L’été loin des feux de l’Assemblée nationale aura été profitable pour François Legault, révèle le sondage Léger publié dans les médias de Québecor le 25 août. Après un printemps houleux marqué notamment par l’annonce controversée de l’abandon du troisième lien à Québec, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a réussi à stopper sa glissade dans les intentions de vote amorcée à ce moment-là.
Selon cette enquête, la CAQ demeure confortablement en tête, avec un niveau d’appui identique à celui mesuré en juin dernier (consultez la liste des sondages au Québec ici).
À l’échelle nationale, elle obtient 37 % de la faveur des répondants — certes sous son résultat de 41 % aux élections générales de l’an dernier, mais tout de même 15 points devant son plus proche rival.
Et ce rival est le Parti québécois (PQ) de Paul St-Pierre Plamondon, campé en deuxième place avec 22 % à la grandeur de la province. Si ce résultat ressemble à celui du sondage précédent à la fin du printemps (23 %), nous verrons plus bas qu’en région, ç’a été plus mouvant pour les souverainistes.
Les trois autres formations politiques font du surplace depuis plusieurs mois maintenant. Dans le cas de Québec solidaire (QS), depuis décembre 2022, les appuis varient entre 14 % et 17 %. À 15 % ce mois-ci, QS se maintient à l’intérieur de cet intervalle, sans signe de progression.
Au Parti libéral (PLQ), la glissade continue, à tel point que l’on se demande s’il s’agit bien d’une glissade ou d’un effondrement au ralenti. Malgré le fait que le PLQ forme l’opposition officielle à Québec, l’absence de chef semble nourrir l’apathie des Québécois. Or, une course à la direction pimentée d’un important débat d’idées pourrait être un remède à tout cela. Mais le parti n’a toujours pas annoncé les règles de la course, alors les potentiels aspirants se font timides.
Éric Duhaime s’est empressé, pour sa part, de communiquer sur les réseaux sociaux son enthousiasme devant la hausse de deux points (de 9 % à 11 %, la seule augmentation parmi les formations en lice) de son Parti conservateur du Québec (PCQ) entre les sondages de juin et d’août. Reste que les appuis au PCQ n’ont bougé ni auprès des électeurs francophones (8 % en juin et en août) ni dans la région de Québec (16 % en juin et en août), où les conservateurs ont été compétitifs dans plusieurs circonscriptions lors du dernier scrutin.
La seule variation significative des intentions de vote vient du côté anglophone et allophone (principalement dans le grand Montréal), où le PCQ récolte désormais 21 % des appuis, contre 12 % au dernier sondage. Cette hausse fait gonfler le chiffre national du parti, mais ne rend pas les conservateurs plus susceptibles d’obtenir des sièges pour l’instant.
Région par région
Les découpages régionaux de l’enquête Léger nous montrent à quel point la base électorale de la CAQ demeure solide. En plus de détenir une avance de 15 points chez l’électorat francophone, la formation de François Legault se maintient en tête des intentions de vote dans les trois grandes régions du sondage. Dans la région métropolitaine de Montréal (Montréal, Laval et les couronnes nord et sud), la CAQ obtient 31 % des appuis, sept points devant le Parti québécois (24 %). D’ailleurs, il s’agit d’un résultat intéressant pour le PQ, lui qui ne récoltait que 18 % dans le sondage de juin.
Dans la région de la Capitale-Nationale, la CAQ (33 %) et le PQ (31 %) se livrent une chaude lutte au sommet. Bien qu’il faille faire preuve de prudence avec ces sous-échantillons régionaux plus incertains, c’est tout de même le troisième sondage Léger de suite qui donne un Parti québécois compétitif à Québec. Le PQ semble avoir ravi au PCQ le statut d’option de rechange à la CAQ pour bien des électeurs de la capitale. Reste à voir si cette montée se concrétisera en gain de siège à l’élection partielle dans Jean-Talon le 2 octobre prochain.
Dans le reste du Québec, la CAQ demeure largement dominante avec 45 % des appuis, une avance écrasante de 27 points sur son plus proche poursuivant, le PQ à 18 %. En juin, l’écart entre la CAQ et le PQ n’était que de 11 points.
Nous observons aussi un clivage générationnel prononcé dans les résultats du sondage Léger. Chez les électeurs de 18-34 ans, QS se maintient en tête avec 36 % de la faveur, 14 points devant la CAQ. Un (autre) signe qui devrait déclencher toutes les sonnettes d’alarme au Parti libéral ? Seulement 8 % des jeunes électeurs voteraient pour le PLQ si un scrutin avait lieu aujourd’hui.
La CAQ détient toujours une avance confortable chez les électeurs de 35 ans et plus. Chez les 35-54 ans, elle distance le PQ de 20 points. Chez les 55 ans et plus, l’avance de la CAQ sur la formation de Paul St-Pierre Plamondon est de 15 points. C’est d’ailleurs auprès de la tranche d’électeurs plus âgés que la CAQ (43 %) et le PQ (28 %) obtiennent leurs meilleurs résultats.
Si nous comparons ces chiffres avec les derniers sondages avant le scrutin d’octobre 2022, nous pouvons déduire que la hausse du PQ est principalement attribuable à un transfert d’électeurs plus âgés de la CAQ vers le PQ. Il n’y a pas de doute qu’il existe des vases communicants entre ces partis, particulièrement chez les électeurs sympathiques à la cause de la souveraineté du Québec.
Cette hypothèse se confirme aussi quand on considère la baisse de l’appui à la souveraineté chez les électeurs caquistes lors des derniers coups de sonde. En février 2023, 42 % des électeurs caquistes se disaient favorables à la souveraineté (et 52 % défavorables), alors que cette proportion est aujourd’hui de 36 % pour et 56 % contre.
Est-ce que les électeurs caquistes sont soudainement devenus moins souverainistes dans les derniers mois... ou est-ce que les électeurs souverainistes qui se disaient caquistes soutiennent maintenant le PQ ? Poser la question, c’est y répondre.