Quarante et un millions de dollars aux chirurgiens pour être à l’heure ? Vraiment ? Des primes pour arriver au travail à temps ? Il faut que ça cesse !
Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas vraiment de primes, malgré tout ce qui est écrit sur le sujet. Examinons de quoi il en retourne.
D’abord, d’où viennent ces 41 millions $ ? De l’enveloppe permettant de rémunérer les membres de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Ils sont donc à l’intérieur de l’enveloppe et non pas ajoutés à celle-ci. La nuance est importante.
La négociation médicale
Voici d’abord un rappel à propos du fonctionnement des négociations. La rémunération des médecins du Québec provient presque exclusivement de ces (vastes) enveloppes – une pour la FMSQ, l’autre pour la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) – plus ou moins bonifiées par des hausses périodiques.
Plutôt plus que moins, d’ailleurs, depuis 10 ans. Ces hausses prennent aussi en compte la croissance (accélérée depuis 10 ans) des effectifs médicaux. La dernière décennie a en effet été marquée sous le sceau d’une négociation majeure, dont les fondements remontent au moins à 2003, basée sur un rattrapage de la rémunération moyenne des médecins canadiens.
Le tout premier signataire de l’entente de principe ayant conduit au rattrapage est l’actuel chef de la CAQ (alors ministre de la Santé) François Legault. Son vis-à-vis à la FMSQ était le médecin spécialiste en ORL Yves Dugré. La négociation s’est ensuite accélérée avec le gouvernement Charest entre 2006 et 2008, après que Gaétan Barrette eut succédé à Yves Dugré à la tête de la FMSQ.
L’idée centrale était de combler l’écart qui s’était creusé depuis 1970 entre la rémunération des médecins du Québec et ceux du reste du Canada, essentiellement l’Ontario. On peut être d’accord ou non avec le principe, mais c’est ce qui a déterminé tout ce qui a suivi jusqu’à aujourd’hui. Ce rattrapage était aussi modulé (contrairement à ce qu’on lit souvent) par un écart de -10 % pour tenir compte du coût de la vie moindre au Québec.
L’exercice de comparaison de la rémunération des médecins du Québec avec ceux du reste du Canada est complexe, parce que les modalités de rémunération sont très variables d’une province à l’autre. Par exemple, pour la médecine d’urgence spécialisée, que je représentais à la FMSQ entre 2004 et 2008, nous n’avons jamais réussi à établir de comparable avec le reste du Canada.
C’est un expert indépendant qui a établi la différence. Le rattrapage négocié a ensuite été modulé par un étalement demandé par le gouvernement, pour lui permettre de faire face aux difficultés engendrées par la crise économique de 2008-2009, juste après les hausses négociées, qui a engendré une pression énorme sur les finances publiques.
Les chiffres récents paraissent aujourd’hui indiquer que cet écart a été comblé pour les spécialistes et peut-être même dépassé – des affirmations cependant basées sur des données beaucoup plus sommaires que celles utilisées pour établir la différence constatée en 2006.
La répartition entre les pratiques médicales
Après la négociation des hausses globales appliquées à l’enveloppe de chacune des fédérations, une seconde phase permet de répartir les sommes entre les spécialités (à la FMSQ) ou les diverses pratiques (à la FMOQ).
Divers mécanismes internes sont à l’oeuvre, inspirés notamment par l’équité entre les médecins, la lourdeur des tâches et les orientations souhaitables de la pratique. À la FMSQ, le processus est basé sur un outil de répartition, remontant à l’ère Barrette, visant notamment à réduire les écarts entre les spécialités.
On peut critiquer le fait que les fédérations orientent elles-mêmes la répartition des hausses globales négociées. Je n’en ai pas retrouvé l’origine historique. Il demeure qu’au terme des négociations, le gouvernement entérine tout de même ces choix, et participe donc au moins indirectement à la répartition.
Une fois planifiée cette répartition interne, on la traduit par la majoration (ou la dévalorisation) de certains actes, la création de nouveaux, divers changements dans les modes, le déplacement de certaines masses monétaires et la modulation des pratiques.
Des comités techniques paritaires permettent de faire avancer les travaux, qui reposent sur des hypothèses actuarielles complexes, d’abord au sein des fédérations, puis avec le gouvernement. On retourne ensuite à une des deux tables centrales de négociation, où on trouve les représentants de l’une ou l’autre des fédérations, accompagnés au besoin par ceux de la spécialité concernée, et ceux du gouvernement.
Chaque entente est éventuellement signée par le président d’une fédération et le ministre de la Santé. On voit donc que les deux entités se partagent la responsabilité de l’entente finale.
Le résultat d’une négociation
Le gouvernement était donc tout à fait en accord avec l’utilisation de ces 41 millions $, qu’il jugeait pertinent pour favoriser la productivité des blocs opératoires, un objectif cohérent avec son souhait d’améliorer l’accès à la chirurgie. De mémoire, c’est dans la foulée de la vaste négociation de 2006-2008 (ou peut-être un peu plus tard) que l’amélioration de l’accès à la chirurgie a été mis de l’avant. Le gouvernement voulait alors prioritairement atteindre des cibles d’accès à la chirurgie. Une nouvelle entente, visant les anesthésistes, avait en parallèle été conclue pour permettre l’atteinte de ces objectifs.
Si les 41 millions $ n’avaient pas été versés sous cette forme, ils se seraient retrouvés dans les tarifs des actes des mêmes spécialités au sein de leur enveloppe, de sorte que les chirurgiens toucheraient le même revenu global.
On a alors jugé qu’il y avait avantage pour tout le monde – et surtout les patients – à moduler ainsi les montants de l’enveloppe prévue. Les chirurgiens, la FMSQ et le ministère de la Santé se sont mis d’accord pour y arriver. Ce qui ne présume en rien de l’efficacité ou de l’inefficacité de la mesure, par contre.
Et si les 41 millions $ n’avaient pas été versés sous cette forme, ils se seraient d’ailleurs retrouvés dans les tarifs des actes des mêmes spécialités au sein de leur enveloppe, de sorte que les chirurgiens (et les anesthésistes dans ce cas) toucheraient le même revenu global. Peu de gens (incluant les journalistes) ont pourtant semblé au fait de ces principes dans leur critique de ces «primes».
Mieux comprendre pour mieux discuter
Mon logiciel de correction préféré, Antidote, définit le mot « prime » comme une « somme d’argent ou don que l’on accorde à quelqu’un pour l’encourager, pour l’aider ou pour la récompenser ». Cette définition ne correspond pas aux 41 millions $ en jeu, qui proviennent non seulement de l’enveloppe préalablement négociée par la FMSQ, mais également de celle de chacune des spécialités chirurgicales concernées.
N’étant pas ajoutée à la rémunération, cette «prime» n’est donc pas un bonus. En fait, le montant est d’abord soustrait à l’enveloppe, puis réaffecté à cette fin. Le résultat est égal, à la fois pour les médecins et pour le gouvernement, mais certaines sommes sont ainsi déplacées.
Mais alors que les sommes dévolues aux médecins occupent une large part des dépenses publiques en santé, il est un peu dommage de constater le manque d’expertise journalistique à cet égard. Bien sûr, même si c’est un sujet complexe, il demeure que toutes ces ententes sont publiques et qu’en étudiant les documents disponibles, on peut trouver une foule d’exemples de modulations semblables. Celle des 41 millions $ remonte d’ailleurs à plusieurs années.
Il est vrai que de parler de 41 millions $ de « primes » pour arriver à l’heure, ça fait de meilleurs titres. Ça permet même un jeu politique facile, qu’on soit dans l’opposition ou ministre, Gaétan Barrette ayant lui-même dénoncé ces montants… qu’il avait pourtant négociés!
Les problèmes de compréhension à propos de la rémunération des médecins, des mécanismes de négociation, de la répartition des sommes reçues et des rôles respectifs des fédérations et du gouvernement sont bien réels. Qu’on critique le niveau de rémunération des médecins, je n’ai aucun problème avec cela. Si possible, mieux vaut le faire sur la base d’une plus juste compréhension des mécanismes et des enjeux.
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Merci de ces inestimables précisions.
Je souhaite que ces données atteignent les « journalistes » d’un certain empire médiatique qui semble, lui, carburer à la basse démagogie plutôt qu’aux FAITS!!!
Je pense qu’il s’agit surtout d’une certaine méconnaissance de ces mécanismes, mais il est vrai que parfois, on tire un peu trop la couverte du côté sensationnaliste. Ce qui éloigne des vrais débats comme… le revenu des médecins. Merci pour le commentaire.
NOYER LE(S) POISSON(S)
Voilà, Alain, un article qui ne convaincra strictement personne.
On parle là, simplement, d’une structure budgétaire.
Je résume : tout comme celle des omnipraticiens, la rémunération des spécialistes constitue une enveloppe globale (comme en éducation, pour les commissions scolaires).
Il est clair pour tous, sauf pour vous-même, que l’enveloppe globale contient à la fois les salaires et, en l’occurrence, les primes.
En éducation où j’ai longtemps été cadre, lesdits cadres avaient droit (en raison d’un rendement à évaluation bien aléatoire) à des primes ou bonis dont les enseignants étaient « gracieusement exemptés » : situation similairement injuste. Bien sûr, les primes étaient budgétées, mais réservées, dans l’enveloppe globale, ce qui est un incontournable en comptabilité, afin de prévoir et de financer la dépense…
Dans l’enveloppe globale des spécialistes , comme dans toutes les enveloppes globales, il existe des règles multiples, lesquelles concernent les dépenses autorisées. Ces règles peuvent concerner les motifs et les modalités de distribution d’une prime « Somme d’argent ou don que l’on accorde à quelqu’un pour l’encourager, pour l’aider ou pour la récompenser. »
Dans le cas précis qui nous intéresse LA RÈGLE fortement irritante, qu’elle ait été ou non négociée et consentie, concerne le fait que les spécialistes qui arrivent à l’heure (sous réserve de quelques aménagements pragmatiques…) au bloc opératoire reçoivent un montant qui, bon an mal an, peut « rapporter » 30 000 $ et plus à chacun d’entre eux pourvu qu’il soit ponctuel.
41 millions y ont été consacrés.
Que cette somme soit ou non ajoutée à l’enveloppe salariale n’a rien à voir avec le fait qu’elle constitue une récompense pour ponctualité, ajoutée au salaire, et naturellement prévue dans l’enveloppe globale.
Cela dit, la règle de ponctualité est DÉJÀ encadrée par les normes du travail : tout salarié arrive à l’heure fixée par son employeur à son travail.
Comprenons-nous bien : il n’y a pas de salariés légalement autorisés à ne pas arriver à l’heure et un salarié qui le croirait serait congédiable!
Alors navré, Alain, mais les médias ont livré une information comptable juste qui contredit votre information contable, mais pas du tout convaincante.
Quand on sait (le savez-vous?) que certaines travailleuses sociales et certains travailleurs sociaux d’organisme à but non lucratif gagnent moins de 25 000 dollars par année pour prodiguer d’autres soins essentiels de santé à des personnes vulnérables, il y a évidemment une indécence dans la sur-rémunération des médecins et des spécialistes, un pillage de la richesse collective et, ultimement, des conséquences sur l’état de santé des populations : on ne peut pas « se rendre trop riches » sans générer de la maladie.
Je ne sais pas si mon but était de convaincre, mais sûrement au moins d’expliquer. Ce n’est peut-être pas utile pour vous. Quant à moi, pour en avoir déjà souvent discuté avec bien des gens, il me semble que la dynamique et les processus des négociations médicales sont mal connus, notamment sur les points que je soulève dans ce texte. Voilà d’ailleurs un moment que je voulais expliquer ces négociations, j’ai pris le prétexte des primes pour le faire. J’imagine que c’est permis. Je trouvais l’exemple du débat sur les primes intéressant, parce ce qu’on lit et entend généralement, c’est que ces primes sont ajoutées à la rémunération ds médecins (d’où les protestations), alors qu’elles font partie de leur rémunération.
En examinant les définitions du mot « prime » (Antidote : somme d’argent ou don que l’on accorde à quelqu’un pour l’encourager, pour l’aider ou pour la récompenser. Donner, octroyer une prime à quelqu’un. Somme allouée par l’État dans l’optique de favoriser une activité. Prime à l’emploi. Somme d’argent payée à un employé, en plus de son salaire, pour le récompenser ou pour couvrir certains frais. Prime d’éloignement. Prime de transport, de risque. Prime d’entreprise. Prime de rendement.), je n’y retrouvais pas ce que je connais en médecine, soit une modulation d’un revenu moyen préalablement défini.
Peut-être que dans le monde des négociations syndicales, par exemple en éducation, le concept est un peu similaire, comme vous me l’indiquez. Vous avez sans doute une bien meilleure connaissance que moi des structures publiques de négociation et budgétaires des grandes organisations. Il me semble tout de même que les négociations médicales et le traitement qu’on en fait publiquement possèdent des éléments spécifiques. Vous me corrigerez si je me trompe.
D’abord, dans les négociations du secteur public, est-ce qu’on négocie, comme en médecine, un % sur la masse globale, avant d’en définir, dans des étapes ultérieures (parfois bien éloignées), les détails et modalités de répartition ? Pour en arriver aux « primes » de chirurgie, il faut limiter certains actes, et réattribuer les montants.
Ensuite, comme les médecins sont essentiellement rémunérés à l’acte, la dynamique des « primes » est quand même assez spécifique : des primes comme celle allouée pour que la chirurgie débute avant 8h00 constituent par elles-mêmes des actes. En ce sens, est-ce qu’on ne peut pas dire que tout, dans ce type de rémunération, est une prime ? Évidemment, il ne s’agit pas d’un salaire.
Peut-être que les mécanismes fondamentaux se ressemblent. Pour avoir mené une négociation médicale (pour ma spécialité), on partait vraiment de la masse et d’un objectif de revenu, pour le découper en actes et modalités qui avaient du sens pour tout le monde.
Pour ce qui est de la modalité elle-même, vous parlez de « ponctualité », mais le libellé mentionne plutôt qu’il s’agit de s’assurer que les premières opérations sont réalisées avant 8h00, ce qui implique beaucoup plus large que la « ponctualité » du chirurgien, mais bien de participer à une organisation des blocs opératoires qui favorise cela et de se rendre disponible pour y arriver plutôt que de se consacrer à d’autres tâches médicales (parce que je doute que le problème soit surtout d’arriver à l’heure).
Par ailleurs, vous ajoutez que « bon an mal an », cette prime peut rapporter $ 30 000 au chirurgien. Or, cela signifierait que le chirurgien toucherait la prime 285 jours par année. J’imagine que vous le savez déjà, puisque je ne vous apprends rien, mais les chirurgiens ont en général une ou deux journées opératoires par semaine. De sorte qu’au mieux, ils peuvent ainsi toucher, pour quelque chose comme 200 jours de travail par année, qu’un montant ne dépassant pas $ 5000 à $ 10 000 par année, n’est-ce pas. Et sans doute bien plus près du $ 5000. La plupart des chirurgiens que je connais ont une journée opératoire par semaine, le reste c’est pour les suivis de patients, les cliniques externes, les consultations, etc.
Pour ce qui est des travailleurs sociaux, un métier que ma mère a pratiqué longtemps et pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, je suis bien au fait de l’importance de leur profession, tout en vous rappelant tout de même que leur salaire moyen varie de $ 43 000 à $ 86 000, ce que vous savez sans doute aussi.
Mais je suis bien d’accord avec vous sur le fait que bien des personnes essentielles gagnent bien trop peu, qu’en comparaison, le revenu des médecins est démesuré et que les sommes engagées dans le rattrapage du revenu des médecins a eu des impacts importants sur les finances publiques en général et les services de santé en particulier. Sauf que ce n’était pas précisément le sujet de ma chronique, qui n’avait pour but que d’éclairer un peu les mécanismes de la négociation médicale et clarifier la compréhension de certains – pas vous – sur le sujet.
Je vous remercie tout de même d’avoir pris le temps de commenter de manière aussi détaillée un texte qui avait apparemment si peu d’intérêt, puisque tout cela est connu de tout le monde. Permettez que j’y lise une expression de votre générosité, manifestement supérieure à la mienne.
5 000, soit disons 5 000 : mais 5 000 de trop!
Encore bien des mots pour noyer le poisson…
Il n’est pas ici question de générosité, Alain, mais de conscience sociale.
En quelques mots simples, malgré vos démonstrations alambiquées de la complexité de la rémunération médicale, un groupe social québécois ( médecins et spécialistes) s’est accaparée de 7, 3 milliards de dollars en 2016, en hausse de 8 % sur l’année précédente.
Dans cette pharaonique distribution, une règle permet d’octroyer la rondelette somme de 41 millions (à 8 200 bénéficiaires, selon vos calculs, de ce qui continue de paraître être une prime à la ponctualité – dont chacun sait, sans être primé, qu’elle est la base de la coordination des services).
Cela se résume à cela.
Ce qui est fort intéressant, c’est l’énergie que vous déployez à expliquer le bien-fondé (compréhensible des médecins) de ce pillage éhonté.
Pour le reste,
1-Vous indiquez l’échelle salariale des TS du réseau public, mais omettez de dire ou ignorez que vous payer vos honoraires, le gouvernement a créé « une sous-catégorie » de TS, celles et ceux des OBNL, payé-es à un salaire de misère. Si vous ne savez pas cela, vous en occultez beaucoup!
Enfin, il vous fera le plus grans bien de lire ou de relire une publication objective, elle, de l’Actualité, datée de février 2017. En voici le lien et la conclusion .
Elle provient de l’appel de propositions à la communauté scientifique lancé en 2014 par Robert Salois, alors commissaire à la santé et au bien-être du Québec.
Financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), la recherche est scindée en deux : la première équipe de Jean-Louis Denis et Marie-Pascale Pomey avait deux ans pour faire une revue systématique de la littérature mondiale et remettre ses conclusions. L’autre équipe de Damien Contandriopoulos et Astrid Brousselle a été chargée d’analyser les effets du modèle de rémunération des médecins sur la pratique et la performance du système de santé au Québec. Tout n’est pas encore déposé, mais, comme vous, Alain, on a hâte!
L’artcile de l’Actualité, dont vous êtes…
http://lactualite.com/sante-et-science/2017/02/02/remuneration-des-medecins-dans-les-details-de-la-machine/
À la lumière des résultats obtenus jusqu’à maintenant, cinq recommandations se dégagent.
Il faut que :
1. L’État assume l’ensemble de ses responsabilités quant à l’arrimage entre mode de rémunération des médecins et performance du système. En particulier, qu’il ne délègue plus la gouverne des mécanismes de rémunération aux syndicats de médecins.
Commentaire perso :
Oups, plus de prime à la ponctualité…
2. Comme nous l’avons dit, le modèle actuel de rémunération médicale au Québec n’est pas soutenu par des données scientifiques valides. Ce modèle entraîne de nombreux effets sous-optimaux sur la performance et devrait être sérieusement révisé. Par ailleurs, aucun modèle de rémunération unique ne va convenir à tous les types de pratique et tous les milieux. L’ajustement du mode de rémunération devrait être adapté au contexte de pratique.
Commentaire perso :
Des effets sous-optimaux sur la performance…Dieu(x) du ciel , comment est-ce possible?
3. Il est probable que la rémunération à l’acte demeure une des composantes des modèles à mettre en place. Pour cette composante, le tarif des actes devrait être fixé en fonction du temps et de l’effort demandés. Ce principe devrait être appliqué entre médecins omnipraticiens et spécialistes, entre spécialités et à l’intérieur des spécialités, de manière à limiter les écarts de revenus et les problèmes de «rentabilité» discutés plus tôt.
4. Par ailleurs, il faut revoir le caractère individuel des logiques d’incitation financière actuellement en place. Il faut faire en sorte que les médecins d’un département, d’une clinique ou d’un service se conçoivent comme devant collectivement rendre des comptes à la population qu’ils prennent en charge et qu’ils s’organisent collectivement pour atteindre leurs objectifs. Sur le fond, les modalités de contrôle collectif ont plus de chances de limiter les pratiques opportunistes, car qui mieux que ses collègues sait ce que fait un médecin, bien ou pas?
Commentaire perso :
Les médecins, rendre des comptes, quelle utopie! Voilà des siècles qu’ils n’en donnent goutte.
5. La cinquième idée de réforme serait de rendre transparente et publique l’information sur les modalités de rémunération et les données de dépense et de production. Sans transparence, comment savoir si le système fonctionne?
Commentaire perso:
Pas pire pour un travail scientifique de chercheurs!
Vous semblez me reprocher de mettre trop de mot. Je ne fais que répondre à chacun de vos points. C’est la meilleure manière de tester les idées. Je note que vous n’êtes pas économe en mots non plus.
Je n’ai jamais défendu ni justifié le rattrapage, mais je l’ai souvent expliqué, parce qu’il était bien mal compris.
Pour ce qui est du salaire des travailleuse sociale, je « n’occulte pas », je l’ignorais avec précision, et j’ai simplement cité une source crédible. Vous frôlez assez souvent le procès d’intention.
Pour ce qui est de la recherche, je suis un peu au courant, puisque j’ai été quelque fois expert pour le CSBE et que je fais partie de l’équipe de recherche que vous citez. Je n’ai cependant pas participé à la rédaction de ce texte. Je suis d’ailleurs en désaccord avec l’affirmation concernant la délégation des modalités de rémunération au fédérations. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne, il s’agit d’une négociation et les deux parties signent les ententes.
Je ne crois pas que les médecins aient un salaire de »crève faim », sûrement pour les omnipraticiens aux alentours de $300,000-$400,000 et les spécialistes avec plus de $500,000-$1,000,000.00 et peut-être plus. On comprend qu’à peu près tous, travaillent très fort (fatigue, stress etc…) mais beaucoup d’autres professions et métiers ont les mêmes obligations et ne touchent pas ces montants astronomiques pour une journée de travail similaire. D’accord pour les études et toutes les mises à jour à consulter, mais tout de même soyons réaliste.
Déplacer des chiffres entre »prime » et »tarification », faudrait voir si la tarification n’a pas été augmentée de toute façon, le tout étant dans l’enveloppe signée par le gouvernement (pas trop le choix) et les deux fédérations de médecins. Étant un service essentiel à la vie, monnayer ce choix est presque sans limite ou presque…pourquoi se comparer aux autres provinces afin d’ajuster la rémunération, plusieurs autres professions et même de métiers on certainement des écarts monétaires plus ou moins important d’une province à l’autre. Le choix de vivre au Québec devrait certainement apporter des avantages autres que monétaire. Les services rendus à la communauté avec satisfaction et compassion doivent certainement être considérés. Il faut pouvoir faire face à nos obligations familiales avec un salaire digne du travail de chacun, mais nous n’avons pas tous, le même »train de vie », l’opulence de certains, dérange tout de même la majorité, vivant plus modestement.
Vous touchez d’excellents points, avec lesquels je suis plutôt d’accord. Mais pour ce qui est de la tarification, elle doit nécessairement être limitée par la même somme dévolue aux primes, puisqu’il s’agit (a priori) d’une enveloppe fermée. Merci pour le commentaire.
Comme la plupart des gens je suis totalement révoltée par l’avidité des médecins surtout des médecins spécialistes qui sont devenus totalement déconnectés de la réalité des gens « ordinaires ». Le Québec est devenu une province pauvre, une population écrasée par des taxes et impôts de toutes sortes. Des gens trop souvent mal soignés, des attentes interminables un peu partout dans le système de santé. Pendant que nos » princes » comptes leurs $$$.
De plus pourquoi doivent-ils avoir la parité de salaire avec les autres provinces? Les autres groupes de travailleurs ne l’ont pas et cela est tout de même normal , le coût de la vie est plus bas ici qu’ailleurs, on a qu’à voir le prix des maisons en Colombie B. ou à Toronto. Enfin la situation est désespérante et nous ne pouvons pas entrevoir le retour d’une situation plus équitable envers la population du Québec.
L’écart est en effet très grand, mais il touche toute l’Amérique du Nord pour ce qui est de la profession médicale. Pour ce qui est du Québec « province pauvre », en général on considère, ce que j’en sais, un écart d’environ 10%, qui était d’ailleurs reflétée dans l’entente avec les médecins. L’écart de revenu, de ce que j’en sais, était comparable (10%) pour les autres professions, du moins à l’époque (2006) où les données ont été évaluées. A ce moment, une experte indépendante était arrivée à la conclusion que l’écart entre les médecins québécois et leurs homologues canadiens était de 34%. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/331649/medecin-remuneration De mémoire, cet écart s’était continuellement creusé depuis 1970. On peut en conclure ce qu’on veut, mais c’était la base des réflexions à l’époque. Merci pour le commentaire.
Bon, d’accord, c’est pas des « primes ».
N’empêche qu’il a fallu explicitement « valoriser », au sens de mettre un prix sur, la ponctualité des chirurgiens pour ne pas « dévaloriser », au sens de gaspiller, les précieuses et dispendieuses ressources humaines et matérielles que constituent les salles d’opérations.
Ça ne démontre pas un si grand respect ni pour le patient ni pour le contribuable.
Désolé de voir ça comme ça.
C’est le propre de la rémunération à l’acte de « mettre un prix » sur chaque acte médical, qui fait effectivement de l’acte médical, sinon une marchandise, du moins un service marchandé. Ce n’est pas nécessairement une grande marque de respect pour les patients ou les contribuables. Merci pour le commentaire.
Être ponctuel n’est pas un acte médical : c’est une norme du travail!
Être de garde non plus. Travailler de soir et de fin de semaine non plus. Pourtant, c’est rémunéré. Par ailleurs, dans le texte de cette entente, il n’est pas question de « ponctualité », mais du fait que la chirurgie débute entre 7h et 8h. Ça peut aussi très bien correspondre à une priorisation des activités en salle d’opération à cette plutôt que, par exemple, une tournée des malades, comme les chirurgiens en font aussi. Je doute fort que la « ponctualité » soit un gros problème ou même la première cible de ce geste. Enfin, est-ce que les « normes du travail » s’appliquent aux médecins, qui ne sont pas employés de l’hôpital? J’en doute.
C’est bien d’expliquer le fond des choses…mais ce qui est vrai pour les citoyens du Québec c’est que les Docteurs reçoivent une trop grande part de l’assiette fiscale de la santé. Les docteurs nous coutent tellement cher qu’il n’en reste pas pour les services…et j’espère que vous en êtes conscient.
J’en suis bien conscient et j’ai souvent écrit sur le sujet. J’aimerais d’ailleurs mieux qu’on discute de ceci plus en profondeur et qu’on ne se laisse pas distraire par des éléments périphériques comme des « primes » pour les chirurgiens. Merci pour le commentaire.
Pour vrai?
Pour un, moi, je suis près de parler du pillage avec vous et d’autres, et de ses retombées sur la détérioration de la santé publique.
Pourquoi pas « pour vrai »? C’est un sujet que j’ai abordé plusieurs fois.
Quand les médecins du Québec se comparent à ceux du reste du Canada pour leur rémunération, tiennent-ils compte des diplômes universitaires qu’ils ont obtenus à très bon compte quand on compare avec le reste du Canada ?
Ils tiennent compte (du moins dans les objectifs de 2006) d’un écart de 10% de richesse et de coût de la vie entre le Québec et les autres provinces, ce qui comprend cet élément. Je ne connais pas l’écart précis entre les coûts des études ici et ailleurs par contre. Vous le savez? Merci pour la question.
Merci, j’aime avoir l’heure juste. Je suis contente d’apprendre qu’il y a eu un ajustement par rapport au reste du Canada qui tenait compte du coût de la vie: c’est l’information contraire que j’ai lue et entendue jusqu’à maintenant.
Ça, parmi d’autre. Ce qui ne veut pas dire que le comblement de l’écart, comme on l’a aussi lu, n’a pas dépassé ses cibles. Pour bien évaluer le tout, il faudrait une vraie analyse en profondeur de la situation. Ce que le gouvernement ne semble jamais avoir voulu faire, malheureusement. Merci pour le commentaire.
Je trouve cet article tordu.
Si l’argent des « primes » était affecté à des soins médicaux, « l’enveloppe » serait la même, mais on aurait plus de soins de santés pour notre argent.
J’ai réfléchi à votre commentaire, qui me semblait une bonne piste. Il est malheureusement difficile de trouver une manière pour y arriver, à moins de diminuer l’enveloppe en question (ce qui est tout à fait possible bien entendu, mais c’est une autre question). Les montants doivent revenir aux chirurgiens, puisqu’il s’agit de leur enveloppe de rémunération. S’il s’agit de les « inciter » à opérer davantage (pour obtenir « plus de soins »), on en finit par moduler des tarifs, ce qui s’apparente à ce que ces « primes » ont comme effet. Ou bien, on augmente les tarifs, mais cela ne permet pas d’obtenir « plus de soins ». Merci pour le commentaire.
Docteur,
En bref, vous expliquez longuement qu’en soustrayant et en additionnant la même somme plusieurs fois, on arrive au même total! Évidemment qu’il faut un doctorat en médecine pour saisir toutes les subtilités de l’affaire! Je dois donc renoncer à comprendre!
Pourriez-vous m’expliquer sans trop de mots pour me perdre, pourquoi une patiente avec saignement doit attendre 18 heures sur un banc de salle d’urgence avant de voir un médecin? Probablement qu’ en divisant le nombre de patients par le nombre de médecins, multipliés par le nombre de gens en attente… enfin, je vous laisse trouver la formule exacte.
Merci de votre aide.
P.S.: Je lis toujours vos chroniques avec plaisir, sauf celle-ci qui semble avoir pour prémisse que nous sommes des ignares qui ne comprenons rien et je ne suis même pas journaliste!
J’ai simplement constaté dans les articles que je lis et les commentaires que j’entends qu’assez peu de gens, en effet, sont au courant du processus de négociation de la rémunération médicale, qui est assez complexe et inhabituel. Il ne s’agit pas d’avoir un doctorat pour comprendre le tout, bien entendu, mais cela ne veut pas dire que les gens savent de quoi il en retourne. J’ai pris le sujet des primes pour en expliquer des morceaux, comme je le fais généralement, peu importe le sujet. Peut-être saviez-vous déjà tout cela, alors vous n’aviez pas besoin de lire mon texte, bien entendu. Merci pour le commentaire.
Quelles que soient les raisons invoquées, il n’en demeure pas moins que les médecins sont très bien payés pour leur disponibilité; le Dr. Barrette leur a donné tout ce qu’ils voulaient, ils font partie de l’élite de la société et ne se privent de rien, vivement un nouveau ministre de la santé pour remettre de l’ordre dans tout cela et quoi dire de tous ces médecins qui font leur cour à l’université aux dépens des contribuables et qui s’en vont, soit dans d’autres provinces ou aux Etats-Unis, ils devraient au moins travailler 5 ans au service du public québécois.
Fort peu de médecins « s’en vont ». Quant au rôle du Dr Barrette, ce fut surtout comme président de syndicat professionnel que son impact s’est fait sentir pour ce qui est de la rémunération. Depuis, tout était déterminé. Il est vrai qu’à part un étalement dans le temps, ce qui a été négocié dans les années 2006-2008 a été maintenu. Avec l’impact que l’on sait. Merci pour le commentaire.
Avez-vous copié intégralement sur Antidote la définition du mot « prime »? Si c’est le cas, Antidote a besoin d’un Antidote, relisez votre texte?
Effectivement, je viens de voir. Mais c’est tel quel dans Antidote. Disons qu’il s’agit alors d’orthographe non-genrée. Merci pour l’oeil de lynx.
Pardonnez-moi de ne pas être davantage au courant de toute cette question de rémunération…. mais, si j’y ai compris quelque chose, plutôt que de parler de prime au rendement, ne devrait-on pas parler « d’amende », ou de « retenue » d’une partie de la rémunération « négociée », dans le cas d’un retard à l’ouvrage, de la part du chirurgien…
Dit comme ça, je l’avoue, cela fait un peu bizarre… mais faudrait-il imaginer qu’il n’y avait pas de fumée sans feu… et que l’occasion, l’herbe tendre… ait pu rendre cette drôle de pratique louable, voire nécessaire?… Si c’était vraiment le cas, ne pourrait-on pas suggérer aux journalistes concernés d’aligner mieux le tir de leurs critiques?… Mais je suis peut-être moi-même simplement « dans le champ »…
Pour ce qui est des « amendes », c’est plus complexe en raison de la rémunération à l’acte elle-même, qui n’est pas versée par l’hôpital mais bien par la RAMQ. Mais le résultat est le même, puisque la prime est versée ou non à partir de montants qui ne sont pas dans les tarifs, de sorte qu’ils sont d’abord soustraits à l’enveloppe (ou du moins, pas ajoutés).
Toutefois un bémol, je suis loin d’être certain que c’est le facteur « ponctualité » qui est le principal, plutôt que la priorisation de tâches par la chirurgien ou le travail pour s’assurer que l’organisation du bloc est optimale.
Long article pour des initiés, je crois. Mais la ponctualité à la salle d’opération, envisage-t-on de la rémunérer ou non ? Si c’est le cas, alors le ridicule ne tue pas !Depuis quand doit-on payer des gens, fussent-t-il chirurgiens, pour être à temps à leur poste ? Vraiment incroyable ! Pierre Audet-Lapointe md, frcs(c)
Ce qui fait l’objet d’un paiement, c’est que la chirurgie du patient débute avant 8h00 AM. La ponctualité est sans doute un élément moindre que la priorisation des tâches et l’organisation du bloc, comme vous le savez mieux que moi, bien entendu. Merci pour le commentaire à mon ex-professeur.
« Ce qui fait l’objet d’un paiement, c’est que la chirurgie du patient débute avant 8h00 AM. La ponctualité est sans doute un élément moindre que la priorisation des tâches et l’organisation du bloc. »
La priorisation des tâches et l’organisation du bloc
Ce ce que j’ai compris comme patient, la priorisation des tâches n’est pas un fait de dernière minute, le matin même.
Et quand des imprévus se sont présentés, ils ont été traités passé 8 h00 et, non, je n’étais ni délirant ni sous anesthésie.
Quant à l’organisation du bloc, j’ai cru voir que c’est davantage le fait des personnels infirmiers que des chirurgiens…
Pour que votre ex-professeur, Pierre Audet-Lapointe md, frcs, réagisse, il faut qu’il y ait un vice éthique dans le versement pour le moins
« questionnable » de cette prime : c’en est une que vous la tourniez dans tous les sens que vous voulez…
Et, sur les exemples nombreux donnés, elle est à la ponctualité et, selon la recherche, sans le moindre effet sur une meilleur utilisation des blocs!
merci de lire : meilleure utilisation
Au cas où vous l’ignoriez, l’organisation du bloc opération a beaucoup à faire avec les chirurgiens aussi, comme celle de la radiologie, avec les radiologistes, comme celle des urgences, avec les urgentologues. Bien sûr, pas seulement, et en co-gestion. Mais je ne connais pas un département hospitalier où les médecins n’ont pas un rôle important. Je parle de priorisation des tâches. Vous semblez croire que le chirurgien prend sa matinée relax puis se pointe en retard au bloc. J’imagine que vous savez que les chirurgiens font aussi la tournée de leur patients, des cliniques externes, répondent à des consultations. Quelle priorité donner à toutes ces tâches? Ça se discute. C’est probablement plus important que la « ponctualité », mais je n’en ai pas la preuve. Que mon ex-professeur s’étonne, je ne pense pas que cela signifie qu’il y a un vice éthique. Ça se discute, ça aussi. Pour ce qui est de la recherche, je n’ai pas vu les données. Si vous les avez, partagez-les. Je pense que c’est un critère important pour juger de cette entente.
Comment ça, zéro commentaire ???? Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais quelqu’un qui l’est pourrait-il se faire entendre ? Le bon docteur en vous a-t-il une opinion ? Je suis impatiente de la lire…
Vous l’avez.
Pourquoi ne pas leur imposer plutôt une amende de 105 $ lorsqu’ils arrivent en retard ? Ce serait plus efficace et moins couteux pour le Ministère de la Santé.
Les médecins n’étant pas à salaire, c’est beaucoup plus difficile d’application. Mais cela revient à peu près au même: si la chirurgie débute avant 8h00, le montant est versé, mais sinon, il ne l’est pas. Et comme il provient d’une enveloppe fermée, on pourrait dire que ceux qui reçoivent le montant le touchent en plus tandis que les autres le touchent en moins (sont « pénalisés »). Merci pour le commentaire.
Vous avez bien raison de dire que ces « primes » à la ponctualité ne constitue pas une dépense supplémentaire pour le gouvernement. Elles se situent à l’intérieur de l’entente négociée entre le gouvernement et la FMSQ sur la rémunération globale des médecins spécialistes. Si cet argent n’était pas dépensé pour ces primes, il le serait ailleurs.
Pour bien comprendre ce phénomène, il faut remonter en 1996, année où le gouvernement a imposé le principe de la « masse monétaire fermée ». On était en pleine crise budgétaire et les médecins étaient perçus par plusieurs comme la principale cause de la forte hausse des dépenses en santé étant donné 1) la forte croissance de leur nombre depuis les années 1970 (c’était avant la baisse drastique des admissions d’étudiants en médecine et de la pré-retraite financièrement encouragée de 700 médecins) et 2) la perception que la rémunération à l’acte les incitait à produire des actes inutiles ou plus coûteux que nécessaires. Le ministre et les fonctionnaires étaient bien heureux de penser que les dépenses seront sous contrôle car s’il y avait dépassement, les médecins devraient rembourser l’excédent. Et inversement, en cas de non atteinte de l’enveloppe fixé, le gouvernement verse aux médecins le montant de l’écart.
C’était bien mal connaître les médecins. Dès l’entente suivante, les médecins obtiennent les modifications suivantes toujours en vigueur concernant la hausse de leur rémunération. Les ententes comprennent maintenant quatre éléments : 1) une hausse correspondant à celle du secteur public (environ 1% par an); 2) un « redressement » qui correspond à la hausse du secteur public et qu’on justifie par la nécessité d’assurer la rétention et, à deux occasions, pour rattraper le niveau de revenu des médecins des autres provinces; 3) un ajustement pour l’évolution de la pratique (1% ou 2% par an) pour tenir compte de l’augmentation du nombre de médecins et du vieillissement de la population; 4) un montant additionnel (50 M$ en moyenne) pour »favoriser la qualité, l’accessibilité et l’efficience des services ». C’est de ce dernier volet que provient les fameuses primes à la ponctualité. L’argent non dépensé ici l’aurait été ailleurs.
Ce qui est quand même préoccupant et qui illustre bien la dérive qu’a pris la négociation de la rémunération des médecins entre les 2 fédérations médicales et le gouvernement. Je travaille depuis plus de 30 ans dans le domaine de la recherche universitaire et particulièrement sur la rémunération des médecins. Alors qu’au début des années 1980, presque tous les médecins étaient payés à l’acte, on a vu graduellement s’implanter d’autres modalités car autant les fédérations médicales que le gouvernement ont vu les limites du paiement à l’acte pour répondre aux besoins de leur pratique. Pour les spécialistes, ce fut surtout la rémunération mixte (acte et tarif horaire) mais aussi diverses primes comme celle à la ponctualité. Pour les omnipraticiens, ce fut la multitude de primes et de forfaits visant divers objectifs : inciter la pratique en milieu hospitalier, inscrire des patients en GMF puis dans tous les cabinets des patients vulnérables, augmenter le nombre de jours en cabinet et le nombre de patients inscrits, assurer le suivi des patients,etc. Selon les données de la RAMQ de 2025, plus de 20% de la rémunération des omnipraticiens sont pour ce type de prime qui sont parfois contradictoires. En fait, on est dans une situation de « patch work » où pour chaque situation plus ou moins problématique, on adopte une petite (ou grosse) prime en espérant que les médecins vont y répondre. Or, à ma connaissance, le ministère de la Santé n’a jamais commandé d’étude sérieuse d’évaluation de ces mesures incitatives qui représentent des sommes colossales. Pour leur part, les fédérations médicales ne sont pas intéressées à remettre en question leur pratique. La dynamique des négociations entre le gouvernement et les médecins nous a conduits dans un fouillis de mesures sans remettre en question les modalités de base de rémunération des médecins qui étaient peut-être adéquates au début du régime d’assurance maladie en 1970 mais que la pléthore de mesures compensatoires des 15 dernières années illustrent la nécessité d’une remise en question. Pourquoi ne pas faire comme les systèmes de santé les plus performants? Des omnipraticiens payés en grande partie selon le nombre de patients inscrits et de leurs caractéristiques et des spécialistes selon le nombre d’heurs travaillées et leur niveau de responsabilité, et une faible partie à l’acte afin d’encourager la productivité. La dynamique actuelle des négociations, non seulement depuis l’ère Barrette, mais depuis au moins 15 ans, ne nous fait pas espérer une telle remise en question. Cette dynamique viciée, personne ne semble vouloir s’y attaquer. Même l’étude en cours sur la rémunération des médecins commandée par le regretté Commissaire à la santé semble vouloir éviter le sujet.
Un « intox » dans votre commentaire:
1) une hausse correspondant à celle du secteur public (environ 1% par an)
Cher m. Marc-André Fournier (30 ans dans le domaine de la recherche universitaire et particulièrement sur la rémunération des médecins) renseignez vous avant d’écrire n’importe quoi: la clause »remorque » dont vous faites allusion n’est plus pour les médecins omnis.
Je comprends votre frustration concernant la rémunération des médecins. Bonne continuation dans votre domaine de recherche !
Éclairage intéressant, merci. Je retiens surtout que c’est une sorte de fouillis sinon de fourre-tout et qu’on évalue assez peu les impacts du développement des nouvelles modalités. Un des problème que je vois, c’est que tout le monde s’entend pour modifier les formules, sans pouvoir présenter facilement de données sur les impacts des changements potentiels. Un autre est notre situation assez particulière par rapport à la majorité des pays d’Europe d’un nombre bien moindre de médecins par habitants, et de tenter de mesurer ce que des changements (par exemple un éloignement de l’acte) pourraient signifier pour l’accessibilité. Pour ce qui est de la première ligne, il semble exister une dynamique de lente migration vers des modes à capitation, mais nous en sommes loin. Merci pour le commentaire.
C’est quand même très éclairant de lire le commentaire de Marc-André Fournier , en même tant que désolant d’apprendre de sa plume que
« La dynamique actuelle des négociations, non seulement depuis l’ère Barrette, mais depuis au moins 15 ans, ne nous fait pas espérer une telle remise en question. Cette dynamique viciée, personne ne semble vouloir s’y attaquer. Même l’étude en cours sur la rémunération des médecins commandée par le regretté Commissaire à la santé semble vouloir éviter le sujet. »
J’admire les connaissances très évoluées et la clareté des explications du bon Dr. Vadeboncoeur, mais en tant qu’ingénieur-cadre retraité de la fonction publique du Québec durant de longue année à Montréal et à Québec, j’ai été à même de constater que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis les années 70 ont toujours eu beaucoup de difficultés à respecter et bien rémunérer ses cadres et professionnels, si on se compare avec le fédéral et pour une bonne part le reste du Canada. Toutefois pour les médecins les années récentes ont été surprenante à cet égard, ayant historiquement été considérés comme des dieux de notre système de santé, comme l’affirmait dernièrement le Dr. Yves Lamontagne et l’ancien ministre de la santé Claude Castonguay. Ainsi les récents conflits avec les avocats et notaire, ainsi que les ingénieurs, ainsi que la suspencion et la réduction de l’indexation des pensions des cadres supérieurs sans consultation ni approbation, me laissent perplexes sur le bon jugement, l’éthique et l’équité que semble pratiquer nos charmants politiciens. En effet, ces messieurs et dames m’ont toujours donné l’impression d’agir comme des aventuriers et des improvisateurs de notre avenir sociétale, ayant de la difficulté à comprende que ces cadres et professionnels assurent l’historique et un minimum de continuité dans le fonctionnement de la fonction publique et parapublique. Aussi, chers médecins, malgré des explications de hauts niveau, que même les journalise ont peine à comprendre et encore plus à expliquer, l’impression générale de multiples privilèges attachées à cette sublime profession vont laisser encore la majorité de la population du Québec plutôt perplexe.
Si cette réalité n’était que Québécoise, il n’y aurait pas de problème. Mais on parle plutôt ici pour ce qui est de la profession médicale (pour les autres, je ne sais pas) d’une réalité nord-américaine. Dont il est difficile de s’extraire. On peut sans doute mettre en parallèle le coût des médicaments et le niveau de rémunération des médecins, qui n’est pas un phénomène nouveau ou isolé. Merci pour le commentaire.
Le monde n’est pas dupe, cher Alain!
Le monde discute. C’est comme cela qu’on apprend les uns des autres. Sauf quand on sait déjà tout, bien entendu.
J’ai lu et commenté votre article. J’ai cru discuter avec vous.
J’ai lu les commentaires de vos lecteurs qui, visiblement, très majoritairement, vous envoient le message que vos explications sont hermétiques et encore discutables.
J’ai lu avec attention vos répliques aux commentaires et, d’aucune façon, ladite « discussion » n’a fait fléchir votre avis initial, lequel commençait par :
« Alain Vadeboncoeur remet les pendules à l’heure concernant les primes qui seraient versées aux chirurgiens pour arriver à l’heure. Parce que ces montants… ne sont pas des primes. »
Je ne prétends pas tout savoir. La médecine est votre domaine.
J’ai œuvré en administration publique durant 21 ans : je sais comment les budgets des ministères, y compris les enveloppes salariales, se négocient et se construisent. Je sais ce qu’est une prime.
Je sais qu’une TS de ma connaissance, comme tous ses confrères et consoeurs d’OBNL similaires gagnent 25 000 dollars par année, parce que les organismes qui les emploient sont trop maigrement financés.
Dans mon analyse socioéconomique (et elle est discutable), je crois que l’hyperconcentration de la richesse se fait au détriment des populations les plus vulnérables et à celui de la justice et de l’équité sociales, en plus des impacts négatifs sur la santé des populations en situation précaire.
Je vous avoue faire comme vous : quand je veux avoir raison, j’utilise des contrexemples. Vous êtes un bon lecteur : vous le décodez et apparemment, mais je peux me tromper, vous n’aimez pas être contredit, tant garder votre cap semble précéder l’idée de discuter.
La prime va continuer de mal faire paraître le corps médical concerné : ce n’est ni mon intervention pour le dire ni votre article et vos répliques pour le contredire qui vont changer la donne.
Enfin, à mon humble avis, Alain, il ne faut pas voir partout des syndromes de tako-tsubo : il faut rester zen.
En contrôle…
Pour ce qui est de la forme, je vous rappelle que vous avez commencé votre « discussion » ainsi: « NOYER LE(S) POISSON(S) » « Voilà, Alain, un article qui ne convaincra strictement personne. » « Il est clair pour tous, sauf pour vous-même, que l’enveloppe globale contient à la fois les salaires et, en l’occurrence, les primes. »
J’adore discuter. Et je suis passablement zen. Et je réponds plus directement quand le ton de l’interlocuteur est de cet ordre, qui est rarement le mien.
Pour ce qui est du chapeau, il n’est pas de moi, mais de la rédaction.
Pour ce qui est du fond, je ne suis pas en désaccord avec vous sur l’impact de ces augmentations sur les dépenses publiques en santé, les inégalités sociales et l’image des médecins.
Lorsque j’ai lue ce que le/les journalistes ont écrit à ce sujet, ce qui ce dit au bulletin de nouvelle ect…je suis restée sans mot étant donné que j’ai travaillée de nombreuses années au bloc opératoire. Ma philosophie avant d’avoir l’heure juste avec vous Dr. Vadeboncoeur était : Heuu s’il n’y a pas d’infirmières , infirmière auxiliaire, inhalo, radiologiste en salle (pour certains cas d’orthopédie) préposé(es) dont une de leurs multiples fonctions consiste à aller chercher du sang au labo pour procéder à une transfusion durant la chirurgie…ils ne pourront pas plus opérer so ces autres professionnels en salle d’op , ce doivent également d’avoir cette « prime ». Effectivement un titre comme : 41 MILLIONS EN PRIME….est définitivement plus accrocheur, vendeur, fait réagir monsieur, madame tout le monde. Ce n’est pas vendeurs, ça ne fait pas autant réagir et attire moin l’intérêt public que d’écrire en gros titre : AJUSTEMENT SALARIALE des médecins spécialistes du Québec face aux autres provinces tout en tenant compte du coût de la vie de chaque province. Ben NONNN le SENSATIONNALISME quitte à être erroné, est plus important pour leurs carrières que de fournir les vraies info au citoyens! Étant ami FB, c’est ainsi que j’ai vue votre chronique apparaître dans le mur de publication de mes
ami (es)….rarement je prends le temps de lire les publications. Le hasard n’existant pas… je suis convaincue que j’avais à « tomber » sur votre chronique MERCI ? Dr Vadeboncoeur. J’espère qu’avec les explications que vous nous avez fournis, que d’autres médias en feront de même.
Ceci dit, je peux très bien comprendre qu’on remette en question ce principe d’un rattrapage salarial sur les médecins des autres provinces ou l’écart de revenu entre les médecins et les autres professions… et je suis quand même assez d’accord avec ces remises en question. Mais parlons de cela, plutôt que des modulations de revenu à l’intérieur des enveloppes (qu’on peut aussi critiquer, mais cette fois davantage sur la base de leur efficacité ou non-efficacité pour augmenter l’accès). Merci pour le commentaire.
Ici on parle d’enveloppe prédestinée au corps médicinal. Que ça soit en prime ou le tarifs des actes ne fait aucune différence pour Monsieur et Madame tout le monde. Le fait est que ça va trop loin et que cette rémunération des médecins va trop loin. Depuis 2003 qu’on met en avant plan le rattrapage à l’égard des autres provinces. En 2017 le voilà grassement atteint. Il faut que la roue cesse de gravité autour des médecins et qu’il serait plus que temps de penser au personnel qui travaille pour eux et qui travaille dans des conditions extrêmes tels que le stress, la chaleur et le bruits intenses. Des personnes formées pour un travail exigeant dans la capacité de faire que les médecins spécialiste peuvent prodiguer des soins en chirurgie de qualité. Les dispositifs médicaux n’arrivent pas par magie dans les blocs opératoires, mais aucune enveloppe pour ces personnes qui ont de la difficulté à recevoir une reconnaissance de profession. Dans un premier lieu avec une nomenclature qui date encore des années 50 en tenant compte que l’évolution des technologies médicales nous touchent particulièrement en terme de retraitement sécuritaire, en tenant compte des formations continues pour lesquelles chaque nouveauté qui entre dans le merveilleux monde médical nous nous devons être formés. Et si on rajoute à cela qu’en moyenne un médecin gagne plus de 15 fois notre salaire, on se demande encore quand Est-ce qu’une enveloppe sera allouée pour les personnes formées et dont le travail des médecins est tributaire sera octroyé? À l’heure où on est le gouvernement n’a pas respecté ses engagements en matière d’équité salariale, mais pour des enveloppes aux médecins il y en aura toujours. Il faut que ça cesse à un moment donné!!
Bonsoir. Je suis d’accord avec la plupart des commentaires que vous formulez. Je pense que ça risque de « cesser », effectivement. Mais il faut voir que l’entente remonte à 2008, et qu’actuellement, nous vivons son application (et même son étalement), et non pas de nouvelles mesures, contrairement à ce qu’on lit souvent. Pour le reste, j’ai moi-même proposé un gel et un réinvestissement dans le réseau, notamment pour le personnel, qui travaille effectivement bien fort. Merci pour votre commentaire.
Comme est vrai et sain et simple le commentaire de Caroline Gagnon.
Je ne puis que vous félicitez, Alain, d’être « d’accord avec la plupart de (ses) commentaires ».
Par contre, qu’il faille ou non « voir que l’entente remonte à 2008, et qu’actuellement, nous vivons son application (et même son étalement), et non pas de nouvelles mesures, contrairement à ce qu’on lit souvent. » est aussi utile que de dire à un patient : « votre cancer remonte à 2008 et, actuellement, nous vivons avec son implication (et même son étalement). Et non, nous n’allons pas prendre de nouvelles mesures, contrairement à ce qu’on lit souvent.
Vous comprenez, sans nul doute, que le patient en question est le système de santé et que l’un de ses cancers est, entre autres, celui que décrit Madame Gagnon…
Mais, j’en conviens, après une telle voracité, une telle boulimie, qui mettra le corps médical au régime?
Le corps médical québécois a exercé des pressions hallucinantes pour importer ici un des systèmes les plus injustes : celui des États-Unis!
Misère, Alain : entends les cris, les grincements et les gémissements, même maladroits, comme les miens!
La question des revenus des médecins (pas juste elle d’ailleurs, aussi celle des dépenses en médicaments) n’est pas américaine, elle est nord-américaine, et notamment canadienne. Je doute qu’elle concerne d’ailleurs uniquement la profession médicale, mais il est vrai que les médecins nord-américains ont des revenus très élevés et que leur nombre fait en sorte qu’ils pèsent sur les finances. Je n’ai pas les chiffres devant moi, mais il semble qu’à partir de 1970, les médecins québécois sont passés d’une équité avec les médecins canadiens à un différentiel de -34% environ, tenant compte de l’écart de richesse avec le reste du Canada. C’était l’objet du rattrapage négocié en 2003-2008, et appliqué depuis. La crise de 2008-2009 a accentué les pressions sur les finances publiques causées par ce rattrapage. La question est donc de savoir s’il est légitime pour les médecins québécois de se réclamer d’un traitement similaire à celui des médecins canadiens. Personnellement, je suis bien d’accord avec vous que l’écart est trop grand, et j’aimerais mieux que cet écart soit réduit pour investir dans les ressources du réseau. Je doute par ailleurs qu’on puisse amputer aisément un revenu dûment négocié sans engendrer une confrontation, alors j’ai déjà proposé un gel des revenus des médecins et un réinvestissement dans le réseau. De telles propositions me semble plus intéressantes et porteuses que de discuter d’un montant lié à un début de chirurgie au bloc opératoire. Enfin, je souhaitais que les gens comprennent bien comment fonctionne la rémunération, pour en discuter de manière éclairée. Voilà tout.
Certes, comme le dit le Dr Vadeboncoeur, on peut débattre des sommes et des objectifs, je n’y vois pas de problème moi non plus. Mais moi aussi, le sensationnalisme m’énerve. Pourrait-on débattre intelligemment sans fausser le portrait?
Autre irritant : Selon certaines commentaires, il semble maintenant de bon ton pour de dénigrer les médecins, surtout les spécialistes, sous prétexte que le petit peuple n’a pas accès aux mêmes avantages économiques. Moi, je remercie plutôt vivement les médecins de leurs soins et de leur expertise. J’ai subi plusieurs interventions chirurgicales au fil des ans. Je vous assure qu’avant de tomber dans les bras de Morphée, je ne veux pas savoir si le médecin dont ma santé va dépendre pendant les quelques heures qui suivront a reçu une « prime » ou non. Je m’en fous royalement. Tout ce qui compte, c’est qu’il puisse faire le travail. Et je l’en remercie.
Je suis abondamment intervenu relativement à cet article (maladroit à mon avis) d’Alain Vadeboncoeur. Je ne tente nullement de dénigrer les médecins. Je ne le trouve pas non plus « de bon ton ».
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J’ai subi également, aux mains de chirurgiens respectueux, non condescendants, compétents de nombreuses interventions chirurgicales majeures.
J’ai apprécié qu’ils reconnaissent que j’ai un cerveau apte à comprendre toutes les explications requises.
Je les ai alertés quand la médication prescrite pour faire, avant une intervention, baisser ma tension artérielle à 130/80 a commencé à s’attaquer à la fonction rénale…du seul rein qui me reste…Je n’ai pas fait d’esclandre : l’erreur est humaine, mais il n’aurait pas fallu qu’elle dure!
Nous avons travaillé de concert pour que j’arrive à l’opération avec une tension de 160/100.
Cela a été un travail de concertation et de collaboration.
J’ai confiance en mes médecins, mais, tant que je ne suis pas sous anesthésie, j’ai mon mot à dire. J’écoute et je discute les expertises.
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Cela dit, quand je parle de ce qu’est devenue la rémunération des médecins ou des spécialistes au Québec, je dénonce l’astronomique dérapage social qu’elle constitue, y compris en matière de santé publique.
Il doit exister des tribunes où cela doit être dénoncé.
Cela ne retire pas l’estime que j’ai pour les médecins compétents, ouverts et empathiques.
Merci pour votre texte Dr Vadeboncoeur.
Je comprends le fait que lorsqu’un chirurgien facture lorsque la chirurgie commence entre 7 et 8h, c’est un acte facturé dans un cadre de rémunération à l’acte, et non une prime ajoutée à un salaire. Je comprends aussi le contexte de la négociation de ces actes, et comment la FMSQ se répartit son enveloppe budgétaire parmi ses divers membres/associations/spécialités.
Ceci dit, il y a eu dépassement des couts n’est-ce pas? En effet, le 800 millions versé »en trop » aux médecins, n’était pas vraiment en trop puisque c’était pour des services facturés, et donc rendus. Mais lorsqu’il y a dépassement de l’enveloppe, et que le gouvernement paye quand meme pour ces dépassements, est-ce judicieux de garder des actes comme celui des chirurgiens qui commencent la chirurgie entre 7 et 8h? Si il n’y avait pas de dépassement de l’enveloppe je comprendrais que l’enveloppe soit répartie et comblée comme les différentes associations au sein de la FMSQ l’entendent. Mais dans le cadre de dépassement des couts, est-ce raisonnable de garder de tels actes? Et on sait bien que de tels actes existent dans toutes les spécialités, pas seulement chez les chirurgiens, mais comme ce n’est pas encore sorti dans les journaux les gens l’ignorent.
Les enseignants du Québec ont-ils la parité avec l’Ontario…….pas du tout……les médecins sont au pouvoir……
Belle explication qui va beaucoup trop dans les détails logistiques de comment les ententes entre le gouvernement et les médecins se font. Je ne pense pas que l’opinion publique change à la lecture de ce texte : appelons ça une prime ou un salaire le résultat est le même attribuer un montant au fait d’arriver à l’heure au boulot ou de mettre une jaquette pour aller voir des patients en isolation ne fait pas de sens… on ne verrait jamais ça dans le privé simplement par gros bon sens. Si on ne sait pas comment verser ces 41 millions je suggère de mieux rémunérer les gens qui supportent les médecins (on trouverait peut-être plus facilement des candidats pour combler les postes vacants) comme les aides au patients, infirmières, infirmières praticiennes par exemple qui font une fraction du salaire des médecins mais contribuent tout autant à maintenir notre système de santé publique à flot.
À mon avis une solution serait que les médecins deviennent salariés… ça éviterait toutes ces stupidités et serait probablement plus équitable pour tous, y compris les contribuables (dont je fais partie) qui paient ces salaires.