L’auteur est professeur à l’UQAM. Directeur scientifique de l’Observatoire des sciences et des technologies, il a aussi été titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences.
Depuis quelques semaines, chroniqueurs et intellectuels parlent abondamment de liberté d’expression, de liberté d’enseignement et de l’importance de faire preuve de respect envers les croyances des personnes. Mais peut-on toujours concilier la science et le « respect » des croyances ?
On peut en effet penser que cela puisse poser problème quand il s’agit de « respecter » des croyances fausses au vu du développement des connaissances scientifiques. Mentionnons donc quelques cas historiques de découvertes scientifiques qui ont — le plus souvent sans qu’on le veuille ou qu’on s’en rende compte — « blessé » des croyances anciennes et qui rappellent qu’il ne peut y avoir de vraie science sans une entière liberté de recherche.
Le cas de Galilée est trop connu pour s’y attarder, mais précisons tout de même que, condamné en 1633 par l’Église catholique pour hérésie, il s’est excusé d’avoir osé écrire que la Terre tournait autour du Soleil. Ses excuses lui ont évité d’être brulé sur la place publique, comme le fut en 1600 Giordano Bruno, qui avait refusé de se repentir et de s’excuser d’avoir promu Copernic et la pluralité des mondes. Son collègue Johannes Kepler, pourtant luthérien très pieux, s’est lui aussi fait rabrouer par les théologiens pour avoir fait la promotion du système de Copernic. Son manuel d’astronomie copernicienne fut mis à l’Index par l’Église catholique. Tout cela manquait alors énormément de respect envers un ouvrage considéré comme sacré : la Bible, qui affirmait que le Soleil tournait autour de la Terre. Le grand savant allemand a tenu tête à ses critiques et répondu que, tout en conservant son respect pour les docteurs de l’Église et en admettant qu’en matière de théologie, il fallait peser le poids des autorités, en revanche, seul comptait en science le poids des raisons.
Professeur à l’Université de Louvain, Martin Étienne van Velden fut lui aussi amené à être respectueux des croyances de son époque en matière d’astronomie. En effet, ce professeur avait d’abord été suspendu sans salaire par le doyen de sa faculté pour avoir enseigné en 1691 la théorie copernicienne à ses élèves. Après avoir remis en question l’autorité absolue du recteur, cherché (en vain) l’appui « de tous les amants de la Vérité et de la Liberté », il s’est fait expliquer par le représentant du pape qu’il serait facile de lui pardonner sa faute s’il montrait « le respect voulu au Saint-Siège et se soumettait au jugement du souverain pontife ». Heureusement pour la paix sociale de cette université catholique, le professeur avoua finalement regretter d’avoir enseigné des idées proscrites par les autorités, car il n’était nullement « entré dans [ses] intentions d’offenser le Saint-Siège, le magnifique Seigneur, l’Université ou [ses] collègues » ; il regrettait également que dans son enseignement « se soient glissées des choses qui [pouvaient] avoir donné occasion à un froissement ».
Les sciences sociales ne sont pas en reste et, au milieu du XIXe siècle, le grand historien des religions Ernest Renan, qui avait osé écrire une Vie de Jésus excluant l’idée de miracle, a vu ses ouvrages être mis à l’Index. Il fut aussi suspendu de l’enseignement en 1862, car ses supérieurs estimaient que ses analyses constituaient une « injure à la foi chrétienne ». Il expliqua sereinement que « les religions [prenaient] naturellement l’expression, même respectueuse, de la divergence pour de l’hostilité et [voyaient] des ennemis dans tous ceux qui [usaient] vis-à-vis d’elles des droits les plus simples de la raison ». S’il disait comprendre que les religions devaient se considérer comme inattaquables, car « sans cela elles n’obtiendraient pas de leurs adhérents le respect dont elles [avaient] besoin », il affirmait toutefois clairement qu’il ne fallait pas obliger « la science à passer sous la censure d’un pouvoir qui n’[avait] rien de scientifique ».
Nul besoin d’insister sur les attaques encore aujourd’hui fréquentes des évangélistes américains contre la théorie de l’évolution, laquelle, selon eux, manque éminemment de respect et blesse les personnes — toujours nombreuses — qui croient que les humains descendent en ligne directe d’Adam et Ève. Rappelons plutôt les propos de la physicienne tunisienne Faouzia Farida Charfi, qui, dans son ouvrage La science voilée, paru en 2013, raconte s’être heurtée, dans son enseignement de la physique, « à la réticence de [ses] étudiants, exprimée avec conviction, à la théorie de la relativité restreinte. Ils affirmaient qu’Einstein s’était trompé, que la lumière se propagerait avec une vitesse infinie ». Sans argument scientifique, l’affirmation ne se fondait, dit-elle, que sur « la conviction selon laquelle la lumière et l’infini [étaient] les signes de la puissance divine ».
On pourrait multiplier les exemples de ces censures qui se présentent sous le prétexte d’assurer la paix sociale. On le voit, malgré toute leur bonne volonté, il n’est pas toujours facile ni possible pour les scientifiques, chercheurs ou simplement enseignants d’éviter de blesser des personnes lorsqu’ils doivent expliquer des faits et des théories scientifiques.
Nous conclurons cette réflexion sur le « respect » en citant encore Ernest Renan, qui affirmait dans son ouvrage de 1848, L’avenir de la science : « La critique ne connaît pas le respect ; pour elle, il n’y a ni prestige ni mystère. Elle rompt les charmes, elle dérange tous les voiles. Cette irrévérencieuse puissance portant sur toute chose un œil ferme et scrutateur est par essence même coupable de lèse-majesté, divine et humaine. »
La science doit-elle s’arrêter là où le « respect » des croyances commence ?
On se croyait sortis de l’obscurantisme…
On dirait bien que nous nous y replongeons :o(
Complètement d’accord
Est-ce qu’il ya de question, si la liberte pouvais existe, alors seul pour moi, seulement pour mes croyances et convictions? Le reponse est evident: ca n’existe pas et ne pouvais existe en realite. La science ne porte pas atteinte aux libertés de croire, elle cherche des explications basées sur des preuves empiriques. Et si quelqu’un a un problème avec des explications basées sur des preuves et des raison, sa ne devrait pas être attribué à une faute de la science et des scientifiques mes leurs propres préjugés et limitations.
Il faut arrêter avec cette fake news célèbre, il n’est nulle part écrit dans la Sainte Bible que le soleil tourne autour de la terre.
J’attends toujours les références chapitre et verset de cette affirmation qui était celle de l’église catholique certes mais aucunement de la Bible.
Roland Van de Pitterie. Auteur de « Les fondations de la foi chrétienne-La cohérence de la Bible »
En lisant cet article, j’ai en effet sursauté à cette affirmation fausse que je n’avais d’ailleurs jamais lu nulle part auparavant.
Pour le reste, rappelons que les mouvements sont relatifs et que si quelques très rares personnes – à savoir les astrophysiciens – prennent le Soleil comme référence, 99,999% des calculs de mécanique du solide prennent la Terre comme référence et que pour un Terrien le Soleil tourne bien autour de la Terre. Tout comme pour le passager d’une voiture c’est le paysage qui défile…
Non la science ne doit pas s’arrêter, malgré qu’elle puisse heurter les croyances existantes. Le respect des croyances diverses, c’est l’acceptation qu’une personne peut croire ce qu’elle veut malgré les faits, pas de lui éviter toute confrontation à la réalité (des faits). Et de lui laisser la liberté d’évoluer selon son rythme. La science religieuse et les exégètes disent que le récit d’Adam & Ève est symbolique et non une histoire. Sinon, d’oû venait la femme de Caën, leur fils? La théorie du big bang a été émise par le russe Friedman en 1922 et le chanoine Catholique Georges Lemaître en 1927. Le Vatican dit que la bible n’explique pas le comment de la création du monde, mais le pourquoi. Le seul écueil de plusieurs scientifiques est qu’ils sont matérialistes à plus ou moins 65%. Il y a aussi des vérités spirituelles qui sont difficilement prouvables. La science pourra-t-elle un jour éradiquer le mal qui se poursuit au fil des siècles?
« l’importance de faire preuve de respect envers les croyances des personnes »
Ce qui revient à dire que toutes les croyances sont respectables, ce qui à mes yeux n’est pas concevable.
Et pourtant…la Terre est plate, les ânes volent et la Lune est un fromage ! (c’est Raël qui me l’a dit…)
l’obscurantisme n’à pas de frontières pas de classes pas de niveaux pas de domaine il est universel et seuls quelques cerveaux bien clairs et bien agencés y échappent
Et pourtant…la Terre est plate, les ânes volent et la Lune est un fromage ! (c’est Raël qui me l’a dit…)
Dieu à créé l’homme ? ? ? N’est-ce pas plustot le contraire? L’homme a créé Dieu pour se sécuriser.
Le cas Galilée est plus compliqué.
Même si ses conclusions étaient justes, son raisonnement était totalement faux. Ce qui a valu l’emprisonnement de Galilée c’est qu’il a présenté ses travaux comme une réalité prouvée.
Il est aussi amusant de savoir que le Pape de l’époque avait émis l’hypothèse de l’influence de la lune sur les marées.
Théorie dont Galilée s’est moqué d’ailleurs.
Le christianisme n’est pas la religion la plus obscurantiste.
Ajoutons que nombre d’ecclésiastiques ont fait avancer la science.
Quelle science ?
La science humaine terrestre actuelle? Y a-t-il de quoi s’en péter les bretelles? Puis est-elle « correcte » cette science ? Pas, en tout cas, si ce que des pilotes ont rapporté est avéré. Savoir que des « choses » se seraient manifestées à leur vue changeant complètement de direction à des vitesses – parfaitement impossible suivant les données de l’actuelle physique humaine terrestre. Au point que…
Non, il n’y a pas de quoi se péter les bretelles – pour l’actuelle science humaine terrestre. Car s’il est exact qu’existent et (se) passent de telles « choses » ‘autour’, si près de nous; eh bien, cette science humaine terrestre actuelle ne serait alors pas plus près de la véréalité en ce moment, que ne l’étaient il y a quelques siècles, par rapport à la science en émergence de l’époque, les religions, croyant.e.s ou « croyances ». Puisque…
Les scientifiques d’aujourd’hui… croiraient « savoir », connaître — (éminemment mieux en tout cas que ce qui est rapporté en des livres telle la bible) —; alors que celle-ci, à maints égards, avec ses récits « abracadabrants » de « phénomènes ‘spéciaux’ », serait en réalité plus proche du réel.
Il y a une différence entre croire et savoir. La croyance (ou pas) n’a plus de place lorsqu’on sait. La science n’a que faire des croyances. Une croyance peut générer une hypothèse, qui lorsque testée, peut mener à savoir si elle est vraie ou fausse.
Suite
Il y a moins de cococo (COïncidence, COrrespondance ou COhérence) entre science humaine terrestre actuelle et ne serait-ce que le phénomène ovnis, qu’il y en a entre celui-ci et certains récits, « révélations », « descriptions », « allégations », affirmations ou évocations bibliques. Lorsque, en effet, on rapproche d’« alléguées » ou rapportées observations d’ovnis actuelles de descriptions bibliques antiques de phénomènes semblables, éprouve-t-on impression de ressemblance, éventuellement explicative ou ‘confirmative’ de « quelque chose ». Alors que face au seul doute ou déni, ‘scientifique’, de la chose, éprouve-t-on malaise ou inconfort.
Puisque, par exemple, est-ce le « phénomène ovnis » en soi qui n’est pas sérieux ou des « experts » scientifiques disant en douter ou, pis, ne pas y « croire » [sic], qui ne le seraient pas – ‘sérieux’ ?
Car aura-t-on pu entendre des astrophysiciens de l’UdeM entre autres faire ce genre de déclarations, il y a une douzaine d’années :
« il n’y a pas véritablement quelque chose de sérieux dans le phénomène des ovnis », (Robert Lamontagne, professeur d’astrophysique à l’Université de Montréal).
https://www.lapresse.ca/actualites/200809/08/01-660177-festival-dovnis-une-subvention-inusitee.php
(Aussi in La Presse [papier], jeudi 7 août 2008, p. A6)
et, surtout, plus encore : « Je ne crois absolument pas aux ovnis, répond l’astrophysicien Anthony Moffat, professeur à l’Université de Montréal. »
https://www.lapresse.ca/actualites/insolite/200809/08/01-659632-les-quebecois-signalent-de-plus-en-plus-dovnis.php
Or, voilà qui (d)étonne. Pas peu. Puisqu’on voit là qqn, censément scientifique, censé loger, donc, à l’enseigne d’intégrale objectivité-neutralité a priori, caractéristique de tout chercheur authentique, à fin d’ouverture toute à Connaissance toute, quelle qu’elle soit; et (se) logeant plutôt, lui-même, en l’aire croyance, en l’aire foi. Toutes deux radicales en plus: ne croit ab so lu ment pas à.
On ne peut apprendre, savoir, connaître, comprendre ainsi. Ni le monde, nôtre, ni, encore moins, des mondes – autres. Puis, quoi de différent entre dire croire en ou à et dire ne pas croire en ou à ?
Conséquence, part-on alors d’une posture biaisée, où se voient accréditées négation de quelque chose ainsi que personnes n’ayant point vu ou ne « croyant » pas en/à; et où se voient symétriquement discréditées en même temps observations, réelles ou alléguées, ainsi que personnes en témoignant, peu importe leur crédibilité.
Comme quoi, quand bien même y aurait-il 99,99% de pas ‘sérieux’ ou plus ou moins crédible ou sérieux en la bible notamment; n’aurait-on pas avantage à en intégrer ce qui s’y trouve de valable, au lieu de simplement l’opposer, complètement, à la science; cela incluant des dits de sagesse, en sus de descriptions d’étranges phénomènes aériens ou spirituels?
« Examinez tout, retenez ce qui est bon », ne constitue-t-il pas un précepte d’esprit aussi scientifique que possible, bien qu’ayant été énoncé et prescrit par un homme de foi (d’abord) ?