Attaques de panique : vous pouvez vous en sortir ! 

Ces brefs — et intenses ! — épisodes sont inconfortables, mais pas très graves. Et il est tout à fait possible d’apprendre à les maîtriser. 

Andrey Popov, Getty Images

Une douleur au thorax qui survient sans crier gare. L’impression que vous allez vous évanouir ou suffoquer. Le cœur qui bat la chamade. Des nausées. Êtes-vous en train de faire une crise cardiaque… ou une attaque de panique ? 

Selon Jean-François Morin, docteur en psychologie et thérapeute à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, le phénomène des attaques de panique est « tristement commun ». Surtout en cette période anxiogène où se succèdent les situations les plus imprévisibles et les plus déstabilisantes. Ce qui ne veut pas dire qu’un tel problème va nous terrasser ni qu’il n’y a rien à faire au moment où il arrive. Tour d’horizon des moyens à prendre pour dompter cet invité-surprise avec Jean-François Morin.  

À quoi reconnaît-on une attaque de panique ? Lorsqu’elle survient, certains l’assimilent à une crise cardiaque, ce qui peut décupler le trouble !

J’aimerais tout de suite préciser ce qui distingue les deux phénomènes. Lors d’une crise cardiaque, la douleur est localisée dans le haut du corps, souvent au bras gauche ou à la mâchoire, des symptômes qui ne s’estompent pas, et elle peut survenir en montant un escalier ou en pelletant de la neige. Si vous êtes témoin de ce malaise, il ne faut pas hésiter à pratiquer des techniques de secourisme, si vous en connaissez, et à contacter le 911. 

L’attaque de panique se produit souvent spontanément, lorsqu’on est au repos. On éprouve bien sûr diverses sensations de nature physique (palpitations cardiaques, transpiration abondante, mains moites, nausée, vomissements, etc.), de même que l’impression de ne plus être maître de soi, d’être sur le point de s’évanouir. Or, tout cela peut s’estomper après 5 minutes, sinon jusqu’à 20.  

Qui est susceptible de ressentir un tel malaise, et que pouvons-nous faire lorsqu’il se manifeste chez quelqu’un de notre entourage ?

Ce qui est rare, c’est quelqu’un qui n’a jamais fait d’attaque de panique ! Il s’agit donc d’un phénomène très commun, mais qui peut être alarmant. Lorsque cela se produit, il faut s’installer dans un endroit sécuritaire : sur l’accotement si on roule en voiture ; dans une pièce calme si on est à la maison ; dans un lieu discret, à l’écart, advenant que ça survienne dans le milieu de travail. L’important est de se détendre, de prendre de profondes respirations, de s’asperger le visage ou de boire un grand verre d’eau. Évidemment, si la personne évolue dans un environnement stressant ou vient d’apprendre qu’elle est congédiée, le malaise peut durer un peu plus longtemps. Mais avec de la patience et le désir de prendre soin de soi, on peut en venir à bout.

Des gens bien intentionnés ont tendance à surprotéger les personnes à qui cela arrive. Est-ce la bonne approche ?

Il faut d’abord reconnaître les signes pour estimer que c’est vraiment ce que vit notre collègue, notre conjoint ou notre colocataire. À ce moment-là, c’est aussi important de le mettre en lieu sûr que de lui donner beaucoup d’espace, dans un endroit confortable. Il n’est pas nécessaire de s’asseoir tout près de la personne ; il faut être là sans être envahissant, juste assez proche pour qu’elle ne se sente pas abandonnée. Elle entre alors dans une nouvelle phase, soit la tolérance à la détresse. Paradoxalement, un tel épisode demande beaucoup d’efforts au corps humain, d’où sa durée maximale de 20 minutes.

À quel moment faut-il demander de l’aide, soit médicale ou psychologique ?

Ce qui peut justifier une intervention extérieure, c’est lorsque la crainte prend toute la place et que tout tourne autour de la gestion de ces épisodes. Des gens abandonnent des activités, dont certaines essentielles, comme conduire sa voiture, aller à l’épicerie ou faire de l’exercice, alors que d’autres deviennent dépendants de l’alcool et des drogues. Ces tentatives d’évitement peuvent leur offrir un certain répit, mais les entraînent dans une spirale insidieuse. Pour reconquérir son autonomie et affronter ce qui nous fait peur, il faut se mettre au défi, mais étape par étape : faire quelques tours du pâté de maisons en voiture, regarder des photos de chiens si ces animaux nous effraient, etc. Une visite médicale peut également être utile, ce qui permettra d’exclure toute cause biologique ou cardiaque.

Il est aussi possible que certaines personnes subissent de telles crises de façon répétée, jusqu’à quelques fois par jour. Dans ces cas, c’est suffisamment important pour mériter l’attention d’un psychologue ou de tout autre professionnel reconnu par l’Ordre des psychologues du Québec, comme un psychothérapeute, un travailleur social, un sexologue ou une infirmière.

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