Le Canada n’en fait pas assez pour vous protéger contre le radon qui peut se cacher dans votre sous-sol, estiment des experts en santé publique. L’an dernier, ce gaz invisible et inodore a pourtant tué environ 3 000 personnes au pays, dont à peu près 600 au Québec. Soit presque deux fois plus que les accidents de la route!
Le radon est un gaz radioactif qui résulte de la désintégration de l’uranium présent dans la croûte terrestre partout dans le monde. Il est émis en permanence en quantités infimes, qui varient selon l’endroit, en fonction de la nature du sol.
À l’extérieur, le radon se disperse rapidement dans l’air. Mais il peut se retrouver piégé dans des bâtiments s’il s’y infiltre et n’en est pas évacué. La concentration en radon dans l’air intérieur peut alors augmenter sans qu’on s’en rende compte, particulièrement en hiver et durant la nuit, lorsque l’aération du bâtiment est moindre.
En 2009, l’Organisation mondiale de la santé a consacré un important rapport au radon. L’OMS estime que la concentration de ce gaz dans l’air intérieur ne devrait idéalement pas dépasser les 100 becquerels par mètre cube (Bq/m3, un becquerel correspond à la quantité de radioactivité émise par seconde), mais qu’elle est acceptable jusqu’à 300 Bq/m3.
La norme recommandée dans le Code du bâtiment du Canada est de 200 Bq/m3, soit plus qu’aux États-Unis (150 Bq/m3), mais moins qu’en Europe, où elle est de 300 Bq/m3 dans plusieurs pays.
Selon des échantillonnages réalisés par Santé Canada en 2012, 7 % des Canadiens habitent dans des bâtiments où la concentration de radon est supérieure à 200 Bq/m3. Le radon est présent d’un océan à l’autre, et aucun bâtiment n’est a priori à l’abri. Au Québec, cette enquête a montré que le radon est particulièrement répandu dans l’air intérieur de certaines régions, comme la Gaspésie, où une concentration supérieure à 200 Bq/m3 a été mesurée dans le quart des bâtiments.
Le radon cause une seule maladie : cancer du poumon. Il ne donne ni problèmes respiratoires ou cardiovasculaires, ni allergies, ni malformations congénitales.
Environ 16 % des cancers du poumon sont dus à une exposition au radon. Le risque augmente en fonction de la durée d’exposition et de la concentration dans l’air. La combinaison radon-tabac est particulièrement dangereuse: 90 % des victimes du radon sont des fumeurs ou d’anciens fumeurs.
Qu’on soit fumeur ou non, la seule manière de savoir si on vit ou si on travaille dans un lieu où la concentration en radon est élevée est de la mesurer. On ne peut pas se fier aux mesures réalisées aux alentours, car la concentration dépend à la fois de la nature du sol et des caractéristiques de chaque bâtiment.
Santé Canada, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et divers autres organismes expliquent comment s’y prendre et quels travaux vous devriez faire si la concentration en radon est trop élevée. Mais leurs campagnes de communication peinent à soulever l’intérêt de la population.
En juin, un éditorial cinglant du Journal de l’Association médicale canadienne accusait ainsi le gouvernement fédéral de faire preuve de négligence avec le radon. Selon son auteure, Diane Kelsall, Ottawa préfère «ne rien demander, ne rien dire» à ce sujet, en n’obligeant ni les inspections ni les correctifs qui pourraient protéger la santé des Canadiens.
De fait, les locataires, les personnes qui travaillent dans un immeuble ou des acheteurs potentiels ne peuvent pas obliger un propriétaire à mesurer le radon dans un bâtiment. Et ni le Code du bâtiment ni aucune autre loi n’obligent à faire les travaux lorsqu’un taux de radon trop élevé est mesuré. Enfin, même si la facture des travaux peut dépasser les 3 000 dollars pour un bâtiment existant, il existe très peu d’incitatifs financiers pour aider les propriétaires.
À l’automne dernier, le CAA-Québec et l’Association pulmonaire du Québec ont par ailleurs regretté que la Régie du bâtiment du Québec n’ait pas profité de la révision du Code de construction pour intégrer de nouvelles mesures visant à protéger les maisons neuves contre les infiltrations de radon.
De telles mesures seraient pourtant nécessaires pour que le problème du radon touche de moins en moins de bâtiments au fil du temps.
Pour l’instant, la lutte contre le radon repose principalement sur la seule bonne volonté des propriétaires de maisons ou d’immeubles. Est-ce vraiment la meilleure manière d’éviter 3 000 morts par an? En sécurité routière, obliger conducteurs et passagers à boucler leur ceinture sauve environ 1 000 personnes par an. Les détecteurs de fumée obligatoires ont aussi fait diminuer radicalement la mortalité par incendie. Mais le radon, lui, passe encore sous le radar…
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Je suis un peu surpris par le chiffres. Pas mal plus que je pensais. Nous dormons au sous-sol. Quand on est arrivé dans le logement, il y avait des travaux de dynamitage dans le quartier. J’ai fait faire un test du radon. C’est relativement abordable (<100$ à mon souvenir). J'ai passé par l’Association pulmonaire du Québec.
«Ottawa préfère « ne rien demander, ne rien dire » à ce sujet, en n’obligeant ni les inspections, ni les correctifs qui pourraient protéger la santé des Canadiens».
On peut donc conclure qu’à ce sujet, Ottawa dort au gaz (invisible)….
Un bel exemple de science élastique. Le 600 morts par années sont extrapolés du modèle linéaire des effets obsersés sur les survivants de Nagasaki et Hiroshima. Le lait produit 100 Bq/litre et le corps humain en subit environ 5200Bq provenant de la disintegration du phosphore et du strontium pour les mangeurs de viandes sauvages. Que dire des nappes phréatiques de Drummundville ou la CCSN rapporte 140 Bq/l dû à un niveau de tritium anomralement élevé mais qui n’a jamais été expliqué. Il faut metre en perspective des énoncés comme cela en les confrontants avec les connaissances vérifies.
@ Gilles
«L’an dernier, ce gaz invisible et inodore a pourtant tué environ 3 000 personnes au pays, dont à peu près 600 au Québec. Soit presque deux fois plus que les accidents de la route!»
Je ne vois pas où il y a extrapolation?
Poser cette question indique une méconnaissance du domaine des sciences nucléaires. Si le dossier t’intéresse, tu peux commencer avec le lien suivant: https://en.wikipedia.org/wiki/Linear_no-threshold_model
Les effets sur la population, donc l’estimé de 600 décès par année, sont extrapolés à partir de ce modèle. Ce modèle ne permet pas de déduire les effets avec les faibles expositions puisqu’il est basé sur les effets observés lors d’intenses expositions, comme l’explosion d’une bombe atomique. 1 Bq est une unite microscopique de sorte que 100 Bq, c’est ce que l’on mesure dans le lait ou les eaux souterraines.
Ouais, ou c’ets toi qui ne sait pas s’exprimer pour se faire comprendre. Parce que, excuse-moi, mais je ne te comprends pas et je ne pense pas que le problème est de mon côté…
Quel est le problème avec l’affirmation de l’article? Tu donnes des explications sommaires et sans faire le lien avec tes reproches.
J’espérais naïvement il va s’en dire de susciter ton intérêt sur un sujet qui divise la communauté scientifique depuis la mise au point de la bombe atomique. Ça aurait pu être un point de depart intéressant pour aborder ensuite les découvertes fondamentales des dernières années avec l’expérimentation in-vivo des dommages causés par la radiation. Ces travaux ont permis de découvrir le mécanisme permettant aux traitements radiologiques de tuer les cellules cancéreuses et aussi de découvrir les defences cellulaires permettant aux cellules saines de se réparer. Salutations.
J’oeuvre dans le domaine de l’atténuation comme ingénieur depuis plus de 6 ans suite à une formation suivie à Chicago. Mon travail m’amène un peu partout au Québec et je constate que le phénomène est assez peu connu. Le gouvernement ne fait pas de sensibilisation et les données sont encore très partielles, mais je peu affirmer que le problème se retrouve partout au Québec. Certaines régions sont connues comme ayant des taux de radon élevés, mais je constate surtout qu’il existe des régions qui sont particulièrement touchées, souvent avec des taux au-dessus des 2000 Bq/m3, mais où le phénomène n’est pas connu, comme l’ile de Montréal, l’ouest en particulier. À quand des données plus complète sur le phénomène?
Bonjour, pour ceux qui habitent comme locataire dans un logement fédérale. Y a-t-il un moyen de connaître les résultats des tests qui ont été fait il y a quelques années?