La consommation d’énergie a explosé en 2017

Les efforts pour diminuer l’intensité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour atteindre un certain niveau de richesse, n’ont pas porté leurs fruits, révèle l’Agence internationale de l’énergie.

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L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier ses dernières statistiques sur les tendances en matière de consommation et de production d’énergie dans le monde. Et les nouvelles ne sont pas bonnes.

En 2017, la consommation totale d’énergie dans le monde, sous forme d’énergies renouvelables, de produits pétroliers, de charbon, de gaz, de biomasse et de nucléaire, a augmenté de 2,1%. C’est nettement plus que les 0,9% de croissance mesurés en 2016 et que les 0,9% de croissance moyenne annuelle sur les cinq dernières années. Elle a atteint 14 000 mégatonnes équivalent pétrole (Mtep), alors qu’elle était de 10 000 Mtep en 2000.

Le Québec fait-il mieux? La province a consommé un total de 40 Mtep d’énergie en 2013. Mais depuis, mystère ! Parce que le gouvernement ne publie pas de données plus récentes.

Plus le monde se développe, plus il a besoin d’énergie. Il est donc logique qu’en période de croissance économique, la consommation augmente. Sauf qu’on sait qu’une bonne partie de l’énergie est gaspillée, et qu’on pourrait atteindre le même niveau de confort et de développement en l’utilisant plus judicieusement.

On sait aussi que la production et l’utilisation d’énergie sont, de très loin, les plus importantes sources d’émissions de gaz à effet de serre. On a donc besoin de diminuer nettement l’intensité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire pour atteindre un certain niveau de richesse.

Et c’est là que le bât blesse. Car en 2017, les progrès à ce chapitre dans le monde ont ralenti, alors qu’ils auraient dû accélérer. Selon l’AIE, l’intensité énergétique n’a diminué que de 1,7%, soit nettement moins que les 2,3% de moyenne atteint sur les cinq années précédentes. La différence peut sembler négligeable, mais elle ne l’est pas: l’agence qualifie cette performance de « dramatique ». Elle l’attribue à la mollesse des politiques des politiques d’efficacité énergétique et au bas prix des carburants fossiles, qui ont bénéficié de subventions publiques d’un montant astronomique de 260 milliards de dollars en 2016.

Malgré la récente révision de sa politique énergétique, le Québec contribue encore trop largement à ce phénomène. Selon un rapport publié cette semaine, réalisé par l’Institut international pour le développement durable et Équiterre, le gouvernement du Québec accorde, par ses divers programmes et mesures fiscales, rien de moins que 300 millions de dollars de subventions par an à l’industrie des carburants fossiles pour encourager le développement industriel de ses produits et, surtout, faciliter leur consommation.

À elles seules, selon ce rapport, la réduction de la taxe sur les carburants dans certaines régions et pour les aéronefs et les locomotives a représenté un soutien de plus de 1 milliard de dollars entre 2011 et 2017, dont plus de 205 millions de dollars pour la seule année 2017.

Non seulement ces subventions représentent beaucoup d’argent, mais elles constituent un frein à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de GES du Québec. Elles sont  inéquitables pour les producteurs et consommateurs d’énergie plus durables, qui n’en bénéficient pas.

Équiterre demande donc au Québec de s’engager, comme le Canada l’a fait au G20 et au G7, à éliminer complètement ces subventions d’ici 2025. Le prochain budget provincial ira-t-il dans cette direction ? Réponse mardi.

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