Douleurs articulaires : est-ce de l’arthrose ou de l’arthrite ?

Douleurs, raideurs et diminution de la mobilité… Les symptômes de l’arthrose ressemblent à ceux de plusieurs autres maladies arthritiques. Comment peut-on les distinguer ?

kieferpix / Getty Images / montage : L’actualité

L’arthrose a beau toucher 3,9 millions de Canadiens et être responsable de bien des douleurs aux genoux et aux hanches, ceux qui ont mal la confondent encore souvent avec d’autres problèmes articulaires. 

Cette maladie chronique s’installe progressivement. Les symptômes se manifestent d’abord à l’occasion. Puis, si rien n’est fait, ils peuvent être de plus en plus fréquents et perturber le fonctionnement quotidien des personnes qui en souffrent. 

Qu’est-ce que l’arthrose ?

L’arthrose est la destruction progressive du cartilage qui se trouve à l’intérieur d’une articulation, entre les os. « Le cartilage est une membrane élastique qui sert à protéger les extrémités osseuses et à lubrifier l’articulation », précise Benjamin Rondeau, physiothérapeute à la clinique du Pavillon de l’éducation physique et des sports (PEPS) de l’Université Laval.

Le cartilage peut s’user avec le temps, mais l’arthrose dépasse l’usure normale. Bien des gens vieillissent d’ailleurs sans connaître de symptômes d’arthrose.

La maladie apparaît quand le corps n’arrive plus à réparer les dommages qui se produisent inévitablement aux articulations, soit parce que le corps ne suit plus le rythme, soit parce que la quantité de tissu à réparer est trop grande. « Dans la plupart des cas, ce type de dommage survient lorsque les articulations sont soumises à des charges lourdes pendant une longue période », explique la Société de l’arthrite du Canada.

L’arthrose peut aussi apparaître à la suite d’une blessure. « Par exemple, une petite déchirure du ménisque du genou [un morceau de cartilage en forme de croissant qui permet au genou de bien plier] peut créer de l’inflammation et déclencher ensuite la dégénérescence du cartilage », illustre la Dre Véronique Godbout, chirurgienne orthopédique et présidente de l’Association d’orthopédie du Québec. Encore une fois, si le corps n’est plus en mesure de le réparer, l’arthrose s’installe.

Cette dernière peut toucher n’importe quelle articulation. Cependant, les genoux, les hanches, les gros orteils, les mains et la colonne vertébrale sont plus souvent atteints. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, en 2016-2017, plus de 80 % des patients qui ont subi une opération de remplacement de la hanche souffraient d’arthrose. Pour les remplacements du genou, c’est 98 %.

Qu’est-ce que l’arthrite ?

Les mots « arthrose » et « arthrite » sont parfois utilisés de façon interchangeable. « “Arthrite” est en fait un terme très général qui désigne toutes les formes d’inflammation des articulations, remarque la Dre Godbout. Cela inclut donc l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde et plusieurs autres types d’arthrite. »

L’arthrite regroupe ainsi plus de 100 maladies caractérisées par l’inflammation des articulations et d’autres parties du corps, selon la Société de l’arthrite du Canada. L’arthrose est toutefois la forme la plus courante.

« Pour les autres types d’arthrite, il s’agit souvent de maladies auto-immunes », ajoute la Dre Godbout. Par exemple, dans la polyarthrite rhumatoïde, les cellules du système immunitaire attaquent certaines portions de l’articulation, comme la membrane synoviale qui recouvre l’intérieur des articulations. Elles déclenchent alors un processus inflammatoire qui dégradera progressivement tous les composants de l’articulation.

Les formes d’arthrite inflammatoire se distinguent donc de l’arthrose par le fait que c’est l’inflammation plutôt que l’usure du cartilage qui provoque les problèmes articulaires. « Il faut toutefois se rappeler qu’un type d’arthrite n’exclut pas l’autre, souligne la Dre Godbout. Par exemple, une personne peut avoir à la fois de l’arthrose et de l’arthrite rhumatoïde. »

Quelles sont les autres maladies qui peuvent ressembler à l’arthrose ?

Certains types d’arthrite peuvent présenter des symptômes très semblables à ceux de l’arthrose. C’est notamment le cas de la polyarthrite rhumatoïde et de la goutte.

« La polyarthrite rhumatoïde touche souvent plusieurs articulations simultanément, des deux côtés du corps, explique la Dre Godbout. Elle affecte généralement les petites articulations comme celles des mains, des poignets et des doigts. Au contraire, l’arthrose touche davantage les grosses articulations comme les genoux ou les hanches, et habituellement d’un seul côté. »

La goutte est quant à elle une maladie qui se déclenche lorsque de l’acide urique s’accumule dans le sang. Cette substance provient de la digestion de certains aliments contenant des purines (un composant de l’ADN). On en retrouve dans la viande rouge, les abats, les mollusques, les crustacés, certains poissons et le sirop de maïs. Des cristaux d’acide urique se forment alors dans les articulations et provoquent de l’inflammation, précise la Société de l’arthrite du Canada.

À quels symptômes reconnaît-on qu’il s’agit d’arthrose ?

Selon la Dre Godbout, les symptômes de l’arthrose et des autres formes d’arthrite se ressemblent. Si vous en souffrez, vous ressentez peut-être de la raideur et de la douleur aux articulations, en particulier au réveil. Vous avez peut-être aussi observé un gonflement de vos articulations.

C’est le frottement des os dû à la détérioration du cartilage qui cause ces symptômes. « Cependant, le niveau d’usure du cartilage ne détermine pas la sévérité de la douleur », précise Benjamin Rondeau. Des gens peuvent avoir beaucoup d’arthrose et peu de douleur, alors que pour d’autres, c’est l’inverse.

Le physiothérapeute remarque aussi que les personnes qui souffrent d’arthrose modifient leur façon de bouger pour se protéger de la douleur. Ce comportement peut provoquer une perte de mobilité. Par exemple, une personne avec de l’arthrose au genou aura de plus en plus de difficulté à le plier ou à le déplier.

Qui est le plus susceptible de souffrir d’arthrose ?

Le risque d’arthrose est plus grand chez les personnes plus âgées. On observe que 22 % des Canadiens âgés de 60 à 64 ans sont touchés, et 52 % des 85 à 89 ans. La fréquence est aussi plus élevée chez les femmes et dans les familles où il y a un historique d’arthrose.

Le surpoids augmente également le risque, puisqu’une pression supplémentaire s’exerce alors sur les articulations. De plus, les tissus graisseux peuvent libérer des substances qui accroissent l’inflammation, souligne la Société de l’arthrite du Canada. Par ailleurs, un faible niveau d’activité physique accentue le risque, puisque cela réduit la force musculaire et la flexibilité.

« Il y a aussi beaucoup de facteurs biomécaniques, ajoute Benjamin Rondeau. Par exemple, une personne qui a subi une blessure dans le passé est plus susceptible de présenter une usure du cartilage à long terme en raison du changement de pression à l’intérieur de l’articulation. » Certains métiers ou certains sports de haut niveau augmentent donc le risque d’arthrose.

Comment est-ce diagnostiqué ?

Il n’existe pas de tests de dépistage particuliers pour l’arthrose. Le diagnostic est plutôt posé en fonction des symptômes et de l’examen physique de l’articulation touchée.

« Le physiothérapeute est une bonne ressource de première ligne pour les personnes qui ont des douleurs articulaires, note Benjamin Rondeau. Il pourra vérifier d’où vient la douleur et s’il y a des choses à corriger dans le quotidien. Cependant, si la douleur est importante et qu’il y a une grande perte de mobilité, une radiographie permettra de connaître la gravité de l’état. Le médecin sera alors la personne à consulter. »

En effet, la radiographie aide parfois à distinguer l’arthrose des autres types d’arthrite. « Par exemple, la présence de certains agrégats au niveau de la membrane synoviale est caractéristique de certains types d’arthrite », explique la Dre Godbout. Au contraire, la présence d’excroissances osseuses appelées ostéophytes est plutôt associée à l’arthrose. Les radiologistes disposent donc de critères pour soupçonner de l’arthrose ou un autre type d’arthrite.

Lorsque les signes d’arthrose sont visibles à la radiographie et que des symptômes sont présents (douleur, raideur), inutile de passer une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour tirer des conclusions, souligne l’Association canadienne d’orthopédie

Enfin, si le médecin soupçonne la polyarthrite rhumatoïde, des prélèvements sanguins permettent de mesurer la présence dans le sang de certaines molécules caractéristiques de cette maladie. Cette information combinée aux résultats de l’examen physique et de la radiographie pourra aider le médecin à établir le bon diagnostic.

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