Quant aux défis auxquels fera face le prochain occupant de l’hôtel de ville de Montréal, le sondage révèle que la relance économique (25 %), la hausse des coûts de logement (22 %) et la gestion des travaux routiers (21 %) constituent les trois priorités des répondants. Le développement du transport en commun vient au quatrième rang avec 16 % (mais au premier rang chez les électeurs de Valérie Plante, avec 34 %).

Somme toute, la course à la mairie de Montréal pourrait être une chaude lutte entre deux candidats généralement appréciés des électeurs montréalais. Après quatre ans au pouvoir, Valérie Plante jouit d’un taux de satisfaction élevé, mais son rival semble avoir réussi à redorer son image depuis son revers de novembre 2017.

En conclusion : avec un peu de perspective et le bénéfice du recul, je crois qu’il est juste d’affirmer que, en 2017, la défaite de Denis Coderre était à la fois étonnante et prévisible.

Étonnante, car dans un sondage Léger publié par Qc125 au cours de l’été 2017, Denis Coderre se hissait en tête des intentions de vote par une marge importante de 14 points (avant répartition) et affrontait une candidate encore méconnue du public montréalais en Valérie Plante. En effet, les données de ce sondage nous ont appris que 40 % des électeurs montréalais ne connaissaient même pas la femme qui allait remporter la course quelques mois plus tard et ainsi devenir la première mairesse de la métropole. Il est extrêmement rare de voir des candidats sortants au bilan respectable, en particulier des politiciens d’expérience comme Denis Coderre, s’effondrer de la sorte en l’espace de quelques semaines à peine.

Mais le résultat était aussi prévisible, car à chaque coup de sonde pendant la campagne, nous observions un resserrement des intentions de vote : l’avance de 14 points de Coderre pendant l’été (Léger) s’est réduite à 5 points en septembre (Mainstreet), puis ç’a été l’égalité à la mi-octobre (Léger) et enfin un écart de 3 points en faveur de Valérie Plante à la fin octobre (CROP). Les sondages avaient vu juste.

D’ailleurs, après la publication d’un premier sondage défavorable à son égard, Denis Coderre avait lancé à un journaliste la réplique classique de tout politicien qui peut voir, parfois bien involontairement, sa défaite planer à l’horizon : « Le vrai sondage, c’est le jour de l’élection ! », une réponse souvent utilisée par les candidats en perte de vitesse.

Les élections municipales auront lieu le dimanche 7 novembre 2021.

La maison Recherche Mainstreet a récolté les données de ce sondage auprès de 2 313 électeurs montréalais à l’aide d’appels automatisés (IVR : interactive voice response — réponse vocale interactive) entre le 20 et le 23 mars 2021. La marge d’erreur de ce sondage probabiliste est de ± 2 %, 19 fois sur 20. La marge d’erreur des sous-échantillons démographiques est plus élevée. Le sondage a été commandé par Qc125 / 338Canada. Vous trouverez le rapport complet ici.