Le mot « cacophonie » était sur toutes les lèvres des analystes à la suite du Face-à-face des chefs de jeudi sur les ondes de TVA. Tout allait trop vite, tout le monde parlait en même temps, ça rebutait l’électorat, etc.
Peut-être. Quoique je fasse partie de ces amateurs de politique qui aiment que les candidats développent leurs propos, je me demande si les électeurs resteraient vraiment à l’écoute de longs échanges. Nous sommes depuis si longtemps à l’ère du clip et du clic que la capacité d’attention a diminué et il faut en tenir compte.
Il faut voir aussi la composition de la scène politique actuelle. D’une part, au nombre de chefs dans la partie (et comment en écarter alors qu’ils sont tous sur le même pied pour faire opposition au gouvernement sortant), soit la rencontre durerait trop longtemps, soit la quantité de sujets abordés serait des plus restreintes.
D’autre part, nous ne cultivons pas au Québec l’art de la rhétorique qui rend captivant le long face-à-face des candidats à la présidentielle en France. Là-bas, la manière dont le propos s’élabore et dont les phrases rebondissent donne envie en soi de tendre l’oreille. On se ramasse davantage ici et on est plus direct.
Et jeudi, au bout de l’exercice, je constatais qu’en mettant ensemble les thèmes discutés, il n’y avait pas d’éparpillement. Tout finissait par se recouper en raison des visions propres à chacun des chefs. Les différences entre les partis étaient claires et nettes.
« J’ai parlé avec mon cœur », a dit Dominique Anglade, la cheffe du Parti libéral du Québec, lors du point de presse qui a suivi le Face-à-face. Elle avait l’air soulagée, mais surtout sincère. C’est aussi l’impression que j’ai eue de l’ensemble des chefs. Plutôt que de simplement s’opposer au gouvernement sortant, ils avaient tous choisi de s’assumer, en soulignant avec force leur programme.
Avec sérénité, Paul St-Pierre Plamondon a rattaché la souveraineté à tous les enjeux possibles ; Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas nié les exigences liées au défi de lutter contre les changements climatiques ; Éric Duhaime a défendu sans déraper sa réorganisation de l’État qui fait de la place au privé ; Mme Anglade était tournée vers une économie de l’avenir.
Il y avait du cœur partout, donc, même du côté du premier ministre sortant, François Legault.
Celui-ci a manqué de ressort pendant la rencontre, mais les Québécois ont reconnu l’homme qu’ils ont apprécié durant la pandémie lorsqu’en finale, il a assumé tout bonnement son bilan. « Les autres chefs veulent vous convaincre que tout va mal, mais ce n’est pas vrai. » Lui, il aime le Québec, il souhaite continuer, « avec humilité, au mieux de [ses] capacités ». Du tout simple, sans esbroufe.
Il fallait rester respectueux, a-t-il ensuite expliqué, enfin détendu, quand les journalistes l’ont interrogé sur son peu de combativité. Vu son avance dans les sondages, disons plutôt qu’il n’avait pas besoin de forcer la note, au risque de gaffer.
Car on sait, pour l’avoir observé tant à la période de questions à l’Assemblée nationale qu’à plusieurs moments depuis le début de la campagne, qu’un François Legault pugnace peut offrir de piètres performances. Il peut aisément écraser ses adversaires, sans aucune élégance.
Or, jeudi, si les échanges ont parfois été durs, voire populistes, ce ne fut ni hargneux ni méprisant. Et lorsqu’il y a eu condescendance, travers auquel François Legault peut facilement céder, elle a rapidement été contrée : Dominique Anglade lui a bien fait savoir qu’être en désaccord ne signifie pas que l’on ne comprend pas un enjeu. Une leçon à retenir !
On n’est pas non plus entré dans des attaques personnelles, sur la richesse des uns, par exemple, ou sur les factures non payées d’Éric Duhaime. Ce sont les positions politiques qui doivent être attaquées, pas la manière dont chacun gère sa vie privée — dans les limites évidemment de la légalité.
Je dis tout cela parce que j’ai en tête les plus récents débats politiques auxquels nous avons pu assister : ceux de la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada en mai dernier.
La gestion du temps y avait été insupportablement lourde, mais le climat, lui, était terrible, tant les candidats, Pierre Poilievre au premier chef, se méfiaient les uns des autres. On en oubliait le propos pour ne retenir que la tension qui régnait. Maintenant, Pierre Poilievre est à la tête des conservateurs canadiens et son intransigeance ne semble pas sur le point de ramollir.
C’est pourquoi à la question « qui a gagné jeudi soir ? », je répondrai la démocratie. C’était respectueux, une foule de préoccupations ont été abordées et chacun pouvait y trouver son compte : les indécis ont de quoi s’inspirer pour se brancher.
Est-ce que cela fera vraiment bouger l’aiguille des intentions de vote ? Sans doute pas pour bouleverser la donne, mais il y a une opposition pleine de vitalité face à la Coalition Avenir Québec. Celle-ci doit dès lors s’activer plutôt que simplement attendre le jour du vote, comme ça s’est vu le printemps dernier en Ontario, quand le premier ministre Doug Ford, dont la victoire était annoncée, a à peine fait campagne.
J’y vois tout un témoignage de santé politique… Pourvu que ça dure jusqu’au scrutin !
Au débat, j’entendais les propositions des candidats, mais j’observais surtout les attitudes. Le contenu est une chose (ne sont-ils pas prêts à tout pour se faire élire?), la manière d’être et de faire en est une autre; j’étais aussi à l’affut des phrases chocs: « se présenter au Texas vs à Cuba », « tirer au fond de la chaloupe » résument beaucoup les programmes ou les valeurs. Il n’est pas facile de concilier les réalités sociales-économiques-politiques: pénurie de main d’oeuvre vs protection du français, environnement vs exploiter nos ressources, droits collectifs vs individuels. S’il y avait une représentation quelque peu proportionnelle des partis au parlement, les débats se poursuivraient au parlement pour concilier les idées avec la réalité.
J’adhère tout à fait à votre opinion en lien avec les proportionnelles. Ce débat nous montre à quel point une représentation plus équitable servirait la démocratie.
Sans intrusion, il est essentiel de connaître les valeurs et les actions de la vie des chef.e.s et leaders. En démocratie, il est de première importance de valoriser la cohérence de l’être plus que celle de l’avoir et du paraître. Ce débat était cacophonique et non intéressant. J’aurais préféré de courtes entrevues avec des spécialistes des différentes questions qui auraient challengés les chefs sur des aspects de leur programme. En ce qui me concerne, je vote maintenant pour une personne qui exprime avec profondeur des valeurs que je soutiens et non pas pour le chèque qui tombera dans ma poche.
La grande responsable de la cacophonie est Dominique Anglade, elle n’a malheureusement aucune écoute interrompe constamment ses interlocuteurs. Le modérateur pour les débats à venir devrait sanctionner et enlever la parole ou interdire de donner son avis à la prochaine question. C’est tellement dommage sa brise toute conversations sensé que les autres prétendant au titre de premier ministre peuvent avoir. Il est primordiale de régler se problème rapidement, M Legault a eu lui aussi ses moments de mauvaise écoute sa devient très dérangeant. Le modérateur doit avoir la poigne nécessaire car c’est important. Merci de m’avoir lû.
Entièrement d’accord, Mme. Anglade a tout simplement manqué de respect de politesse en coupant constamment les autres candidats et sûrement de civilité envers le modérateur et les téléspectateurs.