Anxiété, TDAH et TSA : est-ce qu’un animal de compagnie est la solution pour votre enfant ?

De nombreux jeunes peuvent bénéficier de la zoothérapie, d’un animal de soutien émotionnel ou d’un simple compagnon poilu à la maison. Mais avant d’adopter un chat ou un chien, voici ce que vous devez savoir. 

ulkas / Getty Images

Si votre enfant a des symptômes anxieux, un trouble d’apprentissage ou un trouble du spectre de l’autisme, vous vous êtes peut-être déjà posé la question suivante : est-ce qu’un animal de compagnie pourrait l’aider ?

Les chercheurs s’intéressent en effet de plus en plus à la capacité des animaux de compagnie de soulager certains symptômes d’anxiété et autres difficultés d’ordre émotionnel — je vous présente quelques résultats plus bas. Mais avant de vous lancer dans une telle aventure, vous devez savoir qu’il existe plusieurs types d’animaux de soutien (chien d’assistance, animal de zoothérapie, etc.), certains vivant avec la famille, d’autres non. Et si vous optez pour un simple animal de compagnie sans entraînement, il faut connaître les conditions à mettre en place pour assurer une relation positive et harmonieuse entre lui et les membres de votre famille.

Zoothérapie, chien d’assistance, animal de soutien émotionnel : quelle est la différence ? 

Zoothérapie

Il y a encore peu d’uniformité dans la terminologie utilisée, et le terme « zoothérapie » est employé de différentes façons. Mais dans tous les cas, il s’agit de périodes définies de contact avec un animal et un intervenant, individuellement ou en groupe. La personne qui en bénéficie ne vit pas avec l’animal au quotidien et n’a pas à en prendre soin. 

Deux types de situations sont possibles. Dans le premier cas, des intervenants et professionnels de la santé psychologique ou physique s’allient à un animal pour atteindre des objectifs thérapeutiques précis dans leurs interventions auprès de diverses clientèles. Ces intervenants peuvent être orthophonistes, psychologues, physiothérapeutes ou psychoéducateurs, par exemple, et les clientèles peuvent être des gens en réadaptation physique après un accident ou une maladie, des élèves en difficulté ou des personnes avec divers troubles psychologiques. Dans ce cas, on utilise également le terme « thérapie assistée par l’animal ». La présence de l’animal peut par exemple faciliter l’expression des émotions par l’enfant chez le psychologue, être rassurante pendant les exercices d’orthophonie et constituer une source de motivation pour se présenter aux rendez-vous.

On appelle souvent aussi « zoothérapie » des activités telles que celles que j’ai tenues plusieurs années en CHSLD, en soins de longue durée et en soins palliatifs. Je visitais les résidants avec mes chiens, très sociables et désensibilisés au stress de ce milieu, dans un but général de réduction de la solitude et d’amélioration de la qualité de vie. Dans tous les cas, les principales qualités de ces chiens doivent être une faible réactivité au stress et une grande sociabilité.

Animal d’assistance et de soutien émotionnel

Les termes « animal d’assistance » et « animal de soutien émotionnel » sont souvent utilisés indistinctement. En général, le chien d’assistance est entraîné afin d’accomplir une tâche pour pallier une incapacité, par exemple les chiens-guides pour personnes non voyantes. Les chiens étant capables de percevoir nos signes de détresse, on peut les entraîner à y répondre en adoptant certains comportements, comme déposer sa tête sur le bras de la personne ou l’amener à s’éloigner d’une foule.  

Un animal de soutien émotionnel (le plus souvent un chien) a pour principale fonction d’apporter du réconfort à des gens présentant un trouble d’ordre mental ou émotionnel. Il s’agit d’un animal bien sélectionné et éduqué, mais il n’est  généralement pas entraîné à des tâches précises et concrètes, comme l’est le chien d’assistance. Certaines personnes ont un animal de soutien émotionnel vivant avec elles. Parfois, le chien est au service de plusieurs personnes de manière ponctuelle pour les aider à traverser un moment difficile. Par exemple, il existe des palais de justice qui permettent qu’un chien de soutien émotionnel accompagne une victime d’actes criminels lors de son témoignage ou vienne la réconforter pendant les pauses. Le fait de pouvoir caresser un animal calme et dévoué diminue l’anxiété.

Animal de compagnie

Il peut être tentant d’adopter un animal de compagnie, dans l’espoir que sa présence favorise le bien-être des membres de votre famille. Mais cet animal n’aura pas été entraîné spécialement pour aider une personne à faire face à des difficultés. Il faut aussi savoir qu’il est possible que l’animal s’attache plus à un autre membre de la famille, ce qui peut causer déception et frustration. 

Est-ce validé scientifiquement ?

Bien qu’il y ait de plus en plus d’études sur le sujet, le degré de preuve pour les conclusions présentées ici varie. De plus, chaque situation est différente, alors il faut avoir des attentes réalistes. 

Pour les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA), plusieurs bénéfices des chiens d’assistance ont été démontrés, dont une amélioration des interactions et des habiletés sociales ainsi qu’une meilleure dynamique familiale. Le chien d’assistance influence aussi de façon positive la sphère émotive du jeune, en le réconfortant et en l’aidant à réguler son stress. L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a publié en 2019 une analyse de diverses études, un document étoffé dans lequel vous pourrez en apprendre plus sur les « preuves » à l’appui des différentes interventions.

L’INESSS a également évalué les effets d’un animal de compagnie (non entraîné) chez les jeunes atteints d’un TSA. Il est moins certain qu’un tel compagnon réussisse à favoriser les interactions sociales du jeune, mais les études indiquent qu’il a lui aussi un effet positif sur la sphère émotive ; il est source de réconfort et aide à diminuer l’anxiété. 

Pour les enfants présentant un TDAH, des travaux, dont une étude américaine auprès de 24 enfants, ont montré l’utilité de la thérapie assistée par l’animal. Une intervention cognitivo-comportementale de 12 semaines était plus efficace (plus grande amélioration du comportement social et réduction des comportements difficiles) lorsque l’intervenant était accompagné d’un animal.

L’anxiété peut faire partie des difficultés des enfants aux prises avec un TDAH ou un TSA, ou bien venir seule. Des études révèlent que les enfants ayant un animal de compagnie souffrent moins d’anxiété, et que la zoothérapie réduit celle-ci. Des chiens d’assistance entraînés à cette fin peuvent s’avérer bénéfiques. 

Tant pour l’animal de compagnie que pour le chien d’assistance, il faut cependant savoir que, parfois, le lien d’attachement espéré ne se tisse pas entre l’enfant et l’animal (c’est notamment le cas pour une minorité d’enfants atteints d’un TSA, selon l’INESSS). Ou encore l’enfant ne tolère pas certains aspects de ses contacts avec l’animal, comme le poil ou la salive, ce qui vient nuire au potentiel de l’adoption.

Est-ce pour mon enfant ?

Maintenant que vous connaissez les différents types de relations possibles avec un animal de compagnie, comment déterminer si l’une d’elles serait bénéfique pour votre enfant ? Prenez le temps de réfléchir et de bien vous informer, et parlez-en aux enseignants et aux professionnels qui le suivent. Ne vous mettez pas trop de pression et n’oubliez pas qu’un animal n’est qu’un des moyens à votre disposition pour aider votre enfant.

Obtenir de la zoothérapie

Si vous êtes intéressé par des services de professionnels travaillant avec des animaux (zoothérapie), il faut vous informer sur les possibilités offertes dans votre région. Tout service professionnel devrait être rendu par une personne ayant les compétences requises et reconnues au Québec (psychologue, orthophoniste, etc.).

Obtenir un chien d’assistance ou de soutien émotionnel

Les chiens d’assistance sont coûteux parce que leur entraînement requiert beaucoup de temps de la part d’intervenants qualifiés. Certaines fondations, comme la Fondation Mira, les Chiens Togo et la Fondation Assista, en proposent sans frais selon certains critères, dont la sévérité des symptômes que présente l’enfant. Il semble en effet approprié d’offrir en priorité ces chiens aux cas plus graves, puisque leur efficacité serait meilleure auprès d’eux, selon une étude québécoise menée sur 90 enfants dans le spectre de l’autisme, publiée l’an dernier. Trois mois après l’adoption d’un chien d’assistance Mira, les jeunes dont les symptômes étaient de modérés à sérieux ont vu leur fonctionnement quotidien s’améliorer encore plus que ceux atteints légèrement. 

Informez-vous bien sur l’organisme, sa réputation et ses certifications, s’il y a lieu. Le document de l’INESSS présente plusieurs organismes dans différentes régions du Québec. Les programmes varient, autant en matière de fonctionnement que de clientèles visées. Même si votre enfant est choisi, l’attente peut être très longue, jusqu’à deux à trois ans.

Adopter un animal de compagnie

Si vous pensez à adopter un animal de compagnie, n’oubliez pas de tenir compte de la charge mentale, physique et économique supplémentaire. Il s’agit d’un être vivant de plus dans votre famille, et il vient avec ses besoins propres. Je conseille souvent aux gens de d’abord garder régulièrement des chiens d’amis, question de connaître différentes personnalités de chien et de voir si le mode de vie familial s’y adapte bien.

L’animal dont on comble bien les besoins sera un compagnon beaucoup plus agréable. On doit lui faire découvrir une diversité de gens, d’endroits et de situations à un jeune âge, lui donner l’occasion d’avoir de l’activité physique, du jeu libre et de la stimulation mentale, lui fournir une saine alimentation et prévenir les maladies. Les membres de la famille doivent aussi respecter ses limites, en apprenant à comprendre son langage non verbal et en lui fournissant un lieu confortable où il peut se retirer pour être tranquille. 

Je vois malheureusement beaucoup trop souvent des gens qui s’embarquent dans cette aventure en choisissant mal leur animal (espèce, race, élevage, santé, tempérament) ou alors que leur mode de vie ne leur permet pas de mettre en place toutes les conditions favorables à l’établissement d’une belle relation qui, ne l’oublions pas, pourrait durer pour les 15 prochaines années. Dans ma famille, ces conditions ont été réunies seulement une fois que mes quatre enfants ont été plus grands. Douze ans plus tard, l’expérience est encore très positive pour nous, mais j’ai aussi vu de nombreuses adoptions qui ont mal tourné.

Pour l’animal et pour l’enfant, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. 

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