Sondage : les musulmans ressentent durement les effets de la Loi sur la laïcité de l’État

Détérioration de leur sentiment de sécurité, impression de ne plus être des membres à part entière de la société québécoise, perte de confiance en l’avenir : les constats d’une enquête révèlent une série de conséquences négatives.

Visage : ctoelg / Getty Images ; montage : L’actualité

La Loi sur la laïcité de l’État du gouvernement Legault a rendu « la vie nettement moins paisible et moins harmonieuse » pour une large majorité de musulmans québécois, montre un sondage réalisé par Léger et l’Association d’études canadiennes (AEC). Ils se sentent notamment moins en sécurité dans l’espace public et moins acceptés dans la société.

L’enquête obtenue par L’actualité se présente comme « la plus vaste étude menée auprès des communautés religieuses minoritaires touchées par la loi 21 [NDLR : chiffre associé au projet de loi qui est devenu la Loi sur la laïcité de l’État] » depuis l’adoption de celle-ci, en juin 2019. Parmi les 1 828 répondants, 46,7 % étaient de confession musulmane (632 personnes), juive (165) ou sikhe (56). 

Cette surreprésentation de sondés issus de minorités religieuses permet de mieux comprendre les effets de la loi sur ces groupes.

Pour trouver un tel bassin de répondants, Léger a d’abord réalisé en mai un sondage « ordinaire » auprès de 1 239 personnes. L’équipe de l’Association d’études canadiennes (AEC) a par la suite fait circuler le même sondage en ligne, faisant appel à des organismes communautaires et à des groupes religieux pour atteindre plus précisément les membres de minorités religieuses. Léger a pondéré les résultats des enquêtes combinées pour que l’échantillon soit représentatif de l’ensemble de la population, malgré la particularité de la méthode de collecte des données.

De manière générale, la Loi sur la laïcité de l’État demeure soutenue par une large proportion de Québécois : près de 65 % l’appuient, un niveau qui est resté relativement stable au fil du temps. Mais dans ce sondage, ce sont surtout les données concernant les musulmans qui retiennent l’attention — la taille de l’échantillon permet de dégager des constats. Or, pour toutes les questions, le verdict est le même : la loi 21 a eu un effet délétère sur leur vie.

« La moitié des hommes musulmans et plus des deux tiers des femmes musulmanes ont été confrontés à des incidents et crimes haineux et se sentent nettement moins en sécurité qu’il y a trois ans », notent les chercheurs de l’AEC dans leur analyse des résultats.

Les répondants musulmans font état d’une détérioration de leur « sentiment d’être accepté[s] comme membre[s] à part entière de la société québécoise » (c’est vrai pour 78 % des femmes et 62 % des hommes). Ils sont plus de 60 % à se sentir régulièrement « exclu[s] de la société québécoise en raison de [leur] identité raciale, ethnique ou religieuse ».

Les trois quarts des femmes et près de six hommes sur dix parlent d’une diminution de leur « niveau de confort concernant [leur] sécurité dans les espaces publics ». Les deux tiers des femmes ont répondu que leur volonté de participer à la vie sociale et politique québécoise avait baissé depuis 2019.

Les changements apportés par la Loi sur la laïcité font ainsi que 57 % des répondants musulmans estiment que leur « capacité de [s’]épanouir et de réaliser [leurs] projets et aspirations pour l’avenir » s’est détériorée en trois ans. Et ils sont près de huit sur dix à avoir moins confiance en l’avenir de leurs enfants.

« Les musulmans en général sont fortement impactés, résume l’AEC. Les femmes musulmanes le sont davantage et font état d’une stigmatisation sociale sévère, d’une injustice dans leurs interactions avec ceux et celles qui exercent une autorité sur elles, et d’une marginalisation » quant à leur place dans la société.

Les données pour les sikhs sont du même ordre, mais l’échantillon (56 répondants) impose une lecture prudente. La quasi-totalité (84 %) d’entre eux ont noté une détérioration de leur sentiment d’être acceptés comme membres à part entière de la société québécoise, et plus de sept sur dix se sentent moins en sécurité dans les espaces publics.

Pour les répondants juifs, on remarque qu’ils « semblent être moins affectés sur le plan personnel que les musulmans et les sikhs ». Mais les résultats montrent que « les niveaux de discrimination vécus par les hommes juifs (25 %) sont presque le double de ceux rapportés par l’ensemble des Québécois (13,8 %), et la moitié des hommes juifs interrogés ont déclaré avoir ressenti le besoin de se cacher pour éviter la discrimination ».

L’AEC conclut que « l’adoption de la loi et la création d’un climat qui favorise la stigmatisation des groupes religieux minoritaires ont contribué au désengagement et nui à l’épanouissement » des minorités.

L’étude est publiée trois semaines avant le déclenchement des élections québécoises, où le sujet de la laïcité devrait être encore bien présent dans le débat. La Loi sur la laïcité de l’État est l’une des plus emblématiques du premier mandat de François Legault, qui la présente comme un outil de fierté. Mais elle est vivement contestée par des opposants, soit devant les tribunaux (la Cour d’appel entendra le dossier cet automne), soit sur le terrain politique. Tant les libéraux que les solidaires promettent de la modifier.

L’enjeu trouve aussi une résonance au fédéral, où il a servi de ligne de démarcation dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada. Le gouvernement Trudeau a par ailleurs confirmé avant l’été son intention de se joindre à la contestation si le dossier devait se rendre devant la Cour suprême. Le sondage montre d’ailleurs que près des deux tiers des Québécois (64,5 %) estiment qu’il est important que la Cour suprême se prononce sur le côté discriminatoire, ou non, de la loi.

Parmi les autres constats du sondage, on note les éléments suivants :

Les signes religieux perçus négativement

L’enquête met en avant une « hiérarchie de négativité » par rapport aux religions et aux signes religieux. C’est-à-dire qu’au Québec, le sikhisme (49 %) et le turban (52 %) ou l’islam (54 %) et le hidjab (57 %) sont perçus plus négativement que le christianisme (28 %) et la croix (27 %) ou le judaïsme (35 %) et la kippa (37 %).

On note aussi que « la négativité à l’égard des religions est nettement plus marquée chez les partisans convaincus de la loi que chez les Québécois en général ». Par exemple, les plus chauds partisans de la loi perçoivent négativement le hidjab et le turban dans une proportion de plus de 75 %.

Une loi féministe ?

Si certains présentent la Loi sur la laïcité de l’État comme une loi féministe, les données du sondage montrent que la proportion de femmes qui la soutiennent (59 %) est de près de 10 points de pourcentage inférieure à ce qu’on observe chez les hommes (68,5 %). Chez les jeunes femmes de 18 à 24 ans, le niveau d’appui excède à peine 30 %, et il demeure en bas de 45 % dans le groupe des femmes de 25 à 34 ans. Près de la moitié des répondantes du sondage (48 %) pensent aussi que la loi 21 est « discriminatoire à l’égard des femmes appartenant à des minorités religieuses ».

La loyauté

Selon près de trois répondants sur dix (31 %), les opposants québécois à la loi 21 ne sont pas des Québécois « loyaux », révèle le sondage. L’Association d’études canadiennes estime que « le fait d’associer la loi aux valeurs démocratiques et de lui octroyer un caractère inéluctable a rendu la tâche ardue pour ceux qui expriment une opinion divergente. Ceux qui affirment que la loi est non conforme à la Constitution et qu’elle contrevient aux droits fondamentaux de la personne […] doivent combattre la tendance à qualifier leur position comme étant contraire aux intérêts du Québec et même déloyale envers la société québécoise », fait-on valoir.

Perdre son emploi ?

En décembre dernier, la réaffection d’une enseignante de Chelsea à d’autres tâches en raison de son hidjab a provoqué de vives réactions — c’était la première application connue de la loi, puisqu’une clause de droits acquis protège le droit de porter un signe religieux pour les personnes qui étaient en poste lors de l’adoption de la loi. Le sondage montre qu’une majorité de Québécois sont favorables à une forme de tolérance à cet égard : moins de quatre répondants sur dix (39 %) estiment qu’un fonctionnaire qui ne se conforme pas à la loi devrait perdre son emploi.

Des conséquences pour les minorités

Sans réserver de surprises, les données sont révélatrices. À peine 7 % des répondants de la population générale affirment que la loi a eu un effet sur eux ou sur un proche. Chez les minorités religieuses, le portrait est tout autre : 63 % des musulmans (surtout les femmes), 18 % des juifs et 68 % des sikhs (surtout les hommes) disent avoir été touchés par la loi.

Les commentaires sont fermés.

Quelle crédibilitée peut on accorder à ce sondage ? Sondage réalisé par la firme Léger et l’association d’études canadienne (aec) . Mon attention se porte particulièrement sur la deuxième partie du sondage , partie pour laquelle la AEC s’est adressé (fait circuler) le même sondage auprès d’organismes communautaires et à des groupes religieux pour atteindre plus précisément les membres de minorités religieuses. En agissant ainsi l’Aec s’est assuré de sonder les éléments les plus en défaveur de la loi 21. De plus , le sondage porte sur des sentiments (perception) aucun faits . Il me semble que le résultat du sondage était déjà écrit et que l’objectif était de bâtir une méthodologie afin d’obtenir le résultat attendu. De plus , il y a surreprésentation des musulmans dans ce sondage alors que la loi 21 s’adresse à toutes les religions. Ce sondage n’est qu’une stratégie afin de ramener le sujet dans l’actualité à l’aube de la campagne électorale du Québec . A ma question du début, moi, je n’accorde aucune crédibilité à ce sondage même si le sujet de la laïcité m’intéresse beaucoup .

On voulait justement mesurer l’impact de la loi sur les populations qu’elle vise directement. Comment aurait-on pu sonder les minorités religieuses autrement qu’en s’adressant à elles, dites-moi?

» Il me semble que le résultat du sondage était déjà écrit et que l’objectif était de bâtir une méthodologie afin d’obtenir le résultat attendu. »

Vous ne pouviez pas mieux dire ! Merci monsieur Primeau.

Le christianisme est aussi une religion.
La loi 21 affecte plus les chretiens que les autres religions car ils sont plus nombreux.
Leur opinion doit compter.
Eric Lapointe ne pourrait pas etre professeur a moins qu’il retire son crucifix !

Touchés par la loi ? De quelle façon ? L’exigence de neutralité apparente ne s’applique que pour les employés du gouvernement du Québec dans des postes en autorité. Je voudrais bien connaître le nombre de musulman.e.s touché.e.s. En plus, ils peuvent s’afficher comme ils veulent en dehors du travail. Je supporte la Loi sur la laïcité et je pense qu’elle ne va pas assez loin pour assurer le respect des croyances (ou non) de tous les citoyens.

Et c’est (re)parti. Une loi adoptée démocratiquement par une majorité de Québécois est remise en question avec force sondages à l’appui et le soutien des alliés fédéraux au Québec. Je me demande si cette campagne n’a pas fait autant pour nuire aux relations entre les communautés d’accueil et les immigrants que la loi elle-même.

Il aurait été intéressant de croiser les résultats du sondage avec le port (ou pas) de symboles religieux par les répondants. On saurait alors si la musulmane non voilée ressent aussi durement les conséquences de cette loi?

Les auteurs du sondage sont des gens sérieux, mais la méthodologie me semble tarabiscotée.

Legault a utilisé une stratégie prisée des autocrates (il n’en est pas un, encore) : créer de toute pièce un ennemi puis garrocher la majorité contre cet épouvantail.
Le gouvernement n’a jamais expliqué, par exemple, pourquoi il fallait inclure le personnel enseignant dans l’interdiction. On n’a jamais eu des statistiques sur le nombre de professeures voilées ou des professeurs portant un turban. Évidemment, le ministre Jolin-Barrette n’avait pas non plus des études démontrant l’impact de tels signes religieux sur l’éducation des enfants.
Pourtant, le calcul politique de la CAQ était précis. Le parti savait bien que les personnes touchées par la loi 21 ne votaient pas pour la CAQ, qu’elles étaient pas mal concentrées à Montréal, dans des châteaux forts libéraux ou solidaires. Alors, pourquoi ne pas aiguiller la fibre laïque de la majorité francophone si cela n’avait aucune conséquence négative sur le nombre de sièges caquistes dans l’Assemblée nationale ?
Legault doit être fier du travail accompli : 65 % d’appuis pour cette loi. Ça n’a pas réglé le problème du manque de personnel dans les écoles ou l’état pitoyable des bâtiments où nos enfants étudient en toute laïcité, mais peu importe. On est aujourd’hui plus laïques et plus fiers que jamais ! (sarcasme). Puis ces musulmans qui se plaignent de discrimination… Il faut qu’ils s’intègrent (ou s’effacent) parce que, comme le premier ministre aime dire, « C’est comme ça qu’on vit au Québec ! ».

Ce sont plutôt les islamistes radicaux qui ont créé cette crise en partant en guerre contre l’Occident. Autant en Europe qu’ici, la prise de conscience de la population en général face aux attentats a été spectaculaire et à force de cracher en l’air ça finit par leur retomber sur le nez. De plus, la laïcité de l’État n’est pas un concept nouveau et dès la révolution française il en était fortement question.

Monsieur NPierre, la loi 21 n’est aucunement une réponse à l’extrémisme islamique, mais la continuité d’un débat dans la société québécoise dont le climax a été la Commission Bouchard-Taylor.
Outre, si vous parlez de guerre, je vous rappelle que les chrétiens et les musulmans ont été en conflit pas mal de façon continue depuis des siècles. Alors, attribuer la décision de la CAQ de faire passer la loi 21 maintenant parce des islamistes viennent de partir en guerre contre l’Occident ne tient pas non plus la route.
Je comprends la méfiance des Québécois envers certains signes religieux, notamment ceux provenant de religions non-chrétiennes. Mais ce débat en particulier a été largement instrumentalisé par les politiciens pour obtenir des gains électoraux. En même temps, personne n’a démontré comment l’éducatrice voilée de mon enfant fera de lui en islamiste radical.
Le consensus de Bouchard-Taylor était restreindre les signes religieux dans le cas des personnes en position d’autorité. La CAQ a ajouté les enseignants, même si Jolin-Barrette était incapable de dire combien de professeurs au Québec portaient de signes religieux.
Gouvernement 101: on ne met pas en place des politiques que si l’on a pris la mesure du problème qu’on veut régler. Démagogie 101: on met en place des politiques car on s’attend à avoir des gains électoraux, peu importe si le problème existe ou non.

Bien en accord avec vous….la même chose pour la loi sur le français.Seulement de la politique qui ne fait aucunement avancer notre nation.Un peu la recette que Duplessis utilisait pour faire peur aux gens en se servant de la religion catholique.J’ai bien plus peur du pouvoir de l’argent dans le monde que des religions.J’aimerais que M. Legault définisse nos valeurs Québécoises et d’où elles viennent.

L’impact des enseignantes voilées. Je n’en sais rien, mais disons que je demande aux pédagogues de défendre la raison plutôt que la superstition.

Le problème est ailleurs, et à charge des croyants.

Les croyants doivent apprendre, oui apprendre ! les bases de la modernité : la croyance doit être personnelle, discrète, privée et le moins visible possible.

Ils doivent aussi s’instruire ailleurs que dans les offices religieu. Ils doivient s’instruire en 2022 aux sources de la modernité des Lumières, fondatrices de la modernité et de nos États démocratiques.

Ils ne le font pas, et ils jouent les victimes avec des airs de surprise béate en feignant d’être des persécutés innocents. Comme un chauffard qui nie son excès de vitesse !

La religion des trois monothéistes, et aussi en Inde avec son poythéisme, est une toxicité depuis 3000 ans que durent, en histoires décalées, les oppressions de toutes sortes qu’elle fait subir aux femmes, aux enfants endoctrinés, à la société subjuguée, à l’éthique sociale détournée et viciée et à l’État sous influence, voire sous domination.

Aux croyants de s’instruire.

Aux croyants de se moderniser.

Aux croyants d’accepter la modernité…
… ou d’aller vivre en Israël ou en Iran qui, par leur religion respective, veulent s’anéantir.

En Occident, c’est l’inverse. La laïcité met de l’ordre là où la religion sans modération veut s’étendre, plastronner et dominer les moeurs et l’ensemble de la vie sociale et culturelle.

Religions, dans vos lieux de culte, et n’en sortez pas !
et
Vive nos immigrants modernes, richesse de notre pays !

Jacques Légaré
Maître en Histoire
Ph.d. en philosophie politique.

Utiliser une telle méthodologie pour un sondage, c’est malhonnête et mensonger. C’est comme choisir seulement des évangélistes actifs pour juger la loi sur la laicité. Ce genre de sondage et d’article ne peut qu’inciter à la haine et aux excès entre les personnes religieuses et les non religieux et non croyants et aussi entre les québécois et les canadiens du ROC. Le sondage a t il expliqué que la laicité c’est la NEUTRALITÉ de l’état envers toutes les religions et l’égalité envers les croyants et les non croyants.

Je les comprend. Moi si je vivais dans un pays musulman où le voile se porte, je déménagerais (ne fait pas d’un tout partie de mes valeurs d’égalité) car nos convictions sont le plus important dans la vie et face à notre dieu. Ils seraient bien plus épanouis dans les communautés et pays qui propagent leurs valeurs profondes.

L’une des questions que je m’étais posée relativement à la loi québécoise sur la laïcité était de savoir si cela pouvait avoir un caractère liberticide, en d’autres mots : pouvait porter atteinte aux libertés.

Ce débat ouvert ne remontait pas à 2019, il avait été amorcé par le projet de loi sur la charte de la laïcité initié par le gouvernement de madame Marois dès 2013.

La loi de 2019 ne tombe pas dans le piège des « accommodements » mais… est-elle plus raisonnable pour autant ?

L’un des principes admis est que les institutions de l’État sont neutres, la neutralité est fondée sur le principe de la tolérance, c’est ce qui permet à la laïcité d’exister. Le fait que des personnes croyantes puissent porter dans des espaces institutionnels des parures qui montrent l’appartenance à une religion ; est-ce vraiment intolérable dans le paysage institutionnel du Québec mais… reste totalement admis dans le reste du Canada ?

Je pense que dans une petite société comme la nôtre, l’État ne comprend pas ou ne veut pas comprendre la portée qu’a ses lois. On ne peut que le déplorer. Cela affaiblit le principe même de la laïcité qui devient une sorte d’outil destiné à canaliser toute forme de vindicte populaire.

Vous vous demandez si cette loi pouvait porter atteinte aux libertés, dites-vous? Cette loi n’interdit aucunement à quiconque de pratiquer sa religion aux endroits préconisés (chez soi, mosquée, etc.) Afficher sa religion, son appartenance politique,… n’a pas sa place pour un représentant de l’État.

@ André Nickell,

Si je me suis posé cette question, c’est parce que je pense que cette question est fondée puisque au Canada nous souscrivons à des chartes de droits et de liberté annexés à notre Constitution.

La réponse que vous nous apportez, ne répond pas à ma question ; les employés de l’État québécois, comme ceux de l’État canadien qui exercent certaines fonctions d’autorité s’engagent dans la pratique de leurs professions à respecter le principe même de la neutralité.

La loi 21 que vous n’avez sans doute pas lue, ne précise pas qu’elle s’applique à toute forme d’appartenance à un parti politique. Elle ne concerne que le port de certains signes religieux (et non de tous) et la tenue des services donnés à visage découvert.

Elle ne s’adresse pas qu’aux seuls représentants de l’État, elle touche plus largement l’exercice de certaines professions, mais… la loi ne s’applique pas aux commissions scolaires anglophones.

Nous sommes toutes et tous parfaitement égaux devant la loi donc et… ainsi soit-il ! Comme on dit à la messe.

@ M. Drouginsky.
Je veux juste porter à votre attention que le Québec n’a pas signé son adhésion à la constitution canadienne et que donc, légalement, il n’est pas tenu de s’y conformer au pied de la lettre. De surcroit, la culture francophone (latine) est de fait distincte de la culture anglaise (germanique), qui est plus portée à l’ouverture des autres cultures comme on le voit dans le reste du Canada, en Angleterre et ailleurs dans le monde. C’est ce qui fait que le Québec est ¨distinct¨ du ROC.
Je ne parlerai pas ici des endroits au monde où des tensions (que je qualifierai plus de religieuses que raciales, car il ne faut pas confondre les deux) se font de plus en plus sentir.
Par contre, j’ai déjà posé la question et je la repose encore: Partout ailleurs dans le monde ¨non occidental¨, les migrants qui veulent aller vivre dans ces autres pays, comment sont-ils accueillis ? Ont-ils droit à un accueil digne de ce nom ? Ont-ils droit à l’aide à l’intégration, à l’installation, à l’aide sociale, médicale, scolaire ? Ont-ils droit à des accommodements¨raisonnables¨, d’exhiber leur religiosité dans des fonctions de pouvoir ? Pensons à l’Arabie, Iran, Turquie, etc !
Je pose les questions et j’avoue ne pas avoir les réponses.
Nous sommes ici au Québec, notre langue est en péril sous le poids d’une immigration mal contrôlée par le fédéral surtout et notre gouvernement par conséquence. Nous avons choisi, par le passé, que la religion catholique ne ferait plus partie de notre vie publique et ne s’ingérerait plus dans notre chambre à coucher; alors, pourquoi céderions-nous à la pression d’une quelconque autre religion. La religion a trois endroits pour s’exercer, dans votre tête, votre coeur, et votre église. Elle n’a pas pour fonction de contrôler la vie des autres. On n’a pas besoin de religion pour faire le bien autour de soi, s’entraider et mener une bonne vie, et l’absence de signes ostentatoires fait partie de cette ligne de conduite à mon point de vue.

@ Cher monsieur C. d’Anjou,

Merci d’abord pour vos commentaires. Je ne voudrais en aucuns points semer la zizanie entre nous. Cependant, je ne puis vous cacher que je ne suis pas en accord en tous points avec vos assertions.

Ainsi lorsque vous soulignez la latinité de la culture québécoise, je me dis que nous ne devons pas forcément vous et moi avoir accès aux mêmes émissions de télévision. Je vois essentiellement notre culture comme un sous-produit (à l’exception certes de quelques poètes) de la culture américaine dominante.

Et de ce fait qu’en est-il la langue mal parlée, mal rédigée et souvent limité à quelques centaines de mots ? Pour vous dire les choses franchement, le caractère distinct de la société québécoise m’a toujours fait rire. Ici comme ailleurs en Amérique du nord, il n’existe qu’un seul Dieu, seul seigneur et maître et ce Dieu s’appelle le dollar.

La culture anglaise n’est pas purement germanique. Une partie de l’Angleterre a été conquise par les Romains. Avec l’arrivée de l’an mille, c’est Guillaume le Conquérant, un français originaire de Normandie qui a conquis cette grosse île. La langue anglaise comporte pratiquement la moitié de son vocabulaire qui est issu du latin, du grec et du français.

Les Anglais du Royaume-Uni sont plutôt différents du « red neck » Canadien moyen et plus encore les Écossais qui forment un peuple charmant et francophile.

Si la Constitution n’a certes pas été signée par les instances du Québec, il n’en demeure pas moins qu’elle s’applique au Québec. Le cas québécois n’est pas unique au monde, la Bavière n’a toujours pas ratifiée la Constitution allemande, cela n’empêche pas la Bavière d’être allemande à part entière.

La question de l’immigration est une question complexe, je ne peux l’aborder que sommairement. D’abord au Canada, il existe plusieurs statuts d’immigrants qui visent des clientèles différentes. De plus, il faut comparer l’immigration au Canada avec des pays comparables (principalement les pays membres de l’OCDE). Dans tous les pays membres de l’OCDE les migrants ont des droits, des droits quelquefois supérieurs à ceux qui sont attribués par le Canada.

L’Arabie saoudite, l’Iran sont des pays qui appliquent d’autres lois. Vous faites mention de la Turquie, mais que je sache, c’est la Turquie qui accueille le plus grand nombre de ressortissants au monde par millions qui ont fui divers conflits. Le Canada se traine toujours la patte pour quelques centaines d’Afghans. Le président Recep Tayyip Erdoğan est un des rares président qui selon moi se tienne encore debout.

Sans vouloir vous blesser, j’aimerais tout de même porter à votre attention sur les faits que plusieurs centaines de milliers de Français vivent au Québec, auxquels s’ajoutent des Suisses, des Belges, des Africains et des Africains du Nord qui sont réputés pour leurs bonnes connaissances du français.

Si notre langue est en péril selon vous. C’est plutôt le fait de Québécois eux-mêmes qui ne veulent pas faire le moindre effort pour garder vivante la culture. Arrêtez, s’il vous plait de taper à bras raccourci sur les immigrants. Quant aux cours de francisation promis par Legault, ils sont toujours au point mort, faute de crédits, faute de structure et par manque d’enseignants.

C’est votre choix d’avoir voulu chasser la religion catholique. Souffrez que d’autres personnes issues d’autres communautés fassent des choix différents des vôtres. D’ailleurs actuellement les religions les plus en vogue au Québec ce n’est pas l’Islam.

Ce sont toujours les catholiques romains, mais aussi l’église catholique nationale polonaise (les Polonais sont plus pratiquants que les Québécois), l’église catholique ukrainienne, les maronites (chrétiens d’Orient) et les catholiques romains non Québécois de souche (par exemple : les Italiens, les Portugais, etc.).

Les religions les plus en croissance au Québec sont les diverses églises protestantes. Qui ne sont pas prises en compte par certaines études puisque ces églises sont différentiées. Puis ce sont les musulmans en forte croissance au Québec depuis une dizaine d’années. Les chrétiens orthodoxes viennent ensuite.

Les Québécois feraient certainement mieux de se reprendre en main, plutôt que de vouloir toujours faire porter par les autres le poids de leur propre immaturité. C’est selon moi, la culture de tous les plaisirs (ce que certains appellent l’hédonisme), l’irresponsabilité de tout un chacun et l’indiscipline ambiante qui sont les principales causes du déclin auquel vous faites ici allusion.

Cher monsieur Drouginsky;
Sachez que vous ne semez pas la zizanie entre nous. Pour vous surprendre un peu, je vous donne raison dans à peu près 90% de vos propos, dont le principal où vous dites que c’est en grande partie de notre faute à nous les québécois si nous sommes en perte de terrain dans le domaine de la langue française. Nous maltraitons notre langue en toute conscience et par paresse de faire l’effort pour la conserver. Certes le fait d’être 7 millions de francos dans une mer anglaise en décourage plusieurs qui abandonnent devant le travail à faire. Ajouté à cela les deux référendums perdus qui ont coupé l’herbe sous les pieds au lieu de survolter les troupes; ce qui a précipité la chute effrénée.
Le Québec n’est pas seul à plier sous l’influence américanisante, on le voit même en France et l’Europe, en Afrique et bien d’autres pays dans le monde. Quand le règne américain sera fini, nous entrerons dans celui de la Chine. On n’y échappe pas. Cela n’empêche en rien le fait que la morale civilisationnelle demeure ancrée dans des racines profondes et fait en sorte qu’on ne perd pas tout de ce que nous étions.
Là où je ne suis pas d’accord avec vous est quand vous dites :¨Si la Constitution n’a certes pas été signée par les instances du Québec, il n’en demeure pas moins qu’elle s’applique au Québec. Le cas québécois n’est pas unique au monde, la Bavière n’a toujours pas ratifiée la Constitution allemande, cela n’empêche pas la Bavière d’être allemande à part entière. ¨ Le Québec parle français, La Bavière parle allemand; toute une différence dont il faut tenir compte ici. Les français ne pensent pas comme les anglais. Les bavarois pensent en allemand car ils ont le même langage que les allemands. Ce n’est pas ça au Québec.
De plus, nul ne peut être tenu de respecter un contrat ¨non sign騅 à moins qu’un contrat ne veuille plus rien dire.
C’est votre dernier paragraphe qui m’interpelle le plus : ¨ Les Québécois feraient certainement mieux de se reprendre en main, plutôt que de vouloir toujours faire porter par les autres le poids de leur propre immaturité. C’est selon moi, la culture de tous les plaisirs (ce que certains appellent l’hédonisme), l’irresponsabilité de tout un chacun et l’indiscipline ambiante qui sont les principales causes du déclin auquel vous faites ici allusion. ¨
Les Québécois ne sont pas plus immatures que les autres nations. Les années 60 à 90 nous ont prouvé que les Québécois pouvaient faire de grandes choses de façon pacifique et devenir un modèle à suivre. Quand il a voulu prendre son envol, il a été trahi par un des siens (pour ne pas dire ¨quelques autres¨), pour ne pas le nommer, PET. Le fils continue l’œuvre du père. Elle (la nation Québécoise) a été vendue pour ¨trente deniers¨ et maintenant, elle peine à retrouver son courage et elle se laisse berner par les miroir aux alouettes que sont la mondialisation, la globalisation, le multiculturalisme. Tout comme l’Empire Américain, elle décline.
Ne voyez pas de ¨phobies¨ quelconques dans mon propos. J’exprime ici mes propres constatations selon mon vécu et ce que les années m’ont appris.
Mes salutations.

Je crois qu’il faut tout d’abord bien définir ce qu’est la neutralité religieuse. Pour certains, l’État est déjà laïque et les personnes le sont par conséquent. Que le fait pour un fonctionnaire de porter un signe religieux ne l’empêche pas d’être neutre. C’est ce qu’on appelle la neutralité de fait. De l’autre côté, nous avons ceux qui ont à être en contact avec un fonctionnaire et qui pour eux peuvent ressentir une certaine partialité simplement par le fait de sa religion démontrée par un signe. Donc, le fait de ne pas porter de signe religieux pour cette raison, est ce qu’on appelle la neutralité d’apparence.
Présentement, ni le Canada ni le Québec sont des États laïques quoiqu’on en dise. Au Québec, nous somme en processus de laïcisation depuis les années 60. C’est un très long processus. La loi 21, demande une neutralité de fait et d’apparence. Ce qui s’approche beaucoup plus d’une vraie laïcité que seulement de fait.
Je crois que beaucoup de discordes partent du fait que nous n’avons pas tous la même définition de la neutralité religieuse.

@ C. d’Anjou,

Merci pour vos bons mots, c’est toujours un plaisir de vous lire. Sachez que je vous rejoins pour ce qui est ancré dans nos racines profondes. C’est ce qui est à la source, à l’origine de toutes choses qui compte.

Dans la partie suivante de vos propos, vous faites références à des notions juridiques. Ici, je ne vais pas me substituer à des hommes de loi. Mais une « constitution » constitue-t-elle exactement un contrat – peut-être un Contrat social ? Et quand cela serait réellement un contrat, il y a des clauses qui sont rattachées à toutes formes de contrats, la signature dans un contrat est plutôt une sorte d’aléa, pas la certitude que les partis respecteront à la lettre toute forme d’engagement.

j’ai en ce qui me concerne appris à mes dépends voici quelques temps qu’un document contractuel n’a pas besoin d’être signé pour être appliqué quand le contrat est en quelques sortes mandaté par des lois.

Ce qui signifie en quelques sortes que la loi, érigée par un Parlement peut l’emporter sur toute forme contractuelle, même-si vous ne signez pas le contrat. En d’autres termes vous êtes, je suis, nous sommes « de facto », comme tous les Canadiens liés au Canada, sa Constitution et ses lois.

Ainsi la loi du Canada s’applique pour le Québec comme pou toutes les Provinces et territoires canadiens, pour celles et ceux qui vivent sur ces terres ; sauf clauses dérogatoires (clause nonobstant) dont use le Québec quelquefois y compris pour la Loi 21.

Pour finir, vous avez raison, il n’y a pas de monopole de l’immaturité, il y a des personnes immatures partout. Je ne me suis peut-être pas bien expliqué. L’immaturité ne peut pas être le fait d’une nation. C’est plutôt une mode qui déferle un peu partout, y compris au Québec.

Pour reprendre un des arguments favoris de l’ex-chancelière d’Allemagne, Angela Merckel : « Quand il y a une volonté, il y a un chemin » ; quand je parle de se reprendre en main, l’enjeu consiste à retrouver cette volonté, ce que vous définissez vous-même comme les « racines profondes » ; ce qui pourrait nous permettre de trouver ce chemin. Pour se faire, il faut être discipliné et quelquefois par l’exercice de la vertu faut-il s’élever au-dessus des lois.

Alors, nous n’allons pas réécrire l’histoire, mais si vous vous êtes laissé berner pas Pierre Elliott Trudeau, c’est peut-être parce qu’il se trouvait en vous une petite voix qui vous disait que c’était bien de faire comme ça. C’est ce que les taoïstes appellent le « singe bavard », cette bestiole indisciplinée qui tout le temps nous pousse à faire toujours plus de bêtises.

@ Claude Cloutier,

Je ne sais pas si vos commentaires s’adressaient de préférence à moi. Nonobstant je dois vous répondre, car vous partez en quelques sortes du mauvais pieds. Lorsque vous écrivez ceci : « Je crois qu’il faut tout d’abord bien définir ce qu’est la neutralité religieuse ». Il n’y a justement pas de neutralité religieuse, comme les religions professent leurs propres doctrines, elles ne sont nullement tenues d’observer quelque neutralité que ce soit.

À contrario, un État bien administré se devrait d’être neutre pour tous les services offerts à la population, pour que tout le monde puisse obtenir ces services équitablement. En quoi consiste la neutralité ? Cela signifie que les serviteurs de l’État adoptent à l’égard des administrés une bienveillance et quelque forme de tolérance identique envers tous quelque soit leur condition.

Un État n’a pas besoin d’être laïque pour être neutre, en revanche un État laïque se doit d’être neutre. Un citoyen dans un État laïque n’est pas tenu d’être laïc, c’est son choix. Qu’il soit laïc ou bien pas, il recevra (ou devrait recevoir) dans un tel État, le même traitement sans distinction.

Ce qui compte c’est la prestation du service et que le service soit rendu.

À ma connaissance, je ne crois pas qu’il puisse y avoir quelque neutralité religieuse. Dans le meilleur des cas, quelques formes de bienveillance envers ceux qui ne pratiquent pas ou ceux qui pratiquent une autre religion que celle qui est professée.

Ce que sous-tend la laïcité, c’est que les services offerts au public par l’État sont dissociés des services offerts au public par les religions. Ceci s’entend plus spécifiquement dans la gouvernance de l’État où quelque culte que ce soit ne peut s’ingérer dans les affaires publiques et exercer une quelconque prévalence dans les dites affaires.

En cette occurrence un État laïque n’a pas à être neutre politiquement, ce sont ceux qui servent l’État et qui rendent les services qui se doivent d’être neutres en tout temps dans l’exercice de leur profession.

Le Québec n’a en pratique pas attendu la promulgation de la Loi 21 pour veiller à exercer ce mandat de neutralité, l’apparence relève plutôt du subterfuge, puisque la loi ne prévoit aucune disposition particulière, contrôle de la qualité des services notamment, pour s’assurer que les services soient rendus pour tous impartialement. Ainsi la déclaration n’a-t-elle pas besoin d’être prouvée par les faits.

Ce genre «d’étude» est fort anecdotique car qui, en réalité, est victime de la loi 21? Quel est le but du port de signes religieux sinon de déclarer dans l’espace public la supériorité de sa foi? Nous avons un cas, l’école de Chelsea, un cas monté de toutes pièces pour attaquer la loi 21 en créant une preuve mais qui n’a causé aucun préjudice à la soi-disant victime qu’on a délacé dans un autre rôle et qui aurait facilement pu garder son poste en ne portant pas le voile dans la classe.

Les gens qui se plaignent le plus de la loi sont des gens qui rêvent souvent à un théocratie comme c’est souvent le cas dans les pays islamiques ou même indirectement en Inde où les querelles de religion infectent régulièrement la gouvernance de l’État. Une société a parfaitement le droit d’exiger de ses fonctionnaires publics qu’ils ne fassent pas de prosélytisme au travail ni n’exhibent des signes religieux, c’est la moindre des choses quand on veut séparer la religion et l’État.

Donc, il y a encore plusieurs pays qui sont théocratiques et où ces femmes musulmanes seraient accueillies à bras ouvert – c’est un choix légitime de chacune et de la société en cause. Pour le reste, les gens de confessions visées par le sondage, comme les hommes musulmans, qui ne portent pas de signes religieux devraient expliquer en quoi la loi viole leurs droits. Si on ne fait pas de prosélytisme religieux, comment peut-on savoir quelle est la foi d’une personne si elle n’en parle pas?

@ NPierre,

Pour se faire une petite idée sur la foi d’une personne, il suffit de connaître son nom et son prénom, en présentiel les caractéristiques physiques et morphologiques de la dite personne constituent également un bonne source de renseignement. Si cette personne parle on peut voir son accent ou encore dans les propos tenus certaines caractéristiques culturelles et religieuses. Le type de vêtements que quelqu’un porte est encore une bonne source d’information.

Ne pensez-vous pas pour assurer la neutralité intégrale, qu’on devrait exiger de tous les serviteurs de l’État qu’ils ou elles portent une tenue non genrée et qu’ils ou elles adoptent un timbre de voix uniforme pour éviter toute discrimination ?

J’ajouterai finalement que dans ce souci de rendre les services à visage découvert, toute forme de pilosité devrait être sans doute proscrite. Pour combattre tout prosélytisme dans l’État, il faut prendre les grands moyens. Ne trouvez-vous pas ?

Je suis convaincu que si un sondage similaire était produit pour le reste du Canada, (évidemment sans parler de la loi sur la laïcité) concernant les minorités visibles, il y aurait pas mal le même résultat. Le sentiment de ne pas être accepté pleinement par la majorité est normal. Le Québec n’est pas plus discriminatoire que d’autres Pays du Monde, peut-être moins.

Les signes religieux enlevent-ils les compétences ? Placer un enfant devant un signe religieux et une person e de couleurs différentes, leur apprend la tolerence et l’acceptation des différences.

Ne partons pas sur une tangente: l’adulte qui porte un signe religieux ostentatoire le fait par choix (même s’il y a eu coercion) alors que la couleur de sa peau ne l’est pas.

Un Grand Homme Premir Ministre du Canada a déjà prononcé dans un discours que le Canada était ouvert à tous les émigrants en autant qu’ils acceptent et se conforment à nos lois et règlements. Louis Saint-Laurent fut ce Grand Homme!

La méthodologie me semble avoir favorisé l’opinion des croyants, de quelque religion qu’ils soient. Déjà, cela m’apparait biaisé de la part de Léger. Secundo, il est tout à fait normal que les musulmans se sentent plus visés que d’autres par une méfiance de la population en général. Le caractère très visible de cette religion, son côté militant et les nouvelles internationales à son sujet ne peuvent avoir d’autre résultat. Tertio, si les pratiquants ont des droits, ils ont aussi des devoirs, dont celui de respecter la sparation des pouvoirs religieux et étatique telle que définie par la Loi sur la laïcité de l’État. Quand les enseignants de confession musulmane affirmeront haut et fort que leur pratique religieuse relève du privé, et qu’en milieu scolaire, la retenue vestimentaire est de rigueur, peut-être se sentiront-ils mieux intégrés à nos valeurs démocratiques et, par le fait même, mieux acceptés.

Les résultats, certes navrants, de ce sondage ne surprennent personne ! La politique actuelle vis-à-vis des populations de confession musulmane provoque notamment l’exclusion de la femme simplement désireuse de vivre dans le respect de ses convictions. Cette exclusion frappe la jeune fille et la femmes dans divers secteurs de sa vie : scolaire, professionnel, social ou sportif. Cette profonde injustice devrait être sévèrement condamnée. La laïcité exclusive s’apparente à un scandale social, individuel et humain, elle constitue une forme de ségrégation et est clairement, de facto, inacceptable !

Tout de même de bonnes nouvelles, positives, encourageantes, émanent de ce sondage.

Par exemple, constate-t-on qu’étrange qu’une loi se prétendant féministe recueille 10% moins d’adhésion féminine que masculine.
Mieux encore, étrange qu’une loi se disant progressiste soit clairement désapprouvée par une significative majorité de jeunes femmes.
Puis, comme si bien enseigné en philo, c’est « en poussant au bout » qu’apparaît la plus grande ou meilleure véréalité ou fiabilité des choses. Or, lorsqu’arrive LA Conséquence de la loi (perte d’emploi à défaut de son respect), eh bien, oups, là, une nette majorité de Québécois estime qu’il ne faille pas faire perdre son emploi à quelqu’une y contrevenant…
Enfin, à vue de ces deux tiers de Québécois considérant important que la Cour suprême se prononce sur le caractère discriminatoire ou pas de la loi; ne peut-on ne pas voir là qu’ils ne sont pas si sûrs que cela de leur «coup», de leur « bon droit » d’imposer «ça», comme ça; qu’ils subodorent (?) que ça pourrait effectivement ‘déborder’, aller trop loin.

En regardant les chiffres, on voit bien, de fait, que c’est l’islam et le voile dit islamique qui seraient considérés faire le plus problème. Ils remportent la palme. D’ailleurs, est-ce aussi ce dont avait témoigné l’éminent sympathique G. Rocher – que c’est cela — (le signe religieux islamique féminin) — qui « dépasserait » (‘trop’), qui constituerait ainsi inégalité (entre religions), de par sa trop grande prépondérance en ‘affichage’\visibilité.

« L’intellectuel le plus brillant du mouvement souverainiste » — (A. P. / 15 février 2010) — vient d’en rajouter une bonne grosse couche en début de semaine, en fustigeant haut et fort ce signe des plus misogynes qu’arborerait-on en pub d’invitation à HEC. « ‘Scandale’ », hein!

Or, qu’est-ce qui est misogyne? QUI est misogyne? Moi dirais-je que c’est cet « intellectuel le plus brillant du mouvement souverainiste ». Car…

C’est drôle qu’il n’ait pas appris cela, lui, au cours de sa vie de chercheur, qu’un signe peut symboliser ou signifier ici autre chose qu’il symbolise ou signifie là.

Paternalisme macho? L’infériorisation ou dépréciation ou mépris de « la » femme gît bien davantage en ce refus d’accepter qu’une femme puisse utiliser ce signe, ici, pour se libérer plutôt qu’en guise d’asservissement ou de « soumission ». S’affranchir du joug majoritaire, pesant, visant uniformisation et identicité; comme si ceci avait valeur — (suprême ou plus haute) — en soi. S’affranchir de regards pesants inquisiteurs, sexuels ou démesurément sexués, extrêmement lassants ou harassants. Un « truc », quoi, pour « s’arracher » à… l’enfermement, justement, auquel se voit-on contrainte, à fin d’« exhibition ». Autrement dit, même type de ‘retournement’ qu’utilisation-[r’]appropriation par des noirs du « mot en ’n’ ».

Jusqu’à mi-siècle passé, était couramment donné comme définition (dictionnaire) de la femme : « Personne du sexe ». Eh oui! Telle était-elle : sexe. Alors, donc…

P’t’être, certes, la chevelure n’est-elle pas ce qu’il y a de plus sexuel ou sexué, et qu’en conséquence ne serait-ce pas en dérobant celle-ci à la vue que se dégagerait-on le plus de « ‘concupiscence’ fatigante ». Pis après? Qu’importe. On ne peut ne pas constater que se trouvent de jeunes filles, telle cette Algérienne (HEC), pour qui le port du voile revêt, pour elle, à ce point symbole de liberté — (ce n’est pas de l’asservissement ça…) —; qu’elle est prête à s’exposer à aller jusqu’à écoper de foudres de « brillants intellectuels », afin, en acceptant de poser voilée public, d’inspirer d’autres jeunes filles et les faire ainsi se sentir « ‘correctes / adéquates’ », ‘quand même’ avec voile.

Bref, c’est ceci que moi trouvé-je édifiant, encourageant et prometteur, plutôt que la « ‘sortie’ », à son encontre, de « l’intellectuel le plus brillant du mouvement souverainiste ».

Pourquoi ne pas sonder les femmes afganes, pakistanaises, saudi-arabienne etc s’ils aimeraient que leur pays adoptent une loi 21 ?

La loi sur la laïcité est un exemple de bonne idée mais d’application démagogue.

Est-ce qu’une loi qui oblige un « moule du parfait québécois » est souhaitable ? je ne crois pas. Notre force doit être une diversitée qui rassemble diverses expressions au lieu d’une « épuration » forcée.

Certes, le Québec est, entre autres, une nation francophone et laïque et ses lois doivent être au diapason. En ce qui concerne la laïcité, que le gouvernement voit à ce que son corpus légal et les décisions de cour soient vraiment dépourvus de biais religieux et de pénaliser les préjudices causés par ces biais. Il y a déjà beaucoup à faire de ce coté là.

Au cours des 100 dernières années, nombreux sont les exemples où la répression à l’égard de « l’écart à la norme » ont eu des effets sanglants. Bien que catholique de naissance, je me considère laïque. Mais en tant qu’anglophone et gay, est-ce qu’il y aura un moment où, à mon tour, je serai « un écart à la norme » ?

Les lois sont là pour définir le cadre des interactions entre les membres d’une société… pas pour définir ce que nous devons être. J’approuve la contestation de la loi 21 pas pour l’ abolition de celle-ci mais pour le potentiel de la rendre plus juste.

Ce n’est pas parce que l’intégration des immigrants est difficile qu’elle ne doit pas se faire. A-t-on seulement expliqué aux nouveaux arrivants l’avatar religieux québécois à la source de l’appui à la laïcité et qui n’a rien à voir avec le racisme ou l’opposition à l’immigration? Sinon, comment s’étonner qu’ ils se sentent ostracisés par cette loi? D’autant que les adversaires de la loi 21 ont eux-mêmes bien rivé le clou de l’instrumentalisation du voile pour bien faire sentir aux musulmans que la loi les visait directement, voire exclusivement. Reculer au nom des droits de la personne au point d’occulter les droits collectifs des Québécois pour mieux reprocher au gouvernement pourtant démocratiquement élu d’associer la loi 21 aux valeurs démocratiques créera d’autres problèmes. C’est comme pour la langue. Attendez que la Cour suprême s’en mêle…

@ Luc Lapierre,

Les contestations de plusieurs termes de la Loi 21 ne relèvent pas de l’immigration et de l’intégration. Il y a au Québec des femmes qui sont nées ici ou ailleurs au Canada qui choisissent de se convertir à l’Islam. Certaines d’entre-elles portent le foulard par choix et non sous quelque forme de coercition que ce soit. Que cela vous plaise ou bien pas, c’est dans ce cas la notion même de neutralité qui se trouve bafouée. D’autant qu’il n’est nullement prouvé que le port d’un foulard soit le signe spécifique d’une quelconque allégeance (ou soumission) à une religion.

On peut être favorable à la laïcité et considérer que certaines dispositions de la loi sont contraires aux principes tels qu’ils devaient être énoncés.

Au départ, de toute façon, la loi 21 est une loi hypocrite et raciste. Et les dommages collatéraux qui s’ensuivent ne sont pas si surprenants. Quand une loi vise un groupe de citoyens en particulier, elle sème les graines de l’intolérance.

Vous semblez confondre religion et race monsieur. L’Islam (tout comme le catholicisme, l’indouisme ou le judaïsme) sont des religions auxquelles n’importe qui peut adhérer (blanc, jaune, brun, et même les picotés). Et la loi 21 spécifie clairement qu’aucun signe religieux ostentatoire (de quelque religion que ce soit) ne doit être exprimé dans certaines fonctions d’autorité. Elle vise donc tout le monde, et non pas un groupe en particulier comme vous dites. Une religion n’est pas une race