Pour comparer les réponses des quatre chefs, c’est par ici.
Quel est le grand enjeu de la campagne électorale ?
L’économie au sens large est l’enjeu le plus important, comme la qualité des emplois, la menace protectionniste aux États-Unis et le portefeuille des Québécois. Évidemment, on va aussi parler de santé et d’éducation, mais si je dois choisir un sujet, j’irais avec l’économie. Je vais me présenter, de manière bien humble, comme un premier ministre économique. Je veux avoir sur mon bureau un compteur des investissements des entreprises dans toutes les régions du Québec. Il faut que ça augmente. Il faut revoir le rôle d’Investissement Québec et être beaucoup plus proactif auprès des entreprises, les convaincre de réaliser leurs projets d’agrandissement plus rapidement et de faire croître leurs exportations, notamment en Europe, en Asie et en Amérique latine, parce qu’on est trop dépendant des États-Unis. Il faut mieux orienter nos délégations du Québec à l’étranger afin qu’elles aident nos entreprises à trouver de nouveaux clients.
Y a-t-il un problème important dont on ne parle pas assez ?
Le taux de diplomation au secondaire. On a pris un grand retard sur l’Ontario. C’est très inquiétant. J’aimerais que l’éducation soit un enjeu majeur de la campagne électorale. On va proposer beaucoup de mesures, comme le dépistage systématique des enfants à risque de difficultés avant l’âge de quatre ans et la maternelle quatre ans pour tout le monde. On va proposer d’ajouter cinq heures de cours au secondaire pour faire plus de sport, plus d’arts et plus d’aide aux devoirs. On va certainement être le parti qui va proposer le plus en éducation, comme en 2012 et en 2014, mais ma gang en communication n’arrête pas de me dire qu’on ne gagne pas des élections sur l’éducation ! C’est malheureux.
Y a-t-il un trésor caché, quelque chose qui va bien, dont on devrait parler davantage ?
Le fleuve Saint-Laurent, sur lequel j’ai même écrit un livre ! C’est un bijou. C’est beau. C’est important pour le tourisme, notamment avec les croisières, mais aussi pour le transport des marchandises. On est les champions du camion au Québec, mais il faudrait faire plus de transport maritime, comme en Europe. On a la chance d’avoir un cours d’eau qui va jusqu’aux Grands Lacs et qui donne accès à près de 100 millions de personnes en Amérique du Nord. Il y a aussi des investissements à faire dans les usines d’épuration.
Est-ce que le débat sur la place du Québec au sein du Canada est terminé ?
Non. On a la proposition qui a le plus de chances de faire avancer le Québec au sein du Canada. Un projet nationaliste qui vise à aller chercher plus de pouvoirs à Ottawa. À la fin, il y a la reconnaissance du Québec comme nation dans la Constitution canadienne. Mais avant, il faut changer d’approche. Dans le passé, on a essayé de tout régler lors d’un grand soir, mais ça n’a pas fonctionné. Il faut y aller par étapes. Et la première étape est d’aller chercher plus de pouvoirs en matière de langue, de culture et d’immigration. On veut notamment avoir les rênes du volet sur la réunification familiale en matière d’immigration, parce qu’il n’y a aucune obligation d’employabilité ou de connaissance du français. On souhaite y arriver par des ententes constitutionnelles bilatérales.
Est-ce que l’identité québécoise est menacée ?
Le français sera toujours menacé, en particulier à Montréal. Le Québec est un village gaulois dans une mer d’anglophones et il faut toujours être vigilant. Il faut certainement être plus vigilant que ne l’a été le gouvernement libéral. On souhaite faire diminuer l’immigration, qui passerait de 50 000 à 40 000 arrivants par année. Dans la dernière année, 59 % des nouveaux arrivants ne parlaient pas le français et la majorité des adultes ne suivent pas de cours de français, alors à moyen terme, si on continue d’en recevoir autant, l’effet sera important. C’est pour ça qu’on souhaite instaurer un test de français obligatoire dans les trois années suivant l’arrivée d’un immigrant au Québec, avant de lui accorder le certificat de sélection qui permet d’obtenir la citoyenneté. On veut aussi ajouter un test des valeurs québécoises, afin de s’assurer d’envoyer le bon signal. Je sais que ce serait plus facile de tricher sur ce test que pour un examen de français, mais au moins, le signal serait fort sur l’égalité hommes-femmes, la laïcité et la démocratie, par exemple. Je veux aussi que les clients soient reçus en français dans les commerces à Montréal.
En tant qu’aspirant premier ministre, vous allez peut-être devoir composer avec un certain Donald Trump aux États-Unis. Quelle est son infuence sur le Québec et la politique québécoise ? Et comment vous y pendrez-vous avec lui ?
Ça montre l’urgence de diversifier nos marchés d’exportation. On n’a pas réussi à le faire dans les dernières années. Le Québec ne peut pas continuer à être aussi dépendant des États-Unis. En six ans, nos exportations vers les États-Unis sont passées de 68 % à 71 %. Il faut aussi continuer de convaincre les Américains, et surtout les États du Nord-Est, que c’est avantageux de garder les frontières ouvertes. Donald Trump est imprévisible, alors il faut un plan B pour conquérir de nouveaux marchés. Ça se fait entreprise par entreprise, de manière très concrète. Il faut aider nos entreprises à y arriver. Il faut un secteur manufacturier innovant qui augmente sa productivité. On doit moderniser l’équipement et s’intéresser à la robotisation. On est en retard.
De nombreux citoyens ne font plus confiance aux politiciens. Pourquoi devraient-ils vous croire pendant cette campagne ?
D’abord, il n’y a jamais eu un gouvernement de la CAQ ! Il faut l’essayer. Ensuite, j’ai fait une bonne partie de ma vie professionnelle hors de la politique, et dans notre équipe, on a seulement trois personnes qui ont été ministres, alors on offre une nouvelle équipe. J’ai aussi pris l’engagement qu’il y aurait une évaluation de tous les sous-ministres par une entité indépendante, comme la vérificatrice générale. À l’avenir, tous les sous-ministres et les dirigeants des sociétés d’État seraient soumis à une commission parlementaire avant d’être nommés, pour que tous les partis puissent leur poser des questions et qu’on s’assure de leur compétence avant de les embaucher. Ça aiderait à réduire le cynisme. On veut arrêter le copinage.