Steven Guilbeault essuie les critiques au côté de Trudeau à Montréal

MONTRÉAL — Justin Trudeau venait à peine de commencer à présenter son nouveau candidat Steven Guilbeault, mercredi soir, à Montréal, qu’une manifestante a brandi un panneau et a commencé à crier des slogans contre les oléoducs.

La foule d’environ 150 personnes s’est tue. La manifestante a demandé au premier ministre Trudeau de respecter la souveraineté des peuples autochtones et d’arrêter l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, que le gouvernement fédéral a acheté pour 4,5 milliards $.

«Il y a des communautés autochtones qui veulent que cela aille de l’avant», a répondu M. Trudeau.

La foule a hurlé d’approbation, mais la nouvelle recrue de M. Trudeau, Steven Guilbeault, militant écologiste bien connu et respecté, n’a pas applaudi. Il a regardé dans le public avec un regard sévère.

En 1993, M. Guilbeault a aidé à fonder Équiterre, un important groupe de défense de l’environnement au Québec. Le militant a également travaillé pour Greenpeace pendant dix ans avant de revenir à Équiterre en tant que directeur et porte-parole en 2007.

L’aspirant politicien est également opposé à l’oléoduc Trans Mountain. Mais il pense pouvoir faire davantage pour lutter contre le changement climatique au sein du Parti libéral plutôt qu’en tant qu’observateur.

«Je comprends que pour avancer, il faut faire des compromis», a déclaré M. Guilbeault dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie.

«Je trouve au Parti libéral tout ce qu’il faut pour pouvoir aller continuer la lutte contre le changement climatique», a-t-il ajouté.

M. Guilbeault sera un candidat vedette des libéraux. Le parti espère que sa notoriété et la grande authenticité de l’écologiste lui permettront de soutirer le siège au NPD et d’accroître la présence des libéraux au Québec.

La circonscription est néo-démocrate depuis 2011. Auparavant, elle était le bastion de l’ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Elle échappe aux libéraux depuis 1988.

Laurier-Sainte-Marie est importante pour les libéraux, qui ont dans leur mire les 15 sièges du NPD dans la province comme un moyen de les aider à remporter les élections d’octobre.

«Je l’ai fait pendant 25 ans. Être à l’extérieur. Proposer des choses et critiquer. Je pense qu’il est temps pour moi de passer à une autre étape et d’essayer de faire changer les choses de l’intérieur. Et c’est ce que je vais faire», a déclaré M. Guilbeault aux journalistes après son passage sur la scène avec M. Trudeau.

Ses adversaires ont déjà tenté de le peindre comme une girouette environnementale et un militant à deux visages.

À l’extérieur du Lion d’or, où le chef libéral Trudeau a présenté M. Guilbeault, une poignée de manifestants ont brandi des pancartes dénonçant les libéraux et leur position vis-à-vis des pipelines. Robert McBryde, un militant écologiste de 67 ans, a exprimé sa déception à l’égard du nouveau politicien.

«Si vous soutenez quelque chose qui trahit tous vos principes, c’est inutile», a-t-il affirmé à propos de la position de M. Guilbeault sur les oléoducs.

«Je ne peux pas parler de la motivation de M. Guilbeault; je suis vraiment déçu de ce qu’il fait. Je pense que c’est absurde», a-t-il ajouté.

Laurel Thompson, 73 ans, a dit croire que la candidature de M. Guilbeault était bonne pour lui et pour les libéraux, mais pas pour le mouvement écologiste.

«Il pense qu’il va chuchoter à l’oreille de Trudeau», dit-elle. «Mais ça ne va pas marcher.»