Nous avons observé au Québec depuis le scrutin de 2018 un changement important dans les intentions de vote d’une tranche démographique particulière, et pas n’importe laquelle : les Québécois de 55 ans et plus.
Alors que la Coalition Avenir Québec (CAQ) obtenait des scores satisfaisants, mais sans plus, parmi les aînés avant son ascension au pouvoir en 2018, les chiffres les plus récents nous montrent que le parti de François Legault fait maintenant le plein d’appuis (écrase ses rivaux, devrait-on écrire) chez les électeurs de ce groupe d’âge si crucial pour toute formation politique.
En effet, lorsque nous comparons les données actuelles avec celles de la fin de campagne de 2018, le constat est clair : sans nécessairement être dominant auprès des baby-boomers, le Parti libéral du Québec (PLQ) dirigé par le premier ministre sortant Philippe Couillard demeurait dans la course parmi cet électorat. À la fin de septembre 2018, la maison Ipsos mesurait le PLQ à 36 % chez les 55 ans et plus, contre 37 % pour la CAQ. Chez Léger, 35 % des répondants de cette tranche d’âge affirmaient appuyer le PLQ, contre 33 % pour la CAQ.
Or, si l’on se fie aux plus récents chiffres, la CAQ se hisse seule au sommet chez les Québécois de la génération du baby-boom et celle de ses parents. Voici le résultat des sondages terrain de juin, soit ceux de Léger et de Recherche Mainstreet :
Selon Léger, la CAQ surclasse la concurrence avec 57 % d’appuis auprès des 55 ans et plus, soit une avance de 38 points (!) sur le PLQ. Selon Recherche Mainstreet, la popularité de la CAQ chez les 65 ans et plus serait plus modeste, mais pas moins dominante pour autant : 46 % auraient voté pour la CAQ si des élections avaient eu lieu en juin, soit 21 points de plus que le PLQ. (Note : Léger et Mainstreet ne découpent pas leurs tranches d’âge de la même façon parmi les électeurs de 35 ans et plus.)
Le contraste avec les intentions de vote chez les jeunes électeurs (de 18 à 34 ans) pourrait difficilement être plus marqué. Les deux sondeurs mesurent Québec solidaire (QS) en avance dans cette tranche d’électeurs avec 32 % (Léger) et 30 % (Mainstreet) :
La CAQ ne récolte l’appui que d’un jeune électeur sur cinq environ et se bat avec le PCQ d’Éric Duhaime pour le deuxième rang. Le Parti libéral et le Parti québécois sont loin derrière.
Évidemment, même si les deux sondeurs arrivent à la conclusion que QS occupe la première place chez les jeunes, les troupes de Gabriel Nadeau-Dubois ne font pas l’unanimité non plus avec des appuis de 30 % et 32 % seulement. De plus, le taux de participation au vote des jeunes électeurs est généralement beaucoup plus bas que celui de leurs aînés, particulièrement lors des élections dont l’issue semble déjà scellée. Ainsi, être en tête chez les jeunes électeurs est moins payant électoralement que de ratisser large parmi les électeurs plus âgés.
Il reste que ces deux récents sondages marquent un certain changement, alors que les appuis à la CAQ tendent un peu vers le bas par rapport à la moyenne des derniers mois. À la mi-juin, Léger mesurait la CAQ à 41 %, une baisse de cinq points comparativement aux chiffres de mai. Malgré tout, il y a peu d’effets observables dans la projection de sièges. Avec l’avance dans 95 circonscriptions, la CAQ récolterait 21 sièges de plus qu’en 2018 (et 19 de plus que présentement).

Les chiffres des partis d’opposition demeurent somme toute semblables à ceux du mois dernier : le PLQ remporterait (en moyenne) 19 circonscriptions, Québec solidaire en gagnerait 9 et le Parti québécois, 1 (Matane-Matapédia).
Pour ce qui est du Parti conservateur du Québec, il faut interpréter ces chiffres avec grande prudence. La projection montre présentement une égalité statistique dans la circonscription de Chauveau, au nord de Québec, entre la CAQ (Sylvain Lévesque) et le PCQ. Le chef Éric Duhaime tentera de s’y faire élire en octobre. Cependant, aucune donnée locale n’est disponible pour le moment, cette projection contient donc son lot d’incertitudes. Cette circonscription sera assurément à suivre.
Il n’en demeure pas moins que la CAQ semble se diriger vers une victoire historique (seul le PLQ de 1973 et 1985 a remporté plus de 95 sièges à l’Assemblée nationale), et ce, sans un appui substantiel de la jeune génération d’électeurs québécois.
Il s’agirait d’un des plus grands écarts générationnels aux élections québécoises depuis au moins le début du siècle.
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Pour voir les chiffres de cette projection québécoise, visitez la page de Qc125. Pour la liste complète des 125 circonscriptions, consultez cette page ou cliquez sur les liens régionaux suivants :
Les votes seraient trop divisés si on ne votait pas pour la CAQ à cause du grand nombre de partis et les libéraux remporteraient l’élection à cause du vote des anglophones et des immigrants. Le passage au pouvoir de Charest et Couillard au pouvoir a été catastrophique pour les francophones. Destruction des structures et institutions québécoises, diminution des revendications du Québec au fédéral, mortalité et pauvreté pour les plus démunis de la société, laisser-faire au niveau de la loi 101 et de l’accueil des immigrants, néo-libéralisme forcené, diminution du Québec inc., Don de millions de dollars pour une compagnie aéronautique, etc. Il faut tout faire pour bloquer les libéraux. La CAQ est très loin d’être parfaite mais au moins, fait des choses pour le Québec, contrairement aux libéraux. Les francophones votent pour la CAQ en attendant de trouver mieux.
Je ne suis pas d’accord avec la perception du clivage générationnel surtout si l’on compare avec le passé alors qu’il n’y avait que deux grands partis. Les jeunes sont peut-être plus conservateurs que par le passé. En effet, la CAQ et le PCQ recueillent la faveur d’environ 40% des jeunes et seulement 30% pour QS.
Je trouve qu’on est tellement injuste envers le PLQ. On ne lui fait pas de quartiers. Le Québec dans le Canada d’aujourd’hui a su ( autant sous le PLQ que sous le PQ) tirer profit des importants leviers dont ne jouissent pas les minorités francophones hors Québec. Le danger qui nous guette avec la CAQ c’est un déficit de démocratie déjà observable: utiliser les leviers du pouvoir au nom d’une simple majorité, utiliser le bâillon lorsque des lois cruciales pour la cohésion sociale sont débattues, gouverner par décret plutôt que par loi. nier l’importance du contre-pouvoir judiciaire. La CAQ ne démontre aucunement, bien au contraire, qu’elle sait utiliser ses pouvoirs et son autonomie pour résister aux dérives populistes qui menacent la paix sociale partout en Occident. Et le Québec n’est pas à l’abri. Moi je suis une boomer et je nous dis, cessons d’hypothéquer l’avenir des jeunes générations et soyons à leur écoute.. l’avenir pour eux est beaucoup plus inquiétant que ce ne le fut pour ceux d’entre nous nés après 1945.. des leçons avaient été tirées des dérives nationalistes du nazisme. On devrait se souvenir que l’ultra nationalisme et l’orgueil collectif qui en découle ont toujours mené à des conflits sanglants. Et avec la CAQ le Québec se retrouve replongé dans un patriotisme malsain qui carbure à l’exclusion de l’autre.
Passablement d’accord avec vous, madame Beaulieu.
Tellement d’accord avec vous madame Beaulieu! Si davantage de gens pouvaient en prendre conscience.
Je n’ai jamais connu un Québec si divisé, aussi irrespectueux et aussi borné. Plutôt que de se parler, échanger et progresser dans nos discussions, les gens s’insultent et se campent sur leur position. Bien loin de tenter de voir les choses avec le point de vue de l’autre.
Je vois dans ce résultat de sondage que les plus âgés préfèrent le statu quo, le confort et la sécurité. Ils ne semblent pas vouloir apporter les changements nécessaires pour adapter le Québec aux nouvelles réalités de demain. Que dis-je… d’aujourd’hui !
Je vois aussi des jeunes qui, à défaut d’être déjà complètement blasé par la politique pour certain, croient en des propositions aussi simplistes que vertueuses de Québec Solidaire. Notre système est basé sur un système économique complexe. Nous devons en tenir compte, sinon, tôt ou tard la réalité nous rattrapera. Pas d’argent, pas de filet social.
La diminution du train de vie d’une part de la population amènera probablement les décisions nécessaires. Pour l’instant, nous ne sommes pas sorti du bois…
Intéressante analyse!
Le plus gros problème, c’est que les jeunes ne votent plus… Il n’ont malheureusement pas voix au chapitre malgré leurs opinions.
Aussi, j’aime bien la plateforme environnementale de Québec Solidaire. C’est aussi le talon d’Achille de la CAQ.
Dommage que les préoccupations environnementales soient noyées dans une pléthore de revendications de la rectitude politique («wokisme»), mal informées, souvent importées des USA par réseaux sociaux interposés qui sont à la limite du ridicule…
Je pense qu’il y a de la place pour un parti vert assumé (malheureusement pas Climat Québec, à cause du style Martine Ouellet) qui regrouperait les forces vives autour d’une question vitale!