Docteur, je pense que je souffre d’asthme…

Si une toux et un essoufflement vous indisposent, il est peut-être temps de consulter un professionnel de la santé. Après tout, l’asthme peut se déclarer à tout âge. Les explications du Dr Alain Vadeboncœur.

Photo : Daphné Caron pour L’actualité

L’auteur est urgentologue. Professeur titulaire à l’Université de Montréal, il enseigne, participe à des recherches en médecine d’urgence et intervient fréquemment sur les enjeux de santé. Il est aussi conseiller médical et scientifique à l’Institut de la pertinence des actes médicaux.

Une toux prolongée revient périodiquement vous embêter et dure plusieurs semaines chaque fois ? Vous avez noté un peu d’essoufflement à l’effort depuis quelques mois ?

Votre respiration siffle de temps en temps ? On dirait que vos allergies vous coupent aussi le souffle ?

Soit, peut-être que vous souffrez d’asthme. Voyons de quoi il retourne chez les adultes — bien que le problème débute avant 18 ans environ deux fois sur trois.

Des symptômes à reconnaître

L’asthme est une maladie chronique des voies respiratoires. Elle se caractérise par une inflammation récurrente et des crises épisodiques, parfois sévères.

Les symptômes, assez typiques, demeurent d’intensité variable. Ils comprennent des épisodes de toux soutenue, comme vous l’avez noté, d’essoufflement et quelquefois d’oppression. Les sifflements, aisément audibles à l’auscultation, indiquent une obstruction partielle du passage de l’air à l’expiration.

Quand une crise d’asthme s’aggrave, s’ajoutent une respiration de plus en plus laborieuse, une sensation d’anxiété et une difficulté à parler, en raison d’un manque d’air.

En cas de crise sévère, respirer devient parfois si pénible que la personne étouffe littéralement, il se peut même qu’elle perde conscience en raison de la baisse de l’oxygène sanguin.

Les symptômes surviennent soit spontanément, soit à la suite de déclencheurs variés selon les gens. Couramment, il s’agit d’allergènes (pollen, acariens, moisissures, etc.), d’irritants (fumée, pollution atmosphérique, produits chimiques, etc.), d’infections respiratoires virales, d’un effort physique chez certaines personnes, du froid ou même du stress.

Inflammation et constriction

Trois mécanismes principaux se conjuguent pour mener aux symptômes : une réaction inflammatoire anormale affectant les bronches, qui provoque un épaississement de leur paroi et augmente également la quantité de sécrétions présentes — d’où la toux, les expectorations (habituellement claires) et l’essoufflement.

Enfin, surtout pour les crises sévères, un spasme (« constriction ») anormal des muscles de la paroi des bronches, en réponse à la stimulation inflammatoire, survient, compromettant la libre circulation de l’air et diminuant la taille des conduits.

Notez que les crises d’asthme entraînent alors une obstruction à l’expulsion de l’air des alvéoles pulmonaires et non à son entrée.

Le problème est donc expiratoire, phase de la respiration où l’air essaie de sortir et produit les principaux bruits anormaux rencontrés en cas de crise d’asthme. Le travail demandé sollicite l’ensemble des muscles thoraciques et peut devenir très anxiogène.

Même si les origines exactes de l’asthme ne sont pas encore complètement comprises, on sait que des facteurs génétiques complexes, touchant plus de 100 gènes, et des causes environnementales se renforcent mutuellement.

Du côté de l’environnement, les irritants respiratoires peuvent tous jouer un rôle, tels la fumée de cigarette (ou des incendies), les allergènes du rhume des foins et, dans certains cas, des conditions de travail.

Diagnostiquer l’asthme

Bien que les symptômes typiques ne posent habituellement pas de défi majeur au clinicien, le diagnostic de l’asthme chez les adultes repose aussi sur des tests de fonction respiratoire, qui permettent de le confirmer ou de l’infirmer.

Comme bien d’autres problèmes respiratoires aigus ou chroniques produisent parfois des symptômes semblables, établir un diagnostic spécifique pour l’asthme est fortement recommandé.

Parmi les tests couramment employés, on trouve la spirométrie, qui mesure le débit d’air respiratoire, et quelquefois le test de « provocation bronchique », qui vise à évaluer la réactivité des voies respiratoires et leur propension à « se spasmer ». Dans le doute, on fait parfois un essai de traitement.

Traiter l’asthme le mieux possible

Une fois le diagnostic établi, le traitement de l’asthme adulte vise essentiellement à atténuer les symptômes, à prévenir les crises et à soigner énergiquement celles qui s’aggravent.

Les médicaments utilisés comprennent les corticostéroïdes, qui contiennent une forme de cortisone, et les bronchodilatateurs comme le salbutamol (Ventolin) ou encore plus souvent des formes à longue action comme le formotérol. Il s’agit, d’une part, de réduire de manière soutenue l’inflammation et, d’autre part, de dilater les bronches au besoin. D’autres produits sont parfois ajoutés.

Un entraînement supervisé par un inhalothérapeute, un pharmacien ou le médecin permet de s’assurer que les pompes sont correctement utilisées. Une « chambre d’espacement » est souvent prescrite pour en faciliter l’usage.

Dans certains cas, des comprimés anti-inflammatoires spécifiques à l’asthme (et à la rhinite allergique), comme le montélukast, sont aussi prescrits ; ils agissent en amont de la cascade menant aux crises.

Un plan en cas d’aggravation

Un plan d’action personnalisé est habituellement élaboré par l’équipe traitante pour aider à gérer les symptômes au quotidien.

Suivre les instructions sur la façon de prendre tous ces médicaments correctement et au bon moment permet d’obtenir un soulagement efficace des symptômes et de prévenir les crises plus graves.

Le plan inclut aussi l’identification et l’évitement des déclencheurs, la surveillance de vos symptômes, ainsi que la mise en place de techniques de relaxation pour gérer le stress.

En cas de crise plus grave, le plus important est de rester calme et de suivre votre plan, qui comprend habituellement une augmentation des bronchodilatateurs et parfois la prise rapide d’une pompe de “secours” (une pompe bleue), puis de suivre la marche établie dans votre plan d’action.

Et si les symptômes ne s’améliorent pas promptement, consulter en urgence est la prochaine étape, cruciale, en appelant les secours au besoin. Souvenez-vous que les ambulanciers paramédicaux sont formés et équipés pour traiter les crises d’asthme sévères.

Bien souvent, ont utilisera temporairement du salbutamol à haute dose à l’urgence, pour briser la crise. De la cortisone orale à haute dose peut aussi être ajoutée, à ce moment, au traitement pour quelques jours. Les antibiotiques ne sont indiqués qu’en cas de rare infection bactérienne.

Prévenir la détérioration de l’asthme

Comme il faut vivre avec l’asthme, le problème étant chronique, aussi bien vivre le mieux possible.

Soit, empêcher toutes les crises d’asthme reste difficile, mais on peut réduire leur fréquence et leur gravité en adoptant des mesures préventives, qui jouent un rôle majeur dans la prise en charge de cette affection.

La promotion d’un environnement sain demeure essentielle. Il faut limiter l’exposition à la fumée de cigarette, éviter les déclencheurs connus, prévenir les allergies, éloigner les irritants, écarter si possible les rhumes et autres virus plus sérieux et maintenir un mode de vie sain, ce qui comprend notamment un poids santé.

Outre la prévention, le respect du plan de traitement et la régularité dans le recours aux pompes, lorsqu’elles sont utilisées, constituent des clés importantes.

Enfin, si vous souffrez d’asthme, connaissez un proche qui en est affecté ou voulez en apprendre davantage sur le sujet, je vous recommande les excellentes ressources en ligne de l’Association pulmonaire du Québec et vous invite à contacter cet organisme au besoin.

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Il existe dans plusieurs CISSS et CIUSSS du Québec des cliniques d’enseignement sur l’asthme – CEA – où des éducateurs spécialisés en asthme (inhalothérapeutes ou infirmières cliniciennes) prodiguent un enseignement complet de façon outiller les asthmatiques vers une saine autogestion de l’asthme.
Le RQESR (Le réseau québécois en santé respiratoire) est aussi une très bonne ressource pour les personnes atteintes de maladies respiratoires. Dommage que le Dr Vadeboncoeur n’ait pas mentionné ces excellentes ressources.