Périodiquement, les alertes à la rougeole frappent fort dans nos médias. Avec raison, puisque cette maladie très contagieuse comporte son lot de complications. En février dernier, un bébé souffrant de rougeole avait été identifié dans un vol de Air Canada et une alerte avait alors été lancée.
La confirmation récente d’un cas à Montréal et de trois cas potentiels dans la dernière semaine d’avril a donc suscité une autre alerte, lancée tout récemment par les autorités de santé publique. Il s’agissait de personnes arrivant à Montréal depuis la Roumanie, qui auraient fréquenté un centre d’hébergement et un organisme d’aide pour demandeurs d’asile.
La rougeole demeure toutefois une maladie rare chez nous, puisque dans nos populations, la plupart des gens sont vaccinés.

Le vaccin comme ligne de défense
Comme le taux de vaccination contre la rougeole est élevé dans nos contrées, les éclosions locales proviennent surtout de personnes ayant contracté la rougeole dans d’autres pays et qui transportent le virus avec elles.
C’est que dans certains pays d’Europe, comme dans plusieurs coins du monde, les éclosions de rougeole sont actuellement fréquentes. Tout cela est en lien direct avec de plus faibles taux de vaccination de la population.
Actuellement, deux doses de vaccins sont recommandées par les autorités de santé publique et on considère qu’il est très difficile pour la rougeole de pénétrer un territoire lorsque plus de 95 % des gens sont bien vaccinés.
En effet, comme le vaccin contre la rougeole est particulièrement efficace, le virus peut difficilement se propager même s’il subsiste un certain nombre de personnes non vaccinées, puisqu’il ne trouve pas de terrain suffisant pour favoriser son éclosion.
Parmi les pays en tête de ce triste record, on note la Roumanie, l’Italie, la Grèce et l’Allemagne. La France arrivait alors en cinquième position, avec 339 cas. Toutefois, on rapporte une hausse importante des cas de rougeole en France cette année : on y a dénombré plus de 1 700 cas, ce qui pourrait conduire à une année record.
Près de 9 de ces personnes sur 10 contractant la rougeole ne sont pas vaccinées. On les retrouve souvent parmi les immigrants récents, provenant de pays avec un taux de vaccination encore plus bas, ou encore de communautés spécifiques où on s’oppose à la vaccination. Au Québec, où le taux de vaccination complète (deux doses) est de l’ordre de 90%, on se souvient par exemple de l’éclosion de rougeole dans une communauté dans la région de Joliette, qui rejetait le principe de la vaccination.
Une priorité mondiale de santé publique
La rougeole est un problème grave, qui entraine, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) environ plus de 2 millions de décès chaque année dans le monde. Et il s’agit surtout d’une des principales causes de décès chez les enfants de moins de 5 ans à travers le monde.
Fort heureusement, la vaccination contre le virus a progressé, en raison des campagnes menées ces dernières décennies, le taux de vaccination étant passé de 72 % à 85 % en 2016. Le nombre de décès par la rougeole a en conséquence chuté de 84 % entre 2000 et 2016. Cela permet à l’OMS d’affirmer qu’environ 20 millions de vies ont été sauvées depuis l’an 2000.
Pour ce qui est des risques du vaccin, ils sont marginaux. On se rappelle de la fausse étude du Dr Andrew Wakefield, publiée en Grande-Bretagne en 1997, qui avait prétendu avoir établi un lien entre le vaccin et l’autisme. Depuis, de nombreuses études internationales ont montré que ce lien n’existait pas. L’étude Wakefield a ensuite été retirée, puisqu’il s’agissait essentiellement d’une fraude, doublée d’un cas de conflit d’intérêts.
Malgré tout, en raison de cette étude, et de campagnes nébuleuses menées par les anti-vaccins, les taux de vaccination ont périodiquement baissé dans plusieurs régions du monde, même dans les pays développés, de sorte que des éclosions de plus en plus fréquentes ont été constatées.
À quoi ressemble une rougeole ?
La maladie se caractérise par une forte fièvre, un écoulement nasal, une toux, des yeux rougis (conjonctivite) et un malaise généralisé.

Mais c’est surtout son rash caractéristique qui en donne la signature, le corps se couvrant de rougeurs maculopapulaires (en taches plus ou moins surélevées, voir l’image au début de ce billet) répandues sur toute la surface du corps. Le virus cause aussi des lésions caractéristiques dans la bouche.

Si on croit développer les symptômes de la rougeole, mieux vaut appeler d’abord Info-Santé au 811 afin d’être dirigé vers un endroit approprié et d’éviter de transmettre la rougeole dans un environnement avec des malades.
Le vrai problème du virus de la rougeole, c’est son haut taux de contagion, puisque jusqu’à 4 jours avant l’apparition des rougeurs caractéristiques, la personne peut être contagieuse, et elle demeure contagieuse aussi 4 jours après leur apparition.
Une personne peut en infecter en moyenne 16 autres. Mais lorsqu’on est en contact avec une personne ayant la rougeole, on est généralement bien protégé, à plus de 90 %, par le vaccin déjà reçu.
Par contre, pour les personnes non vaccinées, on peut choisir d’injecter des anticorps (comme ceux produits par nos propres défenses immunitaires lorsque nous sommes vaccinés), par exemple aux femmes enceintes n’ayant jamais eu le vaccin contre la rougeole ou qui n’ont jamais eu la rougeole, aux bébés de moins d’un an et aux personnes dont le système immunitaire est affaibli.
Le but est alors de combattre directement le virus, parce que la personne n’a pas développé ses propres défenses.
Malheureusement, la rougeole ne peut être directement traitée, puisqu’il n’existe aucun antiviral susceptible d’atténuer ses complications. Or, ces complications sont assez nombreuses, puisqu’on parle de pneumonie dans 1 à 5 % des cas, de convulsions, de dommages permanents au cerveau dans 1 cas sur 1 000, et de décès dans 1 cas sur 3 000.

Ces complications surviennent plus souvent chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli et chez les bébés de moins de 1 an, d’où la virulence de la rougeole chez les jeunes enfants.
Prévenir
Au-delà du risque d’attraper la rougeole, qui demeure assez limité en raison du faible nombre de cas, ces alertes contribuent à nous faire réfléchir périodiquement à l’importance de maintenir un taux de vaccination élevé dans la population, à maintenir à jour son calendrier de vaccination et aussi… à lutter contre les fausses informations véhiculées sur les vaccins. Contre lesquelles il n’existe malheureusement pas de vaccin à ce jour.
Parce qu’il faut toujours garder son esprit critique, véhiculer n’importe quelle sottise à ce propos, comme le fit le docteur Wakefield en 1997, ne peut que miner ces stratégies globales de lutte contre la rougeole – et d’autres maladies – parmi les plus efficaces développées au cours du dernier siècle. Et qui sauvent des millions de vies chaque année. Qui sait, peut-être un jour la vôtre.
La rougeole est une excellente candidate pour une campagne d’éradication. C’est la grâce que je nous souhaite, la maladie ayant laissé des séquelles permanentes à un œil de mon frère. Si on peut en finir avec la polio, autre maladie dont je connais des victimes d’avant le vaccin…