Trudeau en selle

Justin Trudeau voudra livrer un quatrième combat électoral pour croiser le fer avec Pierre Poilievre et préserver son héritage politique. 

Photo : Daphné Caron pour L’actualité

Si la tendance se maintient, le Canada ne retournera pas aux urnes en 2023. Le pacte de non-agression négocié par le gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh devrait tenir la route une autre année.

Dans l’éventualité, improbable, d’une embellie spectaculaire pour les néo-démocrates dans les intentions de vote, cela pourrait changer. Mais rien dans l’immédiat ne laisse présager un tel mouvement d’opinion.

Dans l’état actuel des choses, le NPD et son chef risqueraient d’avoir moins d’influence sur la suite des événements à la Chambre des communes au lendemain d’un nouveau scrutin qu’ils n’en ont présentement grâce à ce pacte.

Après avoir appuyé systématiquement les principales politiques du gouvernement Trudeau pendant des mois, Jagmeet Singh aurait d’ailleurs bien du mal à justifier une soudaine volte-face et surtout à faire campagne contre des mesures qu’il a contribué à mettre en place.

Pour prévenir les coups, le chef néo-démocrate a déjà annoncé que si la commission qui se penche sur le recours par les libéraux, l’hiver dernier, à la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin à l’occupation du centre-ville de la capitale fédérale conclut que le geste était disproportionné, son parti n’y verra pas matière à reconsidérer sa relation avec le gouvernement Trudeau.

Dans les faits, la famille néo-démocrate aura surtout les yeux rivés sur l’Alberta et le Manitoba en 2023. Dans ces deux provinces, le NPD est en bonne position pour remplacer les conservateurs au pouvoir. Le parti est également bien en selle en Colombie-Britannique.

Sur l’échiquier provincial, les néo-démocrates se tirent nettement mieux d’affaire que leurs rivaux libéraux provinciaux. À la fin de 2022, ces derniers sont en perte de vitesse dans toutes les provinces à l’ouest de la région atlantique. Au terme des plus récentes élections au Québec et en Ontario, le Parti libéral de Justin Trudeau a davantage de tirant d’eau dans les deux provinces les plus populeuses que ses cousins provinciaux.

En clair, les partis libéraux, tous paliers confondus, pourraient être à une élection fédérale d’une crise existentielle plus ou moins généralisée. Car, pour l’avenir prévisible, tous les œufs ou presque des libéraux canadiens se retrouvent dans le panier du premier ministre fédéral. Mais pour combien de temps ?

Parmi les éléments qui semblent inciter Justin Trudeau à livrer un quatrième combat électoral, il y a la perspective de croiser le fer avec le nouveau chef conservateur, Pierre Poilievre. 

Au moment de la conclusion du pacte PLC-NPD l’hiver dernier, certains avaient noté qu’en reportant la prochaine échéance électorale en 2025, Justin Trudeau se donnait le temps de passer la main à un successeur.

À la même date l’an dernier, des observateurs avertis prédisaient la démission du premier ministre d’ici la fin de 2022. Mais un an plus tard, l’hypothèse d’un départ prochain compte beaucoup moins d’adeptes.

Pour sa part, Justin Trudeau a toujours maintenu qu’il entendait mener sa formation aux prochaines élections. La différence, c’est que dorénavant, davantage de gens le croient sur parole. Cela inclut la plupart des acteurs de premier plan de son gouvernement.

En 2025, plusieurs des principaux ministres de l’équipe Trudeau auront bouclé (ou seront sur le point de le faire) une décennie en politique fédérale. Ce sera le cas, notamment, de Chrystia Freeland, François-Philippe Champagne et Mélanie Joly, tous pressentis comme participants à une éventuelle course à la succession libérale. 

À défaut de voir le premier ministre accrocher ses patins d’ici le prochain scrutin, certains ténors du gouvernement libéral concluront-ils qu’il est temps d’aller relever de nouveaux défis, hors de l’arène fédérale ? Cela pourrait faire partie des surprises que réservera l’année politique 2023.

En attendant, parmi les éléments qui semblent inciter Justin Trudeau à livrer un quatrième combat électoral, il y a la perspective de croiser le fer avec le nouveau chef conservateur, Pierre Poilievre. 

À tout prendre, le premier ministre actuel se serait résigné plus facilement à l’idée de voir son héritage politique se retrouver entre les mains de Jean Charest plutôt qu’entre celles du vainqueur de la course à la chefferie conservatrice. 

Au début de l’automne, la victoire de Pierre Poilievre contre un ancien premier ministre provincial, en un seul tour de scrutin, avait donné un certain élan au nouveau chef. 

En fin d’année, les sondages montrent qu’il pourrait mener les conservateurs au pouvoir. Mais on est loin d’une partie gagnée d’avance, surtout si elle ne doit se jouer que dans un an ou deux. On en reparlera sans doute à la même date l’an prochain !

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Madame Hébert, hormis la légalisation du cannabis, à quoi assimilez-vous le legs politique de Justin Trudeau?

Vite comme ça, je dirais l’allocation canadienne pour enfants, les garderies à 10$ hors Québec, l’assurance dentaire et, la bonification du régime de pension du Canada,