Faut-il avoir peur… des plantes éditées génétiquement ?

Craintes en Europe, jugées inoffensives aux États-Unis, les plantes issues des nouvelles techniques d’amélioration génétique sont toujours dans une zone grises au Canada.

Photo : CasarsaGuru / Getty Images

Les plantes obtenues par les nouvelles techniques d’amélioration génétique, dont les fameux « ciseaux moléculairex » CRISPR-Cas9, présentent-elles des dangers potentiels ? Oui, selon la Cour de justice européenne, qui considère qu’elles doivent être réglementées, voire interdites, comme le sont les OGM en Europe. Non, selon le Département américain de l’agriculture, qui y voit des plantes parfaitement inoffensives. Le Canada, lui, ne s’est pas encore prononcé.

L’édition génétique permet de couper et de recoller des parties précises du génome des êtres vivants pour en modifier les caractéristiques. En labo, cette technique et d’autres apparentées ont déjà donné des résultats spectaculaires pour certaines plantes, par exemple pour augmenter le rendement du riz ou du maïs, accroître la quantité d’antioxydants dans les tomates ou faire mûrir rapidement des cerises de terre. Il reste toutefois des incertitudes, car l’édition génétique ne donne pas toujours les résultats escomptés. Mais la recherche progresse rapidement.

Chez les producteurs de semences, la technique est considérée comme très prometteuse, car elle semble plus rapide, plus précise et moins coûteuse que toutes les autres manières d’améliorer les variétés. Elle est vue comme une solution qui permettra notamment aux agriculteurs de mieux faire face aux changements climatiques.

Comme les plantes obtenues sont dotées de mutations qui auraient pu se produire naturellement, les chercheurs ne pensent pas qu’elles représentent de danger particulier, ni pour les humains ni pour les écosystèmes. La manière traditionnelle d’améliorer les plantes en croisant des individus aux caractéristiques intéressantes revient aussi à favoriser des mutations de leur génome. Depuis 60 ans, les sélectionneurs utilisent également des agents chimiques ou physiques, comme des rayons ionisants, pour faire apparaître des mutations aléatoires dans l’ADN des plantes, avant de choisir les individus ayant les caractéristiques les plus avantageuses. Des centaines de variétés actuellement cultivées, y compris en agriculture biologique, ont été obtenues de cette manière. Les OGM, pour leur part, contiennent du matériel génétique provenant d’autres organismes vivants, comme des bactéries.

Faut-il quand même faire des essais très contrôlés pour vérifier l’innocuité des plantes éditées ? C’est un pensez-y-bien, car un lourd processus d’approbation risquerait de décourager les petits producteurs de semences et de laisser la technologie aux mains des seules multinationales, qui, dans le cas des OGM, ont d’abord servi leurs propres intérêts plutôt que ceux des agriculteurs de la planète.