Chaque année, la saison des allergies vous mène la vie dure. Malgré tous vos efforts pour limiter votre exposition au pollen et gérer vos symptômes, rien n’y fait. Vous pourriez alors songer à amorcer un processus de désensibilisation, aussi appelé immunothérapie ou « vaccins » de désensibilisation.
Ce traitement vise à développer votre tolérance à un allergène, comme le pollen de l’herbe à poux ou celui des bouleaux. Pour ce faire, on exposera votre système immunitaire à l’allergène qui déclenche vos réactions allergiques, et ce, de façon graduelle et régulière sur une longue période, explique l’Association des allergologues et immunologues du Québec (AAIQ). Tranquillement, votre système immunitaire montrera une plus grande tolérance à l’allergène ciblé et y réagira de moins en moins, ce qui entraînera une diminution de vos symptômes d’allergie.
Comment se passe le traitement de désensibilisation ?
Deux grandes méthodes sont offertes, autant pour l’enfant que pour l’adulte : par injection et par voie orale, sous forme de comprimés à dissoudre sous la langue.
Les injections, faites dans la peau du bras, sont réalisées par un médecin ou une infirmière en clinique. On vous administrera d’abord une infime quantité de l’allergène, puis on l’augmentera peu à peu au fil des semaines, jusqu’à l’atteinte de ce qu’on appelle la « dose de traitement » (habituellement entre 5 et 15 microgrammes d’allergène). Les recherches ont déterminé que cette dose thérapeutique est suffisante pour désensibiliser de façon efficace et sécuritaire, explique le Dr Rémi Gagnon, président de l’AAIQ et allergologue au CHUL-CHU de Québec.
« Le traitement se fera une ou deux fois par semaine, pendant de 12 à 16 semaines, pour atteindre la dose souhaitée. Par la suite, ce sera une fois par mois pendant de trois à cinq ans », détaille le Dr Gagnon. Le processus de désensibilisation débutera dans les mois qui précèdent la saison des pollens, de façon à atteindre la dose de traitement au bon moment, précise-t-il.
Il est possible d’avoir une réaction allergique lors de ce traitement, laquelle peut se manifester au point d’injection (par exemple, une rougeur ou une démangeaison), par des symptômes aux yeux ou au nez (du larmoiement et des sécrétions, entre autres) et, dans de rares cas, par une réaction plus généralisée (notamment de l’urticaire, des problèmes respiratoires ou digestifs, de l’hypotension), indique l’AIIQ. Par précaution, vous serez en observation pendant 30 minutes après votre injection.
Pour ce qui est du traitement oral, il consiste à prendre quotidiennement un comprimé à la maison pendant six mois. À ce jour, Santé Canada a autorisé cette méthode pour la désensibilisation aux graminées, à l’herbe à poux et aux arbres (bouleau, aulne et noisetier).
Vous avalerez votre premier comprimé en clinique, et vous demeurerez sous supervision médicale pendant au moins 30 minutes, en cas de réactions indésirables. Il faut débuter de trois à quatre mois avant la saison des allergies et continuer le traitement pendant les mois d’allergies. Puis on répétera le tout généralement pendant trois ans minimum. « La durée et le protocole vont varier en fonction des allergènes », nuance le Dr Gagnon.
Vous êtes enceinte ? Vous pouvez poursuivre un traitement déjà amorcé, mais le Dr Gagnon précise que vous ne pourrez pas en commencer un, à cause du risque de réaction allergique grave (anaphylaxie). Cette réaction (rare, heureusement) peut survenir chez tout le monde, mais on veut éviter d’y exposer le fœtus.
Parmi les autres contre-indications possibles se trouvent la prise de certains médicaments, comme ceux pour l’hypertension, ainsi que des problèmes cardiovasculaires et l’asthme non maîtrisé. Il est suggéré d’en parler avec votre allergologue.
Quels sont les avantages et inconvénients de chacune des méthodes ?
Le traitement sublingual a l’avantage de pouvoir se faire à domicile, mais on ne traite qu’un seul allergène à la fois, explique le Dr Gagnon. Avec cette méthode, vous n’aurez pas à subir l’inconfort ou la douleur des injections, souligne l’Association pulmonaire du Québec. La prise de comprimés présente également un risque moins élevé d’anaphylaxie, ajoute l’AAIQ.
Quant aux injections, elles ont l’avantage de pouvoir traiter plusieurs allergies en même temps : « On peut mettre les pollens qu’on veut » dans la seringue, précise le Dr Gagnon. Et même y ajouter les allergènes en cause dans d’autres allergies respiratoires, comme celle aux chats ! Toutefois, ce traitement doit toujours être fait en clinique par un médecin, ce qui requiert plus d’organisation et de déplacements. Il faut aussi savoir qu’à chacune des visites, vous devrez prévoir une période d’attente de 30 minutes après l’injection, pour la surveillance d’une éventuelle réaction indésirable.
Quel professionnel peut les prescrire ?
Il faut d’abord faire des tests d’allergie pour confirmer les allergènes auxquels vous réagissez, explique le Dr Gagnon. Ces tests d’allergie et un traitement de désensibilisation pourront vous être prescrits par n’importe quel médecin spécialiste ayant une expertise en allergie, comme un oto-rhino-laryngologiste (ORL), un pneumologue ou un pédiatre, par exemple.
Dans quels cas ce type de traitement est-il recommandé ?
« Dès qu’on ne maîtrise pas ses allergies, il est conseillé de penser à la désensibilisation », dit le Dr Gagnon. En d’autres mots, c’est une bonne option si on continue d’avoir des symptômes malgré les efforts pour diminuer son exposition aux allergènes et la prise de médicaments. Le médecin explique que les allergies non maîtrisées peuvent accroître le risque d’être atteint de certaines maladies comme l’asthme ou la sinusite chronique. C’est aussi recommandé quand les médicaments contre les allergies produisent de nombreux effets secondaires, quand il y a des contre-indications ou quand on souhaite en consommer moins, selon l’AAIQ.
À quel point la désensibilisation est-elle efficace ?
De 80 % à 85 % des personnes traitées pour les pollens observent une amélioration de leur état, affirme l’AAIQ. « Dès la première saison, les patients vont parler de 50 % à 80 % d’amélioration. Pour quelqu’un qui fait beaucoup d’allergies, avoir la moitié moins de symptômes, c’est déjà un très beau progrès », se réjouit le Dr Gagnon. Il ajoute que certains patients n’auront plus besoin de prendre des antihistaminiques dès la deuxième saison. Selon l’AAIQ, les deux types de traitement (oral et par injection) présentent à peu près la même efficacité.
Combien ça coûte ?
La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) rembourse entièrement les injections pour la désensibilisation au pollen et les comprimés pour le pollen des graminées. Le coût des comprimés pour les autres allergènes est d’environ quatre dollars chacun, et certaines assurances privées le couvrent, selon l’Association pulmonaire du Québec. « Théoriquement, on traite pour les graminées et l’herbe à poux pendant six mois, et pour les bouleaux pendant huit mois », spécifie le Dr Gagnon. Ainsi, vous pourriez débourser annuellement autour de 1 000 dollars pour un traitement de désensibilisation sublingual, avant le remboursement de votre assurance, s’il y a lieu.
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Mon enfant de 8 ans fait la désensibilisation orale au pollen depuis 2 ans, c’est le jour et la nuit! Ses symptômes sont maintenant très bien contrôlés et cela n’affecte plus son fonctionnement quotidien !
Excellente nouvelle, merci du partage