5 façons de composer avec l’épuisement professionnel

Pour vaincre le burn-out, il faut bien comprendre ce qui nous y a mené. Conseils pratiques d’une spécialiste de la gouvernance des entreprises.

AntiMartina / Getty Images / montage : L’actualité

L’auteure est titulaire de la Chaire RBC en organisations responsables et professeure adjointe à l’Université Concordia.

En raison de la pandémie — et des technologies qui nous rendent joignables en tout temps et en tout lieu —, le travail est devenu une activité perpétuelle. Ajoutez à cela les pressions pour créer et livrer la marchandise toujours plus rapidement, et il s’avère de plus en plus difficile de prendre du recul.

Pas surprenant, donc, que beaucoup d’entre nous se sentent épuisés. L’épuisement professionnel — qui frappe davantage les femmes que les hommes — est partout. Parmi les personnes particulièrement touchées durant la pandémie, on trouve les enseignants et les travailleurs de la santé.

Nous savons que l’épuisement professionnel existe et que bon nombre d’entre nous le vivent. Alors, comment s’en sortir ?

Ce problème grave mérite toute notre attention. Mes recherches sur les personnes en emploi dans diverses organisations et leurs méthodes de travail m’aident à mieux comprendre comment nous devons prendre en charge des maux fréquents et répandus comme l’épuisement professionnel.

1. Poser des limites

Les gens ont besoin de limites et y ont droit. Personne n’est obligé de se consacrer au travail 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et encore moins de se soumettre aux pressions sociales qui nous y poussent.

Il est essentiel de se reposer pour rester en santé, tout comme il est important de maintenir une bonne hygiène de sommeil, de saines habitudes alimentaires, une bonne forme physique et une bonne qualité de vie.

Par ailleurs, ne pas tenir compte de nos limites peut aussi avoir des répercussions sur notre entourage. Par exemple, l’épuisement professionnel parmi les membres du personnel infirmier se traduit par des soins aux patients de moindre qualité et par un engagement plus faible au travail. Nos proches peuvent également en souffrir. En apportant le stress du boulot à la maison, nous devenons plus colériques, moins présents et plus renfermés.

2. S’en tenir aux engagements contractuels

Vérifiez votre contrat de travail ou votre convention collective. Tentez d’évaluer le plus exactement possible ce à quoi l’on s’attend de vous et tenez-vous-en à cela. Avis aux amoureux et amoureuses de leur travail : il ne vous aimera pas en retour.

Si vous avez droit à des vacances, prenez-les. Le même principe s’applique aux congés de maladie : si vous en avez, n’hésitez pas à en profiter pour prendre du repos quand vous ne vous sentez pas bien.

3. S’accorder la priorité

Vous devez connaître vos traits de personnalité, avoir conscience de la manière dont vous passez vos journées et de ce que vous voulez vraiment.

Demandez-vous pourquoi vous travaillez et ce que vous souhaitez en tirer. À quoi acceptez-vous de renoncer pour y arriver, et que refusez-vous de sacrifier au profit du travail ? Qu’est-ce que vous ne voudriez pas regretter plus tard ?

Prenez le temps de réfléchir à ces questions et d’évaluer si votre vie est en accord avec vos priorités. Vos journées reflètent-elles vos préférences ? Si non, pour quelles raisons et de quelles façons ?

Pensez à ce que vous pouvez changer, essayez de passer vos journées différemment et observez le résultat. Si une chose semble mieux fonctionner, intégrez-la dans votre rituel quotidien ; sinon, tentez autre chose.

4. Parler d’épuisement au travail

Il y a une limite à ce que l’on peut faire sur le plan personnel pour gérer l’épuisement, qui est loin d’être un problème isolé.

Comme employés, nous devons remettre en question, repenser et réformer les organisations qui engendrent une surcharge de travail — non seulement il est important d’avoir ces conversations avec soi, ses proches et sa famille, mais il faut aussi en parler au travail.

Les organisations devraient souhaiter s’attaquer à l’épuisement professionnel. Aller à l’opposé serait contre-productif, étant donné que l’épuisement entraîne un plus grand roulement du personnel et des pertes de revenus, en plus d’être associé à un taux de productivité plus faible. Les organisations sont toutefois difficiles à réformer.

Souvent, elles ne peuvent ou ne veulent pas voir en quoi cela constitue un écueil. Elles tendent à souhaiter régler un problème de nature collective ou systémique en proposant des solutions individuelles. Or, ce n’est pas en offrant des cours de yoga et des programmes de mieux-être que l’on diminue la surcharge de travail.

Si vous avez l’énergie et la volonté de vous attaquer à la surcharge de travail au sein de votre organisation, commencez doucement. Parlez-en d’abord à des collègues en qui vous avez confiance afin de favoriser un échange des expériences respectives. Cela peut contribuer à sensibiliser votre milieu de travail à l’épuisement professionnel en tant que problème collectif.

5. Reconnaître que le problème ne concerne pas uniquement autrui

Un rôle important incombe aux cadres, car ce sont eux qui ont le pouvoir de changer les choses, et les ressources pour le faire. Si leurs employés s’épuisent au travail, c’est qu’ils jugent la situation acceptable.

Les dirigeants responsables devraient s’enquérir de l’état de leurs employés par rapport au risque d’épuisement. Ils devraient comprendre en quoi leur entreprise contribue à l’épuisement professionnel. Il peut s’agir de s’informer sur la façon dont est organisé le travail ou dont les technologies de l’information influent sur le travail, ou encore de vérifier le soutien qui est offert — ou non — à leurs employés.

Les cadres donnent le ton et proposent un modèle de ce qui est acceptable ou non — comme la surcharge de travail ou le besoin de prendre du temps pour soi. Au bout du compte, si la surcharge de travail s’inscrit dans la culture de l’entreprise, on doit reconnaître que le problème réside dans l’organisation elle-même.

L’épuisement professionnel est un problème grave qui requiert toute notre attention.

Cet article est republié à partir de La Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

La Conversation

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