Québec 2022 : 10 coins où ça va chauffer

En cette campagne électorale provinciale, les batailles attendues dans 10 circonscriptions pourraient changer le paysage politique québécois des prochaines années. Voici les endroits où la lutte sera particulièrement féroce.

Directeur général des élections / Données ouvertes ; montage : L’actualité

Une projection neutre des prochaines élections pourrait donner ceci : si la tendance se maintient, la Coalition Avenir Québec de François Legault sera réélue le 3 octobre. 

Vous trouvez que ça manque de suspense ? Laissez-moi formuler ça autrement : un tsunami caquiste point à l’horizon et rien ne garantit que tous les partis d’opposition survivront à cette déferlante.

La CAQ pourrait remporter encore plus de circonscriptions que sa récolte de 74 sièges en 2018. Combien de plus ? Passera-t-elle la barre des 100 députés ?

Du côté du Parti libéral du Québec, il n’est pas impossible que la formation subisse des pertes importantes à Montréal et à Laval. Or, certaines de ces circonscriptions sont peintes en rouge depuis plusieurs décennies. Si le PLQ s’effondre en 2022, qu’en restera-t-il pour 2026 ? 

Sans une remontée dans l’opinion publique et une participation de ses électeurs au-delà des attentes, le Parti québécois pourrait être réduit en miettes le soir du scrutin. Arrivera-t-il minimalement à préserver ses bastions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ?

Québec solidaire avait finalement réussi à sortir de l’île de Montréal en 2018, mais certaines circonscriptions hors de la métropole pourraient tomber aux mains de la CAQ. Redeviendra-t-il le parti de la ligne orange du métro de Montréal ?

Et à quoi s’attendre du nouveau joueur sur la patinoire électorale, le Parti conservateur d’Éric Duhaime ? Parviendra-t-il à percer l’armure de la CAQ dans la Capitale-Nationale avec ses politiques de droite bien assumées ?

Affirmer que la cause est entendue serait donc une grossière exagération. Même si les sondages sont unanimes quant à la formation qui détient les meilleures chances d’exercer le pouvoir à l’Assemblée nationale après le 3 octobre, plusieurs courses locales pourraient modifier la dynamique entre les partis lors des prochaines sessions parlementaires — et, sans vouloir regarder trop loin, changer complètement le portrait politique du Québec pour les années à venir. 

Voici 10 circonscriptions à suivre au cours de la campagne (à vous de compter combien de fois les chefs les visiteront !) ainsi que le soir des élections. Les résultats de ces courses pourraient fort bien répondre aux multiples questions entourant l’état (et la survie !) des partis d’opposition et déterminer si la CAQ de François Legault remportera une simple victoire ou une majorité historique.

1

Rouyn-Noranda–Témiscamingue

C’est en profitant de la division du vote que la candidate solidaire Émilise Lessard-Therrien s’est faufilée avec la victoire en 2018, remportant cette circonscription avec à peine 32 % des suffrages, 500 voix seulement devant le candidat caquiste. 

Les appuis à la CAQ ayant monté pendant la pandémie, les sondages nationaux et régionaux menés en 2021 laissaient présager que la députée serait fort probablement battue en 2022. Cette ferveur est toutefois revenue sur terre depuis. De plus, la controverse récente entourant les émissions nocives de la Fonderie Horne (ainsi que la réponse critiquée du gouvernement) pourrait peser dans la balance lors de la prochaine campagne. Avec la chute du PLQ et du PQ à l’échelle du Québec, cette circonscription risque donc de faire l’objet d’une chaude lutte entre QS et la CAQ.

2

Hull

Depuis 1956, les électeurs de la circonscription de Hull ont envoyé à l’Assemblée nationale un député du PLQ lors de 17 des 18 élections générales (l’exception : la victoire du PQ en 1976). C’est ce qu’on appelle un château fort !

Maryse Gaudreault, qui défendra les couleurs du Parti libéral pour la cinquième fois, devra toutefois composer avec des murailles affaiblies. Le soir de la victoire de Philippe Couillard, en 2014, elle avait récolté 55 % des suffrages. Quatre ans plus tard, elle l’a emporté de justesse avec un peu moins de 34 % des voix, sept points devant la CAQ. Si la chute des appuis au PLQ chez les francophones telle que mesurée par les sondages se concrétise (70 % des électeurs de cette circonscription sont francophones), cette forteresse libérale pourrait tomber.

3

Maurice-Richard

Cette circonscription de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, à Montréal, avait été l’une des plus âprement disputées en 2018. Une fois tous les votes comptabilisés, la députée libérale Marie Montpetit l’avait remportée avec à peine 500 voix de majorité sur le candidat de Québec solidaire.

Or, Marie Montpetit s’est fait montrer la porte par le PLQ à la suite d’allégations d’abus de pouvoir envers des membres de son équipe. Elle a annoncé depuis qu’elle ne se représenterait pas. 

Comme près de 70 % des électeurs de la circonscription sont francophones, il est peu probable que le PLQ soit en mesure de conserver ce siège. Une lutte serrée entre la CAQ et QS est projetée.

4

Anjou–Louis-Riel

Libérale sans interruption depuis 1998, Anjou–Louis-Riel sera dans la ligne de mire de la CAQ cet automne, elle qui aimerait compléter le trio de circonscriptions sur la pointe est de Montréal (avec Pointe-aux-Trembles et Bourget, toutes deux caquistes depuis 2018). 

Avec le départ annoncé de la députée Lise Thériault, le PLQ mise sur Chantal Gagnon, une néophyte politique issue du milieu juridique. Quant à la CAQ, elle présente la candidate Karine Boivin Roy, avocate de formation qui a été conseillère dans le district de Louis-Riel (parti Ensemble Montréal), dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, de 2013 à 2021.

5

Bourget

Lorsque le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a fait part de son intention de se présenter dans Bourget, dans l’est de Montréal, beaucoup d’observateurs ont été étonnés de ce choix, d’autant plus que des circonscriptions plus avantageuses pour le PQ étaient disponibles pour lui. 

Or, quelques semaines après, Sylvain Gaudreault (Jonquière) annonçait qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en octobre, puis ce fut le tour de la députée-vedette Véronique Hivon (Joliette), puis de Martin Ouellet (René-Lévesque). À chaque occasion, le chef péquiste aurait pu faire volte-face et opter pour une de ces circonscriptions, mais non. Il a jeté son dévolu sur Bourget, où il pourrait livrer une chaude lutte à Québec solidaire… pour la deuxième place.

Est-ce qu’une féroce bataille de terrain et la présence du chef pourraient permettre au PQ de reprendre ce territoire ? Rien n’est impossible. Toutefois, aucun sondage n’indique que le PQ aurait progressé à Montréal. Le défi sera de taille pour Paul St-Pierre Plamondon.

6

Verdun

Le simple fait que la circonscription montréalaise de Verdun figure sur cette liste en dit beaucoup sur les changements récents de l’humeur politique au Québec. Il faut retourner aux élections de 1936, soit la première victoire de l’Union nationale de Maurice Duplessis, pour trouver un député de Verdun qui ne soit pas libéral.

La particularité de cette circonscription est d’être composée de deux parties qui se ressemblent peu : celle située sur l’île des Sœurs est plus aisée et majoritairement non francophone ; celle sur l’île de Montréal a des revenus plus modestes et est surtout francophone. En 2018, la députée libérale Isabelle Melançon avait complètement balayé le quartier de L’Île-des-Sœurs, mais avait fait moins bonne figure dans l’autre secteur, chaudement disputé par la CAQ et QS. 

Isabelle Melançon devra donc espérer une forte participation de ses électeurs à L’Île-des-Sœurs. À noter : la CAQ mise sur Véronique Tremblay, conseillère municipale pour Projet Montréal dans le district de… Champlain–L’Île-des-Sœurs.

7

Chauveau

Le candidat caquiste Sylvain Lévesque avait remporté une victoire facile dans Chauveau en 2018 avec 47 % des suffrages, presque 10 000 votes devant la députée libérale sortante Véronyque Tremblay. Normalement, étant donné que la CAQ a grimpé depuis dans les intentions de vote au niveau national, cette circonscription ne devrait pas se trouver sur nos écrans radars.

Toutefois, c’est dans Chauveau que le chef du Parti conservateur, Éric Duhaime, a décidé de se présenter pour faire son entrée à l’Assemblée nationale. Et, selon les découpages régionaux des sondages et le profil démographique du secteur, il aurait des chances de gagner son pari.

8

Rimouski

En 2018, la vague caquiste s’était heurtée à un mur aux frontières de la circonscription de Rimouski : tout le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie étaient demeurés fidèles au PQ. Mais en 2020, le député Harold LeBel a été accusé d’agression sexuelle (son procès aura lieu à l’automne). Cette histoire risque de faire mal au PQ dans ce qui était un de ses bastions : Rimouski n’a envoyé que des députés du Parti québécois depuis 1994.

La CAQ misera sur Maïté Blanchette Vézina, une avocate qui jusqu’à récemment était directrice générale de Centraide Bas-Saint-Laurent. Quant au PQ, il tentera de conserver ce siège avec Samuel Ouellet, ancien attaché politique d’Harold LeBel.

9

Gaspé

C’est avec un écart maigrissime de 41 votes que la péquiste Méganne Perry Mélançon avait remporté la circonscription de Gaspé en 2018, récoltant 33 % des suffrages, juste devant le candidat libéral. 

La CAQ avait dû s’y contenter du troisième rang en 2018, mais elle a récemment montré des signes clairs qu’elle allait tenter de percer l’armure du PQ dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Le premier ministre Legault s’est rendu sur place à plusieurs reprises, sachant que les chiffres lui sont favorables dans la région et que son parti pourrait profiter de la vulnérabilité actuelle du Parti québécois. La bataille de terrain sur ce vaste territoire sera cruciale pour la victoire. 

10

Jean-Lesage

L’une des deux seules circonscriptions non caquistes de la région de Québec, Jean-Lesage, devrait donner lieu à une course serrée entre QS et la CAQ. Un troisième joueur pourrait cependant venir brouiller les cartes : le Parti conservateur. 

Quel effet aura le PCQ dans cette circonscription ? Sans données locales, on ne peut offrir que des estimations, mais il n’est pas impossible que des caquistes déçus se rangent du côté du PCQ et que le député solidaire sortant Sol Zanetti profite de cette division. 

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Vous ne devriez pas sous-estimer la candidate de QS dans Rimouski, Carol-Ann Kack… Les projections ne reflètent pas encore la tendance populaire! Let’s see 🙂

Bonjour, comment se fait-il que Carol-ann Kack de Québec solidaire ne soit pas mentionnée à Rimouski? Serait-ce de nouveau un média qui n’est pas au fait des réalités rurales? C’est tout de même elle qui a amassée le plus de don dans la circonscription! Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé sont également très présent dans la région, montrant à quel point la circonscription est dans la mire de QS.

Il est important de mentionner que le parti ayant reçu le plus de dons à ce jour pour cette campagne dans la circonscription de Rimouski est QS avec sa candidate Carol-Ann Kack. C’est également QS qui a le plus de bénévoles sur le terrain depuis le début de la campagne. Carol-Ann est la seule candidate de la circonscription à se représenter, les autres n’ayant aucune expérience. Elle devrait être mentionnée dans cet article!