Le Parti libéral du Canada (PLC) de Justin Trudeau a décroché un deuxième mandat, mais le gouvernement de la 43e législature sera minoritaire. Toutefois, au vote populaire, le Parti conservateur du Canada récoltait près de 35% des votes, soit 2% de plus que les libéraux.
La soirée a commencé difficilement pour les libéraux, qui ont échappé plusieurs sièges dans les provinces de l’Atlantique et au Québec, mais le gouvernement sortant de Justin Trudeau a réussi à s’accrocher dans le Grand Toronto pour obtenir un nouveau mandat.
Le PLC a également raflé une grande majorité des sièges sur l’île de Montréal. Justin Trudeau, réélu dans Papineau, pourra compter sur le retour de plusieurs de ses ministres sortants, comme Chrystia Freeland (Affaires étrangères), Bill Morneau (Finances) et Marc Garneau (Transports), qui ont été déclarés élus.
Le PLC résiste au Québec
Plusieurs députés libéraux l’ont emporté avec une nette avance sur leurs adversaires, dont Justin Trudeau, Mélanie Joly et Pablo Rodriguez sur l’île de Montréal, ainsi que François-Philippe Champagne en Mauricie.
D’autres piliers du gouvernement Trudeau ont été réélus au Québec, notamment Marc Garneau et David Lametti. Dans Laurier-Sainte-Marie, l’environnementaliste Steven Guilbeault a remporté son siège et fera donc son entrée à la Chambre des communes.
Au total, le Parti libéral a fait élire 34 députés au Québec, contre 40 en 2015.
À minuit, les libéraux comptaient 156 candidats déclarés élus ou en avance; les conservateurs étaient à 121, devant le Bloc québécois, à 32, le Nouveau Parti démocratique, à 25, et le Parti vert, avec 3 et une indépendante : Jody-Wilson Raybould.
Jody-Wilson Raybould gagne son pari
L’ex-procureure générale Jody-Wilson Raybould, qui avait claqué la porte du Parti libéral du Canada dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin, a remporté son pari. Elle retournera aux Communes en tant que députée indépendante.
Celle-ci a devancé son rival libéral Taleeb Noormohamed dans la circonscription de Vancouver-Granville, en Colombie-Britannique.
Les conservateurs loin du compte
La vague bleu pâle du Bloc québécois a anéanti les espoirs des conservateurs de faire des gains dans le Québec francophone qui avait voté pour la Coalition avenir Québec au provincial, l’an dernier. Seule consolation au tableau: Maxime Bernier a été battu en Beauce.
Les têtes d’affiche du Parti conservateur au Québec, comme Gérard Deltell (Louis-Saint-Laurent), Alain Rayes (Richmond-Arthabaska) et Steven Blaney (Bellechasse-Les Etchemins-Lévis), ont été réélues sans trop de difficultés.
Les conservateurs n’ont pas pu faire les gains espérés dans la région de Québec. Les libéraux Joël Lightbound (Louis-Hébert) et Jean-Yves Duclos (Québec) ont été réélus.
Les députés sortants Alupa Clarke (Beauport-Limoilou) et Sylvie Boucher (Beauport-Côte-de-Beaupré-le d’Orléans-Charlevoix) ont perdu dans leurs circonscriptions respectives.
En Beauce, le candidat conservateur Richard Lehoux a finalement battu M. Bernier, qui a fondé son propre parti après avoir claqué la porte du Parti conservateur du Canada.
Trois-Rivières, où les conservateurs ont fondé beaucoup d’espoir, une course à trois enlevante s’annonçait entre l’ancien maire Yves Lévesque et ses rivales libérale et bloquiste. C’est finalement la bloquiste Louise Charbonneau qui l’a emporté.
Ailleurs dans la province, les candidats conservateurs ont terminé en troisième ou quatrième position.
Lisa Raitt défaite par le libéral Adam van Koeverden
Au rassemblement électoral des conservateurs à Regina, en Saskatchewan, les centaines de partisans avaient la mine basse quand les réseaux de télévision ont annoncé un gouvernement libéral minoritaire.
Des cris de joie ont fusé lorsque leur chef, Andrew Scheer, a été réélu pour un sixième mandat dans Regina-Qu’Appelle. Idem lorsque l’un des leurs a défait des ministres libéraux notables, comme Ralph Goodale en Saskatchewan ou Amarjeet Sohi en Alberta.
Mais le silence le plus complet régnait lorsque l’ex-ministre et chef adjointe du parti, Lisa Raitt, a été défaite par le libéral Adam van Koeverden, un ex-médaillé olympique.
Tout n’est pas perdu pour les conservateurs, puisqu’ils ont augmenté leur députation. Le parti avait près de 100 sièges au moment de la dissolution de la Chambre des communes, et ils en ont fait élire au moins 20 de plus.
Une trentaine de bloquistes à Ottawa
Le Québec, qui avait voté en majorité pour le Parti libéral aux dernières élections fédérales, a choisi cette fois de redonner vie au Bloc québécois.
Avant le déclenchement des élections, le Bloc ne détenait que 10 sièges à la Chambre des communes. 23h50 lundi, il en avait gagné 32.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet est apparu comme le grand gagnant au Québec. Il a aisément remporté son siège dans Beloeil-Chambly.
Le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue, la Montérégie ainsi que la couronne de Montréal ont presque entièrement viré au bleu pâle. Le Bloc québécois a aussi créé la surprise dans la grande région de Québec, où il a raflé deux circonscriptions aux conservateurs.
Le parti souverainiste a même arraché Trois-Rivières des mains du favori, l’ex-maire et candidat conservateur Yves Lévesque.
Ceux qui restent
Dans la circonscription de Rivière-du-Nord, le député sortant, le bloquiste Rhéal Fortin, a conservé son siège, défaisant la candidate conservatrice et médaillée olympique Sylvie Fréchette.
En se faisant réélire dans La Pointe-de-l’le, Mario Beaulieu, l’ancien chef du Bloc québécois, a permis de faire une tache bleue sur l’île de Montréal presque toute peinte de rouge.
Le Bloc a coloré de bleu toute la couronne Nord de Montréal et une bonne partie de sa couronne Sud.
Les nouveaux bloquistes
Et il y a bien sûr de nouveaux députés comme Alexis Brunelle-Duceppe, le fils de l’ancien chef du Bloc, Gilles Duceppe, qui l’a emporté dans la circonscription de Lac-Saint-Jean.
Le candidat bloquiste Yves Perron a délogé la populaire députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) Ruth Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé.
Dans La Prairie, Alain Therrien, un ex-député du Parti québécois, l’a emporté. Lors d’une diffusion en direct sur les écrans au quartier général du Bloc à Montréal, il a fait part de sa joie et de ses objectifs.
« On va leur dire qui on est, a-t-il lancé. Je suis là pour les Québécois et seulement pour les Québécois. »
Dans la circonscription sous haute surveillance de Longueuil-Saint-Hubert, les candidats vedette Réjean Hébert, du Parti libéral, et Pierre Nantel, du Parti vert (anciennement du NPD), ont été écartés en faveur du candidat du Bloc, Denis Trudel.
La bloquiste Marie-Hélène Gaudreau a vaincu son adversaire libéral David Graham dans la vaste circonscription de Laurentides-Labelle, qui comprend Sainte-Agathe-des-Monts, Mont-Tremblant et Mont-Laurier.
Enfin, Christine Normandin a gagné son siège de Saint-Jean et Claude Bellefeuille celui de Salaberry-Suroît.
Le NPD perd mais gagne
Jagmeet Singh ne sera pas le prochain premier ministre du Canada, mais il pourrait avoir obtenu avec ses collègues du Nouveau Parti démocratique (NPD) un rôle clé pour aider à orienter l’ordre du jour du gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau.
Avant le déclenchement des élections, le NPD détenait 39 sièges à la Chambre des communes. En fin de soirée, ses candidats étaient déclarés élus dans 23 circonscriptions, et deux autres étaient en avance dans des courses serrées.
Néanmoins, les organisateurs clamaient victoire hier soir, célébrant l’émergence de M. Singh en tant que dirigeant populaire ayant généré un grand enthousiasme. Jagmeet Singh a été réélu dans Burnaby-Sud.
Alexandre Boulerice seul au Québec
Au Québec, le chef adjoint Alexandre Boulerice est le seul néo-démocrate déclaré élu, dans Rosemont-Petite-Patrie. La course est serrée dans Sherbrooke, la libérale Élisabeth Brière devançant légèrement le néo-démocrate Pierre-Luc Dusseault.
Ruth Ellen Brosseau a perdu son siège dans Berthier-Maskinongé, remporté par le bloquiste Yves Perron.
M. Singh – qui a pris les rênes du parti en 2017 après une défaite dévastatrice deux ans plus tôt- a donné au parti une base sur laquelle se développer, a déclaré Mme Kwan.
« Il a jeté de nouvelles bases pour le NPD. Cette fondation est jeune et engagée », a-t-elle soutenu.
Le Parti vert fait élire trois candidats
La chef du Parti vert, Elizabeth May, a été réélue dans sa circonscription de Saanich-Gulf Islands, en Colombie-Britannique.
Elle ne sera pas seule de son parti à la Chambre des communes: la candidate Jenica Atwin a été élue dans la circonscription de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, tandis que Paul Manly a été réélu dans Nanaimo-Ladysmith, en Colombie-Britannique. Il avait ravi cette circonscription aux néo-démocrates lors d’une élection partielle en mai.
Plus tôt dans la journée, Mme May avait comparé cette élection à un référendum sur la lutte contre les changements climatiques et estimé qu’à ce titre, le Parti vert était le seul doté d’une stratégie fondée sur la science.
En campagne, les verts ont notamment promis de stopper le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 pour cent d’ici 2030 par rapport aux taux de 2005.
Maxime Bernier battu en Beauce
Le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, a été battu lundi soir dans son fief de Beauce.
C’est le candidat conservateur (PCC), Richard Lehoux, qui a mis fin à son règne ininterrompu depuis 2006. Dès le début de la soirée, M. Lehoux a pris l’avance dans le dépouillement des urnes. M. Lehoux avait 8927 voix, contre 6629 pour M. Bernier, juste avant 23 h 00.
Cette carte électorale démontre très bien que dans ce très beau pays qu’est le Canada, les aspirations (disons la mentalité) ne sont pas homogènes mais plutôt constituées de manières d’être, et de penser, « régionales ».
C’est peut-être utopique de penser ainsi mais, à la lumière de cette élection, il serait donc peut-être temps que ce pays soit gouverné comme la confédération qu’il est censé être et non comme une fédération où le pouvoir est centralisé.
Parce qu’avec ce tableau, ce n’est pas que le Québec qui semble vouloir se séparer.
Je croirais entendre mon père…
À toutes fins pratiques, les libéraux ont la majorité absolue. Il serait étonnant que les bloquistes et le NPD fassent front commun avec les conservateurs pour s’opposer à leurs projets de lois et à leurs dépenses. L’endettement va continuer d’augmenter.
Espérons seulement que leur promesse électorale sur l’environnement ne soit pas qu’un mensonge pieux (même si elle est irréalisable)!
Je ne sais pas jusqu’à quel point Trudeau va être bon pour faire une analyse éclairée sur le résultat des élections. Être au pouvoir ¨pour l’instant…¨ avec un gouvernement minoritaire, j’y songerais deux fois avant d’oser penser réfléchir à intervenir au sujet de la loi 21.
Si le message n’est pas assez clair pour junior Trudeau, c’est qu’il est décidément sourd et aveugle volontairement.