Trump est là, n’ayez pas peur! (Mais barrez la porte)

Trump est officiellement candidat à la présidence des États-Unis. Tous aux abris!

Donald Trump lors du dernier jour de la Convention républicaine, le 21 juillet 2016. (Photo: J. Scott Applewhite/AP)
Donald Trump lors du dernier jour de la convention républicaine, le 21 juillet 2016. (Photo: J. Scott Applewhite/AP)

Et voilà, nous y sommes: bienvenue de ce monde où Donald Trump est officiellement candidat à la présidence des États-Unis.

Raciste notoire, xénophobe mal coiffé, misogyne en déni, menteur à temps plein et orateur qui aligne les mots au hasard jusqu’à ce que ça forme une phrase, Trump livre des discours qui sont comme autant d’accidents de char desquels on ne peut détourner les yeux. Ces propos auront quand même réussi à convaincre les républicains qu’il est l’homme de la situation.

C’est peut-être vrai. Suffit de vivre dans une situation complètement déconnectée du réel.

Le New York Times évalue que Hillary Clinton a 76 % des chances de remporter l’élection de novembre prochain. Mais avant de pousser un grand soupir de soulagement, rappelez-vous cette époque pas si lointaine où Thomas Mulcair (qui?) était certain de devenir premier ministre. Le pauvre avait déjà commencé à apprendre par cœur le code postal du 24 Sussex. Pour rien.

Vraiment, les années 2010 ne sont pas faites pour les cardiaques.

Tout ça pour dire: pis, comment va la construction de votre bunker? Le mien avance bien. C’est d’ailleurs de là que j’ai suivi la convention du Parti républicain, en mangeant dans des boîtes de conserve. Quand l’hiver nucléaire va arriver, je vais être prêt.


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L’ENTRÉE

Il en a fait du chemin, Trump, de son entrée dans la campagne en descendant un escalier de centre commercial…

Une scène que je reproduis chaque fois que je vais à la Place Versailles.
Une scène que je reproduis chaque fois que je vais à Place Versailles.

… à son entrée à la convention républicaine digne d’un lutteur de la WWE s’en venant faire la prise du p’tit paquet à la démocratie.

En arrière-plan sonore, feu Freddie Mercury s’époumonait sur «We Are the Champions», un choix aussi approprié pour cet événement qu’«On s’est aimés comme on se quitte» pour un mariage.

Freddie Mercury, bisexuel immigrant décédé du sida, aurait-il été supporteur du programme anti-LGBT des républicains, des politiques de Trump et de son colistier, Mike Pence? On en doute.

En 2000, Pence militait pour que l’argent consacré à la lutte contre le VIH serve plutôt à «convaincre» les gais de changer d’orientation. Lire: les envoyer en thérapie. Et comme il n’existe toujours pas de thérapie pour guérir les homophobes, Pence poursuit encore aujourd’hui son combat contre les droits des LGBT.

Mais cet homme est un champion. Parole (forcée) de Freddie Mercury.

Reste à décider dans quelle toilette Freddie Mercury aurait le droit d’aller.
Reste à décider dans quelles toilettes Freddie Mercury aurait le droit d’aller.

LA COULEUR

Dans les images de la convention, tentez de trouver l’équivalent républicain d’une licorne, c’est-à-dire une femme noire de moins de 45 ans.

Sur les 2 472 délégués présents, on trouve un gros total de 18 personnes noires. Le Parti républicain est tellement blanc qu’il pense que c’est Dubmatique qui a inventé le hip-hop.

Il y a bel et bien un manque de diversité, reconnaît l’élu républicain Steve King. Mais… et alors? Où est le problème? La civilisation, on doit pas mal ça aux Blancs. Ils ont fait quoi, les autres «sous-groupes»?

On aimerait bien lui rappeler que c’est difficile de contribuer à la civilisation quand tu es esclave dans un champ de coton, mais on n’est pas certain qu’il va nous entendre sous le capuchon pointu de sa tunique blanche.

Voilà qui aiderait Donald Trump, qui récolte actuellement 0 % des intentions de vote des personnes de race noire en Ohio. C’est encore moins bon que le PQ dans Baie-D’Urfé. Il faut le faire.

LE COPIÉ-COLLÉ

Ben oui, le discours de Mme Trump (troisième du nom) contenait un paragraphe visiblement plagié. Mais… dois-je le répéter? Son mari est un raciste aux tendances autoritaires. Dans ce contexte, le plagiat de ce paragraphe aussi inspiré qu’une carte de fête achetée chez Jean Coutu me semble assez peu important.

Rendu à ce point de la campagne, je suis plutôt du genre à me réjouir que son équipe ait plagié Michelle Obama, et non Mein Kampf.


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CLINTONMANIE

Le deuxième jour de la convention avait pour thème l’emploi. C’est pourquoi le parti a déployé de grands efforts pour empêcher une femme d’en décrocher un. Au total, 13 discours visaient à dire du mal de Hillary Clinton, et seulement 6 vantaient les mérites de Donald Trump.

Les républicains ne sont pas unis derrière Trump. Ils sont unis contre Hillary Clinton, à la manière d’une foule de paysans en colère avec des torches et des fourches.

On traite la candidate démocrate de menteuse criminelle, on clame qu’on devrait la jeter en prison, et un conseiller de Trump propose même, pourquoi pas, de la faire fusiller par un peloton d’exécution.

En cherchant un peu, il est néanmoins possible de trouver des républicains modérés, qui se contenteraient qu’on l’enduise de plumes et de goudron.

LE DISCOURS FINAL

Après quatre jours à écouter des Trump dire du bien d’un autre Trump (heureusement que Donald a fait des enfants, sinon on n’aurait parlé que de Clinton pendant quatre jours), le moment d’écouter le Trump principal dire du bien de lui-même est finalement arrivé.

Lui qui a passé les derniers mois à mentir comme un arracheur de dents a commencé son discours d’acceptation en disant: «À notre convention, il n’y aura pas de mensonges.» Dans les salles de nouvelles d’un bout à l’autre du continent, une armée de fact checkers se sont étouffés, tous en même temps, avec leur Gatorade.

Un Américain qui voit son pays tel que l’a décrit Trump doit avoir peur de sortir de sa maison. Partout, tout le monde cherche à le tuer. Et s’il vivait auparavant dans un palace, les chances sont bonnes qu’il habite aujourd’hui une boîte de carton sous un pont.

Heureusement, le shérif Trump est en ville. Sur le ton de celui qui s’apprête à patrouiller lui-même dans les rues du pays avec son shotgun pour tirer sur les hordes d’immigrants illégaux allant de maison en maison pour violer vos filles et assassiner vos garçons, Donald Trump s’est présenté comme le candidat de la Loi et l’Ordre. Avec les majuscules et la peur au ventre.

Il n’en fallait pas plus pour que je vérifie la serrure de mon bunker. Jusqu’ici, tout va bien.

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« Un été meurtrier
Depuis Orlando, en juin, l’Occident est frappé presque quotidiennement par des actes d’une grande barbarie. Hier, un prêtre a été égorgé en France. Sommes-nous en train de nous accoutumer à la violence? »

Qui parle ainsi? Trump? Et bien non, c’est un journaliste d’un média Liberal, comme le vôtre! (page d’accueil presse plus). La seule différence avec Trump : pour les journalistes Liberal, la solution est ne rien faire.

Mêler le Parti Libéral du canada, l’un des pays les plus enviés de la planète, aux tueries incompréhensibles qui se passent dans le monde…faut le faire.

Votre fanatisme vous aveugle au point où vous devenez indécent…