Kiffer George Card est professeur à la Faculté des sciences de la santé de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique.
Le directeur du Service de santé publique des États-Unis, Vivek Murthy, a récemment qualifié la solitude d’épidémie. Il a publié un avis de santé publique sur les effets curatifs des relations interpersonnelles et de la communauté.
Le rapport met en garde contre les conséquences néfastes importantes de la solitude et de l’isolement social, en les comparant à d’autres facteurs de risque majeurs de décès prématuré tels que le tabagisme, l’obésité, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie.
La solitude et l’isolement social peuvent nuire à la santé
Dans le cadre de mon travail d’épidémiologiste social et comportemental, j’ai étudié la manière dont les liens sociaux et communautaires affectent l’état de santé, du VIH à la consommation de substances.
Par exemple, mes collègues et moi-même avons déjà démontré que l’isolement social est associé à une augmentation de 48 % du risque de décès prématuré, et que la probabilité que les personnes seules déclarent un état de santé passable ou mauvais est 71 % plus élevée.
D’autres chercheurs ont également documenté les ravages de la solitude : les personnes seules et isolées ont une fonction immunitaire plus faible, connaissent des taux d’inflammation plus élevés et sont plus exposées aux maladies cardiaques, au cancer et au diabète.
Fait peut-être tout aussi important, une recherche de Harvard basée sur l’étude de cohorte la plus longue jamais réalisée donne à penser que les relations sociales chaleureuses sont le principal facteur prédictif du bonheur tout au long de la vie.
En d’autres termes, les personnes coupées du monde sont plus malades, plus tristes et vivent moins longtemps.
Les premières directives de santé publique en la matière
En réponse à cette épidémie de solitude, mon équipe à la Canadian Alliance for Social Connection and Health a mobilisé des experts de tout le Canada et du monde entier pour élaborer les premières directives de santé publique mondiale en matière de liens sociaux.
Tout comme les recommandations relatives à la nutrition, à l’exercice physique et à la consommation d’alcool promues par de nombreux gouvernements nationaux, les directives en matière de liens sociaux ont le potentiel d’améliorer notre santé et notre bonheur en nous aidant à accorder la priorité aux relations sociales dans notre vie quotidienne.
Elles peuvent également sensibiliser les prestataires de soins de santé et les décideurs politiques. Ces experts pourront ainsi s’assurer que leurs actions sont cohérentes avec les dernières données soulignant l’importance de la santé sociale.
Sept approches prometteuses pour une meilleure santé sociale
Bien que la vulnérabilité de chacun face à la solitude et à l’isolement social varie, nous avons tous besoin de relations interpersonnelles. Pourtant, en général, les gens sous-estiment les avantages de la connexion avec les autres et en surestiment les contraintes, notamment le travail émotionnel et l’énergie mentale nécessaires à la gestion des relations et à la présentation de soi.
Indépendamment des degrés d’introversion ou d’extraversion, l’insuffisance des liens sociaux est associée à une dégradation du bien-être.
La raison en est que les relations interpersonnelles sont un impératif biologique. Notre évolution s’est faite au sein de collectivités très unies. Pour les humains de l’Antiquité, l’exclusion sociale était une condamnation à mort. La solitude est un moyen pour notre corps de demeurer présent, mais il arrive que nous restions pris au piège.
Les directives de santé publique peuvent contribuer à nous sensibiliser à l’importance des relations interpersonnelles et nous fournir une feuille de route pour une meilleure santé sociale. Mais quelle forme ces orientations doivent-elles adopter ?
C’est exactement ce que mon équipe a cherché à comprendre dans le cadre d’une étude par méthodes mixtes en plusieurs phases, financée par le gouvernement canadien et menée en partenariat avec celui-ci. Jusqu’à présent, nous avons établi quelques démarches prometteuses que chacun d’entre nous peut entreprendre dès maintenant :
Assurez-vous d’avoir de trois à cinq amis proches à qui faire appel lorsque vous êtes dans le besoin.
La recherche a montré que les personnes qui comptent au moins de trois à cinq amis proches sont celles qui souffrent le moins de solitude, d’anxiété, de dépression et d’une série d’autres effets néfastes sur la santé. Si vous avez trop d’amis, vous risquez de sacrifier la qualité à la quantité. Si vous n’en avez pas assez, vous pourriez vous retrouver seul en cas de besoin.
Ayez d’une à trois heures d’interaction sociale par jour.
Donnez la priorité aux moments passés avec vos proches.
Nous avons constaté que les gens ont besoin de cultiver des relations avec des liens « forts » et « faibles », mais que l’essentiel de leur énergie doit être consacré à leur famille et à leurs amis proches, avec lesquels ils entretiennent des rapports chaleureux. En effet, les liens de proximité répondent à nos besoins relationnels les plus importants : se sentir aimé, reconnu et validé. La construction de ces liens forts prend du temps.
La diversité de votre réseau social est également importante.
Sachez reconnaître les risques d’une vie d’ermite.
Les personnes qui vivent seules sont plus exposées au risque de solitude, et des études ont montré que vivre seul, en particulier pour les hommes, est dangereux pour la santé. Cela veut dire que si vous vivez seul, il peut être particulièrement important pour vous de privilégier les relations sociales.
Retrouvez d’anciennes connaissances et n’ayez pas peur de vous en faire de nouvelles.
Entretenir et conserver des relations peut s’avérer difficile, surtout dans notre monde où tout va très vite. Renouer avec des amis du passé peut être un moyen facile de garder un calendrier social bien rempli, mais en maintenant un niveau d’engagement sain avec de nouvelles personnes, vous vous assurez que votre puits d’amitié ne s’asséchera pas.
N’oubliez pas l’importance de la solitude.
Il est important de passer du temps avec les autres, mais il est également tout à fait bon, et même sain, de passer du temps seul. C’est ce que nous appelons la solitude. En fait, pour certains, le temps passé avec d’autres personnes peut même exacerber le sentiment d’isolement. Les moments de solitude sont l’occasion de reconstituer ses réserves sociales et de répondre à ses besoins personnels.
En suivant ces stratégies parmi d’autres, vous pouvez améliorer votre santé et votre bien-être. Cependant, le combat contre la solitude, comme la plupart des grands problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui, nécessitera une réponse de l’ensemble de la société. Les directives de santé publique en matière de lien social peuvent servir de base à une telle action.
Cet article est republié à partir de La Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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En français, svp. Des publicités en anglais dans une publication québécoise francophone….. Aberrant.
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