Quelle circonscription pour Paul St-Pierre Plamondon ?

Le nouveau chef du Parti québécois devra trouver une circonscription où se présenter en 2022. Mais son choix est limité.

Photo : Facebook / Montage L'actualité

Le nouveau chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, s’est donné le défi de rebâtir le PQ et le camp du Oui. La tâche s’annonce ardue, car non seulement elle va à l’encontre d’une lourde tendance qui s’étend sur plus d’une décennie, mais la Coalition Avenir Québec, qui courtise les mêmes tranches démographiques de l’électorat que le PQ, demeure au sommet des intentions de vote.

Le chef du PQ devra aussi se trouver une circonscription où se présenter en 2022, voire avant, s’il souhaite tenter sa chance lors d’une partielle. Ce n’est pas un léger détail.

Aux élections générales québécoises du 1er octobre 2018, Paul St-Pierre Plamondon, alors candidat péquiste, s’est incliné par plus de 7 000 voix face à Marguerite Blais, de la CAQ, dans la circonscription redessinée de Prévost — une marge de près de 23 points entre les deux candidats. Malgré cette défaite pour l’étoile montante et futur chef du PQ, le choix de Prévost était justifié à l’époque, car la région des Laurentides a longtemps été un terreau fertile pour le PQ, et ce, même si la défunte Action démocratique du Québec et la CAQ avaient livré une meilleure bataille au cours des années précédentes.

D’ailleurs, en transposant les résultats des élections québécoises d’avril 2014 sur la nouvelle carte électorale de 2018, le PQ avait obtenu 35 % des voix sur le territoire de Prévost en 2014, contre 32 % pour la CAQ. Il avait donc une réelle chance de l’emporter. À l’exception de Mirabel (victoire de la caquiste Sylvie D’Amours), le PQ avait balayé les circonscriptions des Laurentides en 2014.

Or, en 2018, non seulement le PQ a été rayé de la carte des Laurentides, mais la CAQ a remporté l’entièreté des circonscriptions avec facilité : seuls les résultats dans Labelle ont été compétitifs pour le PQ (37 % pour la CAQ et 35 % pour le PQ).

La baisse de la faveur envers le Parti québécois remonte à plusieurs cycles électoraux. Lors des élections générales de septembre 2012, le PQ de Pauline Marois avait remporté 54 circonscriptions, mettant fin — de peine et de misère — au règne libéral de Jean Charest. Or, ce retour au pouvoir, minoritaire, camouflait des failles dans les appuis au parti.

En effet, malgré sa victoire, le vote pour le PQ avait diminué par rapport aux élections précédentes, passant de 35,2 % en 2008 à 31,9 % en 2012. (D’ailleurs, il faut remonter à 1966 et l’Union nationale de Daniel Johnson pour trouver un parti qui bat un gouvernement sortant tout en perdant des plumes.) Cette baisse s’expliquait entre autres par l’arrivée d’un nouveau joueur sur l’échiquier politique : la CAQ, dirigée par l’ancien ministre péquiste François Legault, avait remporté 27 % des suffrages à ses toutes premières élections.

La chute graduelle des appuis au PQ s’est poursuivie au cours des deux élections suivantes : le PQ a perdu six points supplémentaires en 2014 par rapport à 2012, puis huit autres points en 2018 en comparaison avec 2014.



Le défi de rebâtir le PQ est d’autant plus grand que cette baisse graduelle n’est pas simplement limitée à une ou deux régions de la province. Aux élections de 2014, les parts du vote pour le Parti québécois ont diminué dans 122 des 125 circonscriptions du Québec par rapport à 2012. Puis, en 2018, le PQ a chuté dans 117 des 125 circonscriptions en comparaison avec 2014 (en utilisant la transposition des résultats de 2014 sur la nouvelle carte électorale). La baisse de l’appui au PQ est donc généralisée.Dans une chronique publiée peu avant la victoire de Paul St-Pierre Plamondon à la chefferie du PQ en octobre dernier, j’ai dressé une liste des circonscriptions où le nouveau chef du PQ pourrait se présenter aux élections générales de 2022.

Alors que les députés reviennent à l’Assemblée nationale pour le début de la session parlementaire, j’ai refait l’exercice. Résultat : le choix est limité.

Avec une moyenne de 14 % dans les sondages, le PQ se retrouve en mode défensif pour protéger les circonscriptions remportées en 2018. Donc, à moins d’un revirement majeur (et en politique québécoise, c’est toujours possible), la meilleure option pour Paul St-Pierre Plamondon serait de se présenter dans une circonscription déjà acquise au PQ. Encore faut-il toutefois qu’un député du PQ décide de laisser sa place…

La seule circonscription encore considérée comme « solide » pour le PQ est Matane-Matapédia, le fief de l’ancien chef intérimaire Pascal Bérubé. Les circonscriptions les plus favorables au PQ sont ensuite, dans l’ordre : Îles-de-la-Madeleine (Joël Arseneau), Joliette (Véronique Hivon), Bonaventure (Sylvain Roy) et Jonquière (Sylvain Gaudreault).
Est-il possible que Pascal Bérubé tire sa révérence en 2022 ? Il affirme que non, mais si c’était le cas, Paul St-Pierre Plamondon hériterait ainsi d’une circonscription hautement favorable, même si les données des récentes élections nous indiquent que plusieurs électeurs de Matane-Matapédia ont voté en fonction de leur candidat local, et non nécessairement pour le parti.

Nous pourrions certainement en dire autant de Véronique Hivon et de Sylvain Gaudreault, deux députés qui ont « surperformé » dans leurs circonscriptions respectives par rapport aux tendances nationales du PQ. Parachuter un nouveau candidat dans ces circonscriptions ne garantirait en rien la victoire du PQ, même s’il s’agit du chef du parti. La grande visibilité médiatique qu’apporte son rôle de leader pourrait toutefois l’aider.

Vous aurez remarqué dans le précédent tableau qu’un point de chute possible pour Paul St-Pierre Plamondon est Rimouski, sixième dans la liste, circonscription détenue actuellement par le député indépendant Harold LeBel, expulsé du caucus péquiste à la suite d’une accusation d’agression sexuelle déposée contre lui. Harold LeBel a plaidé non coupable et souhaite demeurer élu indépendant, mais s’il devait quitter avant la fin du mandat ou ne pas se représenter sous la bannière du PQ, ce qui semble probable, cette circonscription pourrait être une destination pour Paul St-Pierre Plamondon, qui réside présentement à Québec avec sa famille. Elle est toutefois considérée comme favorable à la CAQ actuellement.

Il s’agit donc d’un défi immense pour Paul St-Pierre Plamondon : le PQ chute au Québec depuis une décennie, la CAQ occupe une vaste partie du terrain nationaliste sur l’échiquier politique et le contexte actuel de pandémie accorde bien peu d’espace médiatique aux partis d’opposition à l’Assemblée nationale.

Néanmoins, quel projet demeure plus populaire auprès des Québécois que le Parti québécois lui-même ? Vous l’aurez deviné : la souveraineté.

Quoi qu’en pensent les détracteurs du PQ, une proportion importante de la population québécoise soutient toujours le projet de souveraineté. Selon le plus récent coup de sonde Léger, mené en décembre dernier, 27 % des Québécois — et 33 % des francophones — voteraient pour la souveraineté (52 % sont contre, 22 % sont indécis). Ce niveau d’appui à l’indépendance est loin du pourcentage nécessaire pour la victoire du grand soir, mais il dépasse largement la popularité actuelle du PQ au sein de l’électorat.

Attendons-nous à ce que Paul St-Pierre Plamondon martèle un message résolument pro-indépendance d’ici les élections de 2022. De plus, près de la moitié des électeurs solidaires et le tiers des électeurs caquistes s’affichent comme souverainistes. Certes, ce terreau n’est peut-être plus aussi fertile qu’il y a 20 ou 30 ans, mais c’est en courtisant ces électeurs que le PQ pourrait éventuellement revenir en force en 2022.

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Moi je lui conseillerais de se présenter dans Pointe-aux-Trembles, même si le PQ y tire de l’arrière de beaucoup par rapport à la CAQ d’après les sondages. Pourquoi? Parce que ce comté a presque toujours voté pour ce parti, depuis 1968, et y compte encore beaucoup de membres très actifs. Également, QS y trouve très peu d’appuis. Le facteur qui pourrait y faire la différence, à part le fait que Paul St-Pierre Plamondon est devenu le chef du PQ, est la manière que Chantal Rouleau, l’ex-mairesse d’arrondissement devenue députée de la CAQ après avoir viré sa veste de bord, au niveau municipal, pour passer de Vision Montréal à Équipe Coderre, puis à Projet Montréal, s’est prise pour remporter l’élection de 2018. Des employés du concessionnaire Christin ont fait des appels téléphoniques de leurs bureaux en faveur de madame Rouleau et cette contribution illégale a été rapportée par Céline Pereira, la candidate de QS dans le journal local. Enfin, ce qui n’a pas aidé le PQ également a été la division provoquée par l’investiture péquiste, quand Jean-Martin Aussant, le candidat de l’establishment du parti, l’a emporté sur Maxime Laporte, ex-président de la SSJBM, qui avait été plébiscité par les membres.

Si PSPP n’a pas d’adversaire à son investiture, je suis convaincu que son dynamisme et son discours décomplexé sur l’indépendance pourraient lui faire revenir beaucoup de votes qui sont allés à la CAQ lors de l’élection de 2018, d’autant plus qu’il pourra facilement attaquer Chantal Rouleau pour la traiter d’opportuniste, celle-ci ayant continuellement changé de parti pour suivre le sens du vent.

Il ne faut pas oublier que c’est d’abord et avant tout Jean-François Lisée qui est le grand responsable de la débâcle historique du PQ en 2018, en jouant le tout pour le tout pour tenter de discréditer QS lors du débat des chefs, et en ne répondant même pas à la question de Pierre Bruneau.