Que faire lorsqu’on souffre d’arthrose au genou et que la douleur est insupportable ? Quand ni les exercices ni les médicaments ne la soulagent vraiment ? Si les conséquences de l’arthrose sur votre quotidien deviennent trop importantes, votre médecin pourrait vous proposer une arthroplastie du genou. Cette intervention chirurgicale consiste à remplacer l’articulation endommagée par une prothèse.
Dans quels cas faut-il consulter ?
Selon Benjamin Rondeau, physiothérapeute à la clinique du PEPS de l’Université Laval, c’est l’ampleur des symptômes et leurs conséquences au quotidien qui indiquent s’il faut consulter ou non en orthopédie. « Si la personne connaît peu ou pas de douleur et qu’elle est capable de faire ses activités, on peut attendre, et ce, même si le niveau d’arthrose du genou est sérieux », explique-t-il.
Cependant, si la perte de mobilité s’accentue et qu’il est très difficile d’effectuer certaines tâches, le physiothérapeute suggère de voir le médecin. « Il faut aller vérifier avec une radiographie et avoir un avis en orthopédie pour déterminer si la personne est prête à subir une opération », note-t-il.
Dans quels cas le médecin est-il susceptible de recommander la pose d’une prothèse ?
La durée de vie d’une prothèse est d’environ 20 à 25 ans, souligne la Dre Véronique Godbout, chirurgienne orthopédique et présidente de l’Association d’orthopédie du Québec. « Il faut tenter de retarder le plus possible cette intervention pour que la personne ait besoin d’une seule opération de remplacement articulaire dans sa vie », dit-elle. Les médecins recommandent donc cette intervention uniquement si les médicaments et les autres stratégies, comme la physiothérapie et la perte de poids, ne soulagent plus les symptômes.
« Avant, on n’envisageait pas une prothèse avant 60 ans », se rappelle la Dre Godbout. Maintenant, le médecin évalue la situation dans son ensemble, ce n’est plus seulement une question d’âge. « Par exemple, une personne très malade qui ne sera jamais capable de faire de l’exercice pourrait se retrouver plus vite sur une liste opératoire que quelqu’un qui peut encore faire du renforcement musculaire », illustre la Dre Godbout.
En quoi consiste cette opération ?
Lors d’un remplacement total du genou, l’extrémité des os de la cuisse et du bas de la jambe de même que la rotule sont remplacées par une prothèse. Celle-ci est généralement constituée de pièces de plastique et de métal ; certaines prothèses sont aussi faites de céramique, explique le site de l’Académie américaine des chirurgiens orthopédiques.
La plupart du temps, le tout est fixé grâce à un ciment orthopédique, mais il existe des méthodes sans ciment. C’est alors l’os qui se forme à la surface de l’implant pour le garder en place. Le chirurgien choisira les matériaux et la méthode de fixation selon la situation de chaque patient. L’opération, d’une durée de 70 à 90 minutes, peut se faire sous anesthésie générale ou locale, précise le CHU de Québec.
« C’est une opération qui se passe généralement bien et qui a un grand taux de succès, mentionne la Dre Godbout. Les orthopédistes sont bien entraînés pour effectuer cette intervention, car ils le font souvent durant leur formation et dans leur pratique par la suite. » En effet, après l’opération, les gens remarquent une diminution importante de la douleur au genou et peuvent reprendre plusieurs activités qu’ils avaient dû abandonner telles que la marche, le golf, le vélo, la natation ou le ski de fond.
Il faut cependant avoir des attentes réalistes, souligne la Société de l’arthrite du Canada. La prothèse permet de réduire la douleur et de reprendre des activités quotidiennes normales, mais pas de retrouver exactement le même fonctionnement qu’avant l’apparition de l’arthrose. Les activités comme la course ou le tennis resteront donc à éviter, puisqu’elles sollicitent beaucoup l’articulation.
Lorsque l’arthrose n’affecte que le côté interne ou externe du genou, il est aussi possible de faire un remplacement partiel. Ce type d’opération est plus complexe, mais accélère la convalescence et augmente les chances de retrouver une fonction normale du genou. Il se peut toutefois que la personne ait besoin d’une deuxième opération au même genou plus tard.
Quels sont les risques de cette intervention ?
Les risques associés au remplacement du genou, dont les caillots sanguins, les infections et les saignements, sont les mêmes que pour bien d’autres opérations.
Une certaine douleur est aussi normale par la suite. Le médecin prescrira d’ailleurs des médicaments contre la douleur qui pourront être administrés par voie orale ou par injection. En général, il est préférable d’utiliser de l’acétaminophène ou des anti-inflammatoires avant d’avoir recours aux opioïdes. De plus, vous aurez à vous déplacer avec un déambulateur ou des béquilles pendant quelques jours, note la Société de l’arthrite du Canada.
« L’intervention cause beaucoup d’inflammation les jours suivants, confirme Benjamin Rondeau. La personne perdra de la force musculaire et de la mobilité. » Commencer rapidement les exercices de physiothérapie permettra néanmoins d’améliorer l’amplitude des mouvements et de regagner progressivement de la force. La plupart des gens peuvent reprendre leurs activités quotidiennes trois à six semaines après l’intervention, à condition de bien suivre le plan de rétablissement, selon le site d’information médicale américain MedlinePlus. Dans certains cas, cependant, retrouver complètement « sa mobilité peut demander plusieurs mois », prévient la Dre Godbout.
Quels sont les autres traitements possibles ?
Les infiltrations de cortisone peuvent être appropriées pour retarder le recours à une intervention chirurgicale, selon Véronique Godbout. « Certaines personnes croient qu’on ne peut pas recevoir plus de trois infiltrations », dit-elle. Cette idée vient du fait que la cortisone est parfois injectée avec des médicaments anesthésiques locaux, comme la xylocaïne ou la marcaïne, qui peuvent être toxiques pour le cartilage.
« Chez les jeunes qui n’ont pas d’arthrose, on essaie effectivement d’éviter les injections fréquentes [NDLR : pour des blessures sportives, par exemple], qui pourraient contribuer à la dégénérescence articulaire, reconnaît la Dre Godbout. Toutefois, si le genou est déjà très arthrosé et si le cartilage est détruit en grande partie, répéter les infiltrations est une option raisonnable, surtout si cela retarde le besoin d’une opération de remplacement. »
Qu’est-ce qui cause l’arthrose du genou ?
« Les blessures, comme les fractures ou les atteintes aux ligaments, sont un facteur de risque important pour l’arthrose du genou », souligne la Dre Godbout. Les jeunes sportifs blessés sont d’ailleurs susceptibles de souffrir d’arthrose dans le genou touché plus que dans l’autre.
Le type d’activité physique que l’on pratique peut donc augmenter le risque d’être atteint d’arthrose du genou plus tard. « Les activités en torsion sont plus dommageables que les activités en compression », explique la chirurgienne orthopédique. La course est souvent montrée du doigt. Pourtant, cette activité est moins risquée que les sports comportant de nombreux changements de direction, comme le soccer ou le tennis.
Par ailleurs, l’obésité est aussi un facteur majeur, puisque le surplus de poids exerce un stress sur le cartilage et accélère la détérioration de l’articulation. En outre, selon la Dre Godbout, la réaction inflammatoire semble plus importante chez les personnes obèses que chez celles avec un poids santé, probablement en raison de certaines hormones.
Enfin, la génétique peut influencer l’apparition de l’arthrose du genou. « Cependant, nous n’avons pas encore trouvé un gène en cause, note la Dre Godbout. Est-ce un facteur anatomique, comme la forme des jambes ? Ce n’est pas clair. »
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tres pertinent et interessant
Mille mercis pour ces excellentes informations .
Elles sont d’autant plus intéressantes car elles proviennent de professionnels digne de confiance .
Très apprécié !
Denise Dodier