

Les élus municipaux viennent d’envoyer un message clair à tous les chefs de partis en campagne. Ils en ont assez d’être inféodés au bon vouloir des fonctionnaires de Québec et à celui de leurs maîtres politiques à l’Assemblée nationale.
La démonstration de solidarité d’aujourd’hui aurait été impensable il y a une vingtaine d’années, alors que les élus municipaux se chamaillaient sur tout et rien.
Mercredi, les maires de Montréal, Denis Coderre, des villes de la banlieue, Peter Trent, de Québec, Régis Labeaume et la première vice-présidente de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Suzanne Roy, ont uni leurs voix pour réclamer… un nouveau pacte pour Montréal et Québec.
D’habitude, chacun tire la «couverte» de son côté, avec le résultat que l’on sait : division, stagnation, et impossibilité de rééquilibrer le rapport de force entre l’État québécois et la métropole.
En se ralliant à la cause d’une métropole forte, le monde municipal envoie l’équivalent d’une mise en demeure aux partis provinciaux qui se disputent la faveur des électeurs. Il faudra plus que des boniments, des plans superficiels pour «mieux vivre à Montréal» et de vagues promesses d’investissements accrus dans les transports collectifs pour satisfaire l’appétit d’autonomie de Montréal et de Québec.
«Le statut de métropole doit une fois pour toutes être reconnu officiellement par le prochain gouvernement du Québec», a lancé le maire Coderre.
En clair, on parle d’une affaire de gros sous. Montréal doit obtenir de nouvelles sources de revenus pour assumer son rôle économique, social et culturel unique au Québec.
Le maire Coderre ne suggère pas d’augmenter le fardeau fiscal des contribuables. Il demande tout bonnement à la province de lui transférer une partie de son assiette fiscale. Les 175 millions de dollars envoyés chaque année à Montréal, une reconnaissance timide de son statut singulier, ne suffisent pas à assumer toutes les responsabilités.
Et ne venez pas me dire qu’il suffit de dégraisser l’appareil municipal et de taxer davantage les citoyens pour régler le problème. Bien sûr, il y a du gros ménage à faire dans la bureaucratie galopante de Montréal, mais les économies qui seraient dégagées au terme d’une éventuelle réforme seraient nettement insuffisantes pour faire de Montréal une métropole capable de rivaliser avec ses concurrentes nord-américaines.
Le problème de fond, c’est que Montréal dépend trop de l’impôt foncier. Elle doit piger dans les poches de ses résidants les sommes nécessaires à assumer des missions et dispenser des services qui profitent à la collectivité. En matière de services policiers, de prévention du terrorisme, d’itinérance, d’inégalités sociales, de logement, d’entretien du réseau routier et d’utilisation des parcs et espaces verts, Montréal assume une part de responsabilité disproportionnée par rapport au reste du Québec.
La Capitale nationale n’est pas en reste. Elle a connu une importance croissance économique et démographique depuis une dizaine d’années, et elle en a marre de poireauter «dans la salle d’attente de l’Assemblée nationale» pour faire bouger les choses.
Montréal, Québec et leurs alliés veulent des «leviers financiers», sans lesquels l’autonomie reste un concept creux. Que ce soit en matière de développement économique, de transport, de culture, de relations internationales ou d’intégration des immigrants, elles sont disposées à assumer des responsabilités, pour autant que l’argent suive.
Historiquement, le gouvernement du Québec a été très habile pour transférer de nouvelles responsabilités aux municipalités, sans leur donner des leviers pour y parvenir, et pour récupérer à son profit les champs de taxation les plus progressistes.
Le prochain gouvernement aura-t-il le courage de créer des villes fortes et autonomes, au risque de perdre son quasi-monopole sur les questions de développement économique et social ? La question mérite une réponse claire et sans équivoque.
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À propos de Brian Myles
Brian Myles est journaliste au quotidien Le Devoir, où il traite des affaires policières, municipales et judiciaires. Il est présentement affecté à la couverture de la commission Charbonneau. Blogueur à L’actualité depuis 2012, il est également chargé de cours à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On peut le suivre sur Twitter : @brianmyles.
Eh bien moi, j’espère bien que le prochain gouvernement aura le courage de refuser un troisième niveau de gouvernement important et aussi fort que la province dans la province.
Voudrait-on éventuellement qu’un autre Gérald Tremblay soit élu et ait tout ses pouvoirs entre les mains ?
Eh bien moi non !
Et puis un p’tit Napoléon à Québec qui voudra mettre tout les syndiqués à leur place…comme il l’entend ?
« Quand un arbre tombe, on l’entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit. » Proverbe d’Afrique du Sud
Bien que le terme d’inféodé soit peut-être un peu exagéré, la réalité est bien que les villes et les communes du Québec sont assujetties entre autre à la « Loi sur les cités et villes » de telles sorte que ces entités territoriales et humaines sont sous l’autorité de l’Assemblée nationale du Québec et dépendent des bons offices du gouvernement avec les aléas que cela peut quelquefois comporter.
Ainsi, nous l’avons vu dans des cas très précis de villes encore récemment, lorsque pour l’exploitation de certaines ressources fossiles ou minières, c’est l’intérêt supposément public qui prime contre toutes autres considérations. De telle sorte que le développement harmonieux du territoire n’est qu’optionnel en pratique.
C’est encore vrai pour toutes sortes d’infrastructures de transports quand les dites infrastructures ne tombent pas en plus sous juridictions fédérales. Ainsi au fil des décennies, on a massacré et balafré des villes comme Montréal sous prétexte de développement économique.
Le fait qu’une bonne entente règne au sein de l’UMQ est une bonne chose en soi, si ce n’est que ce n’est pas le sort des seules villes de Québec et de Montréal qui soit à considérer. C’est bien celui de toutes les municipalités, tout comme le développement peu ou prou de tout le territoire en particulier celui des zones peuplées.
Comme toujours, ce sont des questions d’argent qui restent en suspens. Mais l’argent n’a jamais été le moindrement du monde la garantie d’une bonne administration. Loin s’en faut. En plus, plusieurs observateurs incluant des fiscalistes, ont observé que l’impôt foncier n’est pas à proprement parler une modèle d’impôt équitable. Si ce n’est que tout le système est fondé sur ce type de perceptions.
Si vraiment on veut donner à toutes les villes et pas seulement aux seules métropoles de Montréal et de Québec une réelle autonomie : c’est tout le système fiscal qu’il faudrait réformer, sans doute pas dans notre seule belle province ; d’ailleurs, cela devrait englober tout le Canada…. Alors dans combien de temps tout cela ?
— Prenons notre temps. Ne se dit-il pas après tout que seule la patience est la mère de toutes les vertus ?
Bonjour,il est tout a fait logique,que avec l’usure de nos infrastructures dans chacune de nos villes, et la revitalisation et entretient $$$$ 20 milliards,il serait normal d’avoir cette argent avant de sortir l’argent pour le grand nord.Le gouvernement elu doit promettre lors du debat de ce soir,une stabilisation de la dette qui est de plus de $$$$ 200 milliards et de promettre un montant forfaitaire au quatre ans avant les prochaines election pour baisser la dette.Bonne reflexion
Ils font au gouvernement provincial exactement le même coup que le gouvernement provincial tente de faire à notre Gouvernement National sis à Ottawa.
BRAVO à nos maires québécois et puissent-ils affaiblir ce gouvernement lourd, inefficace et souvent stérile et improductif.
La partition du Québec serait à mon avis un gros avantage pour Montréal.