Le poisson, bon pour le cœur ?

Manger deux portions de poisson gras par semaine, ça en vaut la peine, confirme une récente étude. Surtout si vous êtes susceptible de souffrir d’une maladie cardiovasculaire.

Coeur : Jolygon / Getty Images ; poissons : Freepix

Les oméga-3, ces acides gras réputés essentiels à une bonne santé cardiovasculaire, sont à peu près absents du régime alimentaire nord-américain. Comme le corps humain ne peut pas fabriquer de tels acides gras, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada conseille à la population, depuis plusieurs années, d’intégrer à son alimentation la meilleure source d’oméga-3 qui soit : les poissons gras tels que le saumon, le maquereau et les sardines. Deux portions de 75 g par semaine suffiraient à combler les besoins nutritionnels journaliers d’un adulte.

Des chercheurs de l’Université McMaster, en Ontario, ont récemment voulu vérifier l’effet réel de la consommation de poisson sur la santé humaine. Leurs travaux, publiés en mars dernier dans la revue savante JAMA Internal Medicine, se basent sur les données de quatre grandes études de cohorte. En tout, près de 192 000 personnes — environ 140 000  en bonne santé et 52 000 avec un risque de maladie cardiaque (infarctus, ACV, etc.) — ont été incluses dans cette vaste analyse combinée. La consommation de poisson des participants, âgés de 54 ans en moyenne et provenant de 58 pays sur 5 continents, a été évaluée par le truchement de questionnaires alimentaires. La durée médiane du suivi était de sept années et demie. Dans leur analyse, les chercheurs ont tenu compte des éléments qui auraient pu biaiser les résultats, comme l’âge, le sexe et les habitudes de vie.

Effet protecteur

La recommandation de la Fondation semble avisée, du moins pour les personnes aux prises avec une vulnérabilité cardiaque. Les chercheurs ont constaté, chez les participants présentant un tel profil, que la consommation des deux portions de poisson par semaine faisait diminuer d’environ 20 % le risque d’un trouble cardiovasculaire et de décès. Bien que modestes, ces bienfaits sont notables. « Ces travaux prouvent le bien-fondé des lignes directrices en ce qui a trait à la consommation de poisson. En manger davantage, surtout s’il est gras, procure un léger effet protecteur chez les gens vulnérables sur le plan cardiovasculaire », affirme Andrew Mente, professeur à l’Université McMaster et auteur principal de l’étude, dans un communiqué

Chez les personnes en bonne santé, les chercheurs n’ont pas observé de différence dans le risque d’accident cardiovasculaire grave entre celles qui consomment deux portions de poisson gras par semaine et les autres. Tout le monde devrait néanmoins suivre le conseil de la Fondation, puisque les oméga-3 ont d’autres bienfaits importants, comme la réduction de l’inflammation, et qu’ils pourraient quand même diminuer le risque d’être atteint d’une maladie cardiovasculaire en faisant baisser le taux de triglycérides dans le sang.

De par leur nature, de telles études épidémiologiques sont difficiles à réaliser. C’est d’ailleurs l’une des forces des présents travaux. « À ma connaissance, c’est la plus grande étude du genre jamais réalisée sur cette question. Les conclusions des chercheurs sont solides ; elles se basent sur ce que les participants mangent dans la vie de tous les jours, dans un contexte non expérimental », analyse May Faraj, professeure au Département de nutrition de l’Université de Montréal et directrice de l’unité de recherche en nutrition, lipoprotéines et maladies cardiométaboliques à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).

Limites de l’étude

Malgré tout, deux éléments de l’étude pourraient en biaiser un peu les résultats. D’une part, les chercheurs ont dû se fier aux renseignements donnés par les participants, qui ont eu à remplir un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires plutôt qu’un journal dans lequel ils auraient pu noter chaque aliment consommé. « Cette méthode permet de cerner les grandes tendances, mais sa précision est parfois discutable. On ne se souvient pas toujours de ce que l’on a mangé dans les derniers jours, les dernières semaines, voire les derniers mois », avertit May Faraj, qui souligne par ailleurs que les journaux alimentaires ont leurs défauts, puisqu’ils sont notoirement fastidieux à tenir.

La grande hétérogénéité de l’échantillon étudié limite aussi la portée des résultats. Difficile, en effet, de comparer les assiettes de participants provenant de cinq continents. « Les statuts socioéconomiques sont très variables. Il est bien évident que les Européens et les Sud-Américains, par exemple, ne consomment pas le poisson de la même manière et, donc, n’ingèrent pas des doses équivalentes d’oméga-3 », explique Jean-Philippe Drouin-Chartier, professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université Laval et chercheur affilié au Centre Nutrition, Santé et Société (NUTRISS) et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF). Ainsi, le saumon ne contient pas la même quantité d’oméga-3 s’il est d’élevage ou sauvage, ou s’il est vendu en conserve.

Malgré ces bémols, tous, peu importe leur état de santé, gagnent à suivre les recommandations nutritionnelles et à intégrer deux portions de poisson gras par semaine, ce qui fournit l’équivalent de 300 à 500 mg d’acides gras oméga-3 chaque jour. « Les chercheurs n’ont noté aucun effet négatif découlant de la consommation de poisson dans leur étude », souligne Jean-Philippe Drouin-Chartier.

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Les commentaires sont fermés.

J’aimerais savoir si les graines de chia ou les graines de lin peuvent apportés le même bénéfice que lomega 3 contenu dans le poisson. J’ai souvent lu que celui du poisson est mieux assimilé vue ça forme soit ADH,AEP et celui des végétaux AAL, j’aimerais une suite a cet article.

J’adore manger du poisson, mais comme dit madame Ginette ci-haut, ¨avez-vous vu le prix ?¨
Peu importe que ça soit bon ou pas pour la santé, j’en mange parce que ça goûte bon… comme le chocolat. J’espère seulement que dans quelques années, on ne vienne pas me dire que ¨des études récentes révèlent que… le poisson n’est pas aussi bon pour la santé qu’on vous a fait croire¨
La science est peut-être précise, mais les scientifiques… ???