Corruption municipale : vieille histoire, nouveaux réflexes

La singularité de cette histoire de pot-de-vin à Châteauguay, c’est que la mairesse Nathalie Simon a sonné haut et fort la fin de la récréation. 

Il y a de quoi de profondément déprimant… et de réjouissant dans la dernière rafle de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) à Châteauguay.

Les policiers ont freiné un nouveau stratagème vieux comme le monde. Deux entrepreneurs (Éric Lafrance et Michel Bergevin), un courtier immobilier et ex-conseiller municipal (René Lafrance) et un militant libéral fédéral de longue date (Jacques Roy) auraient proposé des enveloppes brunes bien garnies à la mairesse, Nathalie Simon.

En retour, ils voulaient placer une personne de confiance dans un poste-clé de l’administration municipale et obtenir des changements de zonage sur des terrains convoités pour des projets immobiliers. Comme à la vieille époque, quoi.

Le «changement de culture» espéré par le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, ainsi que par quantité de politiciens et de citoyens honnêtes, ne se fera pas du jour au lendemain. Il aurait suffi que la mairesse accepte silencieusement ce marchandage pour que le bal de la corruption reparte de plus belle à Châteauguay.

La singularité de cette histoire, c’est que la mairesse Simon a sonné haut et fort la fin de la recréation. Alors que d’autres auraient accepté l’enveloppe (tel un Gilles Vaillancourt à Laval) — ou l’auraient refusée sans en souffler un traître mot pendant des années, tel un Serge Ménard —, Mme Simon a appelé les policiers.

Sans son aide, les quatre présumés complices n’auraient jamais été épinglés. La mairesse sera le principal témoin à charge de la Couronne dans le procès à venir du quatuor. Ce n’est pas rien. «Je me sens comme une citoyenne qui a fait son devoir», a-t-elle dit.

Le commissaire Lafrenière a vanté son courage et sa collaboration exemplaires. Mme Simon est une femme d’honneur, qui s’est dite à la fois choquée et insultée d’être la cible d’une tentative de corruption. Ses réflexes éthiques détonnent avec ceux des politiciens mous, malléables et corrompus qui ont déshonoré la fonction d’élu municipal pendant de nombreuses années.

Il en faudra d’autres, comme elle, pour chasser les corrupteurs des affaires municipales. Comme on le voit dans cette affaire, ils frappent toujours aux portes de l’hôtel de ville. La vigilance est de mise devant cette minorité d’affairistes qui n’ont tiré aucune leçon de la commission Charbonneau.

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