Erin O’Toole parti, on se demande déjà qui tentera de le remplacer. Quelques noms circulent, dont ceux de l’Albertaine pro-pétrole Michelle Rempel Garner et de l’Ontarienne pro-vie Leslyn Lewis, toutes deux par ailleurs unilingues anglophones. Mais les yeux sont surtout tournés vers le député de la région d’Ottawa et ex-ministre Pierre Poilievre, qui serait, de l’avis même de ses détracteurs conservateurs, une véritable « rock star » au sein du parti. Pourra-t-il toutefois faire oublier son passé controversé ?
Quoiqu’à peine âgé de 42 ans, Pierre Poilievre, originaire de Calgary, est ce qu’on appelle un vieux routier de la politique fédérale. Il a fait son entrée à la Chambre des communes en 2004, à l’âge de 25 ans. Le comédien Rick Mercer en avait fait la cible d’un sketch passablement assassin en 2009 pour souligner qu’à 31 ans, il se qualifiait désormais à une pleine pension, lui qui n’avait jamais occupé un « vrai » emploi, s’était opposé à l’élargissement de l’assurance-emploi et avait encouragé l’instillation de « la valeur du travail » chez les Autochtones.
Pierre Poilievre est un orateur incisif et particulièrement percutant —autant en français qu’en anglais —, qui a le sens de la formule. Il est le porteur en chef des slogans racoleurs du Parti conservateur tels que la #JustInflation, cette contraction du prénom du premier ministre et du mot « inflation » visant à faire porter à M. Trudeau la responsabilité de la hausse actuelle du coût de la vie.
Pierre Poilievre n’est pas non plus un amateur des médias. En point de presse, il n’hésite pas à ignorer les questions qui l’indisposent, surtout celles visant à rectifier les faits qu’il déforme sans scrupule. Encore cet automne, lorsqu’une journaliste de la Presse Canadienne lui a demandé pourquoi il promettait une réduction du financement de la CBC/SRC, alors que son chef Erin O’Toole avait dit le contraire en campagne, Pierre Poilievre s’est attaqué à elle. Avec un sourire narquois, il lui a demandé de confirmer qu’en tant qu’employée d’un fil de presse auquel est abonnée la société d’État, elle travaillait donc par la bande pour Radio-Canada. Sous-entendu : elle était en conflit d’intérêts.
Pierre Poilievre, c’est ça. Un politicien hargneux et abrasif qui ne recule devant aucune attaque pour marquer des points politiques ou simplement parer les critiques.
En 2014, lorsqu’il était ministre de la Réforme démocratique dans le gouvernement de Stephen Harper, il avait proposé un changement à la Loi électorale afin de restreindre grandement les moyens de s’identifier pour les électeurs. Rapidement, on lui avait reproché de s’inspirer des pires pratiques républicaines aux États-Unis visant à rendre plus difficile l’exercice du droit de vote. Quand le patron d’Élections Canada avait à son tour critiqué le projet de loi, Pierre Poilievre s’était attaqué à lui. Il avait dit de cet agent du Parlement non partisan (le directeur général des élections est le seul citoyen qui n’a pas le droit de vote au Canada) qu’il voulait simplement plus de pouvoir, un plus gros budget et moins de comptes à rendre… Pierre Poilievre avait finalement reculé en partie. Sa réforme a été détricotée par les libéraux de Justin Trudeau.
En 2015, à quelques semaines du déclenchement des élections, M. Poilievre s’était fait reprocher des publicités partisanes financées par les fonds publics. Il était désormais ministre de l’Emploi et du Développement social et avait à ce titre bonifié une allocation parentale. Les contribuables avaient payé pour le filmer en train de serrer des mains dans sa circonscription tout en vantant les chèques plus généreux.
Les premiers seront les derniers ?
Si Pierre Poilievre devait entamer la course au leadership avec une aura de premier, il lui faudrait prendre garde. Car cette aura a porté malheur aux précédents aspirants chefs du Parti conservateur. Maxime Bernier était le préféré des militants en 2017, mais il a été coiffé au 13e et dernier tour par Andrew Scheer. Idem pour Peter MacKay en 2020, qui était premier, mais qui a perdu au troisième tour au profit d’Erin O’Toole. Comment cela est-il possible ?
C’est l’effet des votes préférentiels. Lors des courses à la chefferie au Parti conservateur, au Parti libéral et au NPD, les militants sont invités à numéroter par ordre de préférence chaque candidat. Si un candidat obtient 50 % +1 des voix au premier tour, il l’emporte. Autrement, le dernier de peloton est éliminé et les deuxièmes choix de ses supporteurs sont redistribués entre les candidats restants. Et on continue ainsi de tour en tour jusqu’à ce qu’un candidat obtienne une majorité.
Il appert que les candidats perçus comme les meneurs en début de course polarisent les militants : ou bien ils sont aimés et récoltent des numéros 1, ou alors ils ne sont pas aimés du tout et se font accoler le dernier numéro possible. Résultat : leur potentiel de croissance est limité. Ce fut d’ailleurs le cas lors de la dernière course à la chefferie du Parti libéral du Canada tenue par l’entremise de délégués, en 2006. Michael Ignatieff était le favori, mais il a été détrôné au quatrième tour par Stéphane Dion, qui avait su faire le plein des anti-Ignatieff. (M. Ignatieff est devenu chef en 2009 sans opposition, après la démission de M. Dion.)
La course au NPD de 2012 semble être la seule exception à cette cruelle règle : parti favori, Thomas Mulcair s’était maintenu à chaque tour de vote et avait remporté la victoire. Justin Trudeau, lui, avait réussi à gagner dès le premier tour en 2013.
Bref, il arrive souvent que les chefs choisis ainsi soient des chefs de compromis, qui rallient tout le monde, mais n’enthousiasment personne. Cela explique peut-être la suite des choses…
Ça prend un désordre dans la société pour élire ce genre d’individu. …….USA………………parti républicain……….
M. Pelchat, connaissez-vous M. Polievre autrement que par ce résumé mesquin de l’Actualité?Prenez un moment pour consulter quelques vidéos sur YouTube où vous le verrez questionner sans relâche les discours amorphes des Libéraux sur des questions qui vous concernent : la dette du Canada, les conflits d’intérêts de Trudeau et son équipe, etc.
Bref, cet article représente une raison de plus pourquoi je ne renouvellerai pas mon abonnement à ce média…
Monsieur Polievre est un personnage désagréable. Il n’en demeure pas moins que quand il n’est pas en mode pitbull il offre une approche valable pour soigner certains maux qui nous affligent. Espérons que lorsqu’il sera en campagne électorale il enfermera son chien dans la niche.