Est-ce vrai qu’aller à l’école, c’est moins pénible que travailler ?

Les adultes qui content des peurs aux élèves du secondaire pour les convaincre de ne pas lâcher l’école font peut-être un petit peu de ce que les psys appellent « de la projection ». Aussi : tricher aux mots croisés, est-ce vraiment tricher ?

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Notre chroniqueur Mathieu Charlebois répond à vos questions existentielles avec l’humour et le gros bon sens qu’on lui connaît. Pour lui soumettre les grands dilemmes qui vous chicotent, cliquez ici.

On me répète que l’école, c’est « le meilleur emploi que j’aurai jamais ». Le nez constamment dans mes livres, je suis inquiet : c’est vraiment ça, le meilleur emploi ?

Commençons par une évidence : le meilleur boulot, c’est celui d’astronaute-pâtissier. Combinant tout le plaisir du sucre et du beurre avec la légèreté de l’apesanteur, c’est le métier parfait. Comme tout le monde ne peut pas être cuistot de l’espace, il ne reste ici-bas que des emplois imparfaits.

Sont-ils imparfaits au point de nous faire nous ennuyer d’une dissertation de cégep sur la réflexion critique de Socrate ? Ça dépend du poste autant que de la personne qui l’occupe. Il y a des commis d’épicerie qui rêveraient de lire toute la journée, et il y a des intellectuelles pour qui la pose de panneaux de placoplâtre est une activité fantastiquement zen, qui les rend plus heureuses que n’importe quel travail de réflexion.

J’ai bien peur que l’idée que l’école soit le meilleur emploi en dise plus sur ceux qui l’énoncent que sur l’école elle-même. Nombre d’entre eux sont pris dans un gagne-pain qui leur procure encore moins de plaisir qu’un examen de Math 536. C’est infiniment triste, mais chaque fois que je propose une solution, comme d’abolir le capitalisme, on me regarde de travers.

Personnellement, je peux difficilement imaginer passer ma vie à croire que je n’ai jamais fait mieux que ce qui m’occupait entre 8 et 20 ans. J’ai donc, en plus d’avoir eu beaucoup de chance, fait une série de choix que mon planificateur financier ne comprend pas, mais qui rendent ma vie professionnelle plus exaltante qu’un cours de sciences physiques. Je vous encourage à en faire autant… mais peut-être en optant pour une voie plus payante que l’écriture. 

Cela dit, la joie d’apprendre existe bel et bien. Plus on vieillit, plus on s’ennuie de l’époque où chaque nouvelle connaissance nous ouvrait un monde complet. Malheureusement, on ne peut pas découvrir deux fois son auteur préféré ou le champ d’intérêt qui nous avalera et changera notre vie. C’est cette exaltation qui nous manque quand on prend de l’âge. Et elle arrive plus souvent à l’école qu’en classant de la paperasse au bureau. 

Amateur de mots croisés, j’ai découvert récemment que Google était très bon pour trouver les réponses. Est-ce de la triche ?

Pour qu’il y ait de la tricherie, il doit y avoir de la tromperie. Si vous participez aux olympiades des mots croisés, qui se tiennent cette année dans la capitale de la Libye (sept lettres, horizontal, commence par T), et utilisez Google en secret, vous trichez. Si vous prétendez être le cruciverbiste le plus rapide en ville dans votre bio Tinder, sans mentionner vos techniques non orthodoxes, vous trichez. 

Mais dans un jeu où vous êtes le seul participant et le seul arbitre ? La question est plutôt de savoir si vous vous privez d’un plaisir en prenant ce que d’autres qualifieraient de raccourci. Ces mêmes autres trouvent sans doute leur bonheur dans la difficulté de la grille et la joie de fouiller dans le dictionnaire. Mais ça, c’est LEUR plaisir.

Si, pour vous, c’est la recherche sur Google qui flatte votre cerveau dans le sens des neurones, alors ainsi soit-il. Pour plus de défi, une fois de temps en temps, tentez la même chose, mais en utilisant Bing.