Que la guerre des pancartes commence !

La session parlementaire est derrière nous, l’été s’installe, et une nouvelle phase de préparation débute pour les partis politiques au Québec : notre collaborateur et ancien conseiller politique détaille la course à venir.

gguy44 / Getty Images / montage : L’actualité

Dominic Vallières a, pendant plus de 10 ans, occupé les postes d’attaché de presse, de porte-parole, de rédacteur de discours et de directeur des communications auprès d’élus de l’Assemblée nationale et des Communes (Parti québécois, Bloc québécois, Coalition Avenir Québec). Il est directeur chez TACT et s’exprime quotidiennement comme analyste politique à QUB radio.

Si tout le monde se bat à minuit et une le jour du déclenchement des élections pour mettre sa pancarte devant l’épicerie, la station-service ou l’église dans les circonscriptions rurales, ce n’est pas un hasard. Même chose pour les stations de métro et arrêts d’autobus, ou pour les pavillons des cégeps et universités : tout est planifié. Et cette planification se fait ces jours-ci.

Je vous ai parlé en mars de la première phase de préparation : le choix des candidats, les négociations pour les débats, les décisions concernant le nombre d’autocars à noliser… Avec la fin de la session parlementaire et le début de l’été, on amorce maintenant la préparation terrain, plus locale.

Elle commence par la prise de photos des candidats. Ça semble anodin, mais la photo officielle se retrouvera sur les pancartes, les affichettes de porte qui présentent sommairement les positions du parti, le site du DGEQ, le bulletin de vote, le site Web, alouette. Pour beaucoup d’électeurs, ce sera le seul élément qu’ils verront d’un candidat ou d’une candidate. Cette photo se doit donc d’être réussie. Déjà, j’ai une pensée pour les graphistes qui devront s’appliquer à bien faire le tour des cheveux longs, « grichoux », frisés ou un peu fous.

Ça peut paraître drôle, mais c’est un travail de moine pour éviter que l’on dise qu’une telle ou un tel est méconnaissable.

Ensuite, il faut que les candidats apprennent le programme et les éléments distinctifs de leur circonscription à la vitesse grand V. Ils suivront donc des formations sur les positions traditionnelles de leur parti et sur celles qui concernent les enjeux récents. Ils seront abreuvés de fiches explicatives, le cahier du candidat, pour dire pourquoi ils sont pour ou contre tel ou tel projet de loi. Ça peut sembler cynique, j’en conviens, mais chacun des 125 candidats ne peut pas être au courant de l’entièreté des positions de son parti sur l’entièreté des sujets… Et si un électeur croisé dans la rue l’aborde afin de l’interroger sur les services de garde, les seuils d’immigration, les tarifs d’Hydro-Québec ou la vétusté de l’école de quartier, vaut mieux qu’il soit bien informé plutôt que de se lancer dans une diatribe passionnée qui pourrait se retrouver sur les réseaux sociaux tout en n’étant pas tout à fait la bonne position à défendre.

Les candidats reçoivent donc un cahier qu’ils pourront éplucher d’ici le déclenchement des élections, dans lequel se trouvent également des fiches relatives à leur circonscription. Combien y a-t-il d’électeurs ? Quel est leur profil sociodémographique ? Quel est le niveau d’accès aux services ? Quels ont été les résultats, bureau de vote par bureau de vote, des élections de 2018, de 2014 et de 2012 ?

Tous ces éléments permettront aux candidats et à leurs organisateurs de viser des quartiers plus réceptifs aux positions du parti.

Ce n’est pas tout. Les organisateurs des différentes circonscriptions suivent eux aussi des formations, notamment sur l’utilisation du logiciel permettant de déterminer les électeurs sympathisants. Finalement, viennent les formations sur la Loi électorale. Vous lirez, c’est immanquable, des articles disant que tel ou tel parti pourrait avoir contrevenu à la Loi, soit lors du déclenchement (par excès d’enthousiasme, beaucoup installent leurs pancartes un petit peu trop vite), soit le jour du vote (souvenez-vous de Christian Dubé qui est allé serrer des mains à côté d’un bureau de scrutin lors de la partielle dans Marie-Victorin ce printemps…). Toujours est-il que tout ce qui touche l’affichage, les dépenses et le dépouillement est strictement encadré, et qu’une manchette disant qu’un parti est soupçonné d’avoir enfreint la Loi le fait mal paraître.

Au cours de ces formations, l’organisateur avisé pourra reconnaître les candidates et candidats qui sont de bons élèves… et les cancres. C’est la loi de la campagne électorale. Quand les jours sont comptés, chaque gaffe est amplifiée et coûte cher. Le pire pour un candidat, c’est quand son chef ou sa cheffe doit s’expliquer à propos de son erreur. Mais ça, c’est le sujet d’un prochain texte !

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Pourquoi aucun politicien refuse de considérer la question du manque d’emplois versus le nombre de bénéficiaires d’une aide sociale?

Il semble que plus d’un M de postes sont à combler et plus de 200K de bénéficiaires d’aide sociale – il semble que ce soit une force potentielle pour combler le manque d’emplois! Je peux comprendre que certaines personnes ne soient pas aptes au travail mais….

Faut bouger.

Il faut croire qu’il existe une classe de gens qui se complait avec l’aide sociale,, mais c’est surtout que la plupart sont inapte à être former pour les occuper ces emplois. Le pré-requis le plus courant étant le diplôme d’études secondaires n’est pas acquis pour plusieurs. Ils ont eu l’option d’intégrer un emploi trop vite lorsque plus jeune, ont abandonné les études, et avec les changements technologiques et ou structurels, ne peuvent plus maintenant en occuper de nouveaux. C’est difficile pour un adulte de retourner à l’éducation aux adultes pour aller chercher la base pour postuler.

Comme M. Lasalle l’expose, sur ces 200K bénéficiaires il n’y a qu’une très mince proportion qui sont apte au travail. C’est incroyable comment cette mentalité de faire la chasse au BS plutôt que de se demander ce qui rebute les travailleurs d’occuper certains emplois, ne disparait jamais!

Puisse faut-il le répéter encore et encore : Le BS, c’est pas les vacances, c’est une prison.

J’apprécie le fait que vous ayez modifié le classement gauche-droite des partis dans l’illustration de la guerre des pancartes.
Bonne continuation!