Survie du français : retour à la planche à dessin

La loi 96 sur le français n’aura pas suffi aux yeux du gouvernement. Il invite tout le monde à participer à un nouvel exercice.

Photo : Jacques Boissinot / La Presse Canadienne

Vous saviez que le faucon pèlerin est un oiseau vraiment « sick », avec des « skills » de chasse « insane », mais que son avenir est « sketch » ? C’est ce que souligne une publicité mise en ligne à la mi-mars et qui fait partie de la stratégie du gouvernement pour susciter un « réveil national » par rapport à l’état du français au Québec.

Le lien entre le faucon et le français peut paraître ténu… mais il concerne leurs avenirs respectifs. Le premier figure sur une liste de sept oiseaux québécois désignés comme espèces « vulnérables », dont la survie est jugée précaire. Symboliquement, le français se trouve dans une situation semblable. Son sort préoccupe notamment le premier ministre François Legault, qui a confié à la fin janvier au ministre de la Langue française la présidence d’un groupe chargé d’établir d’ici l’automne le Plan d’action gouvernemental pour l’avenir de la langue française. L’objectif est ambitieux : déterminer les mesures qui permettront de freiner le déclin du français, puis d’inverser la tendance.

Pour le moment, les contours de ce plan demeurent flous. En entretien, Jean-François Roberge met surtout l’accent sur sa volonté de provoquer une « prise de conscience » nationale autour du constat que le français est menacé — et que chacun a un petit rôle à jouer pour préserver et valoriser la langue. « On veut interpeller tout le monde, pas seulement les experts, et vraiment susciter une réflexion et un débat », dit le ministre, qui, pour ce faire, s’est entouré de collègues de cinq ministères.

Le porte-parole du Parti québécois en matière de langue française, Pascal Bérubé, reste « stupéfait » de la mise sur pied de ce groupe d’action. « C’est comme si tous les débats concernant la réforme de la Charte de la langue française [loi 96] n’avaient jamais existé. On a déjà mobilisé tous les acteurs, accueilli tous les experts à l’Assemblée nationale, on a fait part de nos propositions… » 

La Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, couramment appelée loi 96 et adoptée en mai 2022, comprend « plusieurs gros morceaux », rétorque le ministre Roberge. Mais elle reste un « socle sur lequel bâtir ». La publication, l’été dernier, des données linguistiques du plus récent recensement imposait d’en faire plus. « De nouvelles informations amènent de nouvelles actions. »

La situation dans trois secteurs intéresse particulièrement le comité. Sur le front de la culture, il se demande notamment comment sensibiliser la population (et surtout les jeunes) à l’importance de consommer des œuvres en français. En ce qui a trait à l’immigration, le groupe d’action examine entre autres comment augmenter les taux de nouveaux arrivants qui parlent français, ou comment jouer avec la composition linguistique du bassin d’étudiants étrangers qui viennent étudier ici (par l’intermédiaire du Programme de l’expérience québécoise, qui permet d’obtenir un Certificat de sélection du Québec pour s’y établir). Finalement, en éducation, c’est la question de la qualité de la langue qui est au centre des préoccupations.

Chaque vendredi, le ministre Roberge rencontre chercheurs, démographes, sociologues et autres experts dans son bureau de Montréal. Une consultation publique en ligne sera lancée, un tableau de bord d’indicateurs de l’état du français sera conçu, des réunions avec les partis d’opposition auront lieu.

« Tout est sur la table, dit Jean-François Roberge. S’il faut modifier des lois, créer des programmes ou mieux financer des initiatives, on va le faire. » Ce qu’il faudra, en somme, pour embellir les perspectives « sketch » de l’avenir du français.

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Que le Québec reste ou non dans le Canada, il aidera le français à survivre et même à prospérer en Amérique du Nord en s‘affichant résolument comme place forte de la francophonie sur le continent. Nous avons déjà, bien sûr, des échanges culturels avec les communautés acadiennes des Maritimes et de la Louisiane ainsi qu’avec d’autres groupes francophones nord-américains. Je crois cependant que nous devons non seulement en avoir plus, mais également afficher bien haut la bannière de la promotion continentale du français. Et nous ne devrons pas laisser notre engagement s’empoussiérer et tomber dans l’oubli avec le temps, mais plutôt le renouveler et le refourbir avec constance pour en assurer la pérennité.

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Et si la CAQ incitait les producteurs d’émissions de variété a présenter des artistes francophone, il pourrait y avoir une promotion du français.

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Pour mieux valoriser le francais ici au Quebec, il faut mieux l’enseigner a l’ecole. Il faut le faire d’une maniere interessante. Il faut aussi arreter le declin du nombre d’eleves qui quittent l’ecole a partir du 3e secondaire et qui n’arrivent pas a avoir un diplome du secondaire. Le gouvernement a deja mis beaucoup d’argent pour le faire sans l’avoir reussi.

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La langue française s’écrit avec des accents et des cédilles. Avez-vous de la difficulté à choisir et utiliser un clavier français?

Parlons le français et parlons le bien. Tous ceux qui ont une fonction publique par exemple les politiciens et les diffuseurs devraient toujours s’efforcer d’utiliser le bon mot français plutöt qu’un anglicisme comme »shaker », »challenger ». Ils se doivent de donner l’exemple.

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Il faut le dire aux gens ou aux compagnies qui communiquent avec nous, lorsqu’il y a des parties de texte en anglais qui n’ont pas été traduites. Bon, je le fais en écrivant n’importe quoi, je sais que ce n’est pas tout à fait français mais le message est clair quand ils voient: « SVP English/français? + yap kjhdfjhsh, tupo rorut, merci !! » Ils répondent en s’excusant et en promettant de corriger leur site, leurs feuillets ou les lettres qu’ils m’envoient…

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L’école québécoise est en débandade et est un véritable échec culturel. J’ai connu le système d’avant les grandes réformes et si c’est vrai que ce n’était pas facile, on finissait quand même à s’en sortir avec un bagage culturel significatif et on maîtrisait suffisamment notre langue. Mes enfants sont allés à la «nouvelle» école et mon fils qui a étudié seulement au Québec est incapable de maîtriser sa langue maternelle et est mélangé entre le français et l’anglais alors que ma fille qui a été éduquée dans les école d’immersion d’autres provinces maîtrise beaucoup mieux sa langue maternelle même si elle vit dans un milieu anglophone. C’est assez révélateur.

Ici, on veut pas travailler et quand j’allais au collège, c’était du lundi au vendredi de 8h30 à 17h30 ET les samedis matins de 8h30 à midi. Les congés étaient très rares, pas de journées pédagogiques (faut croire que les frères et les pères n’en avaient pas besoin) ni de congés de neige. Ben oui, nous avons survécu. Je regarde l’école d’aujourd’hui avec des journées courtes de quelques heures et des congés à tout bout de champ (dans ma région on n’avait pas assez de 4 jours du congé pascal, on en a ajouté une cinquième journée, hier !) et on se demande comment il se fait que les «jeunes» soient généralement peu lettrés et cherchent la facilité.

Alors, commencez donc avec l’école et fournissez les moyens à l’école publique d’offrir un enseignement soutenu de qualité, pas des moitiés de semaines et des congés à tout bout de champ. Ce temps perdu quand on est jeune ne se rattrapera jamais et ceux qui sont issus de ce système scolaire auront parfaitement raison de blâmer ceux des gouvernements qui les ont pris pour des mauviettes qui ne pouvaient pas travailler fort. Redonnez sa place à la culture à l’école et à la fierté de parler sa langue maternelle d’une manière à pouvoir lire tous les types d’ouvrages écrits dans notre langue, pas juste des bandes dessinées.

Le défi est grand face aux jeux vidéos car ce monde parallèle démotive ceux qui en sont victimes et les rends souvent tellement apathiques qu’ils ne veulent pas travailler et préfèrent l’aide sociale. Je ne parle pas à travers mon chapeau, j’en connais personnellement et c’est triste de les voir manquer le meilleur de la vraie vie sur terre, une vie qui ne dure pas si longtemps. La récréation a assez duré!

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