L’adjoint au médecin, une solution pour les patients orphelins ?

Cette profession non reconnue au Québec, mais présente dans d’autres provinces, pourrait améliorer sensiblement l’accès à la première ligne pour les patients, en plus de soulager l’horaire des médecins.

Chaises : s-cphoto / Getty Images ; silhouettes : Leontura / Getty Images ; montage : L’actualité

Chaque jour, Jean-Nicolas Chagnon rencontre des patients à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, leur prescrit des examens ou des médicaments, comme s’il était omnipraticien. Il est adjoint au médecin, une profession exercée depuis plus de 20 ans dans d’autres provinces, mais pas encore reconnue au Québec, sauf dans les bases militaires (qui relèvent du fédéral). Toutefois, cela pourrait changer avec un projet-pilote qui devrait être déployé vers la fin de l’été dans la région de la Baie-James. 

« Quand un cas est plus complexe, j’en discute avec mon médecin superviseur. Mais je règle la majorité des cas par moi-même », dit l’adjoint, qui reçoit les militaires malades ou blessés à l’entraînement. Il peut accomplir tous les actes médicaux que son superviseur accepte de lui déléguer, et négocie l’autonomie dont il dispose avec ce dernier.

La formation, offerte aux universités du Manitoba, de Toronto, McMaster et bientôt de Calgary et Dalhousie, est très semblable à celle de base suivie par les étudiants en médecine, et comprend des stages dans toutes les spécialités (l’obstétrique, l’urgence, la traumatologie, etc.). Elle diffère donc de celle de l’infirmière praticienne spécialisée (IPS) — le concept sur lequel le Québec a misé —, qui se spécialise dans un domaine en particulier (tel que la néonatalogie, la santé mentale ou les soins de première ligne) et a le droit de pratiquer huit actes auparavant réservés aux médecins, dont la prescription de médicaments et le diagnostic de maladies dans sa spécialité.

À la Baie-James, « des adjoints pourront offrir aux familles des Premières Nations un suivi médical plus stable que celui qu’elles ont actuellement », explique Jean-Nicolas Chagnon, également directeur pour le Québec de l’Association canadienne des adjoints au médecin (ACAM). Les négociations vont bon train entre l’ACAM, le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James, le ministère de la Santé et le Collège des médecins, pour déterminer les responsabilités de chacun. 

Jean-Nicolas Chagnon espère pouvoir réaliser d’autres projets-pilotes ailleurs au Québec, par exemple assister des médecins en cabinet, qui pourraient ainsi voir plus de patients. Ou encore décharger des médecins spécialistes de certaines tâches pour diminuer leurs listes d’attente. 

Le Collège des médecins n’est pas fermé à l’idée. « La contribution des adjoints au médecin est une piste de solution à envisager », affirme Leslie Labranche, conseillère principale des relations médias du Collège. Mais cette collaboration doit faire l’objet d’une analyse faisant intervenir le Ministère, les ordres professionnels du domaine de la santé ainsi que l’Office des professions, ajoute-t-elle. « Dans les autres provinces, nous exerçons sous la supervision des collèges des médecins », souligne Jean-Nicolas Chagnon. Le Manitoba a été le premier à reconnaître leur droit de pratiquer, en 1999, suivi de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l’Alberta, de la Nouvelle-Écosse et, tout récemment, de la Saskatchewan. 

Plus de 1 000 de ces professionnels exercent au Canada à l’heure actuelle. Leur présence change la donne, d’après plusieurs études, dont une menée dans un hôpital de Toronto en 2015. Elle a conclu que le Service des maladies infectieuses avait réduit ses délais de consultation du tiers. Selon l’ACAM, des orthopédistes ont aussi pu augmenter de 42 % le nombre d’opérations du genou ou de la hanche effectuées en une année. « On n’a pas la prétention d’être LA solution au manque d’accès aux services de santé, dit Jean-Nicolas Chagnon. Mais je pense qu’on fait partie de la solution. »

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Une excellente solution. Bien sûr si le Collège des médecins l’autorise. Ce qui est loin d’être sûr considérant la mainmise que ce dernier a, et a toujours eu depuis 1970, sur toute velléité de partager ne serait-ce qu’un iota de son sacro-saint pouvoir.

La médecine évolue et les besoins des patients aussi. Beaucoup d’heures des omnipraticiens sont perdues pour des cas qui devraient être vus par d’autres professionnels. En premier lieu les physiotherapeuthes, ils sont généralement plus compétent pour les douleurs articulaires ou musculaires que les omnipraticiens qui ne sont pas dans les cliniques de médecine sportives. Les problèmes psychologiques pourraient être vus en première ligne par des psychologues. La médecine est devenue trop élaborée pour que les omnipraticiens soient bons et efficaces dans toutes les disciplines, pourtant ce sont eux que l’on doit voir pour toutes les conditions.
Un omnipraticien dans une clinique de dermatologie, d’obstétrique, de médecine sportive, etc pourrait tellement soulager les spécialistes et ne plus être un pivot autour duquel tout doit passer actuellement.
Les optométristes, les pharmaciens, les infirmières font maintenant beaucoup plus et le font très bien. Il y a lieu de repenser le système actuel pour devenir plus efficace et que, sans être des spécialistes, les omnipraticiens retrouvent une manière de soigner sans toujours référer.

Depuis que mon médecin a pris sa retraite à Québec , on m’a référée à ce qu’on nomme une « super infirmière ». Ça a définitivement changé ma relation avec la médecine. Elle est super efficace et ne perd pas de temps à dire qu’elle n’en a pas … Mes amies et amis m’envient. Son efficacité en regard d’une problématique de santé que j’aie a été salutaire pour moi. Elle est ouverte aux échanges, je lui fais pleinement confiance. Ça en prendrait de nombreuses comme elle.