Faut-il avoir peur de voyager au Népal ?

Le Népal avait vu venir le coup. Mais il reste encore beaucoup de choses à accomplir pour faire de ce pays un endroit où on n’aurait guère à craindre les tremblements de terre. 

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Photo : SIM Central and South East Asia/Flickr

Le séisme qui a fait des milliers de victimes au Népal n’a pas surpris les spécialistes en sismologie, car la région est reconnue pour être à risque très élevé de connaître régulièrement de violents tremblements de terre. Faut-il pour autant la rayer de ses destinations voyage ?
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Pas forcément, car il y a un constat positif dans cet horrible drame : le nombre de victimes, bien que provisoire, semble largement inférieur à celui qu’anticipaient les experts.

En 2012, le Bureau des Nations unies pour la réduction du risque de désastre (UNISDR) évaluait que le prochain grand séisme qui toucherait la vallée de Katmandou pourrait faire jusqu’à 100 000 morts et 200 000 blessés, de même que de 1 à 2 millions de personnes déplacées. Tout comme en Haïti, la pauvreté, conjuguée à la piètre qualité des constructions et à la violence des séismes, y forment un cocktail potentiellement dévastateur.

Le séisme du 25 avril a atteint 7,8 sur l’échelle de Richter — une magnitude à laquelle il est difficile de simplement se tenir debout. Son épicentre, à 80 km de Katmandou, n’était qu’à 15 km de profondeur, ce qui le rend beaucoup plus dévastateur qu’un séisme prenant naissance plus profondément.

Pourtant, en voyant les images, de nombreux experts étrangers ont dit avoir été frappés par la violence du choc, certes, mais aussi par le nombre de bâtiments qui sont restés debout. Le Népal avait vu venir le coup.

En 2009, le gouvernement du Népal s’est associé aux Nations unies, à des ONG (comme la Croix-Rouge), à la Banque mondiale et à d’autres organisations étatiques (comme l’Agence USAid du gouvernement américain et le gouvernement du Japon) pour tenter d’améliorer la capacité du pays à réagir aux catastrophes naturelles — le tout en se basant sur la stratégie internationale de réduction des risques des Nations unies.

Formé par toutes ces organisations, le Consortium pour la réduction des risques au Népal a conçu un plan pour permettre au pays d’être bien mieux préparé advenant une catastrophe. Examen et renforcement des structures des écoles et des hôpitaux, efforts dans la préparation au risque de crue (300 Népalais meurent chaque année à cause des crues et des glissements de terrain qu’elles entraînent), plans d’urgence élaborés par les autorités tant locales que nationales… Tout cela a déjà permis au Népal d’être mieux armé face à un séisme majeur.

Il reste cependant beaucoup de choses à accomplir pour faire du Népal un pays où on n’aurait guère à craindre les tremblements de terre. Et l’argent est le nerf de la guerre, comme le rappelaient les autorités népalaises lors de la troisième rencontre des Nations unies sur la réduction des risques de désastre (tenue en mars dernier, au Japon).

Aussi dramatique soit-il, le tremblement de terre du 25 avril donne au pays de 30 millions d’habitants l’occasion de rebâtir des infrastructures plus solides, en s’appuyant sur les conclusions de son Consortium pour prioriser les travaux. Pour cela, il va avoir besoin de l’argent de la communauté internationale — mais également de celui du tourisme, sa principale source de revenus.

Pour l’instant, les scientifiques n’ont aucun moyen de prédire exactement quand surviendra le prochain séisme au Népal, comme ailleurs dans le monde. Les premières analyses de ce qui s’est passé n’excluent pas qu’un autre séisme tout aussi (voire plus) violent se produise à tout moment.

Ce n’est pas une raison pour renoncer à aller visiter ce pays magnifique, une fois, bien sûr, que les infrastructures d’accueil destinées aux touristes auront été remises sur pied. Le risque de périr dans un séisme a beau être plus élevé dans ce coin du monde que dans bien d’autres régions, il reste très largement inférieur à bien d’autres risques.

Comme touriste dans un pays en développement, on devrait surtout craindre les accidents de la route. Au Népal, environ 5 000 personnes meurent chaque année sur les routes, soit environ deux fois et demie plus qu’au Canada.

Par ailleurs, un petit conseil avant de partir : mieux vaut savoir quoi faire si la terre se met à trembler. Si vous êtes à l’intérieur, restez-y et abritez-vous sous une structure solide (comme un cadre de porte ou table), ou alors en vous protégeant la tête avec les bras. Si vous vous trouvez plutôt à l’extérieur, éloignez-vous des édifices ou de tout ce qui risque de tomber. Vous déambulez dans un endroit public achanlandé au moment où les secousses se font sentir ? Ne partez pas en courant : tentez plutôt de vous réfugier dans un endroit situé à l’abri des mouvements de foule.

Pour d’autres conseils, rendez-vous sur le site preparez-vous.gc.ca. Bon voyage !

* * *

À propos de Valérie Borde

Journaliste scientifique lauréate de nombreux prix, Valérie Borde a publié près de 900 articles dans des magazines depuis 1990, au Canada et en France. Enseignante en journalisme scientifique et conférencière, cette grande vulgarisatrice est à l’affût des découvertes récentes en science et blogue pour L’actualité depuis 2009. Valérie Borde est aussi membre de la Commission de l’éthique en science et en technologie du gouvernement du Québec, en plus d’être régulièrement invitée dans les médias électroniques pour commenter l’actualité scientifique. On peut la suivre sur Twitter : @Lactu_Borde.

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Les commentaires sont fermés.

Bonjour, merci pour les précisions rapportées dans votre texte. Néanmoins, bien que vous décriviez cet événement comme un « horrible drame », je me dois de déplorer la parution de ce texte à ce stade-ci des événements. En effet, des milliers de personnes sont mortes, un nombre indéterminé sont disparus et que dire des milliers de Népalais qui risquent de mourir dans les prochains jours par manque d’accès aux ressources de base.

Il est certes important de parler de reconstruction le plus tôt possible mais de là à discuter de l’avenir du tourisme, il y a un pas à ne pas franchir. « Quand un seul homme meurt, c’est une tragédie. Quand il en meurt des milliers, c’est une statistique », disait Joseph Staline. Le « timing » de votre texte méprise, à mon avis, les familles des victimes. Nous oublions si facilement que les gens décédés étaient comme vous et moi, avec des rêves et des ambitions, alors même si le nombre de victimes est inférieur à ce qui avait été estimé auparavant comme vous l’écrivez dans le texte ci-haut, il n’en demeure pas moins que des milliers de gens sont morts.

Je suis persuadé qu’il n’y avait aucune mauvaise intention de votre part, mais je me demande si vous auriez publié ce texte à ce stade-ci des événements s’ils étaient survenus au Québec?

Madame Borde, votre article est sensationnel il informe et donne de l’espoir, j’ai découvert que l’action de renforcer des structures existentes, et bien je n’aurais jamais cru que ça pouvait exister c’est une action très humanitaire.

bonjour j’apprécie beaucoup lire les commentaires des auditeurs cependant ce n’est souvent qu’une fois sur 10 Y a t’il un truc pour y avoir accès en tout temps et sur chaque texte qui mentionne leur existence cela devient vraiement frustrant de constater qu’il existe «x« commentaires et de ne pouvoir les lire
merci

Peur de voyager au Nepal…Mais pas besoin nécessairement d’y aller pour visiter d’une certaine façon le pays….A St-Jerome au Centre Marchand ou j’enseignais l’année passée, nous accueillons justement des Népalais et ils partagent avec nous leur culture. Nous avons d’ailleurs réalisé une journée interculturelles fascinante ou des Bouthanaises ayant quitte le Nepal en fait, nous ont fait déguster leur délicieuse cuisine habilles de costumes de leur pays. En echange, nous leur avons fait un pot-pourri de la chanson quebecoise pour présenter un peu la notre. Ce fut meme un Ècoup de coeurÈ de ma commission scolaire!! 🙂