Si un larmoiement, des éternuements, une congestion et un écoulement nasal clair et liquide vous incommodent depuis plusieurs semaines, il y a de bonnes chances que vous souffriez d’allergies saisonnières. Mais est-il nécessaire de passer un test pour le confirmer ?
Quand faire un test d’allergie au pollen ?
Même si des cliniques proposent de procéder à des tests (et parfois de venir vous faire la prise de sang à domicile), ce n’est pas toujours essentiel. Nul besoin de faire ces analyses si vos allergies durent seulement quelques semaines par année et qu’elles sont bien combattues par des produits en vente libre et par la diminution de l’exposition aux allergènes.
En effet, le diagnostic des allergies saisonnières s’appuie surtout sur les symptômes et sur le contexte dans lequel ils surviennent — comme chaque année, au printemps. En général, un médecin peut déterminer l’allergène problématique sans qu’il soit nécessaire de faire un test. « Lorsqu’on a plein de symptômes tous les ans autour de la fête des Mères, c’est causé par le pollen des arbres », illustre le Dr Rémi Gagnon, président de l’Association des allergologues et immunologues du Québec (AAIQ) et allergologue au CHU de Québec-Université Laval. De mars à juin, les principaux allergènes dans l’air sont en effet les pollens d’arbres tels que l’érable, le bouleau, le chêne, le frêne, le hêtre et le peuplier, précise l’AAIQ ; de juin à août, le pollen vient surtout des graminées, dont le gazon et le foin ; et d’août à octobre, de l’herbe à poux.
En revanche, si vos symptômes affectent votre qualité de vie et que vous n’arrivez pas à les soulager avec les médicaments en vente libre, ou si vous tolérez difficilement les effets secondaires de ces derniers, consultez un médecin. Il pourra vous diriger vers un allergologue, qui jugera si un test d’allergie serait indiqué.
Grâce au récit du patient, « on sait pas mal d’avance quels allergènes risquent d’être positifs, dit le Dr Gagnon. Les tests d’allergie permettent de confirmer nos impressions ».
À quoi serviront les résultats des tests ?
Les tests révéleront la présence d’anticorps, qui prouvent qu’il y a bien une allergie, explique le Dr Gagnon. Selon lui, l’identification des pollens causant vos réactions peut être pertinente pour déterminer à quel moment de l’année doit débuter votre traitement avec un corticostéroïde intranasal, avant que les premiers grains de pollen se propagent.
Il ajoute que cela servira aussi à connaître les allergènes à utiliser en immunothérapie, si vous deviez aller plus loin dans vos traitements. L’immunothérapie (ou désensibilisation) consiste à augmenter graduellement la tolérance de votre système immunitaire en l’exposant régulièrement à des doses croissantes de l’allergène, grâce à des injections ou à la prise de comprimés.
À partir de quel âge peut-on faire un test ?
On peut faire des tests d’allergie même en très bas âge. Pour les allergies alimentaires, « on en fait chez les bébés de trois mois », dit le Dr Gagnon. Mais dans le contexte des allergies au pollen, ce n’est pas pertinent de le faire aussi tôt, car « il faut de deux à trois saisons d’exposition à l’allergène avant de voir une allergie se présenter », explique l’allergologue. Il est donc rare que les enfants aient des allergies saisonnières avant l’âge de quatre ans, note le spécialiste.
Quels types de tests sont offerts ?
Deux types de tests peuvent être utilisés : cutanés et sanguins. Les tests cutanés sont ceux privilégiés pour le dépistage des allergies au pollen. « Ce sont les meilleurs. Ils ont une plus forte sensibilité et une plus grande spécificité », précise le Dr Gagnon. Autrement dit, le test a de plus grandes chances de s’avérer positif si vous êtes vraiment allergique (sensibilité) et négatif si vous ne l’êtes pas (spécificité).
Le test cutané se déroule de la façon suivante : des gouttes contenant des extraits de différents allergènes sont déposées sur la peau de l’intérieur de l’avant-bras (ou du dos) ; ensuite, l’allergologue se sert d’une aiguille pour faire de petites égratignures superficielles là où se trouve chacune des gouttes. Après environ 15 minutes, il vérifiera s’il y a une réaction allergique (un gonflement et une rougeur, notamment) et, le cas échéant, évaluera sa gravité. Il peut y avoir une sensation de piqûre, mais la plupart du temps, cela se fait sans douleur.
Si, pour une raison ou une autre, les résultats de ce test ne sont pas concluants, ou qu’il n’est pas possible de le faire, par exemple en raison d’une dermatite, un test sanguin pourrait être suggéré. Cette analyse indiquera la présence d’anticorps (immunoglobulines IgE) contre un allergène précis, selon le Manuel Merck.
Est-ce couvert par le régime d’assurance maladie du Québec ?
Ces tests d’allergie sont payés par le régime public sur présentation d’une carte d’assurance maladie valide. Les services doivent cependant avoir été prodigués par un médecin spécialiste des allergies (allergologue) travaillant dans le réseau public, ou sous sa supervision.
Toutefois, vous devrez vous armer de patience si vous souhaitez consulter pour vos allergies saisonnières, car les listes d’attente peuvent être longues dans le réseau public.
Combien ça coûte au privé ?
Certaines cliniques privées offrent des tests d’allergie. Bien qu’ils ne soient pas couverts par l’assurance maladie du Québec, ils peuvent parfois l’être en partie ou en totalité par un régime privé.
Au Québec, une consultation avec un allergologue en clinique privée coûte environ 300 dollars. Il faut aussi prévoir le prix des tests d’allergie, qui peut varier de 79 à 120 dollars, selon les vérifications faites par L’actualité auprès de quelques cliniques de la région de Québec et de la grande région de Montréal.
Les tarifs pour les consultations et les tests sont les mêmes pour les enfants et les adultes. Il est possible que des frais supplémentaires s’y ajoutent, comme ceux liés à l’ouverture d’un dossier à la clinique.
Pour en savoir plus
Association des allergologues et immunologues du Québec :
Naître et grandir :
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Bonjour! Il y a quelques années, j’ai entendu parler d’une méthode de désensibilisation aux allergies aux animaux (chiens, chats, chevaux,…) approuvée en Europe. Ce serait sous forme de comprimés. Cela devait éventuellement être approuvé ici. Qu’en est-il? Peut-on se faire désensibiliser sans aller chaque semaine à une clinique pour des injections?
Cordialement, Sylvie Méthot