Le bastion péquiste de Marie-Victorin, vacant depuis l’élection de son ancienne titulaire à la mairie de Longueuil, pourrait demeurer dans le giron souverainiste, révèlent les résultats d’un sondage de la maison Repère Communication Recherche, que L’actualité a pu consulter.
Pierre Nantel, ancien député fédéral du NPD et maintenant candidat pour le Parti québécois (PQ), tentera de prendre le flambeau de ce dernier bastion péquiste de la Rive-Sud, remporté par aucune autre formation lors des 11 dernières élections (partielles et générales, depuis 1985).
Même si les chiffres publiés au cours des derniers mois laissaient présager une course serrée entre la Coalition Avenir Québec (CAQ) et le PQ pour cette élection partielle, ce coup de sonde accorde à Pierre Nantel l’appui de 26 % des répondants, huit points devant Shirley Dorismond de la CAQ, en deuxième place avec 18 % des faveurs, alors que les candidats du Parti libéral du Québec (PLQ, à 11 %), de Québec solidaire (QS, à 9 %) et du Parti conservateur du Québec (PCQ, à 6 %) bataillent pour la troisième place.
Toutefois, deux bémols importants s’imposent à propos de ce sondage. D’abord, il a été commandé, puis fourni par le Parti québécois. Il doit donc être considéré comme provenant d’une source partisane, un concept que j’explique ici. La crédibilité de Repère Communication n’est pas en cause, mais il ne fait aucun doute que cette enquête n’aurait pas été rendue publique si son contenu avait été défavorable à Pierre Nantel.
De plus, 29 % des 403 répondants au sondage affirment être indécis. Bien qu’une élection partielle n’attire pas autant l’attention des électeurs et des médias que des élections générales, il s’agit tout de même d’une proportion élevée à seulement deux semaines du scrutin.
Parmi les électeurs décidés (après une question de relance typique : « Même si votre choix n’est pas encore fait, pour quel candidat auriez-vous le plus tendance à voter si… »), l’avance du candidat souverainiste grimpe à 37 %, contre 25 % pour la candidate de la CAQ. Le Parti libéral est loin derrière, en troisième place avec 15 %.
Dans ce contexte, la capacité des partis à mobiliser leurs électeurs le jour du vote sera cruciale. Lors de la partielle de 2016 dans cette circonscription, remportée par Catherine Fournier, à peine le quart (26 %) des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes.

Pour Québec solidaire, qui avait obtenu un résultat respectable de 22 % dans Marie-Victorin lors des élections générales de 2018, il s’agit d’un autre rapport décevant, avec seulement 12 % des intentions de vote. Quant au PCQ d’Éric Duhaime, sa candidate ferme la marche loin derrière à 9 %.
Le sondage de Repère Communication laisse croire que le PQ est en progression dans Marie-Victorin depuis l’hiver : l’exercice de Léger en février (lui aussi fourni aux médias par le PQ) plaçait Pierre Nantel et Shirley Dorismond à égalité, à 33 %.
Néanmoins, il faut manipuler les résultats de sondages avec une extrême prudence dans le cas d’élections partielles, compte tenu de la participation populaire toujours moins imposante que lors d’un scrutin général. Il est possible que les sondés ne soient pas nécessairement représentatifs de ceux et celles qui se donneront la peine de voter le 11 avril prochain. De plus, Repère Communication n’est pas une maison de sondage particulièrement reconnue pour ses enquêtes publiques et elle travaille depuis plusieurs années pour le compte du Parti québécois.
D’ailleurs, en 2018, un sondage de cette maison effectué à six semaines du scrutin d’octobre accordait une avance de 9 points au chef péquiste Jean-François Lisée dans Rosemont (il s’est incliné devant Vincent Marissal de QS), puis un autre mesurait des appuis de 60 % (!) pour Véronique Hivon dans sa circonscription de Joliette (elle a remporté ce siège avec 46 % des suffrages). Finalement, la veille des élections, le candidat péquiste Jean-Martin Aussant publiait sur son fil Twitter une enquête locale de Repère Communication le plaçant en tête dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles. Le lendemain, ce dernier s’inclinait contre la candidate caquiste Chantal Rouleau par une marge de sept points.
Évidemment, ce n’est pas que les sondages de Repère Communication surestiment systématiquement le Parti québécois, mais bien que les sondages de cette maison qui sont fournis par le PQ ont, historiquement, été fort favorables à la formation souverainiste. Néanmoins, une avance de 12 points pour Pierre Nantel demeure une donnée encourageante pour le PQ.
Le nouveau député ou la nouvelle députée de Marie-Victorin ne siégera donc que deux mois, car à moins d’un imprévu majeur, la session parlementaire actuelle se terminera en juin et l’Assemblée nationale devrait être dissoute en août en vue des élections générales du 3 octobre.
* * *
Vous trouverez le rapport du sondage de Repère Communication ici. L’enquête, commandée par le Parti québécois, a été effectuée par appels téléphoniques auprès de 403 habitants de la circonscription de Marie-Victorin entre le 23 et le 26 mars 2022. La marge d’erreur de ce sondage probabiliste est de ±5 %, 19 fois sur 20. La projection Qc125 sera mise à jour sous peu, lorsque des données supplémentaires au niveau national auront été publiées.
Pas plus tard que la semaine passée, dans son édition du 22 mars, le journal Le courrier du sud de Longueuil publiait une lettre ouverte de Sylvie Cantin vice-présidente du Mouvement Démocratie Nouvelle qui demandait aux candidats de Marie-Victorin de se prononcer sur le changement de mode de scrutin. Sa lettre était plus particulièrement adressée à la candidate de la CAQ, Shirley Dorismond qui encore récemment se déclarait être en faveur d’un scrutin proportionnel.
Madame Cantin voulait plus spécifiquement savoir si madame Dorismond entendait si elle était élue, soutenir encore ce mode de scrutin pour l’élection de 2026.
Dans un même ordre d’idées, certains observateurs et journalistes avaient remarqué lors du blitz de presse suivant l’annonce de sa candidature, que l’aspirante issue des communautés culturelles, s’était insurgée naguère contre le « racisme systémique » ; par une pirouette, elle s’est rangée derrière l’avis de monsieur Legault, considérant qu’il y avait une définition et donc un sens qu’il faut donner au mot, qu’elle était désormais confortable avec les positions du chef. Pourquoi pas en effet ?
Alors que cette circonscription populaire est désormais confrontée à une pénurie de logements à prix modiques, la candidate se range derrière les politiques actuelles du gouvernement qui selon elle est à l’écoute des besoins de la population, en même temps tout le monde s’entend sur le fait qu’il en faudrait bien plus pour venir à bout de la situation.
À l’autre bout du spectre, le PQ a recruté un candidat connu, Pierre Nantel, qui a été député NPD dans la circonscription fédérale voisine de Longueuil-Pierre-Boucher pendant 8 ans. De l’avis de bon nombre de citoyens (incluant le mien), il a été un bon député. Il ne fait aucun doute qu’il détient une bonne expérience parlementaire, c’est le seul candidat qui soit aussi expérimenté, qui fasse la différence en ce qui concerne les questions d’environnementales, exception faite de Martine Ouelet.
Étonnement, Philippe J. Fournier ne mentionne même pas cette candidate, comme si elle n’existait pas.
Dans ce jeu électoral plutôt binaire (en raison du système électoral inadapté au multipartisme), les citoyens s’entendent de mieux en mieux pour voter en faveur du candidat ou de la candidate qui a les meilleures chances de gagner et non formellement pour un parti en particulier.
Plusieurs électeurs ont peut-être envie de profiter de l’occasion pour envoyer à monsieur Legault un petit message en vertu duquel il faudrait en faire vraiment plus pour que cela soit définitivement vraiment mieux.
À ce titre, le récent crédit d’impôt pour lutter contre l’inflation semble peu conçu pour répondre à la question. Comme exemples (non exhaustifs) : une bonification significative du crédit d’impôt pour solidarité qui représente un paiement mensuel récurrent, aurait certainement été d’un bien meilleur usage ; le versement plus systématique d’une allocation logement permettrait de rendre plus accessible l’habitat pour tous, etc.