
Votre premier dossier chaud
La ville était très endettée. Il y avait 48 actes judiciarisés non réglés qui pesaient très lourd sur les finances de la ville. Il s’agissait de procès, de griefs collectifs ou individuels, et certains congédiements ont même franchi toutes les étapes judiciaires au Québec pour aller jusqu’en appel devant la Cour suprême. Les factures d’honoraires des avocats pour 1994 dépassaient largement 500 000 dollars, et les finances publiques s’en trouvaient affectées. On s’est occupé de régler une quarantaine de ces cas au cours des six premiers mois.
La réalisation dont vous êtes le plus fier
Avoir obtenu des deux gouvernements supérieurs que l’autoroute se prolonge jusqu’à Saint-Georges et que les chantiers commencent. Je suis aussi très fier de l’élan qu’on a pu donner à la nouvelle économie, en investissant dans les techniques robotiques et dans celles de l’information. Grâce aux carrefours de la nouvelle économie nés de la politique de rétention des cerveaux des gouvernements Bouchard et Landry, les entreprises ont pu recruter des ingénieurs et se faire subventionner par le gouvernement à hauteur de ce que ces travailleurs gagnaient à Québec ou à Montréal. Au total, 238 ingénieurs en informatique et THP (techniciens de haute performance) sont venus travailler à Saint-Georges-de-Beauce. On change une ville avec autant de spécialistes ! Tous les emplois perdus depuis neuf ans dans le secteur manufacturier ont également été comblés dans d’autres secteurs tels que le commerce ou l’économie du savoir. Notre niveau de chômage est au plus bas, à peine supérieur à celui de Québec (4,5 comparativement à 4,3 pour la Capitale).
Ce qui a le plus changé entre le début et la fin de votre mandat
Rétrospectivement, je m’aperçois que les gens n’avaient plus de plaisir à vivre ensemble. Il n’y avait plus de rassemblements populaires. Maintenant, on célèbre l’été, l’automne, les solstices… Les gens sont heureux, et ça se voit.
Le secret de la longévité d’un maire
Le plaisir à faire ce travail. Avant d’occuper cette fonction, j’ai été pendant 40 ans dans l’administration publique et je touche une retraite confortable. Je n’ai donc pas été maire par intérêt personnel. Mon bureau, c’est comme mon green de golf, c’est mon siège de 747. Je suis très fier du travail accompli avec les quatre conseils municipaux, et les gens me le rendent bien. Au fond, le secret, c’est de s’amuser et de ne pas déroger à ses principes.
Le principal défi de votre successeur
Tout simplement continuer, car la suite ne sera pas facile au Québec. Tous les Québécois sains d’esprit, pas seulement ceux de Saint-Georges-de-Beauce, doivent comprendre que le drame de notre province, c’est le décrochage scolaire. Nous sommes en train de sacrifier deux générations d’adolescents, qui sont livrés à eux-mêmes et tombent dans la drogue. Il faut réussir à rendre l’école intéressante grâce au sport ou au théâtre, ou à l’informatique. Il faut à tout prix sortir ces adolescents de la rue.