Apnée du sommeil : les symptômes à surveiller

L’apnée du sommeil, qu’il ne faut pas confondre avec le simple ronflement, est un trouble sérieux qui peut plomber vos jours tout autant que vos nuits.

Diy13 / Getty Images

Au petit matin, vous émergez de huit heures de sommeil qui auraient dû être réparatrices, et pourtant vous vous sentez à plat. Sur l’autre oreiller, votre tendre moitié est exaspérée : toute la nuit, vous avez émis de puissants ronflements, interrompus par d’inquiétantes pauses de respiration.

Vous vous reconnaissez ? Il y a fort à parier que vous faites partie des 10 % de Québécois, selon les chiffres de l’Association pulmonaire du Québec, qui souffriraient d’apnée obstructive du sommeil.

Si le ronflement inspire bien des blagues, l’apnée du sommeil est une pathologie qui doit être prise très au sérieux. Ne pas la traiter peut avoir des conséquences importantes sur votre santé et votre qualité de vie, insiste l’Agence de la santé publique du Canada.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

Ce qui explique votre mauvaise mine matinale, c’est que, tel un plongeur qui aurait retenu son souffle trop longtemps, vous avez passé la nuit à manquer d’air, à répétition.

Quand l’apnéique dort, les tissus de sa gorge s’affaissent, empêchant l’arrivée d’air frais dans ses poumons. Après environ de 10 à 30 secondes, il est réveillé par son système nerveux, paniqué, qui provoque un microréveil pour rétablir l’apport en oxygène. Il retombe ensuite dans les bras de Morphée, sans avoir eu conscience de ce qui vient de se passer. Ce cycle, qu’on peut visualiser dans cette vidéo de la clinique Mayo, reprend, jusqu’à plusieurs fois par heure.

Le manque répété d’oxygène et la mauvaise qualité du sommeil finissent par nuire au bon fonctionnement de l’organisme. Les nuits ne sont plus réparatrices et les jours sont plombés par la fatigue.

Il existe d’autres types d’apnée du sommeil, dont l’apnée centrale, qui survient parce que le cerveau interrompt momentanément la commande respiratoire. L’apnée obstructive est cependant la plus commune.

Quelles sont les causes ?

« Tout ce qui affecte la dimension et le tonus des voies aériennes supérieures, ainsi que le synchronisme respiratoire, augmente le risque d’apnée du sommeil », explique le Dr Pierre Mayer, directeur médical de la Clinique du sommeil du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Laboratoire du sommeil Biron.

Certaines causes de l’apnée sont purement mécaniques, par exemple dormir sur le dos. La gravité fait alors basculer la langue vers l’arrière, ce qui accentue l’obstruction de la gorge qui entraîne les épisodes d’apnée.

L’apnéique peut être coincé dans un cercle vicieux affectant son synchronisme respiratoire. La fatigue désynchronise le mécanisme qui tonifie ses voies aériennes une fraction de seconde avant l’inspiration. Donc plus l’apnée fragmente son sommeil et entraîne de la fatigue, plus cette fatigue lui fait faire de l’apnée.

Quel est le profil des personnes à risque ?

Le passage des ans nous rend plus vulnérables à l’apnée du sommeil. « Plus on vieillit, plus on ramollit, rappelle le Dr Mayer. Hélas, c’est vrai pour les muscles de la gorge aussi ! »

Les hommes de 30 à 60 ans sont plus nombreux à souffrir d’apnée que les femmes de leur âge. Celles-ci bénéficient, avant la ménopause, de l’effet protecteur des œstrogènes et de la progestérone, qui tonifient les muscles de leur gorge. Quand la production de ces hormones diminue, la prévalence de l’apnée augmente chez les femmes et finit par devenir égale à celle des hommes.

Des caractéristiques anatomiques peuvent être en cause, comme une petite mâchoire fuyante ; la langue est alors positionnée davantage vers l’arrière, ce qui entraîne plus facilement une obstruction de la respiration. Les gens en surpoids sont aussi plus à risque, puisque leur gorge est plus étroite et leurs tissus, plus mous.

L’abus d’alcool ou de sédatifs est également un facteur de risque : il accentue le relâchement des muscles de la gorge et réduit la capacité du cerveau à se réveiller quand on manque d’oxygène. 

Quels sont les symptômes qui devraient nous inciter à consulter ?

On vous signale que vous ronflez comme un tracteur ? Ne vous vexez pas : on vous rend peut-être un grand service. « Ce ne sont pas tous les ronfleurs qui font de l’apnée, mais à peu près tous les apnéiques ronflent, affirme le Dr Pierre Mayer. Il s’agit du premier signe d’affaissement des voies respiratoires. »

La mauvaise qualité du sommeil est responsable de l’autre symptôme le plus courant : la fatigue. Une somnolence problématique pendant le jour, interférant avec vos activités, devrait vous inciter à consulter.

La fragmentation du sommeil entraîne d’autres symptômes révélateurs, comme des maux de tête au réveil. Des symptômes pouvant être confondus avec ceux de la dépression, comme de l’épuisement ou des problèmes de concentration, sont fréquents. Certains hommes observent par ailleurs une diminution de leur capacité érectile. 

Un type moins grave de trouble respiratoire, nommé « haute résistance des voies aériennes supérieures », engendre lui aussi des microréveils, mais sans nuire à l’apport en oxygène. Il prend souvent la forme d’un « ronflement qui vous réveille », illustre le Dr Mayer. Ce trouble affecte plus souvent les femmes et cause aussi une fatigue inexpliquée.

Comment se fait le diagnostic ?

Vous ronflez et vous vous traînez les pieds toute la journée ? Vous observez des symptômes de l’apnée ? Parlez-en à un omnipraticien, qui pourra vous diriger vers un pneumologue ou un otorhinolaryngologiste (ORL). 

On vous prescrira possiblement un test, offert par des laboratoires publics ou privés. Le plus souvent, ce test est effectué dans le confort de votre lit. Selon les laboratoires, l’appareillage peut varier, mais on y retrouve généralement des capteurs au doigt, au thorax et au nez. On prélèvera des données sur votre saturation en oxygène, la position de votre corps et vos variations cardiorespiratoires, lesquelles permettront à votre médecin de poser un diagnostic et élaborer un plan de traitement.

Est-il possible de s’autotester avant d’aller consulter ?

Pour déterminer s’il faut consulter, des outils simples sont proposés en ligne, comme le questionnaire STOP-Bang. L’échelle d’Epworth, quant à elle, mesure la gravité de la somnolence. Un résultat supérieur à 10 dénote une somnolence marquée, qui devrait être discutée avec un médecin.

Se servir d’une montre intelligente pour mesurer les variations de notre taux d’oxygène pendant le sommeil est-il judicieux ? « Ces outils ne sont pas précis, mais ils peuvent être utiles », assure le Dr Mayer, qui encourage cette pratique. Les informations captées serviront, le cas échéant, lors de la rencontre avec le médecin. « Des mesures, prises sur plusieurs nuits, qui montrent des chutes répétées — sous 90 % — du taux d’oxygène sont à prendre au sérieux. Si la montre ne révèle rien d’alarmant, mais que vous observez d’autres symptômes, il vaut mieux consulter. »

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