Claude Robinson peut enfin tourner la page sur les 18 dernières années de sa vie, faite d’amères batailles et de victoires toujours trop modestes en regard du temps et des énergies qu’il a investis dans sa cause.
Aucun montant ne compensera la souffrance indicible qu’il a portée en lui pendant toutes ses années. Ses principaux adversaires, Cinar, France-Animation, feu Micheline Charest, Ron Weinberg et Christophe Izard lui ont volé son œuvre, Robinson Curiosité. Ils ont sapé son moral en étirant les procédures. Il ont joué dans sa tête en le traitant de fou et en niant l’avoir connu.
Déboutés par deux fois en Cour supérieure et en Cour d’appel, ils ont effectué un spectaculaire revirement que seuls les biens nantis peuvent se permettre, en transformant une vulgaire affaire de plagiat en un débat juridique essentiel sur la portée de la Loi sur le droit d’auteur.
La Cour suprême vient de leur fermer la porte pour de bon avec sa décision unanime (ce n’est pas rien) en faveur de Claude Robinson. Oui, son œuvre a été plagiée par des affairistes sans vergogne.
«Les conséquences de ce comportement pour M. Robinson sont graves, écrit la Cour. Ce dernier a non seulement été privé d’une source de revenus, mais aussi de son sentiment de paternité et de contrôle sur un projet auquel il attribuait une valeur presque indicible. Il a souffert d’une douleur profonde. Et comme si cela ne suffisait pas, les appelants Cinar ont nié impitoyablement avoir reproduit son œuvre et insinué que M. Robinson n’était qu’un excentrique en quête d’attention.»
Voilà un baume sur les plaies de cet homme qui garde une bien mauvaise impression de la justice en raison des coûts, des délais et des abus de procédures. Peu de citoyens, dans l’histoire récente de la justice canadienne, ont rencontré autant d’obstacles que lui dans leur quête pour obtenir réparation.
Claude Robinson y est parvenu parce qu’il avait la résilience et la dignité de se battre pour des principes. Il a pu compter sur un appui inestimable de son premier avocat, Marc-André Blanchard — aujourd’hui juge à la Cour supérieure — qui avait convaincu son cabinet (Gowlings , Lafleur, Henderson) de prendre la cause et de reporter le paiement des honoraires à la fin du litige.
La victoire n’est pas totale pour autant. La Cour supérieure avait accordé 5,2 millions à Claude Robinson, une somme ramenée à 2,7 millions par la Cour d’appel. La Cour suprême lui accorde environ quatre millions, en incluant 1,5 million pour le remboursement de ses frais d’avocats. Contrairement à ses adversaires, qui ont pu s’enrichir en exploitant son œuvre illégalement, Claude Robinson ne va pas s’enrichir avec cet arrêt de la Cour suprême.
La Cour n’applique pas le principe de la responsabilité solidaire et conjointe des défendeurs, si bien que M. Robinson devra collecter ses adversaires un à un. Or, Cinar est aujourd’hui une coquille vide, et France-Animation, qui a fusionné avec Moonscoop, est en faillite.
Les chances qu’un Robinson millionnaire se prélasse un jour sur une île paradisiaque sont malheureusement très minces.
Claude Robinson a gagné pour les siens. Désormais, tous les artistes et les créateurs du Canada auront une dette morale à son égard. À lui seul, il a tenu tête à des faussaires et des profiteurs qui s’étaient greffés aux industries culturelles.
Si la Cour suprême avait retenu les arguments de Cinar et consorts, il aurait été beaucoup plus difficile pour un artiste de faire la preuve d’un plagiat dans les situations (très nombreuses) où l’œuvre originale et la copie sont inspirées d’une même source — le Robinson Crusoé de Dafoe dans cette affaire. C’est tout le régime de protection du droit d’auteur qui sort renforcé de cette affaire, et les créateurs le doivent à l’entêtement de Robinson.
Reste à voir si le système judiciaire tirera des leçons de cette sombre histoire qui a traîné pendant 18 ans. Il devrait y avoir une «loi Robinson», afin de rétablir l’équilibre des forces dans l’arène judiciaires entre les simples citoyens et les grands intérêts privés. Il est inacceptable et choquant que la justice tolère encore des stratégies visant à épuiser un adversaire à force de coûts et de délais.
N’oublions pas qu’au cours de sa lutte, Claude Robinson a découvert l’existence d’un système de prête-noms qui servait à extorquer à nos gouvernements des subventions totalement injustifiées. Cette fraude ne le concernait pas (sauf à titre de citoyen lésé, comme tous les autres Canadiens et Québécois) et, en la dévoilant, il nous a rendu service à tous.
Richard Sauvé.
Quelle triste victoire! Fatalement, il ne recevra pas grand chose malgrés tout son courage et sa détermination. Comme on dit » le premier qui dit la vérité doit être exécuté » et cela en est horriblement triste….. il est le seul auteur qui a eu cette énergie à faire reconnaitre ses droits, je lui lève mon chapeau!
C’est un autre triste cas des abus du système judiciaire canadien car ces faussaires et menteurs en ont profité largement, au vu et au su non seulement de la population (qui a aidé financièrement M. Robinson) mais aussi des juges, des avocats et des gouvernements qui profitent de ce système injuste. Il est très improbable que M. Robinson voit la fin de cette saga de son vivant et il ne verra certainement pas cet argent car le jugement lui fait défaut en décidant que la dette n’est pas solidaire entre les défendeurs sur bien des aspects importants.
Cette affaire n’est pas unique – il y a plusieurs dossiers devant les tribunaux qui prennent beaucoup trop de temps et ne résolvent pas le problème. Les autochtones en sont souvent victimes et le plus notoire est l’affaire Delgamuukw qui a pris plus d’une dizaine d’années pour se rendre en Cour suprême du Canada et où cette cour a simplement décidé que le juge de première instance avait fait une erreur en n’admettant pas la preuve orale des aînés des nations Wet’suwet’en et Gitxsan et a renvoyé le tout devant la cour de première instance pour recommencer le procès… Évidemment après plus de 10 ans devant les tribunaux et près de 15 millions $ de dépenses pour les Gitxsan Wet’suwet’en, ils n’ont pas eu les reins assez solides pour recommencer et le tout s’est terminé sans décision des tribunaux et ces nations sont encore en conflit avec les gouvernements pour déterminer leur titre sur leur territoire! Qui plus est, elles sont sur le chemin du pipeline Northern Gateway, si cher au PM Harper, et font face de nouveau à l’agression du gouvernement fédéral et des compagnies qui sont déterminés à faire passer le pipeline sur leur territoire.
Avec des dossiers comme l’affaire Robinson et l’affaire Delgamuukw, comment peut-on faire confiance à un système judiciaire aussi inique et tordu en faveur des riches et puissants?
Un créateur brisé et obsessif a conservé sa dignité et la Justice lui a donné raison, mais pas son fric.
C’est la machine à fric qui gagne, encore une fois. Après 18 ans, on dit à Robinson qu’il a toujours eu raison, mais qu’il doit courir après son fric, parce qu’en face ils en ont beaucoup plus que lui pour que cela n’arrive jamais.
Les principes d’équité et de moralité derrière la notion de Justice ne sont en réalité qu’un show de boucane: le vrai gagnant est, et sera toujours, LE FRIC.
Le FRIC, ce qu’il dit à Claude Robinson, est: « Attrape-moi, si tu peux! Et pis, Fuck off! »
Je me souviens d’un émission des Francs-tireurs de Télé-Québec, où on demandait à Gilbert Rozon comment il arrivait à justifier l’engagement, dans son organisation du rire, de Micheline CHAREST, ex-pdg de Cinar à l’origine de toute cette magouille? Réponse: « Micheline a été déclarée responsable… mais NON COUPABLE ».
Rozon avait besoin des contacts libéraux de Charest pour obtenir du fric, le reste était sans importance. Comme le Festival de Justice auquel on vient d’assister: on a rendu à un créateur sa dignité, mais pas son fric.
Bravo à Claude Robinson!.Il n’y a pas assez de gens comme lui sur cette terre. Il y a eu lui et il a été bafoué de toute part pendant 18 ans et en sort gagnant presque seulement avec sa crédibilité. Je suis fière de lui.
J’espère que M. Robinson possède en lui-même cette résilience qui lui permettra de jouir de sa victoire. Mais elle est tout de même amère sa victoire. Ceux qui sont ici reconnus coupables semblent au final avoir fait une bonne affaire en volant Claude Robinson. La justice ne sort pas gagnante car le criminel pourra continuer à s’enrichir tout en essayant de flouer un autre citoyen honnête. Plus, elle envoie un message ambigu à tous les Cinars: tant qu’ à voler, volez gros.
«La pire des maladies de cœur, c’est de ne pas en avoir.»
[Bob Hope]
…et qui a volé Robinson?
Pas les Américains! Mais de bons Québécois pure laine aidés en ceci par des Français dont votre Pauline Marois semble apprécier grandement la compagnie ces jours-ci…
Bravo , Bravo
La détermination et le courage ont eu raison de crapules et d’un système judiciaire pourri ( 18 ans ) pour une cause aussi clair , et c’est pas tout il devra maintenant poursuivre les firmes pour se faire payer une partie des montants , encore des avocats et les délais légale .
Je trouve les commentaires très intéressants et instructifs au sujet de l’affaire Robinson.
Cependant j’aimerais que nous publiions l’adresse où nous pourrions envoyer un don pour aider M Robinson. Cet invitation vise deux buts: premièrement épauler l’individu et deuxièmement pour le bien de la communauté entière. Ainsi nous montrerions que l’ensemble des citoyens n’acceptent pas un tel système judiciaire. Peut-être que ces vautours seraient freinés dans leur voracité. Aucun citoyen peut se dire qu’il est à l’abri de telles injustices. Il est plus que temps que les gens se solidarisent dans l’action pour ne pas laisser les ploutocrates faire la pluie et le beau temps