Rachel Notley, la PM écolo qui verdit l’Alberta

«Il faut un dialogue constructif. Se crier des noms par la tête ne mène nulle part», dit Rachel Notley.

La première ministre néodémocrate de l'Alberta, Rachel Notley. (Photo: Daniel Wood)
La première ministre néodémocrate de l’Alberta, Rachel Notley. (Photo: Daniel Wood)

Sa photo a servi de cible aux golfeurs albertains qui participaient, en juin, au tournoi de la Big Country Oilmen’s Association, un regroupement de travailleurs de l’industrie du pétrole.

Mais il en faut beaucoup plus pour troubler la première ministre de l’Alberta, la néo-démocrate Rachel Notley, qui a mis fin au règne de 47 ans du Parti progressiste-conservateur en mai 2015. Elle sait qu’elle a aussi de solides alliés qui soutiennent le plan de lutte contre les changements climatiques qu’elle a révélé en novembre, à peine six mois après son entrée en fonction. Le prix du baril de pétrole était alors à son plus bas, le budget de l’État dans le rouge.

Puis, en mai, la première ministre a déposé son projet de loi pour le mettre en œuvre au moment où des incendies de forêt autour de Fort McMurray forçaient l’arrêt de la production dans certaines zones d’exploitation des sables bitumineux.

Une preuve d’audace pour ses admirateurs, une irresponsabilité flagrante pour ses détracteurs, qui ne manquent pas de souligner la dépendance de la province aux revenus tirés du pétrole.

L’inaction des gouvernements précédents avait plombé la réputation de l’Alberta. Les sociétés pétrolières étaient conspuées. Les projets d’oléoduc, bloqués. «Il était temps de changer cette recette, qui n’a provoqué que des échecs», dit Rachel Notley. Ses arguments ont fait mouche, son plan a été salué par les groupes environnementaux et plusieurs bonzes de l’industrie pétrolière!

Sa stratégie prévoit une taxe sur le carbone  qui rapportera six milliards de dollars en cinq ans. La somme sera réinvestie dans la construction d’infra­structures vertes et dans l’efficacité énergétique, et les familles moins nanties seront indemnisées pour la hausse de leur facture de chauffage et d’essence. Le gouvernement a aussi annoncé la fermeture des centrales au charbon d’ici 2030 et le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre en provenance de l’industrie du pétrole.

La bataille politique de Rachel Notley n’est pas finie pour autant. Elle doit faire accepter la construction de pipelines au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique, afin d’exporter le pétrole albertain sur les marchés étrangers. «Il faut un dialogue constructif. Se crier des noms ne mène nulle part», dit-elle, évitant le discours enflammé de son homologue de la Saskatchewan, Brad Wall, qui a déjà demandé au Québec de retourner son chèque de péréquation de 10 milliards de dollars s’il refuse le projet Énergie Est.

L’actualité a rencontré la néo-démocrate la plus influente du pays en mai, à Edmonton.


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«On peut faire mieux»


Comment avez-vous vaincu la dynastie conservatrice au pouvoir pendant 47 ans?

L’Alberta change depuis quelques années. La population est plus jeune, plus instruite, plus diversifiée et plus urbaine qu’avant. Il a fallu un peu de temps avant que ces changements se répercutent dans les résultats électoraux, mais notre parti a été en mesure de se présenter comme le reflet de la nouvelle Alberta, ce qui a provoqué le séisme politique de mai 2015. Les Albertains se sentent plus concernés par la politique provinciale maintenant, comparativement aux dernières décennies.

La droite affirme que vous avez été élue par accident, que vous avez réussi à vous faufiler entre deux partis aux accents conservateurs qui ont divisé le vote.

Toutes les élections sont un peu le fruit d’un accident, parce que les gens font leur choix en fonction d’une série de facteurs. C’est impossible d’en prédire l’issue. Il faut respecter le choix des citoyens. Les progressistes-conservateurs ont tenté de se réinventer dans leurs dernières années au pouvoir, en prétendant être plus ouverts, proéducation, et ainsi de suite. Les gens ne les ont pas crus et ils ont voté pour un vrai parti progressiste.

LAT_11_entretien_notley_exergue2L’incendie qui a ravagé une partie de Fort McMurray ce printemps a été une tragédie pour la région. Qu’avez-vous appris sur vous-même et sur les Albertains pendant cette crise?

Le calme et la détermination des habitants de Fort McMurray sont incroyables. Imaginez, on a évacué près de 90 000 personnes en quelques heures seulement, par une seule route, alors que la ville brûlait autour d’elles! Les gens étaient patients, prenaient soin les uns des autres et leur moral était bon. Mis à part un accident de voiture qui a fait deux victimes, on ne rapporte aucun mort ou blessé grave. Ça témoigne de ce qu’il y a de mieux en Alberta.

Ce que j’ai appris personnellement, c’est qu’il faut agir avec détermination, sans oublier le côté humain du drame. Il faut être à l’écoute des sinistrés, mais aussi des premiers répondants, qui combattent le feu directement ou procèdent à l’évacuation. On doit comprendre ce qu’ils font pour maintenir un lien de confiance. Il faut aussi être dans un mode de collaboration, ne pas tenter de tout faire soi-même.

Avez-vous eu peur que toute la ville y passe, peut-être même les installations pétrolières autour?

Dans les premières 24 à 48 heures, absolument. Nous étions très inquiets. Il nous a fallu quelques jours avant de comprendre que seule une petite portion de la ville avait été détruite.

Y a-t-il un lien entre cette catastrophe et les changements climatiques?

Les changements climatiques produisent des conditions extrêmes et augmentent les risques de catastrophes. Il est tombé moins de pluie dans cette région. Les périodes de sécheresse sont plus longues, plus fréquentes. Et nous avons négligé l’entretien de nos forêts au fil des ans, ce qui les rend plus vulnérables aux incendies. C’est vrai pour l’Alberta et pour tout le Canada. En tant que citoyens du monde, c’est notre responsabilité de combattre les changements climatiques.

Rachel Notley devra convaincre les Québécois que la construction du pipeline Énergie Est de TransCanada entraînera pour eux plus de retombées que de risques. (Photo: Grand Forks Herald/E. Holden/AP/PC)
Rachel Notley devra convaincre les Québécois que la construction du pipeline Énergie Est de TransCanada entraînera pour eux plus de retombées que de risques. (Photo: Grand Forks Herald/E. Holden/AP/PC)

À peine six mois après votre arrivée au pouvoir, vous avez présenté un plan complet de réduction des gaz à effet de serre. Et vous avez reçu l’appui des groupes écologistes et de certaines des plus grandes entreprises du secteur de l’énergie. Comment avez-vous réussi ça?

L’industrie énergétique albertaine comprend ce qui se passe dans le monde et au Canada. Les entreprises ont bien vu que leur réputation et celle de la province nuisent à l’exportation de leur produit. La population est plus jeune et souhaite combattre les changements climatiques. On a profité de ce contexte. Les groupes environnementaux et les sociétés pétrolières discutaient depuis des mois, en secret, pour tenter de trouver une manière de bouger sur ce front, puisque le précédent gouvernement conservateur ne faisait rien. On a accéléré ce processus de réflexion. On a dirigé les discussions à partir de mon bureau, au plus haut échelon du gouvernement, pour préparer un plan rapidement.

Ce plan prévoit que les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux, de 70 mégatonnes par année, continueront de croître jusqu’à 100 mégatonnes, avant d’être plafonnées. Que répondez-vous aux critiques qui disent qu’il faut les freiner plus rapidement?

Il faut rappeler que si l’ensemble des compagnies qui ont déjà un permis d’exploitation entrent en production, les émissions atteindront 300 mégatonnes par année! Les plafonner à 100, c’est déjà un effort considérable de la part de l’industrie. Il faut lui attribuer un peu de mérite. Cela dit, ce serait formidable de pouvoir tout arrêter dès maintenant, mais ce serait irresponsable. On doit agir tout en prenant en considération les répercussions sur ceux qui dépendent du secteur de l’énergie pour vivre. Il faut une transition afin d’éviter que des familles entières ne soient mises à la rue, soudainement incapables de rembourser leur emprunt hypothécaire. C’est un équilibre délicat à trouver.

Exergue2_entretien_notley_exergue1Vous pensez qu’on peut à la fois combattre les changements climatiques et poursuivre la production de pétrole?

Absolument. Les sociétés pétrolières devront investir massivement pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre et être beaucoup plus efficaces. Pendant cette période, grâce aux revenus pétroliers, nous allons être en mesure de diversifier peu à peu notre économie.

Pourquoi souhaitez-vous la construction de nouveaux pipelines?

En exportant le pétrole vers un seul endroit, les États-Unis, nous n’en tirons pas le maximum de bénéfices. Nous sommes dépendants de ce seul client. Chaque baril se vend de 20 % à 30 % moins cher que sur le marché mondial. La construction de nouveaux pipelines fait partie de la stratégie visant à diversifier nos exportations, ce qui nous permettra de retirer un meilleur bénéfice par baril. Avec cet argent, nous allons inciter les entreprises à faire plus de transformation en Alberta, plutôt que de tout envoyer à l’état brut hors du pays. Et nous aurons plus de moyens pour investir dans la lutte contre les changements climatiques.


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Que dites-vous aux Québécois qui résistent au projet Énergie Est de TransCanada, estimant que le Québec courrait beaucoup de risques en échange d’un minimum de retombées économiques?

D’abord, les Québécois font ce que n’importe qui ferait à leur place, c’est-à-dire mener des études environnementales et bien analyser le projet afin de s’assurer qu’il est sûr. Je ferais la même chose si un oléoduc s’apprêtait à traverser ma cour arrière, alors je comprends. Au Canada, nous avons un processus d’approbation de plus en plus rigoureux, ce qui est bien. Si on compare avec le transport par rail, dont les compagnies ne sont soumises à aucun processus d’évaluation, les risques sont moins grands par oléoduc. Or, le pétrole circule de plus en plus par rail.

Ensuite, la prospérité qui découle de l’exploitation du pétrole ne profite pas qu’à l’Alberta, mais à tous les Canadiens. Il y a des Québécois qui travaillent en Alberta et des entreprises du Québec qui sont des fournisseurs des entreprises énergétiques. Il y a beaucoup de capitaux étrangers investis dans le pétrole, ce qui engendre des taxes et des impôts versés au gouvernement fédéral. Bref, si on peut arrêter de vendre notre pétrole au rabais à un seul client, tout le monde en profitera.

On a entendu le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, dire que le Québec devrait retourner les 10 milliards de dollars qu’il reçoit en péréquation s’il refuse Énergie Est. Êtes-vous d’accord?

Je cherche un dialogue constructif. Se crier des noms par la tête et se menacer par l’intermédiaire des médias, ça ne mène nulle part. Ça fait 10 ans que les conservateurs diabolisent ceux qui ne pensent pas comme eux, et regardez où ça mène. Rien n’a bougé. Il faut une nouvelle approche.

Pourquoi le Québec devrait-il accepter Énergie Est, alors que la Colombie-Britannique refuse les projets de pipeline?

On a besoin de diversifier nos exportations et d’acheminer notre pétrole vers d’autres marchés, peu importe la direction. Il y a des projets vers l’est et vers l’ouest. Je ne suis pas difficile, je prendrais les deux! [Rire] On parle avec nos collègues de la Colombie-Britannique. L’Office national de l’énergie vient d’approuver la construction du pipeline Kinder Morgan sous certaines conditions, et nous sommes en discussion. Ottawa devra prendre position d’ici quelques mois également.

 Au Québec comme en Colombie-Britannique, des politiciens ont évoqué l’idée d’une redevance annuelle versée par l’Alberta aux provinces traversées par un pipeline, afin d’en augmenter les avantages financiers. Est-ce une possibilité?

Pas vraiment. Il faut éviter de multiplier les barrières et les obstacles entre les provinces. Il faut fonctionner comme un pays, une nation, si on veut avoir du succès. Mais les entreprises proposent des avantages financiers aux municipalités traversées par un oléoduc.

Sur la scène fédérale, les délégués du NPD ont décidé à leur congrès d’étudier le manifeste Un bond vers l’avant, élaboré par des figures de la gauche à Toronto. Le manifeste prône notamment la fin rapide de l’exploitation des énergies fossiles au pays. Vous opposez-vous à ce manifeste?

Je suis d’accord avec certains points, notamment la hausse du salaire minimum et l’amélioration des conditions des travailleurs. Mais des pans entiers du manifeste sont tout simplement naïfs et déconnectés de la réalité. Ses instigateurs n’ont pas réfléchi aux répercussions d’un arrêt total de la production de pétrole sur des centaines de milliers de familles au pays qui gagnent leur vie dans ce domaine. Ils n’ont manifestement jamais mis les pieds dans les villes dont l’économie tourne autour de l’exploitation des ressources naturelles.

La course à la succession de Thomas Mulcair commence. De quel type de leadership le NPD fédéral a-t-il besoin?

Il faut un chef qui peut arbitrer les désaccords au sein du parti et qui se base sur la science et les faits pour prendre des positions claires. Quelqu’un qui est prêt à se battre pour les valeurs progressistes du NPD.

Dans le passé, l’Alberta et le Québec ont souvent travaillé ensemble, notamment pour défendre leurs compétences provinciales contre les empiétements du fédéral. Comment va votre relation avec le gouvernement du Québec?

On a une très bonne relation. C’est facile de travailler avec le premier ministre, Philippe Couillard. Le Québec est un acteur important de la fédération, en raison de sa langue, de sa culture et de sa défense des intérêts des provinces.

***

De père en fille

Née à Fairview, petite ville de 3 000 habitants au nord-ouest d’Edmonton, Rachel Notley, 52 ans, a grandi dans une famille dont la vie était rythmée par la politique. Son père, Grant, est l’un des fondateurs du NPD albertain, qu’il a dirigé de 1968 à 1982. Sous sa direction, le parti progresse lentement, mais de façon constante. Malgré tout, Grant Notley est demeuré le seul député orange du Parlement pendant de nombreuses années. Il a été élu sans interruption de 1971 à 1984.

Rachel, l’aînée des trois enfants, est rapidement en contact avec le militantisme. Elle n’a même pas 10 ans lorsqu’elle se retrouve avec sa mère, Sandra, dans une manifestation à Edmonton. «J’étais petite, je ne me rappelle pas la cause exacte. Mais je me souviens de l’énergie de la foule, de ce sentiment spécial de partager quelque chose avec des inconnus», dit-elle.

En octobre 1984, Grant Notley, 45 ans, meurt dans un accident d’avion. Rachel a 20 ans. Le nom de son père sera ajouté à celui de la circonscription qu’il représentait, Dunvegan-Central Peace-Notley.

Rachel avec son frère et sa mère aux funérailles de son père, le député Grant Notley, en 1984. (Photo: John Colville/Calgary Herald/La Presse canadienne)
Rachel avec son frère et sa mère aux funérailles de son père, le député Grant Notley, en 1984. (Photo: John Colville/Calgary Herald/La Presse Canadienne)

 

Rachel fréquente alors l’Université de l’Alberta. Elle étudiera ensuite le droit à la prestigieuse Osgoode Hall Law School, à Toronto. Avocate, elle sera à l’œuvre auprès des travailleurs qui réclament des indemnités en raison d’accidents de travail.

Au début des années 1990, elle déménage en Colombie-Britannique et s’active au sein du mouvement syndical. En 1995, elle devient l’assistante du procureur général, Ujjal Dosanjh, dans le gouvernement néo-démocrate de Michael Harcourt. «Être dans la pièce où les décisions se prennent, où les projets de loi s’écrivent, a été très formateur», dit-elle.

Rachel et son mari, le syndicaliste Lou Arab, rentrent en Alberta après la naissance de leurs deux enfants, Ethan et Sophie. Rachel se présente aux élections sous la bannière néo-démocrate en 2008 et l’emporte dans Edmonton-Strathcona — il n’y a alors que deux députés du NPD au Parlement. Elle sera facilement réélue en 2012, avant de devenir chef du parti en octobre 2014, puis première ministre en mai 2015.

Les commentaires sont fermés.

À voir les récents résultats économiques de l’Alberta, j’aurais utiliser le terme appauvrir et non verdir…

C’est très divertissant de lire comment madame Notley tient un discours plutôt progressiste sur des points, plutôt conciliant sur d’autres et plutôt très conservateur sur certains thèmes.

A-t-elle vraiment tort ou vraiment raison ou cherche-t-elle à consolider son « leadership » et ses assises électorales pour sa prochaine réélection ?

Face à un Jason Kenney plus « florentin » et donc plus à même de réaliser des compromis et de s’entendre avec l’ensemble de la droite albertaine, je me garderais dans le moment présent d’évaluer ses chances de succès.

Par ses positions régressives… considérant la possibilité dont dispose tout le Canada d’investir dès à présent dans ses énergies vertes et une croissance soutenue fondée sur le respect de l’environnement ; puis de tourner le dos au moment opportun à l’exploitation extensive et inconsidérée des énergies fossiles, elle parvient à couper l’herbe sous le pied de sa propre formation politique au niveau national.

Faut-tu être capable de le faire ? — Bref, avec des arguments comme les siens, le NPD ne formera jamais aucun gouvernement pour le Canada.

Madame Notley n’est peut-être pas une mauvaise Première ministre au sens humain du terme, avec ses belles qualités d’empathie, elle manque pourtant singulièrement de dimension et encore de vision. Je pense que nous devrions regarder l’avenir tout autrement pour la Province de l’Alberta lorsque même le passage des pipelines ne devraient pas se faire sans une base extensive au niveau de la coopération entre les provinces.

Nous voulons tous le libre-échange et l’Alberta veut plus d’opportunités d’exportations, mais je constate qu’une fois de plus nos politiciens provinciaux oublient que notre première zone de libre-échange, c’est d’abord, essentiellement et avant toutes choses le Canada.

— Buy canadian, produce canadian and trade canadian for God sake !

@Serge Drouginsky. Ah les énergies vertes. Je vous invite à lire ou relire cet amusant article du Devoir où une balade Montréal-Ottawa voiture électrique se termine en ballade Montréal…-Rigaud! Le pétrole et le moteur à combustion sont prodigieuses innovation. La pétrole emmagasine dans une petite masse une telle quantité d’énergie qu’il vous permet de vous déplacer de Montréal à Ottawa (vous et votre voiture) avec environ 10 litres d’essence (en Jetta, disons). 10 litres! Vous vous demandez quelle somme d’énergie cela représente? Et bien, je vous invite à marcher cette distance en trainant une voiture. Le pétrole est un miracle qui est arrivé à la civilisation! Il a offert la mobilité au gens facilitant les rencontre et les échanges et aujourd’hui 50% du pétrole va à autre chose que le transport et cela pour différentes technologies. Se débarrasser du pétrole serait le plus grande catastrophe que nous pourrions faire d’ici à ce que l’on trouve une autre source d’énergie aussi efficace et abordable.

http://www.ledevoir.com/economie/automobile/472659/la-voiture-electrique-du-reve-a-la-realite

Cher Martin Beaulieu,

Si cette discussion avait pris place voici environ 70 ans et que je disais qu’il était possible de tourner le dos au charbon. Vous me tiendriez exactement le même langage en remplaçant le mot pétrole par charbon…. Le charbon est encore utilisé par divers pays, notamment en Chine et en Inde mais son utilisation est en constante diminution. Disons que pas mal de monde lui a tourné l’dos !

La réalité est que si on avait alloué pour le développement des énergies renouvelables la même quantité de subsides et autres subventions accordées aux industries pétrolières, les avancées en ce domaine seraient désormais plus considérables.

Mais il y a plus… Une autre réalité c’est que l’hydrogène a été découvert en 1766, composante du gaz qu’on pouvait fabriquer avec du charbon de bois, puis à partir du gaz de houille. Donc, on ne peut pas vraiment parler ici de nouveauté….

Les moteurs à gaz à combustion interne sont commercialisés et fabriqués en Allemagne depuis 1867. D’ailleurs pour aussi extraordinaire que cela puisse paraître des firmes telles BMW et Daimler (Mercedes-Benz) se sont inspirées de ces premiers moteurs à gaz pour mettre au point leurs moteurs automobiles à explosion.

En 1970 est breveté le premier moteur à combustion interne qui n’ait pas d’émissions polluantes, alimenté avec de l’hydrogène seulement. Plusieurs constructeurs à partir de cette date voulaient commencer à offrir ce genre de produits à la clientèle. C’était le cas notamment de Ford qui avait fondé sa communication dans les années 90 sur ce type de véhicules du futur, commencé la commercialisation début 2000 (Focus C-Max), puis finalement a renoncé à cette commercialisation en raison de la pression des lobbys pétroliers qui ne voulaient pas offrir ces produits dans leurs stations de services.

Techniquement l’hydrogène peut aussi bien être utilisé avec des moteurs à combustion interne comme les moteurs à essence ou servir de combustible pour alimenter les batteries de moteurs électriques. Autant dire qu’un véhicule marchant à l’hydrogène offre une capacité d’autonomie supérieure à celle de n’importe quel véhicule automobile actuellement sur le marché (en terme de combustion, un kilo d’hydrogène=trois kilos d’essence).

L’hydrogène sert déjà dans toutes les propulsions spatiales. Commence à se développer en aviation et offre aussi des solutions de propulsions pour les grands navires marchands. Et ce n’est qu’un début.

Actuellement Toyota a rouvert le bal avec la Mirai lorsque tous les constructeurs japonais et coréens s’apprêtent à commercialiser des modèles.

Le Québec qui a une capacité de production électrique pourrait s’avérer un très bon partenaire dans la production d’hydrogène.

Finalement, le pétrole est devenu cher. Il coûte de plus en plus cher à produire. Il est beaucoup trop taxé. Et comme nous l’avons vu suite à la crise de 2008, un baril de pétrole vendu plus de 100$ tue purement et simplement à petit feu toutes les économies peu importe qu’elles soient développées ou en développement. Ainsi une saine concurrence avec des alternatives, favorise un prix équitable (donc bas) pour le pétrole.

Si les grandes compagnies pétrolières se présentent désormais comme des compagnies globales et non plus comme des pétrolières c’est parce qu’elles ont bien compris que leur avenir est la production de toutes énergies et non dans l’exploitation extensives des seules hydrocarbures.

— Reprenons, s’il vous plait cette discussion d’ici une quarantaine ou une cinquantaine d’années (ou peut-être avant), je vous parie un gros 30 sous, qu’avec une auto pratiquement non polluante il sera très facile de se rendre de Montréal à Ottawa sans devoir en cours de route abandonner son char à Rigaud.

@Serge Drouginsky, j’achète l’hydrogène. Mais, il ne faudra pas qu’il y ait une seule voiture qui explose, pas une seule. Mais j’achète votre idée.

Votre titre « Rachel Notley, la PM écolo qui verdit l’Alberta » laisse vraiment perplexe. Certes, madame Notley tient des propos plus rationnels et moins extrémistes que ses prédécesseurs et que l’ancien premier ministre du Canada, sur le sujet du pétrole. De là à en faire une écolo, au moment où les ravages économiques du tout-à-pétrole se manifestent crûment?… Disons plutôt qu’elle n’est pas COMPLÈTEMENT aveuglée par le pétrole, ce qui est loin d’en faire une écolo. Son plan climat n’arrive pas à la cheville de ce qu’il faudrait pour ramener les émissions de GES de l’Alberta et du Canada à un niveau acceptable : il prévoit que les émissions attribuables à l’industrie des sables bitumineux pourront augmenter encore de 40 %! Impossible, avec un tel cadre, de ramener les émissions du Canada à un niveau compatible avec les limites imposées par la science. L’auteur ne croit-il pas que l’Accord de Paris a un fondement scientifique et doit être respecté? Le plan climat de madame Notley exige aussi que 1,1 million de barils de pétrole brut circulent chaque jour dans le Saint-Laurent, une réserve d’eau douce d’importance mondiale, avant de rejoindre le port de mer de Saint-Jean, pour être exportés. Écolo, vous dites?

@ Carole Dupuis » Son plan climat n’arrive pas à la cheville de ce qu’il faudrait pour ramener les émissions de GES de l’Alberta et du Canada à un niveau acceptable », quel est ce niveau acceptable? Le Canada émet 3% de tous les GES de la planète. Demain matin, le Canada cesse toutes ses activités économiques et les canadiens cessent de respirer (puisque nous émettons des GES), et bien nous aurons contribué à réduire les GES de la planète de 3%. Un effort gigantesque qui sera annulé en quelques mois/années par les hausses de GES provenant de la Chine et de l’Inde. Au final, l’activité économique de la planète continuera d’augmenter les GES, nous subirons les conséquences climatiques de ces émissions et les canadiens seront tous pauvres! Beau plan! Merci!

@ Éric,

Il y a un dicton qui dit que le Diable est dans les détails : Les canadiens en 2013 émettaient 15,7 millions de tonnes de CO2 par habitants liés à l’énergie. Il n’y avait guère que l’Arabie-Saoudite, les USA et l’Australie qui fassent à peine pire que nous. Pour l’Union-Européenne, les chiffres moyens étaient de 7,3 t/hab./an.

Ce qui est problématique, c’est presque 78% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde qui sont dues à la production et la consommation énergétique. Ce qui n’est pas excellent pour le Canada, c’est que de la dixième place voici 10 ans en termes de dépendance énergétique, nous n’avons pas amélioré notre position malgré une baisse relative de nos émissions de CO2 face au reste du monde (2,1% contre 1,6% actuellement).

La question qu’il faudrait se poser, c’est de savoir si oui ou non nous devons continuer de faire croître notre dépendance aux énergies polluantes sous prétexte que nous sommes à toutes fins pratiques moins nombreux, malgré la baisse des revenus pétroliers et gaziers. Ou peut-on au contraire construire une expertise (exportable) qui nous permette d’offrir des solutions durables à tous nos partenaires commerciaux ?

Tout en préservant une économie diversifiée susceptible d’apporter de la valeur ajoutée.

— On pourrait poser la question autrement : d’après-vous qu’est-ce qui est le mieux, récompenser les premiers ou bien alors plutôt les derniers de la classe sous prétexte qu’être un cancre ça pourrait quand-même rapporter gros ?

@Serge Drouginsky. là je n’achète. Le Canada est l’un des pays les plus vaste au monde de se comparer à un pays comme la France n’est pas véritablement valable. Question, on parle beaucoup du million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, question, combien pèse toute l’atmosphère?

@ Martin Beaulieu,

Les chiffres que j’ai présentés ne sont pas ceux de la France spécifiquement, mais plutôt la moyenne de l’Union Européenne. À toutes fins pratiques la France fait beaucoup mieux que la moyenne européenne. Si j’ai mis de l’avant la production de CO2 par habitants, c’est tout simplement parce que le Protocole de Kyoto prend en compte cette mesure avec pour année de référence 1990. C’est sur cette base qu’on peut calculer les progrès qui ont été réalisés.

À noter d’ailleurs que le Protocole de Kyoto prend aussi en compte la densité de population, c’est pour cette raison qu’on demande au Canada de faire un effort qui en proportion du nombre d’habitants est nettement moins fort que celui que devraient faire les États-Unis ou encore l’Union-Européenne.

Le Canada est par conséquent parfaitement capable d’atteindre ses cibles et même de les dépasser. Lorsqu’un petit coup de pouce de la part de l’Alberta serait très appréciable pour parvenir aux objectifs.

Quant à votre question du poids de l’atmosphère, elle est très pertinente. J’ai fait une recherche sur cette question :

— Selon le National Center for Atmospheric Research, la masse de l’atmosphère (qui connait quelques variations saisonnières) est évaluée à 5,1480×10(18) kg [ici j’ai mis l’exposant 18 entre parenthèses, car on ne peut pas mettre cet exposant en petits caractères sur le site web. Il faut donc lire : 10 à la puissance 18]
— Évidemment pour comprendre ce poids il faut le comparer à la masse de la Terre. L’atmosphère terrestre représentant environ 1 millionième de la masse terrestre, la masse terrestre étant évaluée à 6 trillions de tonnes. Soit 6 suivit de 18 zéros.
— Donc 1millionième de 6 trillions donnerait sauf erreur de ma part environ 6 billions de tonnes soit : 6 suivi de 12 zéros.

À noter qu’il ne faut pas confondre les billions et trillions du système impérial avec ceux du système métrique.

Finalement, ce qui pose problème dans les gaz à effet de serre, ce n’est pas tant leur poids, c’est plutôt leur concentration au niveau de l’atmosphère. À ce titre le Canada est un des pays qui en a l’une des plus grandes concentrations. Et qu’on le veuille ou pas, l’exploitation extensive des sables bitumineux contribue à cet accroissement. C’est cette constatation des faits qui doit nous guider pour envisager un ensemble d’alternatives cohérentes.

Beaucoup de pays dans le monde n’ont pas de pétrole, cela ne les empêche pas de construire une économie florissante. Le Canada dispose de beaucoup d’autres ressources intéressantes telles que l’eau et le vent notamment et est un des premiers producteurs au monde de légumineuses qui sont très utiles pour nourrir la population….

Mme Notley parle d’un processus crédible pour évaluer l’impact des pipelines alors que l’ONÉ a été complètement émasculée de ses compétences par le gouvernement Harper… L’ONÉ n’a plus aucune crédibilité en Colombie-Britannique et la Cour d’Appel fédérale a annulé l’approbation du projet de Kinder Morgan faute de consultation véritable avec les Premières Nations. Si la population pouvait avoir l’assurance que les projets de pipelines sont sécuritaires et n’imposent pas un danger indu à l’environnement et aux collectivités, peut-être que ces projets pourraient recevoir l’assentiment des collectivités mais aucun processus crédible existe maintenant pour fournir cette assurance, sans parler de l’absence de processus crédible pour consulter et avoir l’assentiment des peuples autochtones que ces projets vont affecter. Dans ce sens, Mme Notley semble être plutôt une espèce de don Quichotte naïve qu’une politicienne aguerrie, à l’affût du consensus qu’elle prétend chercher.

Alec Castonguay trace un portrait très flatteur de Rachel Notley, la coqueluche des gauchistes-fédéralistes canadiens. Le point de vue québécois est nul dans cet article.
Objectivement, madame Notley est une adversaire du Québec, toute de miel en apparence soit-elle. Heureusement que les commentaires des lecteurs qui précèdent le mien nuancent le portrait. Vos contrats avec Radio-Canada sont assurés pour longtemps monsieur Castonguay.

@Claude Richard, vous m’avez motivé à intervenir pour offrir un autre point de vue à votre vision des choses!

S’cusez mais en quoi le désir de vouloir verdir l’Alberta fait-il d’elle une « adversaire du Québec » Monsieur Richard?

Votre partisannerie vous aveuglerait-elle à ce point?

Penser traverser le Québec avec un oléoduc en fait une adversaire. Nous n’en avons rien à foutre. Le pétrôle a fait son temps…il est temps de passer à autre chose. Hydrogène et électricité sont les voie de l’avenir. J’espère qu’il y aura assez de québécois comme moi pour empêcher qu’un oléoduc traverse nos terres! A 67 ans, ce sera peut-être la dernière lutte à laquelle je participerai, mais cette lutte en vaut la peine.

SVP revenez sur Terre une petite seconde!

Sans pétrole, vous ne pourriez même pas écrire sur le clavier que vous utilisez pour répandre ici vos errements…

Le pétrole est et sera encore utilisé pendant de nombreuses décennies. On prévoit même une AUGMENTATION de 40% de son utilisation d’ici 25 ans de par le monde et l’oléoduc est LE PLUS SÛR des systèmes de transport pour le pétrole.

Et c’est sans parler du fait que les constructeurs de produits qui utilisent le pétrole pour le transport (autos, camions, autobus, etc…) deviennent de plus en plus efficaces et de moins en moins pollueurs. Les progrès en recherche et développement sont spectaculaires et si j’étais à votre place, je ne parierait pas trop rapidement sur sa disparition.

D’ailleurs, l’électricité et l’hydrogène amènent également leurs lots de problèmes et de pollution: d’où viendra l’électricité? D’usines à charbon? De centrales atomiques? Ou en inondant d’autres territoires? En arnachant d’autres rivières? Que fera-t-on des batteries une fois qu’elles seront désuètes? Etc…? (idem pour l’hydrogène).

TOUTE énergie produit son lot de pollution mais le pétrole est et sera longtemps probablement le plus efficace d’entre tous.

Je suis POUR l’oléoduc car je suis RÉALISTE et comme Québécois qui vit depuis plus de 50 ans aux dépends du reste du Canada et plus particulièrement de l’Alberta, je crois à la collaboration entre les Canadiens et non au repli sur soi-même.

il faudra bien un jour que les canadiens, les albertains, comprennent que nous ne voulons pas de leur pétrole dans nos rivières, notre sol et encore moins dans notre fleuve. S’ils s’obstinent ce sera une guerre ouverte.

Donc, on veut le pétrole américain, algérien, et autre dans « nos rivières, notre sol et encore moins dans notre fleuve »?

Parce qu’on utilisera le pétrole pendant encore PLUS de 50 ANS!!!