Un adulte qui n’a jamais fait d’asthme de sa vie ne pensera pas nécessairement qu’il souffre de cette maladie s’il se retrouve soudainement avec des problèmes respiratoires. Et pourtant, l’asthme peut frapper à tout âge !
Les enfants sont cependant particulièrement touchés. « Il s’agit de la maladie chronique la plus fréquente de l’enfance », souligne le Dr Simon Couillard, pneumologue et titulaire de la Chaire en santé respiratoire de l’Association pulmonaire du Québec, à l’Université de Sherbrooke.
Le nombre de Québécois souffrant d’asthme serait d’environ 900 000 personnes, dont 300 000 enfants, selon la Chaire.
Qu’est-ce que l’asthme ?
Cette maladie chronique touche les bronches. En réaction à certains irritants ou à des allergènes, de l’inflammation apparaît sur la paroi interne des bronches, qui enflent et sécrètent du mucus. Au moment d’une crise d’asthme, les muscles qui entourent les bronches se contractent de manière exagérée, ce qui provoque une diminution du diamètre de ces dernières, et parfois même leur blocage partiel, en raison du mucus présent. La respiration devient plus difficile, l’air a du mal à entrer dans les poumons et encore plus à en sortir. En cas de crise aiguë, la respiration devient parfois si difficile que la personne peut perdre connaissance. Il faut se rendre à l’urgence.
La toux, l’essoufflement, le sifflement à la respiration, le mucus et la sensation d’une oppression thoracique, comme si une bande enserrait le thorax, constituent les principaux symptômes de l’asthme. Ils fluctuent dans le temps et peuvent s’aggraver lors de la saison des pollens, ou en présence d’irritants comme la fumée de tabac, la pollution ou un virus, ajoute le Dr Couillard. Leur intensité varie d’une personne à l’autre.
Quelles en sont les causes ?
Bien que ses causes exactes soient encore mal connues, l’asthme résulterait de l’interaction de différents facteurs biologiques et environnementaux. Vous êtes plus susceptible d’être atteint de la maladie si, par exemple :
- Vous avez des antécédents familiaux d’asthme, d’allergie ou d’eczéma.
- Vous étiez un bébé prématuré.
- Vous souffrez d’obésité.
- Vous êtes exposé à de l’air pollué (tabac, produits chimiques, moisissures, etc.).
- Vous avez fait de multiples infections respiratoires sévères pendant l’enfance (pneumonie, rhinovirus, virus respiratoire syncytial, entre autres).
Les symptômes de l’asthme ou une crise peuvent survenir après l’exposition à des déclencheurs tels qu’une infection respiratoire, des allergènes, la fumée de tabac, l’air froid ou l’exercice. La prise de certains médicaments (comme l’aspirine et les anti-inflammatoires), le reflux gastrique, les changements hormonaux et le stress sont aussi des déclencheurs chez certaines personnes.
Chez l’enfant, l’asthme sera généralement à prédominance allergique, alors que l’apparition tardive de la maladie chez l’adulte sera plus souvent liée à de l’inflammation et à l’exposition à la fumée de tabac, souligne le Dr Couillard.
Comment l’asthme se différencie-t-il des autres maladies ayant des symptômes semblables ?
Différentes maladies respiratoires ont des symptômes similaires, au point qu’il est difficile de les départager sur cette seule base, note le pneumologue.
Les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC), telles que la bronchite chronique et l’emphysème, présentent de nombreuses caractéristiques communes avec l’asthme, ce qui peut confondre les médecins, surtout chez les patients âgés ayant eu une exposition professionnelle ou au tabac, précise un article de la revue Le médecin de famille canadien.
En effet, les MPOC et l’asthme sont associés à une inflammation des voies respiratoires, qui deviennent enflées et produisent du mucus. Mais les MPOC se distinguent par l’inflammation présente dans les poumons — l’emphysème, par exemple, détruit peu à peu les alvéoles pulmonaires. De plus, dans le cas des MPOC, l’obstruction des bronches est permanente, alors qu’avec l’asthme, elle survient surtout lors de crises et elle est réversible.
Quant à la bronchite d’origine infectieuse, ses symptômes sont différents. Les premières manifestations d’une infection virale sont le plus souvent de la fatigue, de l’écoulement nasal, un mal de gorge et une sensation d’oppression thoracique. La toux et le mucus s’installent ensuite.
Comment est-il diagnostiqué ?
L’inflammation des bronches engendre une respiration sifflante que le médecin peut déceler à l’auscultation, c’est-à-dire en écoutant le bruit produit par les poumons avec un stéthoscope. Cela ne suffit cependant pas à établir un diagnostic. « Il y a des gens qui vont voir leur médecin de famille, leurs poumons “sillent”, ils se font donner une pompe et ils se croient asthmatiques pour le reste de leur vie », déplore le Dr Couillard. Des travaux, dont une étude canadienne publiée en 2017, ont en effet montré que l’asthme est parfois diagnostiqué à tort.
Le diagnostic de l’asthme doit s’appuyer sur l’évaluation des symptômes, les antécédents familiaux et de santé, et il doit se faire à l’aide d’un test : la spirométrie. Cela consiste à souffler le plus fort possible dans un appareil, le spiromètre, qui permet de mesurer la quantité d’air maximale que le patient peut expirer ainsi que sa vitesse, détaille l’Association pulmonaire du Québec. Par la suite, un bronchodilatateur de courte durée est administré pour vérifier si cela améliore les résultats au test. Celui-ci peut être effectué par différents spécialistes de la santé comme un inhalothérapeute, un pneumologue ou une infirmière praticienne spécialisée.
Au besoin, d’autres tests, comme la provocation à la méthacholine (pour évaluer la réactivité des bronches à un irritant) ou une épreuve d’effort/d’hyperventilation, pourraient être demandés.
Quel est le pronostic ?
Lorsqu’ils sont bien pris, les médicaments peuvent stabiliser la maladie et empêcher les crises. Le pronostic est alors excellent. Bien souvent, l’asthme infantile disparaîtra, bien que des sifflements puissent continuer à l’âge adulte, souligne le Manuel Merck.
Puisque cette maladie fluctue dans le temps, elle pourrait toutefois réapparaître. Certains facteurs, comme la fumée de tabac ou une allergie aux acariens, augmentent le risque que les symptômes de l’asthme ne disparaissent pas ou se présentent à nouveau.
« La mortalité liée à l’asthme a diminué avec la commercialisation des traitements de corticostéroïdes inhalés à partir des années 80 », se réjouit le Dr Couillard. Ce taux de mortalité est maintenant stable. Néanmoins, « cela signifie qu’encore aujourd’hui, des personnes peuvent mourir d’une crise d’asthme », souligne le spécialiste. Selon lui, il est donc important de consulter lorsque certains « drapeaux rouges » se lèvent.
Quels signes devraient nous inciter à consulter ?
Si vous n’avez jamais reçu de diagnostic, mais que vous présentez différents symptômes cardinaux de l’asthme (par exemple : toux, essoufflement, mucus), il est conseillé d’aller consulter, surtout si cela affecte votre fonctionnement quotidien. L’impression d’avoir des virus respiratoires plus fréquemment que d’autres, le fait de vous rétablir plus lentement et une aggravation de votre état lors des allergies saisonnières sont aussi des indicateurs d’asthme, selon le spécialiste. Vous croyez faire votre première crise d’asthme, mais vous n’avez jamais reçu de diagnostic ? Il est recommandé de composer le 811 pour obtenir des conseils, selon la gravité de vos symptômes.
Si vous avez déjà un diagnostic et que vous avez fait une crise d’asthme récemment, il s’agit d’un drapeau rouge pour consulter, signale le Dr Couillard. « Énormément de gens bénéficieraient de traitements de plus haute intensité, mais malheureusement, ils ne consultent pas ou pensent que c’est normal d’avoir une ou deux crises par année. Mais c’est anormal ! » souligne-t-il.
Si vous avez reçu un traitement de cortisone pour votre asthme dans la dernière année, c’est aussi un signal qu’il faut voir un spécialiste. Dr Couillard offre d’ailleurs une évaluation « 360 degrés » des crises d’asthme dans le cadre de son programme de recherche à l’Université de Sherbrooke, c’est-à-dire une revue du diagnostic, des comorbidités et du traitement, notamment.
L’asthme peut être diagnostiqué par un infirmier praticien spécialisé, un médecin de famille, un pneumologue ou un pédiatre, par exemple. Lorsque la maladie est stable et qu’il n’y a pas d’exacerbation, le suivi par un infirmier praticien spécialisé ou un médecin de famille est suffisant. Le Dr Couillard précise que les cas plus complexes, c’est-à-dire les patients ayant eu une crise d’asthme dans la dernière année, une hospitalisation ou une consultation aux urgences, devraient être dirigés vers un spécialiste pour être mieux informés et bénéficier d’une prise en charge multidisciplinaire.
Si vous avez aimé cet article, pourquoi ne pas vous inscrire à notre infolettre santé ? Vous y lirez en primeur, tous les mardis, les explications toujours claires, détaillées et rigoureuses de notre équipe de journalistes et de professionnels de la santé. Il suffit d’entrer votre adresse courriel ci-dessous. 👇