En démissionnant de son poste à la mi-février, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a surpris à peu près tout le monde.
Quelques mois auparavant, elle évoquait un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Personne alors ne mettait en doute son intention d’être à la tête du camp du Oui pour cet éventuel match revanche après le rendez-vous raté de 2014.
Pour expliquer sa décision de tirer sa révérence, Mme Sturgeon a dit avoir largement épuisé ses réserves d’énergie. À l’entendre, la fatigue accumulée au fil de la gestion de la pandémie mais également le climat toxique dans lequel évolue de plus en plus la classe politique ont pesé lourd dans la balance.
Si ces arguments semblent familiers, c’est parce qu’ils font écho aux raisons invoquées par la première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, au moment de sa propre démission en janvier. En annonçant un départ inattendu, elle aussi avait parlé d’épuisement et de toxicité ambiante.
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Nicola Sturgeon et Jacinda Ardern sont des contemporaines politiques de Justin Trudeau. La première a pris la direction du Scottish National Party en 2014, un an après que Justin Trudeau est devenu chef du Parti libéral du Canada (PLC). Elle a été assermentée comme première ministre un an avant lui.
La seconde a passé moins de six ans au pouvoir, alors que son homologue canadien se prépare à fêter son huitième anniversaire à la tête du pays.
À l’instar du premier ministre fédéral, Sturgeon et Ardern — si elles étaient restées en poste — auraient dû faire face à de sérieux obstacles politiques.
Dans le premier cas, il y a l’intention du gouvernement du Royaume-Uni de bloquer le projet référendaire du gouvernement indépendantiste écossais. Dans le second, il y a la perspective d’une campagne électorale qui est loin d’être gagnée d’avance pour le gouvernement néo-zélandais sortant.
Les parallèles entre les dirigeantes démissionnaires et le chef actuel du gouvernement fédéral ne se calculent pas seulement en nombre de mois aux commandes de l’État. Le tue-monde que Sturgeon et Ardern évoquent pour expliquer leur trop grande lassitude a également fait partie du lot de premier ministre de Justin Trudeau.
La toxicité croissante dont ont fait état les deux femmes n’épargne pas la scène politique canadienne et ceux qui l’animent.
En février, la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, a même dû cesser d’accueillir les commentaires du public sur les médias sociaux gérés par Rideau Hall parce qu’ils étaient devenus trop violents, racistes et/ou haineux.
En même temps, force est de constater qu’au niveau fédéral, la fin de la pandémie n’a pas été marquée par un sursaut d’énergie du gouvernement Trudeau.
Au contraire, les libéraux éprouvent de la difficulté à se donner un second souffle. Et alors que Justin Trudeau maintient qu’il mènera ses troupes lors d’une autre campagne, il semble avoir de plus en plus de mal à préserver l’unité de son caucus.
Les libéraux fédéraux pensent que Justin Trudeau a les meilleures chances de les mener à une autre victoire. Mais ce n’est pas la question à laquelle le principal intéressé doit répondre.
Après trois mandats au pouvoir et sur fond de sondages qui laissent présager une campagne électorale difficile pour les libéraux, les candidats-vedettes se bousculent moins au portillon de la formation, tandis que des valeurs sûres du gouvernement pourraient décider qu’elles ont fait leur temps.
Par exemple, depuis quelques mois, on parle moins de Chrystia Freeland comme successeure naturelle de Justin Trudeau. L’idée que la vice-première ministre pourrait être davantage tentée par des défis sur la scène internationale a fait du chemin. De plus en plus d’observateurs se demandent si elle a vraiment envie de reprendre un flambeau dont la flamme s’est beaucoup amenuisée depuis l’arrivée triomphale au pouvoir du PLC en 2015.
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En annonçant leurs départs respectifs, Sturgeon et Ardern ont toutes deux expliqué qu’elles avaient conclu, après mûre réflexion, qu’elles n’avaient plus suffisamment le feu sacré pour continuer à diriger un gouvernement.
Quand ils songent à leur avenir électoral, la plupart des libéraux fédéraux pensent — comme la majorité des analystes — que Justin Trudeau est le chef qui a les meilleures chances de les mener à une autre victoire.
Bien des électeurs croient également que le premier ministre sortant est le mieux placé pour empêcher les conservateurs de Pierre Poilievre d’accéder au pouvoir.
Mais ce n’est pas vraiment la question à laquelle seul le principal intéressé peut et doit répondre, en toute conscience, avant de solliciter un quatrième mandat comme premier ministre.
Cette chronique a été publiée dans le numéro d’avril 2023 de L’actualité.
L’alternative à Justin Trudeau . Un pittbull comme Poilièvre qui dit n’importe quoi pour se faire élire . Wow nous sommes dans de beaux draps .
Le plus souvent, ce qui fait la différence entre les hommes et les femmes en position de pouvoir, c’est la vanité. Les canadiens sont tannées de Justin Trudeau, de son insignifiance et de son multiculturalisme primaire: tout le monde est gentil, toutes les valeurs se valent. Mais par vanité, Justin Trudeau croit encore qu’il est le meilleur et qu’il est indispensable pour empêcher le Canada de pencher vers le côté obscur de la force (Polièvre). Vivement la venue d’une ou d’un nouveau Jedi…..
Devant l’instabilité politique qui menace les démocraties occidentales, la priorité devrait porter sur la démocratie canadienne. Il faut cesser de fermer les yeux, L’avenir démocratique de la planète se jouera le 5 novembre 2024 lors des prochaines élections américaines. Les Républicains purs et durs risquent de faire prendre aux USA un virage autoritaire. Le Canada fera piètre figure dans ce qui pourrait mener à un nouvel ordre mondial. En attendant, la moindre des choses pour les Canadiens seraient de préparer un plan pour se prémunir contre les effets dévastateurs que pourraient avoir l’avénement d’un changement de régime chez notre puissant voisin. Mais non, au Canada c’est « business as usual » . Le PLC de Justin Trudeau se retrouve être le seul rempart à la sauvegarde de la démocratie canadienne et de sa charte des droits et liberté, étant donné la radicalisation de la droite au Canada comme c’est le cas partout en Occident. C’est de solidarité dont le Canada a besoin en ces temps troubles et non pas de ces éternelles chasses aux sorcières pour faire tomber le gouvernement. On assiste à un changement de paradigme accéléré par la pandémie et la guerre en Ukraine. La Chine de partenaire commercial incontournable est devenue une puissance économique menaçante pour les valeurs occidentales. Le 8 juillet 2022 un article de France 24 titrait « Quand des espions chinois sont accusés d’ingérence dans une élection américaine ». On peut y lire: « L’ingérence politique chinoise passe généralement plutôt par le financement des candidats comme en Australie ». Et oui le Canada est aussi dans la mire de la Chine. Aussi vigilance s’impose plus que jamais! Exiger une enquête qui n’a pour but que de diaboliser Justin Trudeau, c’est faire de la petite politique alors qu’en cette ère d’incertitude c’est de hauteur qu’on devrait s’attendre de la part de nos politiciens et de nos médias. Je nous trouve inconscients. On vit sur notre Planète centré sur les problèmes domestiques d’un pays parmi les plus pacifique de la planète. Le réveil risque d’être brutal!
Le problème de Justin est qu’il a un pied dans la modernité (son sincère et vigoureux féminisme à nommer des femmes aux ministères les plus importants; son keynésianisme humanitaire lors de la pandémie) et un pied dans le jovialisme libéral et bigot, désuet, de son père des 1970s.
2023 est le temps de la montée des populismes à odeur fascisante, des présidentialismes fossoyeurs des valeurs démocratiques de leur propre constitution (Poutine, Erdogan), du durcissement du communisme chinois qui nous crache au visage en remerciement de l’avoir enrichi depus les 1980s, et du workisme inculte qui s’imagine que Marat vaut mieux que Condorcet.
Ils ne connaissent pas ces deux noms, et ils ont donc devant les yeux leur inculture néfaste pour la démocratie et qualité scientifique de leur pays.
Justin doit faire face à ces dangers en s’élevant au-dessus du beau gosse charmeur qui lui a si bien réussi. Désormais, son électorat veut plus. Il a déjà dit qu’il n’était pas « un intellectuel » (franchise qui l’honore). Son père s’affichait universitaire racé. Mais les écrits du papa (fils à papa lui aussi) me démontrent qu’il citait plus le nom des grands penseurs qu’il ne les avait lus attentivement.
Justin peine donc à relever le niveau de ses enjeux. Il ne cesse de répéter à la télé en tout sujet abordé ses bonnes intentions en voeux réalisables plus tard.
Son chantier majeur serait de refaire la constitution canadienne. A-t-il l’envergure pour un tel projet ? Le Canada est le « plusse beau pays du monde » avec la constitution la plus mal écrite de la planète. Ce pays se tient uniquement par la qualité politique morale de ces citoyens qui sont pacifiques, bons voisins, conciliants, tolérants, industrieux et honnêtes. Plus encore, ils sont capables de prendre des USA et de l’UE ce qu’ils font de mieux, et de rejeter avec circonspection leurs travers ou leurs échecs.
Justin, deviens un Montesquieu, un Jefferson, un Madison, un Jean-Charles Harvey, bref un progressiste culturel, laïciste et rationaliste. L’avenir est dans cette direction.
Tu vaudras mieux dans les livres d’histoire que ce Mackensie King, cet idiot qui revenant d’Allemagne nous a dit que « Hitler est un mystique », après nous avoir dit qu’il était parvenu au pouvoir à Ottawa guidé « par la main de Dieu». Idiot un jour, idiot toujours.
Mon beau Canada, tu es la plus belle fille du monde, mais bon Dieu que tu est mal habillée !
Jacques Légaré, ph.d. en philosophie politique et maître en histoire byzantino-arabe.
La réalité est que le temps presse! Les élections américaines sont à nos portes et leur impact sur la démocratie en occident ne peut plus être sous estimé. Advenant la réélection des démocrates, là on pourra se permettre d’ëtre plus exigeant envers Justin Trudeau.. En attendant, on doit faire avec ce que l’on a et dans les circonstances, on doit certes continuer de critiquer certaines décisions du PLQ mais tout en évitant de diaboliser Justin Trudeau. Le scénario possible d’un Pierre Poilièvre, PM du Canada, en même temps qu’une gouvernance républicaine chez notre puissant voisin, devrait inquiéter tous ceux encore attachés aux droits et liberté contenus dans une charte canadienne imparfaite, certes, mais laquelle charte, bon an mal an, aura contribué au classement enviable du Canada parmi les pays les plus pacifiques de la Planète. Et ce qui n’est pas négligeable, le Canada sous Trudeau a su conserver sa cote AAA, le plaçant, là aussi, dans une position dominante, un des rares pays à avoir préservé cette cote parfaite depuis 20 ans. Rien ne justifie toute cette haine dirigée contre Trudeau. On serait vraiment mieux servis par l’idéologie libertarienne du tout au marché qui n’a jamais fait ses preuves??