Il n’y aura pas d’élections fédérales anticipées cet été, mais les Canadiens pourraient éventuellement être appelés aux urnes avant la date prévue du 21 octobre 2019. Si cela devait se produire, il faudra en imputer la cause à l’effet Trump.
Le contexte politique a beaucoup changé depuis que les électeurs ont donné à Justin Trudeau un gouvernement majoritaire, en 2015. Le thème des relations canado-américaines n’était même pas dans l’air de la dernière campagne fédérale. Moins de trois ans plus tard, le courant ne passe plus vraiment entre Ottawa et Washington. À la fin de la session parlementaire fédérale, des proches du dossier croyaient que le pire pourrait être encore à venir.
Le Canada n’a pas les moyens d’ignorer les sautes d’humeur d’un président américain imprévisible et parfois incohérent, mais néanmoins incontournable. La détérioration de la relation avec le voisin du Sud éclipse en tout ou en partie d’autres grands sujets de conversation politique.
Cela n’a pas que des inconvénients pour le gouvernement Trudeau. Devant les barrières tarifaires qui se multiplient au gré des humeurs du président Trump, l’idée qu’aux grands maux pourraient devoir s’imposer de grands remèdes fait du chemin dans l’opinion publique.
À terme, cela pourrait rendre la décision fédérale de financer l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain — pour s’assurer de pouvoir acheminer davantage de pétrole albertain vers la côte de la Colombie-Britannique — plus facile à digérer pour les nombreux électeurs qui sont ambivalents au sujet du bien-fondé de cette démarche.
Dans le même ordre d’idées, les images d’enfants de migrants séparés de leurs parents et mis en cage par les autorités américaines ont jeté un éclairage différent sur la promotion par le Parti conservateur de moyens plus musclés pour repousser tous les demandeurs d’asile qui empruntent des voies irrégulières pour rejoindre le Canada à partir du territoire américain.
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Dans la foulée des représailles commerciales imposées au Canada par le président Trump et de sa charge à fond de train contre le premier ministre lors du sommet du G7, la cote d’approbation de Justin Trudeau — en déclin depuis le fiasco de son voyage en Inde — a remonté.
L’idée d’une élection générale anticipée, pour permettre aux électeurs de faire le point sur une situation inédite et de donner au parti fédéral de leur choix un mandat pour la gérer, a commencé à circuler.
Justin Trudeau trouverait-il son compte dans une campagne sur le thème imposé des relations canado-américaines à l’ère de Donald Trump ?
Dans l’entourage de Justin Trudeau, on jure que l’hypothèse de précipiter le Canada aux urnes dans un avenir rapproché n’est pas dans les cartons. Chose certaine, le vaste consensus politique qui sous-tend les efforts de négociations canadiens par rapport aux États-Unis ne résisterait pas à une campagne électorale. Le gouvernement qui résulterait d’un tel scrutin risquerait d’hériter d’un pays encore plus divisé par les intérêts souvent opposés de ses régions.
Mais si jamais le Canada devait avoir à choisir entre renoncer à l’ALENA ou accepter des concessions majeures dommageables pour certaines de ses industries, rien n’est exclu, y compris l’idée de devancer le vote fédéral prévu pour l’automne 2019.
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La ratification, à la fin de 1988, par le Canada de l’accord canado-américain de libre-échange qui a, par la suite, débouché sur l’ALENA avait été précédée par une élection générale.
Le gouvernement de Brian Mulroney n’avait pas nécessairement prévu de soumettre le projet aux électeurs. C’est le Sénat — alors composé d’une majorité libérale — qui lui avait forcé la main.
On connaît la suite. À la faveur de ce rare scrutin référendaire, le Parti progressiste-conservateur — alors qu’il traînait la patte dans les sondages pendant l’essentiel de son premier mandat — avait remporté une victoire majoritaire.
En perte relative de vitesse dans les intentions de vote ces derniers temps, et avec une dernière année de mandat problématique sur le front fédéral-provincial en perspective, Justin Trudeau trouverait-il son compte dans une campagne sur le thème imposé des relations canado-américaines à l’ère de Donald Trump ? Il y a encore trop d’inconnues à la clé de cette équation pour la résoudre.
Malgré le climat tendu entre les deux pays, le sujet n’a pas vraiment été abordé au cours de la campagne qui vient de se dérouler en Ontario. Mais cela n’empêche pas le premier ministre Philippe Couillard de croire que l’insécurité ambiante pourrait l’aider à renverser la tendance au changement qui risque de lui coûter le pouvoir au scrutin d’octobre. C’est une raison de plus pour que, d’Ottawa, on suive de très près la campagne électorale québécoise.
Cette chronique a été publiée dans le numéro d’août 2018 de L’actualité.
On mélange les pommes avec les oranges quand vous dites que la situation avec les ÉU rendrait l’oléoduc TM plus acceptable. Ça n’a rien à voir. L’opposition est de 2 ordres. D’abord, c’est la question de transporter du bitumen dilué (dilbit) au lieu du pétrole raffiné qui cause la préoccupation la plus grande chez les opposants. Il n’y a encore aucun moyen de le nettoyer s’il y a un déversement dans la mer Salish et ce sont les gens du sud de la CB qui sont concernés et seulement eux. Le reste du Canada s’en fiche pas mal mais les circonscriptions perdues dans la région de Vancouver vont coûter aux libéraux soit leur majorité soit même le pouvoir et l’ALENA n’a rien à voir.
Ensuite, il y a l’opposition des Premières Nations dont plusieurs qui sont sur la route de l’oléoduc ET celles qui seraient affectées par un déversement de dilbit dans la mer. Là aussi, rien à voir avec les ÉU, Trump ou l’ALENA. C’est une question de droit qui sera réglée par les tribunaux quoiqu’en dise le PM Trudeau. Ça va prendre des années pour se rendre en Cour suprême du Canada et l’oléoduc ne verra pas le jour avant la prochaine élection, loin de là!
Au départ , il est vraiment difficile d’ évaluer la relation d’ affaire entre Trump et Trudeau ! Le président américain se comporte comme le dominant face à un jeunot qui n’ a pas encore démontré sa capacité a ébranlé le poltron voisin! Sincèrement , je crois qu’ il est un peu tôt pour penser à des élections anticipées! Par contre si les sondages se maintiennent en faveur des conservateurs en Ontario et dans l’ ouest; il se peut que les libéraux pour ne pas perdre la majorité au Québec se penche vers cette solution.
Bref , il est ardu de prévoir les réactions de Trump car il a un ascendant important sur son équipe et on ne connaît pas encore précisément jusqu’ou il est près à une véritable négociation! Si les conservateurs réussissent à prévoir son jeu ; ils pourrait surprendre tout le monde!
Comme à l’habitude, une excellente analyse.
Mme Hébert, je ne crois pas aux élections anticipées pour les libéraux! La raison est que tout simplement : on n’ a pas encore décodé les intentions de Trump! Pour les électeurs , ils perçoivent le président américain comme un dominant qui a un ascendant certain sur notre premier ministre! Et ça les électeurs canadiens n’ acceptent pas cela !
Pour les conservateurs , il s’ agit d’ offrir une solution acceptable pour le sénat et la Chambre des représentants américains. Ce qui pourrait contrasté avec la position d’ affrontement que le premier ministre canadien a adoptée! Pour une grande majorité d’ américains cette position est risible et les conservateurs vont exploités cette situation!
Dans le cadre actuel des relations canado-américaines, je ne suis pas tellement certain que notre Premier ministre fasse parti de la solution. Pas plus que je ne suis pleinement convaincu que notre négociatrice en cheffe de l’ALENA — je pense évidemment à madame Freeland — soit nécessairement la personne qui porte le mieux la voix du Canada dans l’intérêt supérieur de toutes les Canadiennes et les Canadiens.
De plus, monsieur Trudeau a montré qu’en dépit de son apparent ton bon enfant et conciliateur ; qu’il peut en quelques circonstances être particulièrement têtu, si on voulait bien parler nous pourrions dire qu’il est : opiniâtre. C’est peut-être cet aspect de la personnalité de « notre Grand timonier » qui fait que sa relation avec monsieur Trump soit désormais plus grimaçante qu’enlevante.
Alors que par exemple monsieur Macron s’y prend plutôt bien pour « dealer » avec le « big boss », monsieur Trudeau s’enferme dans ses principes. Hors monsieur Trump aime bien pousser un peu les gens pour pouvoir les jauger. En ex-homme d’affaire averti, il veut savoir ce que les gens ont dans le ventre.
Tout cela pour l’instant n’est pas selon moi à la faveur de notre Premier ministre. Je suis de ceux qui pensent que les négociations sur l’ALENA gagneraient grandement à être menées par une autre équipe. Ce qui suivant l’hypothèse d’une élection hâtive pourrait faire amplement l’affaire des conservateurs de monsieur Scheer.
Si j’étais un « stratège » du PLC, je pèserais bien le pour et le contre avant de suggérer à monsieur Trudeau de partir en élection. Stratégiquement, j’essayerai plutôt de réchauffer nos liens avec les américains. Voir tout ce qui va encore bien pour construire sur ce qui va bien, plutôt que de me lancer sur la voie hasardeuse de la confrontation.
Comme le dit cet adage : « Rien ne sert de courir, mieux vaut partir à point » et monsieur Trudeau qui est dans la force de l’âge devrait avoir encore toutes les ressources pour pouvoir terminer la course.
C’est d’ailleurs probablement pour ça que Harper a été rencontrer
l’establishment du parti républicain récemment…pour leur dire
que les frasques de Trump avec l’Aléna (traiter Trudeau de « faible »
et de « malhonnête »), va mener à la réélection des libéraux fédéraux,
alors que les conservateurs de Scheer mènent dans les sondages…
Harper est manifestement inquiet pour son projet de faire du
PC le parti « naturel » de gouvernement au Canada… Il sait très
bien à quel point le parti libéral peut être opportuniste, et près
à tout pour s’accrocher au pouvoir. Espérons que les électeurs ne
seront pas dupes des manœuvres dans un sens ou dans l’autre,
et voteront pour les programmes politiques qui leur seront
présentés. Ça serait désespérant de voir la prochaine élection
fédérale devenir un référendum pour ou anti-Trump… Il faut
éviter d’accorder à cet insignifiant une importance qu’il n’a
pas. Les américains vont finir par faire de meilleurs choix,
même si c’est après avoir fait l’un des pire. Le temps joue en
notre faveur.
Les Américains ont élu George W. Bush deux fois, ils vont faire la même chose avec Trump, à moins que le procureur spécial en vienne à bout… 😉
Dites-moi pas que Trump va aider Couillard à rester au pouvoir.
Ça serait ben l’boutte du boutte!
C’est surtout ce que Couillard pense. Je ne crois pas que ce docteur a plus de compétences que le chef de la CAQ en ce qui concerne les enjeux économiques.