Quand elle s’installe dans un bâtiment, ses spores invisibles à l’œil nu donnent naissance à des filaments qui s’entremêlent pour former une sorte de ouate blanche, le mycélium. Le mycélium peut ensuite engendrer des « fruits », les sporophores, qui forment de grandes plaques aux contours blanchâtres. Les sporophores relâchent alors des spores dans l’air, qui peuvent faire proliférer le champignon dans toute la structure en bois. C’est ainsi que la mérule a hérité du surnom de « cancer du bâtiment ».
Heureusement, dans une maison bien entretenue, rien de tout cela ne peut se produire, car la mérule a impérativement besoin d’humidité pour s’épanouir. Elle est surtout à son aise dans les vides sanitaires sombres et mal ventilés, où on trouve du carton, du papier ou du bois mouillé. Mais une fois installée, elle est difficile à déloger.
Au Québec, seules 28 maisons auraient été touchées depuis 2010, selon le rapport du comité interministériel sur la mérule pleureuse publié au début de 2018. Le Regroupement Mérule pleureuse Québec, qui réclame une indemnisation des victimes, rapporte plutôt 98 cas pour la seule année 2017, selon l’analyse confiée à la société Enviro-Option. Quoi qu’il en soit, sachant que le Québec compte plus de 1,5 million de maisons, le problème reste rare.
Pour les propriétaires touchés, la mérule peut devenir un cauchemar, car elle implique souvent des travaux de décontamination majeurs. Mais attention ! La mérule peut être confondue avec d’autres champignons bien moins dangereux, et de nombreux diagnostics sont posés à tort et à travers, selon l’Association des microbiologistes du Québec. Pour l’instant, les propriétaires touchés sont souvent laissés à eux-mêmes, rapporte le comité interministériel, et certains se retrouvent à la merci d’entrepreneurs malhonnêtes ou mal formés qui les embarquent dans des travaux aussi coûteux qu’inutiles. Certains prétendent même que la mérule est dangereuse pour les occupants, ce qui est faux : seules les moisissures, qui se développent dans des conditions similaires, peuvent vraiment causer des ennuis de santé.
Pour éviter la mérule, la prévention est la clé : il faut bien entretenir sa maison, ventiler et assécher toute zone rendue humide à la suite, par exemple, d’une inondation, et rénover selon les normes.
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2018 de L’actualité.