Quelle immigration pour le Québec ?

Depuis l’arrivée de la CAQ, la question de l’immigration est devenue aussi politisée que polarisante. Mais pendant que les élus se disputent à propos des seuils, sur le terrain, les enjeux vont bien au-delà des chiffres.

Image source : Chelsea Victoria / Stocksy ; montage : L’actualité

Michelle Courchesne ne peut s’empêcher de rire (un peu) en repensant à la période où elle fut ministre des Relations avec les citoyens et de l’Immigration. « J’étais la ministre qui n’intéressait personne ! » s’exclame-t-elle avec un mélange de candeur et d’ironie. Le sujet était si peu dans l’air du temps lorsque Jean Charest l’a nommée en 2003 qu’il lui a fallu patienter près d’un an avant que l’opposition péquiste lui pose une première série de questions à ce propos à l’Assemblée nationale.

Quand Michelle Courchesne lui a raconté cette anecdote, Christine Fréchette, l’actuelle ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, a (beaucoup) ri du décalage : depuis sa nomination, en octobre 2022, à ce poste aujourd’hui névralgique, elle s’est souvent retrouvée sous les feux de la rampe. Pour elle, pas de répit.

Depuis quelques années, l’immigration est en effet au centre de débats enflammés, où les uns et les autres déchirent des collections de chemises pour défendre des positions campées. Chaque parti a sa cible… et son propre raisonnement politique afin de la justifier. 

La campagne électorale de 2022 s’est ainsi faite autour de propositions qui allaient dans tous les sens. Afin de diminuer la « pression linguistique » sur le français, le Parti québécois a plaidé pour des seuils qui reviendraient aux niveaux des années 1990 — sous prétexte que le français progressait durant cette décennie. Les libéraux ont proposé une cible deux fois plus élevée pour aider à résoudre la pénurie de main-d’œuvre. Le nombre était semblable à celui de Québec solidaire (jusqu’à 80 000), mais l’argumentaire tournait surtout autour de l’idée de changer de modèle d’immigration et d’avoir les bras réellement ouverts. Quant à la Coalition Avenir Québec et au Parti conservateur du Québec, ils défendaient tous deux l’objectif de 50 000 immigrants. 

« Les seuils, ça devrait être une évaluation d’experts. Sauf qu’on a mélangé cette question au nationalisme et à la survie de la nation, et c’est devenu n’importe quoi. »

Stéphanie Valois, présidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration

Les visions se sont aussi entrechoquées sur la manière de composer avec la hausse marquée de l’immigration temporaire (qui relève largement du fédéral, mais pas seulement), ou encore sur la menace linguistique que poseraient, selon certains, les immigrants ne parlant pas français au jour 1.

Le catalyseur de ce changement de ton ? La CAQ, qui a été, dès sa création en 2011, « l’agent de la politisation de l’immigration », notent les chercheuses Mireille Paquet et Catherine Xhardez, qui ont étudié les propositions en matière d’immigration de toutes les plateformes électorales des partis politiques québécois de 1991 à 2018 (Au-delà des suspects habituels et vers la politisation : L’immigration dans les programmes des partis québécois, paru en anglais, traduction libre). 

À partir de là, ce qui avait longtemps été une question passant sous le radar de la partisanerie politique s’est transformé en débat identitaire. C’est également devenu un débat sur la manière d’atténuer la pénurie de main-d’œuvre, de composer avec le manque de logements ou de places en garderie, sur la vitalité des régions ou le poids démographique du Québec dans le Canada (cela à l’heure où le gouvernement Trudeau vise des cibles records d’accueil d’immigrants chaque année).

« C’est un point d’attention majeur pour les partis politiques parce que c’est un enjeu crucial et stratégique, autant d’un point de vue économique que linguistique ou sociologique », dit la ministre Christine Fréchette.

Cet enjeu tentaculaire, aussi riche que complexe, sera encore au cœur de la discussion politique cet automne. Québec mènera en effet une consultation publique, comme le prévoit la Loi sur l’immigration, pour établir les orientations pluriannuelles — les seuils d’accueil d’immigrants permanents pour la période 2024-2027. Ce grand brassage d’idées se tiendra quelques mois après la création de Francisation Québec (un guichet unique pour les services de francisation), ainsi qu’après l’annonce d’une importante réforme des programmes qui vise à augmenter la part d’immigrants économiques permanents (ceux que Québec choisit) qui parlent français au point d’arrivée.

La réflexion de l’automne excédera le seul champ des préoccupations politiques par rapport aux cibles d’immigration ou à la capacité d’accueil du Québec. Car pour les immigrants, mais aussi pour des employeurs, des organismes d’aide à l’intégration ou des proches, l’enjeu rime avant tout avec des besoins, des désirs, des aspirations : l’immigration touche une foule de dossiers, mais concerne d’abord des êtres humains et des parcours de vie.  

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Pour Stéphanie Valois, présidente de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, les chiffres sur lesquels s’obstinent les politiciens par rapport à l’immigration sont tout simplement « lancés en l’air ». « Les seuils, ça devrait être une évaluation d’experts, dit-elle. Sauf qu’on a mélangé cette question au nationalisme et à la survie de la nation, et c’est devenu n’importe quoi. »

À la base, le sujet et la manière de l’aborder ne font pas consensus entre les intervenants et les experts. Au Conseil du patronat du Québec (qui estime qu’il faudrait accueillir au moins 80 000 immigrants permanents par année pour aider à atténuer la pénurie de main-d’œuvre et infléchir la courbe de vieillissement de la population) s’oppose par exemple un démographe comme Marc Termote (qui suggérait l’an dernier de fixer la cible à 58 000 immigrants pour compenser la diminution de l’accroissement naturel de la population). L’efficacité d’une hausse marquée des seuils d’immigration pour résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre ou combattre le vieillissement de la population est aussi contestée.  

Mais surtout, « les débats sur les seuils et sur la capacité d’accueil sont devenus un peu trompeurs et nécessitent une analyse plus fine que ce qui est présenté par le milieu politique », croit Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec, un organisme de recherche qui s’intéresse de près à cet enjeu. « Les nouveaux immigrants permanents ne représentent plus exactement le nombre de nouvelles personnes qui entrent sur le territoire et qui auront besoin de services. Ce n’est donc plus représentatif de l’impact que ça a sur les services d’accueil. » 

L’Institut du Québec le mettait en évidence dans son Portrait de l’immigration au Québec, publié en juin 2022 : on remarque depuis quelques années un changement important dans la composition de l’immigration dans la province. Avec « la multiplication des assouplissements, des mesures et des programmes qui visent à faciliter l’attraction et la rétention des immigrants temporaires, notamment les étudiants internationaux et les travailleurs avec des profils qui correspondent aux besoins du marché du travail », le nombre d’immigrants temporaires a explosé.

Au Canada, cette tendance s’observe depuis 2008, rappelaient quatre chercheurs dans l’ouvrage collectif Nouvelles dynamiques de l’immigration au Québec (Les Presses de l’Université de Montréal, 2022) : c’est l’année où le nombre d’immigrants admis comme travailleurs temporaires a pour la première fois excédé le nombre d’immigrants économiques admis comme résidents permanents. Au Québec, le rapport s’est inversé vers 2011.

Les plus récentes données de Statistique Canada montrent qu’il y avait près de 350 000 temporaires au Québec au début de 2023, soit 3,5 fois plus qu’il y a 10 ans. La moitié d’entre eux sont des travailleurs (qu’ils soient peu qualifiés ou spécialisés), l’autre moitié des étudiants (20 %) et des demandeurs d’asile (près de 30 %). Le ministère de l’Immigration calcule pour sa part que 200 000 personnes avaient un permis valide comme travailleur ou étudiant au Québec en 2022. 

Contrairement à l’immigration permanente, il n’y a pas de seuil à respecter pour ces catégories d’immigrants. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, c’est devenu une voie de contournement du goulot d’étranglement provoqué par le nombre restreint d’immigrants permanents admis chaque année. D’ailleurs, près de la moitié (47,5 %) des immigrants permanents admis au Québec en 2022 ont déjà eu un statut temporaire.  

Au-delà des chiffres, cette transformation de la trame immigrante a plusieurs incidences. Pour les premiers concernés — surtout ceux qui ont un permis de travail fermé, qui les lie à un employeur en particulier —, le statut de temporaire veut nécessairement dire une plus grande précarité. Mais pour les politiciens québécois, l’augmentation rapide de l’immigration temporaire complexifie le portrait d’ensemble : à quoi bon déterminer des seuils précis d’immigration si, concrètement, on accueille sept fois plus d’immigrants par une autre voie ? 

Aux yeux de Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, le débat politique sur les seuils lors de la dernière campagne était carrément « absurde ». « On a parlé pendant cinq semaines d’un seuil d’immigration permanente qui ne tient pas compte de l’immigration temporaire », relève-t-il, faisant écho à ce que de nombreux autres experts dénoncent. 

« Ça fait des années qu’on souligne que les niveaux d’immigration permanente ne veulent pas dire grand-chose, poursuit Stephan Reichhold. On laisse de côté dans le calcul les dizaines de milliers d’immigrants temporaires qui sont déjà présents sur le territoire et qui utilisent des services, qui sont logés… Forcément, on devrait prendre ça en considération quand on essaie d’établir notre capacité d’accueil. »

Dans le document pour préparer la consultation publique de l’automne, le gouvernement de François Legault expose que déterminer la capacité d’accueil et d’intégration « relève d’un exercice délicat et d’une analyse quantitative et qualitative de plusieurs éléments ». Ce que la réflexion automnale permettra de faire, pour en arriver à une « décision éclairée », promet-on. La chercheuse Mireille Paquet, qui est notamment titulaire de la Chaire de recherche sur la politique de l’immigration de l’Université Concordia, a bien hâte de voir. « J’attends encore que quelqu’un me dise c’est quoi, une capacité d’accueil précise. À mon sens, c’est surtout un concept politique : dire qu’on a atteint notre capacité d’accueil, c’est vraiment pratique politiquement. »

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Au milieu de la première canicule de 2023, à la fin mai, il faisait bon entrer dans le hall climatisé du Palais des congrès de Montréal. Une très longue file de gens serpentait d’ailleurs devant les commerces du rez-de-chaussée, et jusqu’en haut des escaliers roulants menant à l’étage.

Les quelque 13 000 personnes inscrites au Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec ne cherchaient évidemment pas qu’un peu de fraîcheur en ce matin étouffant : l’événement promettait aux participants un accès à « toutes les ressources utiles pour réussir [leur] installation » et « vivre, travailler ou étudier » au Québec.

La foule dessinait une mosaïque de la diversité québécoise. De l’autre côté des tables, 400 exposants et recruteurs montraient qu’au-delà des débats politiques sur la capacité d’accueil du Québec, la demande est forte sur le terrain. Des dizaines d’employeurs — y compris l’État —, des établissements d’enseignement supérieur, des centres de développement régionaux rivalisaient de promesses pour convaincre les visiteurs de choisir leur coin de pays ou leur entreprise.

Les approches de séduction étaient pour le moins variées. Les représentants de l’Outaouais offraient des sacs et des bouteilles d’eau frappés du slogan « On y vient, on y reste ». Ceux du Saguenay vantaient leur terrain de jeu de « 105 000 km2 » — et le fait que le salaire moyen dans la région est supérieur à celui de Montréal, alors que le prix d’une maison individuelle y est trois fois moins élevé. La Mauricie faisait valoir qu’elle n’est qu’à « 90 minutes de presque tout dans le Québec ». Au kiosque des Îles-de-la-Madeleine, on faisait l’éloge de la beauté de l’archipel, tandis qu’à la table voisine (« Choisir La Tuque »), ce sont les attraits de la nature boisée qui étaient mis en vitrine.

« Tous les immigrants ne viennent pas d’une grande ville ou ne veulent pas d’une grande ville », faisait remarquer Agnès De Leeuw, agente d’intégration en immigration pour La Tuque, qui se disait à la recherche autant d’étudiants que de travailleurs dans plusieurs domaines. « Les besoins sont grands. »

Tout près d’elle, Shirley Izidore, directrice de l’Agora Boréale, une association interculturelle de Lebel-sur-Quévillon (Jamésie), injectait une bonne dose d’énergie à ses arguments : des bienfaits de vivre dans une collectivité très unie à la proximité de tous les services, en passant par la présence d’une vingtaine de communautés culturelles pour quelque 2 000 habitants… de même que par les avantages de résider dans une municipalité où la circulation est fluide. « J’ai changé mes freins d’auto une fois en 10 ans ! » lançait-elle à la ronde, un sourire en garantie.

Venues de la Côte-Nord, trois responsables d’organismes ne manquaient pas non plus d’enthousiasme. Pour vendre la région aux immigrants intéressés, elles organisent des séjours de découverte : activités nord-côtières au menu, notamment la pêche aux palourdes. « Le premier défi est d’attirer les gens, disait Chantale Chénard, d’Émersion, à Baie-Comeau. Et pour ça, il faut combattre certains préjugés sur le froid ou encore l’idée qu’il n’y a rien à faire chez nous. »

Les immigrants rencontrés ce jour-là évoquaient tous le même espoir : trouver un emploi. Parfois, un premier job, comme pour Sabrina, récemment débarquée du Tadjikistan et qui faisait le tour des kiosques avec les membres de son groupe de francisation, entraînés par leur professeur. Son français limité lui permettait tout de même de résumer l’essentiel : « Je cherche du travail. »

Thalita, une étudiante togolaise établie à Rimouski, et son amie ivoirienne Frédérique, arrivée au Québec cinq mois plus tôt, espéraient pour leur part trouver un « meilleur emploi » que celui qu’elles occupaient déjà. Même chose pour un couple haïtien installé depuis plusieurs années au Québec et employé dans le secteur de la santé.

Ce salon était tout autant une foire pratico-pratique de l’immigration et de ses défis (comment aller chercher quels services à quel endroit, comment faire reconnaître ses diplômes…) qu’un forum de l’emploi. Il y avait de longues files devant les kiosques proposant une photo professionnelle gratuite, une révision du curriculum vitæ, des trucs pour « améliorer [son] profil LinkedIn ». Gros attroupement, aussi, devant un bon vieux babillard où des offres d’emploi étaient affichées sur papier.

En filigrane du discours des entreprises présentes ressortait la réalité du manque de main-d’œuvre dans tout le Québec — près de 220 000 postes vacants au premier trimestre de 2023. À elle seule, l’immigration ne réglera pas cette pénurie, parce que l’arrivée de nouveaux résidents entraîne notamment une hausse de la demande de biens et services, et conséquemment de la main-d’œuvre. Mais cela fait quand même partie des solutions, conviennent la majorité des experts.

Une autre pénurie se superpose toutefois à celle-ci : l’important problème du manque de logements partout. Le taux d’inoccupation était de 1,7 % en moyenne au Québec l’an dernier, bien loin du point d’équilibre évalué à 3 %. Or, ce déséquilibre sera long à corriger et complique le recrutement d’immigrants travailleurs. À Gaspé, où le parc locatif frôle le 0 % d’inoccupation, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie a dû repousser ce printemps l’arrivée d’une cinquantaine d’infirmières, faute d’endroits où les loger.

Pour Christine Fréchette, l’exemple de Gaspé illustre « très concrètement » quelles peuvent être les limites de la capacité d’accueil du Québec. Mais il y a plus d’éléments à considérer pour déterminer celle-ci, et la ministre reconnaît que le gouvernement doit raffiner ses méthodes à cet égard. « On est en train de documenter notre capacité d’accueil, dit-elle. C’est un concept complexe, qui comprend des variables mouvantes dans le temps et qui diffèrent d’une région à l’autre. On parle à la fois des services gouvernementaux à offrir, de l’accès à un logement, de l’accès à un emploi à la hauteur de la compétence des gens, des places en CPE ou dans les écoles, de l’accès aux groupes d’accompagnement… C’est quelque chose qui se travaille, qui demande du temps et de la concertation. »

Déposé en 1990 par la libérale Monique Gagnon-Tremblay, qui fut ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration de 1989 à 1994, le premier énoncé politique du Québec en matière d’immigration et d’intégration établissait notamment la notion de « contrat moral » à respecter pour une intégration réussie. On y affirmait que le français était la langue commune de la vie publique, et que ceux qui choisissaient le Québec devaient adhérer à certaines valeurs incontournables, comme l’égalité hommes-femmes (cela près de 30 ans avant que la CAQ propose d’imposer un « test des valeurs » aux immigrants désirant s’installer au Québec).

Surtout, c’est en 1991 que Monique Gagnon-Tremblay signait avec le fédéral l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains (un mot moyenâgeux désignant des étrangers non naturalisés), qui élargissait un premier accord signé en 1978. Un document qui définit encore à ce jour le partage des responsabilités entre Ottawa et Québec — c’est ce dernier gouvernement qui régit depuis la gestion des services d’accueil et d’intégration linguistique, culturelle et économique. Une entente cruciale, certes, mais qui n’avait pas pour autant suscité beaucoup d’intérêt à l’époque, rappelle l’ex-ministre, aujourd’hui âgée de 83 ans. « Il n’y avait pas vraiment de partisanerie autour de ça », dit-elle.

À la source du changement de discours qui a fait de l’immigration un sujet clivant, il y a deux moments décisifs — les points de vue diffèrent selon la personne avec qui on aborde la question. 

Le débat sur les accommodements raisonnables accordés à des groupes ethnoculturels et religieux minoritaires, de 2006 à 2008 (ce qui a mené à la commission Bouchard-Taylor), a d’abord « décomplexé la parole autour de l’immigration, note Stephan Reichhold. Jusque-là, à peu près personne ne parlait d’immigration », souligne-t-il.

L’importance croissante que l’immigration a prise dans la vie politique — sa politisation — en fait désormais un sujet autour duquel les élections peuvent être menées et remportées.

Les chercheuses Mireille Paquet et Catherine Xhardez, elles, tracent ailleurs la ligne de démarcation : la naissance de la CAQ, il y a une douzaine d’années. Ce que la formation de François Legault a alors mis sur la table n’avait rien d’aussi radical que ce qui peut être proposé en Europe ou aux États-Unis, reconnaissent les deux expertes. La CAQ n’est pas un « parti anti-immigration », disent-elles, mais elle « a rompu avec les positions et les discours établis au sein de l’espace partisan québécois en matière d’immigration ». Auparavant, les principaux partis étaient tous « relativement proches dans leurs positions », que l’on pourrait résumer par l’idée qu’accueillir plus d’immigrants était bon pour le Québec. 

À la page 75 du tout premier programme électoral de la CAQ (C’est assez, faut que ça change !, 2012), on trouve l’engagement « de limiter le nombre d’immigrants à 45 000 pour une période de deux ans » (soit la moyenne annuelle dans les 10 années précédentes). Et celui de « profiter de ce temps d’arrêt pour mettre en place des ressources […] qui assureront l’intégration harmonieuse [des immigrants] au sein de la majorité francophone du Québec ». En cette même année 2012, Québec a accueilli près de 55 000 immigrants permanents.

Le programme de la CAQ soutenait que l’économie et le système d’intégration de la province étaient « incapables d’absorber autant d’immigrants que le Québec en [accueillait alors] ». Le taux de chômage était à l’époque de 7,8 % — il était de 4,5 % en juillet dernier. Le document proposait par ailleurs d’accroître les responsabilités du Québec par rapport au gouvernement fédéral (en obtenant la gestion du programme de regroupement familial), introduisait l’idée que les immigrants non intégrés au marché du travail après un certain temps pourraient perdre leur Certificat de sélection du Québec (essentiel pour soumettre une demande de résidence permanente canadienne) et évoquait l’importance de s’assurer que les immigrants admis avaient un niveau de français opérationnel. En somme, les bases des propositions caquistes de 2018 et de 2022 étaient déjà dans le programme originel du parti.

Ces propositions n’ont pas eu grand écho à ce moment. La CAQ a d’ailleurs mis la question de côté en 2014, avant de revenir à la charge en 2018 (entre les deux, la formation avait opéré son virage identitaire). Durant la campagne qui allait finalement le porter au pouvoir, François Legault a proposé non plus un gel des seuils, mais une diminution temporaire de 20 %, calculée en fonction de la proportion d’immigrants admis qui quittaient le Québec après quelques années. La résonance fut alors tout autre : un véritable feu d’artifice politique. 

Parler d’immigration a ainsi marqué — et bousculé — la campagne de François Legault en 2018. Il a exprimé sa crainte que « nos petits-enfants ne parlent plus français » si Ottawa ne donnait pas plus de pouvoirs au Québec. Sa proposition de restreindre les seuils d’immigration (« en prendre moins, en prendre soin »), comme sa volonté d’obliger les immigrants à réussir un test des valeurs et un test de français pour recevoir leur Certificat de sélection du Québec, fut l’une des plus controversées de la campagne. Un enjeu était né.

Surtout, au fil du temps, la CAQ a forcé les autres partis à se commettre sur le sujet des seuils d’immigration. « La politisation, c’est contagieux », relève Mireille Paquet. Quand un parti décide de faire sa niche quelque part, les autres doivent réagir. « Sinon, ils laissent le premier occuper tout cet espace politique. »

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Sous tous ses angles, la question de l’immigration « est beaucoup plus médiatisée, politisée et discutée qu’elle ne l’était auparavant », confirme Antoine Bilodeau, professeur de sciences politiques à l’Université Concordia et spécialiste de l’intégration des immigrants. Le constat n’est pas unique au Québec, dit-il : les enjeux migratoires sont à l’avant-plan dans de nombreux pays. 

L’importance croissante que l’immigration a prise dans la vie politique — sa politisation — en fait désormais un sujet « autour duquel les élections peuvent être menées et remportées », notaient les chercheuses Mireille Paquet et Catherine Xhardez dans leur étude publiée en 2020. La campagne électorale provinciale de 2018 avait déjà fait la preuve de ce changement de modèle, au point que le premier ministre sortant, Philippe Couillard, estimait que l’immigration serait la « question de l’urne » — l’enjeu susceptible de déterminer l’issue d’un scrutin. Mais la campagne de 2022 a montré encore plus clairement le nouveau poids politique de l’immigration.

Il est rare qu’un débat électoral entre candidats locaux dans une circonscription suscite un quelconque intérêt au-delà de la région concernée. Il faut pour cela une énormité, dite par un candidat d’envergure. Deux conditions qui étaient réunies le 21 septembre 2022.

Jean Boulet participait ce jour-là avec ses adversaires dans Trois-Rivières à un débat organisé par la radio d’ICI Mauricie–Centre-du-Québec (Radio-Canada). Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (une des six dénominations de ce ministère depuis sa création, en 1968, par le gouvernement de l’Union nationale de Jean-Jacques Bertrand) naviguait avec aisance parmi les différents enjeux lorsqu’il a échappé une petite phrase, aux trois quarts de ce débat de deux heures : « 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise », a-t-il déclaré d’un ton convaincu.

Sur le coup, personne n’a réagi et le débat s’est poursuivi autour d’un autre sujet. Mais une semaine plus tard, la mise en lumière par les médias nationaux des propos de Jean Boulet soulevait une véritable tempête. « Ce n’est pas acceptable », a rapidement reconnu son chef, François Legault. Ce dernier a évoqué des propos carrément « faux » et tranché que Jean Boulet, qui s’était par ailleurs déjà excusé, venait « de se disqualifier » pour être ministre de l’Immigration (il a finalement été nommé au ministère du Travail).

Pour le premier ministre, il s’agissait d’un autre caillou pointu dans un soulier déjà inconfortable. « C’est délicat de parler d’immigration », a-t-il reconnu publiquement à quelques reprises durant la campagne, au gré des controverses que ses propres déclarations provoquaient.

Il avait mis le feu aux poudres avant même la période électorale. En mai 2022, François Legault avait affirmé que si Québec n’obtenait pas d’Ottawa des pouvoirs supplémentaires pour choisir les immigrants qui s’installent dans la province (il souhaitait gérer le programme de regroupement familial), celle-ci pourrait devenir une Louisiane du Nord — c’est-à-dire un État où le français serait une langue folklorique.

Au fil de la campagne, il a ajouté que « ce serait un peu suicidaire pour la nation québécoise » d’augmenter les seuils d’immigration permanente au-delà de la barre actuelle des 50 000 immigrants par an, cela tant « qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français ». En point de presse à Victoriaville, début septembre 2022, il a soutenu que, pour maintenir la « cohésion nationale », il ne fallait pas plus d’immigrants que les cibles déterminées par son gouvernement. « Les Québécois sont pacifiques, ils n’aiment pas la chicane, ils n’aiment pas les extrémistes, ils n’aiment pas la violence. Donc, il faut s’assurer qu’on garde ça [les seuils d’immigration] comme c’est là. »

Une fois la campagne terminée et la CAQ réélue, le ton a toutefois changé. Plutôt que d’y voir une menace, François Legault parle aujourd’hui de l’immigration comme d’une solution pour garantir l’avenir du français. Son gouvernement proposera cet automne de hausser à 60 000 le seuil d’immigration permanente (en plus d’un nombre indéterminé d’étudiants qui pourraient être admis par l’intermédiaire du Programme de l’expérience québécoise, une voie rapide qui permet de recevoir un Certificat de sélection du Québec), en s’assurant d’augmenter la proportion d’immigrants qui parlent déjà français. Quant à la nécessité d’obtenir plus de pouvoirs du fédéral, cela n’apparaît plus comme une priorité absolue : l’extinction appréhendée de la nation québécoise semble avoir été reportée.

Dans l’entourage du premier ministre, on explique ce recadrage par le contexte postélectoral — François Legault a voulu apporter des nuances qui auraient été moins faciles à exprimer en campagne. Chose certaine, la ministre Fréchette est plus à l’aise avec ces positions moins catégoriques. « Dire que l’immigration est une solution, ça cadre avec ma vision », affirme-t-elle.

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L’autre partie de l’équation qui revient régulièrement dans le discours politique — la « capacité d’intégration » — n’est pas plus simple à définir que la « capacité d’accueil ». « C’est un terme fourre-tout, dit le professeur Antoine Bilodeau. Même pour nous, la signification n’est pas claire. »

Qu’est-ce donc qu’un immigrant intégré ? Quelqu’un qui parle français ? Qui a un emploi ? Des amis ? Une vie sociale ? « Quand on parle d’intégration, il faut d’abord déterminer quelles sont nos attentes envers celle-ci, explique Antoine Bilodeau. Et ensuite, c’est selon la perspective de qui ? Si l’on parle de celle de l’immigrant, l’intégration est surtout une question de sentiment d’appartenance. Mais selon la perspective de la société d’accueil, c’est plus varié : différentes questions entrent en ligne de compte. »

Il fait remarquer que la perception de l’immigration s’est améliorée au sein de la population depuis la fin des années 1980, malgré la politisation de l’enjeu et l’augmentation graduelle des seuils. « C’est un peu paradoxal, dit-il, mais les données de l’opinion publique montrent qu’il n’y a pas eu de ressac. Au contraire : on est dans un paradigme qui n’a rien à voir avec ce qu’on observait il y a 35 ans. On ne sait pas encore exactement pourquoi l’opposition à l’immigration a fondu, mais l’hypothèse la plus plausible, c’est que le discours utilitariste de l’immigration économique promu par les gouvernements fonctionne. Les gens voient et acceptent la contribution des immigrants. Et l’idée d’en prendre soin, comme disait François Legault, est bien présente : il y a cette volonté partagée de les intégrer comme il faut. »

Les entreprises ont un rôle à jouer dans le processus d’intégration des immigrants, mais au Québec, celui-ci passe beaucoup par le travail de dizaines d’organismes spécialisés sur qui le gouvernement compte.

C’est un peu pourquoi Véronique St-Laurent s’est retrouvée aux Philippines en 2018. Spécialiste des ressources humaines pour l’entreprise LM Wind Power, qui produit des pales d’éoliennes géantes à Gaspé (jusqu’à 107 m de long), elle a mené cette année-là une mission culturelle visant à faciliter l’intégration future des travailleurs étrangers spécialisés que la société venait d’embaucher — aujourd’hui, près du tiers des 600 travailleurs spécialisés de cette entreprise sont des immigrants (la plupart encore temporaires, mais Véronique St-Laurent affirme que l’objectif est de les voir obtenir leur résidence permanente).

« L’acceptation par la société d’accueil est un élément important de l’intégration, dit-elle. Alors on a d’abord préparé le terrain auprès des travailleurs gaspésiens, pour s’assurer qu’ils comprennent pourquoi on a choisi ces gens en particulier. Ensuite, en allant à la rencontre des travailleurs aux Philippines, pour apprendre à les connaître un peu mieux, on s’est donné plus de chances que leur intégration se passe bien, qu’ils soient heureux ici, que leur vie ne soit pas seulement partagée entre le travail et la maison. »

Le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de La Côte-de-Gaspé, un organisme qui offre des activités d’intégration dans la collectivité, a par la suite été appelé en appui. Les nouveaux arrivants ont été inscrits à des cours de français, se sont impliqués dans différentes activités — ils ont même créé l’Association des Philippins de la Gaspésie. « Vraiment, tout a bien coulé », assure Véronique St-Laurent (LM Wind Power a d’ailleurs reçu l’an dernier un prix Maurice-Pollack décerné par le ministère de l’Immigration pour sa stratégie et ses efforts d’intégration).

Les entreprises ont certes un rôle à jouer dans le processus d’intégration des immigrants, mais au Québec, celui-ci passe beaucoup par le travail de dizaines d’organismes spécialisés sur qui le gouvernement compte. Depuis 2018, leur financement a plus que doublé : de 32,5 millions il y a cinq ans à 82,8 millions prévus pour 2023-2024 (les sommes investies en francisation sont quant à elles passées de 94,2 millions à 217,7 millions).

La demande est forte. Sarah Toulouse, directrice générale d’Accueil et intégration BSL, à Rimouski, raconte par exemple que si l’organisme a pu fonctionner pendant près de 25 ans avec une seule employée, il lui en faut présentement 30. À Sherbrooke, en un an, le nombre de personnes soutenues par le Service d’aide aux néo-Canadiens (SANC) a augmenté de plus de 60 %. Le Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) de Montréal a enregistré une hausse similaire, pour en arriver à accompagner l’an dernier près de 40 000 personnes.

« L’intégration, c’est plusieurs choses », estime la directrice générale du CACI, Anait Aleksanian, née en Arménie et établie au Québec depuis presque 25 ans. « Quand la personne arrive, elle est un peu perdue, ne sait pas trop comment la société d’accueil fonctionne. Le travail des organismes comme le nôtre, c’est d’accueillir la personne, de la guider dans son installation. Après, on peut mesurer l’intégration quand la personne parle français, a un logement, travaille dans son domaine de compétences, participe à la vie démocratique, lorsque ses enfants vont à l’école, etc. C’est un peu tout ça à la fois — mais ça dépend de chaque immigrant, de ce qu’il cherche ici. »

À son arrivée au Québec, Anait Aleksanian ne parlait pas un mot de français. Ce fut là, dit-elle, son plus grand défi… mais aussi la clé de son processus d’intégration. « J’ai trouvé ça extrêmement difficile et stressant au début. Il y a ce sentiment d’impuissance quand tu ne maîtrises pas la langue du pays… » Elle ne voyait pas venir le jour où elle y parviendrait. « Mais je n’oublierai jamais le moment où, après six mois d’efforts, j’ai réalisé que, oh là là, je pouvais communiquer en français ! C’est à partir de là que je me suis sentie épanouie et heureuse ici. Et après, avec un emploi où je parlais en français, je me suis dit : “Ça y est, je suis tranquille, je suis bien, je suis chez moi.” »

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Sur la 5e rue de la Pointe, tout près de l’hôtel de ville de Shawinigan, on se pressait à la porte du Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) en ce 31 mai, pour l’inauguration de la Maison du monde, nouvelle adresse de l’organisme qui s’est vu confier la rédaction du plan d’action en intégration de la ville d’environ 50 000 habitants, dont un millier d’immigrants (le quart de ceux-ci sont arrivés après 2016). Le 5 à 7 enjoué proposait un juste mélange de conversations bruyantes, de canapés et de vin. Une effervescence qu’on n’aurait pas nécessairement vue avant 2015, soulignait le maire Michel Angers. « L’arrivée de [l’entreprise de services-conseils en technologies de l’information] CGI a vraiment relancé la ville, disait-il. Et c’est beaucoup l’immigration qui soutient ça. »

Près des deux tiers des 200 employés de CGI à Shawinigan sont en effet des immigrants permanents, venant d’une trentaine de pays. « On se retrouve avec des gens qui contribuent à la société, qui font partie de la collectivité, qui sont de mieux en mieux intégrés », se réjouissait le directeur du Centre d’excellence de CGI, Michel Leclerc. Il suggérait d’ailleurs d’aller manger après le 5 à 7 dans un restaurant indien ouvert par le conjoint d’une employée à quelques pas de là. « L’intégration, c’est aussi que la région puisse profiter de l’apport culturel des immigrants », pense le maire Angers.

En retrait du brouhaha festif à la Maison du monde, Lyse Nukuri donnait le biberon à son fils de trois mois. La Burundaise est arrivée à Shawinigan en juillet 2022 pour y retrouver son mari… et presque personne outre celui-ci. La maternité a accentué cet isolement, qu’elle a voulu briser en s’inscrivant au service de jumelage culturel du SANA — un concept que plusieurs organismes offrent dans différentes régions et qui associe un immigrant à un habitant du coin pour faciliter son intégration.

« Immigrer, c’est une grosse coupure », disait-elle pendant que sa « jumelée », une enseignante native de Shawinigan, s’occupait à son tour du biberon en captant le regard du petit. « Je me suis retrouvée ici sans réseau d’amis… D’avoir quelqu’un que je peux appeler, à qui je peux parler, ça vaut de l’or. Ça aide beaucoup. »

Sur un autre canapé dans la même pièce, Jazmin Alvarado, la fin vingtaine, évoquait elle aussi la difficulté d’arriver dans un nouveau pays (dans son cas, depuis le Mexique) et d’y trouver ses repères. Elle profite également du service de jumelage pour faire diverses activités, rencontrer des gens, s’adapter — la prochaine étape sera le ski de fond, affirmait-elle. « L’intégration, pour moi, ce sera de me sentir ici comme à la maison. D’avoir des amis, une vie sociale… De sentir que je ne suis pas une étrangère, au fond. Et d’avoir envie de rester parce que je suis bien ici. »

Ce genre de souhait est au cœur du discours d’une majorité d’immigrants, selon Manon Couture, directrice générale du SANC de Sherbrooke. « Dans notre société, on mesure beaucoup le niveau d’intégration par une question : “Travailles-tu ?” Mais les immigrants veulent surtout se sentir bien », résume-t-elle.

Nouvellement arrivée en politique, Christine Fréchette dit avoir ce même objectif global, au-delà de toutes les considérations politiques qui entourent son dossier. « Le but suprême, c’est que les gens s’enracinent dans leur communauté d’accueil. On veut des gens qui se réalisent, qui ne soient pas considérés uniquement comme des travailleurs, mais comme des humains qui souhaitent s’épanouir ici. »

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Lorsque je vois « l’avenir du français passe par l’immigration », j’ai froid dans le dos! Ici comment en France – et il faut vivre dans une caverne pour ne pas savoir ce qui se passe dans la « mère patrie » – l’immigration francophone ça veut trop souvent dire problèmes de culture et de religion incompatibles. Allons-nous tirer les leçons qui s’imposent pendant qu’il est encore temps?

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C’est justement ce que je pensais. On devrait donner préférence aux Européens, francophones ou pas. Au moins leur culture est infiniment plus compatible avec la nôtre.

Une personne peut être francophone sans être née dans un pays francophone, en Europe ou ailleurs. Il ne lui faut qu’apprendre le français dans une Alliance Française ou une autre école de langue.
Outre, il est évident que certaines religions causent plus de problèmes au Québec, surtout quand quelques-uns de leurs fidèles essaient d’imposer leurs rituels et habitudes. La demande d’allouer des salles des prières dans les écoles publiques est un exemple récent de ce danger.
Malheureusement, celle-là est une discussion assez difficile qui finit souvent par se mêler à des propos racistes et xénophobes. Ça nous prend des politiciens courageux dont les décisions/politiques publiques soient soutenues par des recherches sociologiques.

Les tenants de la croissance à tous prix, à n’importe quels prix dépensent des milliards pour créer de l’emploi et par la suite, dépensent d’autres milliards pour accueillir des immigrants afin de pallier à la pénurie de main-d’oeuvre !!!

Une partie de ces milliards serait plus utile pour aider les pays sous-développés à s’émanciper économiquement.

En leur volant leurs ouvriers et leur main-d’œuvre spécialisé pour enrichir nos affairistes, nous rendons la situation de ces pays de plus en plus précaire et de ce fait, aggravons le phénomène migratoire.

Des sommes importantes devraient aussi être investies pour faire face à la migration climatique, politique et économique qui ne peut qu’aller en augmentant. C’est notre devoir humanitaire.

Le PLC, le PLQ et la CAQ devraient pourtant savoir que ce type de croissance mène à la corruption et la corruption mène à la catastrophe économique comme on la constaté en Grèce et au Liban et dans certains autres pays.

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