J’ai tué mon patient

Il me regardait, souffrant et pâle. Visiblement épuisé. Et incroyablement maigre. C’était l’heure. Il avait décidé.

Un matin, il m’avait annoncé, bien calmement, que le temps était venu. Parce qu’il n’en pouvait plus. « Une bête ne pourrait pas vivre comme ça. »

Ce soir, sa famille l’entourait, calme et attentive. Tout avait été dit. Et les adieux, plusieurs fois répétés.

J’ai pris la seringue et vérifié la dose.

« Vous êtes prêt? » Curieuse question. D’ailleurs, il n’a pas répondu. Ralenti par la morphine, la cachexie, la douleur, la déshydratation et l’extrême fatigue. Mais il était toujours lucide. Il suivait chacun de mes gestes.

Il s’est tourné vers sa femme, puis vers sa fille, qui lui a serré plus fort la main en murmurant un mot que je n’ai pas compris, en espagnol. Il a regardé un instant la photo de son fils en pinçant les lèvres.

Puis il s’est tourné vers moi, acquiesçant d’un signe de tête, mais tout de suite grimaçant de douleur. Sa colonne cervicale le faisait atrocement souffrir depuis quelques jours. Les métastases progressaient. Il a respiré plus rapidement, puis la douleur s’est calmée, il a poussé un soupir et fermé les yeux.

Après quelques secondes, j’ai branché la seringue au soluté. « J’y vais. » Il n’a pas répondu. J’ai commencé à pousser le sédatif. Tout doucement, d’abord. Au bout de 30 secondes, il a bâillé.

J’ai continué à lui injecter le liquide blanc. La respiration ralentissait, c’était perceptible.

« …pis là j’y dis, quand même que tu… » Le jeune homme avait poussé la porte en rigolant, puis, nous apercevant, s’était arrêté net et avait bafouillé une excuse, avant de ressortir doucement.

Le calme est revenu. La vieille femme avait les yeux rivés sur le visage aimé. Quarante-trois années de mariage. Pas toujours heureuses, m’avait-elle confié hier.

J’ai continué à enfoncer le piston de la seringue. Le visage de l’homme était maintenant immobile, sans émotion. Une moue discrète, rien de plus.

Ça ne serait pas long. Sa femme s’est remise à pleurer, mais en silence, puis m’a souri faiblement. Elle songeait peut-être au reste de sa vie.

La fille semblait dire lentement « non » de la tête. Elle n’avait pas voulu. Elle croyait encore à des moments de bonheur. Mais elle avait finalement accepté. La suite serait dure pour elle.

« Jean? » La femme avait parlé doucement, mais le son de sa voix m’avait fait sursauter. J’étais perdu dans mes pensées, songeant à mon propre père sur son lit de mort.

Je revins à la tâche. La respiration était encore présente, mais à chaque minute plus lente et superficielle. La mer se retirait doucement, par vagues successives.

Je calculai mentalement la dose reçue. Deux fois celle d’une anesthésie générale. Il me fallait encore, selon le protocole, l’augmenter jusqu’à l’arrêt complet de la respiration, puis rajouter une pleine dose.

Il eut un léger mouvement de la main gauche. Puis, rien.

J’ai attendu quelques instants, ajouté une dose de sédatif et débranché la seringue.

J’ai vérifié le pouls.

Rien.

Je me suis reculé.« Je vous laisse avec lui. Prenez le temps que vous voulez. »

Je suis sorti de la salle, tamisant la lumière. J’ai rendu son sourire à l’infirmière qui passait et me suis rendu au poste.

Après quelques instants pour rassembler mes idées, j’ai commencé à écrire.

Il était 15 h 34. L’heure du décès.

*

J’imagine que l’aide médicale à mourir mentionnée dans le projet de loi 52 de la ministre Véronique Hivon pourrait ressembler à cela.

Une scène peut-être courante dans les pays où une forme d’euthanasie est acceptée. Peut-être aussi chez nous, dans les maisons, quand les grands malades qui n’en peuvent plus veulent vraiment en finir.

On augmente les doses de morphine, le patient s’endort, la respiration ne résiste pas. Dans le calme et le silence. Et le secret. Parce que c’est un homicide.

La majorité des médecins appuient le principe de l’aide médicale à mourir, même s’ils sont formés pour sauver la vie. Mais peu d’entre eux sans doute seront prêts à poser le geste ultime.

Il semble que parmi ceux qui se dévouent aux soins palliatifs, une minorité seulement est favorable à cette idée que le médecin peut hâter la mort inévitable. Curieux paradoxe.

Et moi, poserais-je le geste? La question m’a souvent été demandée ces derniers jours. Vous avez l’esprit ouvert, mais pousseriez-vous sur le piston de la seringue?

J’y réfléchis. C’est pour l’instant un peu abstrait.

Je suis avant tout médecin d’urgence: je ramène les gens à la vie. Du moins, j’essaie.

Je peux visualiser le contexte, les gestes, les émotions, les réflexions. Ce n’est au fond pas très différent de ce qui se passe en salle de choc quand on renonce à réanimer une personne mourante. Qu’on ferme le défibrillateur. Qu’on arrête les médicaments qui maintiennent la vie ou ce qui en reste. Quand les soins sont devenus futiles parce que la maladie est trop avancée et qu’il n’y a plus d’espoir.

On se concerte alors, si possible avec le patient, même si souvent, il ne peut plus nous aider, alors déjà inconscient ou presque. Avec la famille, avec d’autres médecins, avec le personnel. Tous ceux qui peuvent éclairer plus largement ces difficiles décisions.

Quand on suspend les soins de réanimation, cela devient des « soins de confort », où l’essentiel est de soulager. Tâche qui n’est pas difficile ni jamais bien longue à l’urgence.

Mais s’agit-il vraiment, pour le médecin, de situations très différentes? Retirer les soins pour laisser aller le grand malade vers la mort ou accélérer le passage de celui qui souffre trop vers une mort inévitable. N’est-ce pas un peu la même chose? L’attention aux besoins du patient est la même, le respect de sa volonté aussi, le cheminement vers la mort également. Il s’agit de nuances.

Dans les deux cas, il y a un médecin au chevet d’un patient, une famille autour, tous participent à la décision quant à l’intensité des soins, dans le respect, l’écoute, l’empathie, et surtout, une entière attention donnée à la volonté du patient. Lorsqu’elle est connue.

Des valeurs bien en évidence dans le projet de loi. Un projet à mon sens rigoureux, courageux et respectueux. Mais qui ne peut évidemment faire l’unanimité.

On y traite d’une situation rare et spécifique: un patient au bout de sa course, souffrant, gravement malade, qui souhaite la mort parce que cette vie insupportable n’en vaut plus la peine et n’a plus de sens. Deux médecins devront constater que la vie est devenue trop lourde et qu’elle s’achève.

Un patient majeur, apte à consentir aux soins, atteint d’une maladie grave et incurable, dans un déclin avancé et irréversible, souffre constamment, de manière insupportable, malgré nos soins. Toutes les options ont été discutées: soulagement de la douleur, accompagnement, intensité du traitement, sédation palliative, etc. Il fait son choix: il veut de l’aide pour en finir.

Les médecins en soins palliatifs contestent l’aide médicale à mourir, affirmant qu’avec les moyens dont on dispose, elle n’est pas requise. Qu’il faut surtout rendre les soins palliatifs plus disponibles. Et que le cadre légal actuel est suffisant.

Renforcer le droit fondamental de recevoir tous les types de soins de fin de vie, notamment les soins palliatifs, si importants mais insuffisamment disponibles, est toutefois un point essentiel et louable du projet de loi.

Mais admettons que les meilleurs soins palliatifs aient été prodigués. Que tous les moyens raisonnables aient été utilisés. Que l’environnement soit idéal. Et que ça ne marche pas.

C’est qu’il y aura toujours, de temps en temps, un patient affaibli, souffrant, tanné, meurtri, qui dira un matin: « Docteur, vous avez fait tout ce que vous pouviez, votre équipe est avec moi jour et nuit, mais je veux quand même mourir et j’aimerais que ça arrive rapidement, parce que je n’en peux plus, vraiment. » Juste pour lui, ce projet vaut la peine.

Parce qu’au nom de quoi refuser une volonté si clairement exprimée? Sur la base de quels principes plus louables? De quelles croyances? Et de quel droit?

Malgré la zone d’inconfort médical, comment lui répondre seulement: «Je vous comprends, mais cette ligne ne peut être franchie. »

A qui appartient cette ligne?

Je ne vois pas. Je ne comprends pas comment je pourrais lui imposer mes vues.

Je ne veux pas juger. M’immiscer sans droit dans un lieu ténu qui n’appartient plus qu’à lui, quand la mort est toute proche.

*

Le débat public est similaire à celui du droit à l’avortement: trop polarisé. Avec beaucoup de religion.

Je crains d’ailleurs cette polarisation pour la suite des choses, notamment entre les médecins. Elle pourrait nous détourner des enjeux fondamentaux.

Un médecin ne doit pas tuer. Certes. Pourtant, un médecin pose parfois des gestes apparentés: lors d’un avortement par exemple; ou encore, quand le chirurgien regarde le cœur d’un enfant cesser de battre, puis le retire du corps laissé inanimé afin de pouvoir le greffer à un autre patient. Bien entendu, la finalité est différente. Mais qu’est-ce que ça change, sur le fond?

La réalité du fœtus n’est pas celle de la mère : cette vie génétiquement distincte cherche à se déployer en propre. Il est pourtant essentiel que la femme puisse décider d’elle-même de mettre fin à sa grossesse, parce que c’est la seule position qui protège vraiment la liberté humaine.

La mort neurologique n’est pas la mort physique. Pourtant, on accepte, et avec raison, de retirer le coeur d’un corps qui vit encore pour en guérir un autre. Et donc lui rendre un peu de liberté.

Ce n’est pas si différent. L’aide médicale à mourir est peut-être la seule solution qui respecte jusqu’au bout la liberté essentielle de choisir.

La médecine est un accompagnement, souvent vers la guérison. Tant qu’un patient souhaite vivre, le médecin et l’équipe de soins se battent à ses côtés. Tout est raisonnablement fait pour le maintenir en vie.

Mais si un patient choisit la mort au bout de ses souffrances, le médecin lui refuserait alors son aide, au moment même où il a tellement besoin de lui?

Je ne sais pas encore si je pousserais sur le piston de la seringue.

Mais je vais continuer à y réfléchir.

*

Pour me suivre sur Twitter: @Vadeboncoeur_Al

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Et pourquoi ne pas tout simplement se laisser mourir de faim, comme le font beaucoup d’animaux, quand ils sentent la mort venir ? C’est ce que je compte faire si jamais je me retrouve dans une telle situation: boire de l’eau seulement, jusqu’à ce que mon corps manque de carburant. Ainsi je n’aurai pas à exiger d’un médecin qu’il porte sur ses épaules la responsabilité du geste fatal.

Merci Dr. Vadeboncoeur.. Votre article est tout à fait à propos.
Au mois de décembre dernier, juste avant Noël, une de mes filles après être tombée dans le coma pendant deux jours aux soins intensifs, l’urgentologue a retiré le médicament qui la tenait en vie. Elle est morte trois heures après.
Nous avions eu au préalable une réunion de famille avec ce médecin (très humain en passant) et les conclusions étaient qu’il n’y avait plus rien à faire.
Une question posée au médecin était la suivante: « Après que vous aller retirer le médicament, comment ça prend de temps ? ». Le médecin nous répondit que c’était la seule chose dont il n’était pas sûr « C’est le mystère de la vie. Deux heures, deux jours, on ne sait pas ».
Ça été un des moments les plus difficiles à passer. Je n’oublierai jamais.
Elle était totalement paralysée depuis 2005 suite à une opération dans la colonne vetébrale. Elle avait 54 ans.
Tout ça pour vous dire que le projet de loi de l’aide à mourir de madame Hévon est très louable.
Si appliqué selon toutes les règles, ce projet, à mon avis, pourra aider à mourir dignement.
Les souffrances interminables, sans espoir qu’une situation normale revienne, sont pour la personne en cause ainsi que pour sa famille, inhumaines.
La douleur est encore vive pour nous sa famille, mais il y a un point très important que nous nous répétons souvent « Elle a été libérée de toutes ses souffrances, ça ne pouvait pas continuer comme ça ».
Bien que, docteur Vadeboncoeur, vous soyez en grandes réflexions concernant l’aide à mourir dignement, car c’est vous qui pousser « le piston de la seringue », laissez moi vous assurer sur un point: La mort digne de ma fille est profondément moins pire que de la voir souffrir pendant toutes ces années.

Merci pour ce beau texte percutant, en ce jour du premier anniversaire du décès de ma mère, a l’Hotel-Dieu de Montréal. Elle qui n’a eut de cesse, jusqu’à la limite de sa lucidité de répéter « Pas d’acharnement thérapeutique » serait fière de ce projet de loi, qui ne fait que confirmer ce que plusieurs médecins et leurs équipes soignantes pratiquent au quotidien, dans le respect et la sérénité, guidés par le GBS, le Gros Bon Sens…

Je préfèrerais comme titre, « J’ai accompagné mon patient dans l’au-delà »

Je remercie le docteur Vadeboncoeur de replacer le débat entre médecins dévoués et compatissants, s’abstenant de déclarations incendiaires.
Je voudrai revenir sur l’argument de la liberté. La liberté invoquée est celle de l’individu isolé de la société. Le choix de l’individu, qu’il s’agisse de l’avortement ou de la fin de la vie, ignore les conséquences sociales de la décision. Au Canada, la loi ne punit pas l’avortement au nom du libre choix des femmes. Cette situation parait acceptable à la majorité car on pense à des interruptions précoces de la grossesse. On ne veut pas penser à la femme qui tire une balle dans la tête de son enfant en train de naître, mais un tel geste ne serai pas punis dans notre pays. Or, lews lois ne sont-elles pas faites pour protéger tous les citoyens, y compris ceux qui sont en train de venir au monde ? Il en va de même pour l’aide médicale à mourir. Le partisans de cette loi décrive des situations semblables à celles que rapporte le Dr Vadeboncoeur où le patient est à quelques heures de sa mort mais la loi ne pourra pas définir la durée possible de vie de la personne qui demande à en finir car la science ne le peut pas. Je crains que par voie de conséquences des personnes qui ont encore des semaines voire des mois à vivre demandent et obtiennent l’aoide médicale à mourir parecequ’elle se sentent inutiles et représentent un fardeau pour la famille. Même si ces cas sont rares dan les pays où l’euthanasie est dépénalisée, ne suffit-il pas d’un seul cas pour s’abstenir de cette loi ?
Je m’étonne aussi que toute considération de la vie après la mort soit disqualifiée et traitée de « religieuse » comme si la religion était une maladie honteuse. En fait, l’existence de l’âme et sa survie à notre mort physique nous a été proposée par Socrate, sans aucune référence religieuse. Il est donc raisonnable de se poser la question « Cesse-t-on de souffrir après la mort ? » que l’on ait une religion où pas. Nous pratiquons une médecine rationnelle et fondée sur la science. Notre ignorance de ce qui se passe après la mort devrait nous inciter à la prudence.

Pour vous aider à pousser le piston, si l’occasion vient à se présenter:

il y a 2 ans, le 14 février 2011, j’ai eu un double accident de la route: 1er- avec ma voiture en allant travailler le matin 2e- avec l’ambulance qui m’amenait à l’hôpital de La Malbaie. Résultat: polytraumatisée, avec un traumatisme cranio-cérébral sévère. 2 semaines à l’Enfant-Jésus + 5 mois à l’IRDPQ. Dès le début du retour de ma mémoire courte, j’ai remercié la vie pour cet accident. Ma perception de la vie (et de moi-même) est changé à jamais, et pour le mieux. Je me plaîs à dire que je vois la vie en HD maintenant 🙂 C’est très beau.

Malgré tous ces beaux côtés, ma réponse, si on m’avait posé la question à la « porte du ciel », le jour de l’accident: « Voulez-vous mourir ou voulez-vous retourner parmi les vivants? » , ma réponse sera toujours: « Laissez-moi mourir, de grâce! »

Tout le bien qui pourra survenir dans ma vie maintenant ne vaudra jamais la peine d’avoir vécu 1 année de souffrance physique et psychologique intenses, ni la connaissance désormais intrinsèque (dans toutes les cellules de mon corps et de mon cerveau reptilien) de l’existence de la mort, évacuant à jamais le concept de l’insouciance, si agréable et si nécessaire pour une existence heureuse, de ma vie.

J’ai des séquelles très mineures comparativement à la majorité des grands accidentés, alors si ma condition m’amène à ce constat, je n’ose imaginer ceux et celles qui vivent avec de la souffrance sans avoir, eux, l’espoir que cette souffrance se termine un jour! Les contraindre à supporter ça, c’est de la TORTURE!

Et pour en revenir aux réanimations, si vous, urgentologues, aviez déjà expérimenté la mort, vous ne tenteriez pas de maintenir en vie les accidentés. Vous sauriez que la mort, ce n’est pas grave, il n’y a rien de mauvais dans cette expérience, qui fait partie de toutes vies soit dit en passant. Ce qui est grave, c’est la souffrance, autant physique que mentale. Et maintenant quelqu’un dans la souffrance, c’est le propre des bourreaux!

Sans rancunes.

Anick Lévesque

Ce n’est pas un « curieux paradoxe” que “parmi ceux qui se dévouent aux soins palliatifs, une minorité seulement est favorable à cette idée que le médecin peut hâter la mort inévitable”.
Ce n’est pas une question de religion mais ceci nait de l’expérience de ceux qui vraiment s’occupent de ces personnes quotidiennement.
Comme médecin oncologue, j’ai vecu la situation que vous avez mentionnée un nombre de fois. Ce n’est pas fréquent mais ceci arrive. La seule différence par rapport a ce que vous immaginez est que j’ai injectée une dose de sédatif pour faire endormir les patients et non pour les tuer. Ce n’est pas une nuance.
Ma dernière patiente est morte 2 jours après avoir commence la sédation. Son cancer l’a tuée et pas moi.
Sa mère et sa soeur veillaient sur elle jusqu’ à la fin. Quand elle s’est endormie pour la derniere fois, elle savait qu’elle ne se réveillerait pas. Cependant, elle savait aussi qu’elle n’était pas un poids pour nous et qu’elle était aimée jusqu’au dernier souffle. Ceci est mourir dans la dignité.
L’euthanasie coûte moins cher pour le système de la santé et il est certain que ceci demande moins d’engagement médical et humain pour le médecin traitant. Cependant, j’y trouve très peu de dignité.

Bravo Docteur Vadebonceour…Et si je puis me permettre d’ajouter à votre réflexion…On dit souvent que de poser la question est une preuve que nous possédons déjà en partie l’amorce d’une réponse. Or, vous dites dans votre texte que le médecin est d’abord là pour aider, sauver des vies, et ultimement guérir ses patients…Très bien…Et si la mort était pour moi l’ultime guérison ? Si j’étais conscient de chacune des étapes d’évolution de ma maladie et que je pouvais parfaitement vous exprimer que je souhaite en finir parce qu’il m’est devenu insupportable de poursuivre de respirer, auriez-vous la compassion de me tuer afin que je sois soulagé définitivement ? Je l’espère. Car comme je suis (fictivement ici) votre patient, et que vous avez à coeur mon bien-être, j’ose espérer que mon médecin, en qui je mets toute ma confiance, saurait répondre à mon désir, au même titre que si je lui demandais de me soigner. LA mort est parfois une guérison pour celui ou celle qui a tout essayé. Le reste ne nous appartient pas !

Je peux tres bien comprendre la plupart des medecins qui ouevrent en soins palliatifs et sont contre l’euthanasie.Ils ne veulent pas etre des « bourreaux officiels ».
Par ailleurs,il ne faut pas tout mélanger,Dr.Vadeboncoeur,vous faites référence a l’avortement,mais ceci est différent car l’embryon ou le foetus a quelques semaines n’est qu’un amas de cellules et non un être pensant.Il n’a pas non plus de statut juridique au niveau de la loi.Vous faites référence aussi a la mort neurologique,la encore c’est différent car le cerveau ne fonctionne plus et le corps n’est maintenu en vie que pour préserver les organes pour un éventuel receveur.
Arrêter les traitements,ne pas s’acharner c’est aussi autre chose,la encore on ne pose pas le geste de tuer quelqu’un.D’ailleurs tous les patients ont le droit de refuser un traitement s’il le désire…
Je pense qu’un médecin n’est pas un bourreau et ne devrait pas être a l’aise avec ce projet de loi 52.

Vous lire en ce jour de Fête des Pères est prodgieux. Ce texte est à la fois réaliste et compatissant à la fois, de situations auxquelles vous êtes confrontés. Je vous admire d’avoir osé mettre sur papier , vos pensées et surtout vous en remercie. Je vois dans votre réflexion d’abord un homme soucieux du bien-être de l’être humain puis ensuite le docteur qui guérit et s’interroge sur cette nouvelle façon d’envisager non pas la mort mais le choix de quitter cette vie terrestre. Vous avez raison de souligner qu’il y aura autant de débats dans la population qu’au sein des docteurs. La science a fait des pas de géants et maîtrise un plus grand nombre de traitements mais cet aspect de la vie, on a pas d’expérience et de repères.
Un docteur comme vous, c’est que je souhaite pour tous. Vous changez le visage de la santé de manière admirable et tous devraient s’en inspirer.
Je vous souhaite une excellente Fête des Pères et surtout, ne changez pas.

Il y a 16 ans, ma mère est partie pour son grand voyage exactement de la manière décrite dans le texte. On était tous présents: son mari (notre père) des 58 dernières années, ses 10 enfants, brus et gendres. Elle était intubée mais consciente de tout ce qui se passait et c’est elle-même qui a demandé, par ses gestes et ses regards, de ne pas lui infliger une vie dont elle ne désirait pas. Elle qui adorait la nature, l’action et la vie, aurait pu demeurer en vie pendant des mois par les machines qui la retenaient. Elle ne voulait pas. Elle voulait Vivre une autre vie. Quand on a demandé au médecin (heureusement très compréhensible et humain) de la débrancher, elle le regardait de ses grands yeux implorants. Le médecin a d’abord refusé en disant qu’il pourrait être passible de poursuite, etc. car c’était « la tuer »… Il a heureusement compris que c’était la libérer. Et on le remercie encore. Elle n’a pas été débranchée avoir d’avoir reçu ses injections. Et à la dernière, elle nous a adressés un dernier « bye bye » de la main, nous a envoyés un baiser, a pris la main de mon père et s’est envolée tout doucement. Il faut des médecins qui poussent sur le piston de la seringue. Il faut des médecins qui compatissent, qui comprennent l’état de vie de ses patients, la qualité de vie de ses patients et qui respectent les demandes de ses patients. Il faut savoir pousser sur le piston. Petite anecdote : à côté de ma mère, aux soins intensifs, il y avait un homme qui n’avait aucune visite depuis des semaines. Les infirmières nous ont raconté par la suite qu’il s’était retourné du côté du rideau fermé et nous avait écoutés chanter des chansons à mom, lui dire combien on l’aimait, lui dire combien on respectait sa décision de nous quitter. Et … 2 minutes après la mort de ma mère, cet homme esseulé est décédé. Ma mère l’avait apporté avec lui. Au nom de la Vie, du respect des patients, il faut pousser sur le piston de la seringue.

Bonjour Dr.Vadeboncoeur
je travaille aussi en santé…..

et sincèrement après tout ce que j’ai vu, je souhaite avoir ce droit si j’en ressens le besoin…..
c’est vrai que la souffrance ne se mesure pas….et au final peu de gens le demande….la mort fait peur…la provoquer… davantage.
Si mon corps n’en peu plus et mon esprit veut seulement se libérer pourquoi pas !
Je veux avoir le droit de choisir ma fin !

Je suis en faveur de l’euthanasie ou l’aide médicale à mourir, mais que la personne qui le demande, passe elle-même la commande.

Une installation automatisée pourrait être installée sur le patient, et lorsqu’il sera mentalement prêt, il actionnerait lui-même le bouton qui lui injecterait la dose létale.

Pourquoi demander à une autre personne de le faire pour lui?

bonjours M Vadeboncoeur je suis le débat sur mourir dans la dignité le plus pres possible car selon certain médecin qui sont pour mais ne veulent pas le faire par conviction . J’ai fait application pour ce poste mais je ne suis qu’un camionneur qui doit ce recycler , suite au déces de ma mere 20 ans déjà qui a été réanimer 3 fois malgré sa volonté je veut postulé mais le personnel de Mme Hivon dit que je détient pas la formation . Soite mais j’ai le gout de soulager les souffrances de ces gens . au plaisir de se reparler !!!

Merci dr Vadeboncoeur pour ce bel article,
Merci pour votre empathie et jugement…depuis 5 ans ma mere atteinte d alzheimer s eteint peu a peu…la souffrance morale est immense et presente pour tous ….je la vois deperir presque aphasique elle est dans les derniers stades…c est long et penible de voir cette femme autrefois si forte fiere et automone …au debut de sa maladie elle m a dit ..jamais je ne pensais finir comme ca…elle finira sans doute en foetus sans possibilite de s echapper prisionniere de son corps..Mon frere et moi en prenons grand soin comme la prunelle de nos yeux .Ma mere ne desire plus s alimenter seulement les sucreries sont appreciees…apres maintes intervention aupres de certaines infirmieres de cesser d insister sur l alimentation equilibre et de la gaver de cesser de la contrarier tout simplement lui laisser la paix..
cependant la connaissant abreger sa souffrance serait ce qu elle souhaiterait…finir dans la dignite…ce n est pas le cas