
Montréal accueille ces jours-ci la 5ème Conférence de Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui vise à récolter 13 milliards de dollars pour les années 2017 à 2019.
Depuis 2002, le Fonds Mondial, une fondation indépendante des Nations Unies, a récolté près de 40 milliards de dollars auprès de gouvernements et d’organisations comme la Fondation Bill & Melinda Gates, avec lesquels elle finance l’achat de médicaments et la mise sur pied d’autres mesures de santé publique par des États ou des ONG. Il estime avoir sauvé environ 22 millions de personnes.
L’objectif reste inchangé : mettre fin à l’épidémie, c’est-à-dire faire baisser radicalement l’incidence de ces maladies là où elle est élevée, en s’attaquant aux politiques publiques et aux inégalités qui font que certaines personnes sont beaucoup plus touchées que d’autres, même à l’intérieur des pays les plus affectés.
Si les progrès sont bien réels depuis la mise sur pied du Fonds, il reste bien du travail à faire. En 2015, environ 1,1 million de personnes dans le monde sont décédées d’une maladie liée au VIH, estime l’Organisation mondiale de la santé. La tuberculose a tué à elle seule plus de 1,5 million de personnes et près d’un demi-million d’autres sont mortes du paludisme.
De 2000 à 2015, le nombre de nouvelles infections au VIH a baissé de 35% et le nombre de décès liés au sida de 28%. Reste que moins de la moitié des 36 millions de personnes vivant avec le VIH sont traitées par des médicaments antirétroviraux. On est encore loin de la cible fixée pour 2020 : que 90% des porteurs du VIH connaissent leur statut, que 90% des personnes diagnostiquées soient traitées par des antiviraux et que 90% d’entre elles voient leur charge virale disparaître grâce au traitement.
En Afrique subsaharienne, où vivent 25 millions de porteurs du VIH, les femmes sont de deux à cinq fois plus à risque que les hommes du même âge de contracter l’infection. Même quand ils en auraient les moyens, plusieurs pays négligent encore les soins et services donnés à des groupes particulièrement vulnérables comme les homosexuels, les prostituées et les personnes s’injectant des drogues.
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La tuberculose recule encore plus lentement, avec une baisse de 1,5% du nombre de cas par an en moyenne de 2000 à 2014. VIH et tuberculose sont souvent liés, car les porteurs du VIH sont 20 à 30 fois plus à risque que le reste de la population de contracter la tuberculose en raison de leur déficience immunitaire. Le tiers des décès de personnes vivant avec le VIH sont causés par la tuberculose. Pourtant, rares sont les pays où les porteurs de l’une de ces maladies sont testés pour l’autre.
Il y a urgence à agir, car la tuberculose devient de plus en plus difficile à traiter. Déjà, en 2014, près d’un demi-million de personnes à travers le monde ont contracté l’une des souches de Mycobacterium tuberculosis résistant aux antibiotiques, que l’on a retrouvées dans tous les pays où sévit la tuberculose.
En plus des souches multirésistantes, qui ne sont plus traitables par les deux antibiotiques les plus efficaces pour traiter cette infection pulmonaire, sont apparues des souches dites ultrarésistantes contre lesquels la plupart des traitements les plus agressifs restent inefficaces.
L’Afrique reste le continent le plus touché, mais plus de la moitié des nouveaux cas de tuberculose surviennent en Asie du sud-est. L’Inde, la Russie et la Chine concentrent à eux seuls plus de la moitié des cas de tuberculose multirésistante et ultrarésistante. Les trois quarts des cas de tuberculose résistante ne sont pas traités et la moitié des cas traités ne le sont pas adéquatement.
Sans un sérieux coup d’accélérateur, la tuberculose risque donc de redevenir un sérieux problème partout dans le monde, y compris au Canada où 1500 personnes ont contracté cette maladie l’an dernier. Les personnes immigrantes en provenance de pays où la tuberculose fait encore des ravages, les itinérants, les porteurs du VIH et les autochtones vivant en milieu urbain sont les plus touchés (y compris à Montréal).
Dans les dernières décennies, le paludisme a globalement reculé dans le monde : la mortalité a diminué de 47% depuis 2000 (de 53% chez les enfants de moins de cinq ans). La lutte dite « antivectorielle », qui cible les moustiques qui transmettent le parasite Plasmodium falciparum, est le moyen le plus efficace de prévenir la malaria. Elle consiste principalement à installer des moustiquaires imprégnées d’insecticides et à pulvériser des insecticides dans les maisons. Le succès de cette stratégie repose avant tout sur l’organisation intégrée des opérations depuis le niveau des communautés locales jusqu’aux politiques gouvernementales.
En 2014, deux pays, l’Azerbaïdjan et le Sri Lanka, se sont ajoutés à la liste de ceux qui n’ont enregistré aucun nouveau cas, et 16 autres pays où la maladie était présente ont enregistré moins de 10 cas. Il y a de l’espoir…
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