L’effritement du contrat social des médecins

« J’ai tendance à interpréter ce sentiment comme un deuil. Le deuil d’une population pour un service qui n’a jamais été à la hauteur de ses prétentions, et le deuil des médecins par rapport à un métier qu’ils pratiquent toujours avec passion, mais dans un environnement de plus en plus difficile. »

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Même si le titre m’apparaissait excessif, j’ai participé avec plaisir à cette conférence organisée par le comité étudiant de l’Association des médecins du Québec, intitulée « Les médecins, au centre des soins ou au centre des critiques ? Rétablissons le contrat social entre les médecins et la population ».

En commençant ma présentation, j’ai toutefois mis en garde les organisateurs quant aux mots choisis, notamment lorsqu’ils affirmaient que le contrat social entre les médecins et la population « s’effrite ».

D’abord, cet « effritement », soit l’« action d’effriter », l’« état de ce qui est effrité », la « désagrégation » et la « dégradation ». Comme dans l’« effritement d’une berge sous l’action de l’érosion » ou, au figuré, la « perte de valeur », l’« abaissement », la « diminution », voire « réduire peu à peu en miettes, en poussière » ! Bref, un concept un peu trop intense.

Pour ce qui est du « contrat », le mot était juste, désignant selon mon cher Antidote la « convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ».

Enfin, le terme « social » se rapporte bien au « lien que les individus établissent entre eux », aux constituants d’une société ou à ce « qui est destiné au bien-être des membres de la société ».

Notre contrat social

Dans un système de santé comme le nôtre, inspiré de celui de la Grande-Bretagne, c’est l’État qui est majoritairement responsable des soins de santé. Il forme les médecins, encadre leur pratique et fournit la plus grande part de leur rémunération pour soigner les patients ou, plus exactement chez nous, selon la Loi canadienne sur la santé, leur offrir les « soins médicalement requis ».

Depuis 1961, l’État couvrait déjà les visites à l’hôpital, principale source de dépenses en santé. Ainsi, à ma naissance, en 1963, mes parents ont dû débourser 90 dollars pour l’accouchement, mais l’hôpital était gratuit. Ces assurances ont constitué notre système de santé, centré sur l’hôpital et sur les médecins, comme on le sait.

L’assurance maladie est arrivée chez nous en janvier 1971. Cette nouvelle assurance permettait de voir le médecin sans devoir payer soi-même la visite. Les Québécois l’ont toutefois attendue longtemps, puisque le Québec était la dernière province à l’adopter.

Parlant des citoyens, leurs attentes sont bien grandes, sinon démesurées, et parfois même déplacées, quant au rôle du médecin dans leur vie. Qu’il s’agisse de médecine de suivi, de bilan ou de prise de sang annuels, de dépistage ou de tests plus ou moins utiles. Bref, toute la panoplie des actes médicaux qui, surtout dans le cas des personnes en bonne santé, ne remplissent pas toujours leurs promesses.

Le problème, c’est que devant ces immenses attentes, l’attente — au sens temporel — est longue dans notre système. Pour voir son médecin quand on est malade, pour faire évaluer un problème urgent, pour consulter un médecin à l’urgence ou pour avoir accès à certains examens.

Je dis souvent qu’au Québec on rencontre son médecin pour un suivi annuel, alors qu’on va à l’urgence pour soigner un problème de santé. C’est tout de même paradoxal, ce conflit douloureux entre les attentes du public envers la médecine et l’attente qui semble toujours s’étirer.

Le conflit de valeurs

À cela s’ajoute un conflit (de valeurs) entre la « gratuité » des soins (acquise par l’assurance maladie) et le coût de ces soins, mis régulièrement sous pression par l’austérité adoptée par le gouvernement durant la dernière décennie, ce qui contraste avec l’augmentation majeure du revenu des médecins.

Il s’agissait d’un rattrapage salarial pour correspondre à la moyenne canadienne. Mais il est arrivé à un bien mauvais moment, soit au détour d’une crise économique, ce qui a exacerbé les tensions. Et surtout, tout cet argent s’est ajouté sans résoudre les problèmes d’attente.

Tout cela dans le contexte de changements importants au sein d’un système de santé qui s’est largement complexifié ces dernières années avec les réformes du ministre Gaétan Barrette, éloignant notamment la population des pouvoirs de décision. L’hôpital local ou régional s’est transformé en une organisation qui s’étend sur des centaines de kilomètres, à laquelle les gens peuvent difficilement s’identifier.

Et comme le mentionnait avec justesse Léonard Aucoin, psychologue devenu gestionnaire émérite et expert, qui participait à la conférence avec moi, le contexte est celui d’un effritement des contrats sociaux qui ne touche pas seulement la médecine.

Les conséquences de l’effritement

Examinons un peu les conséquences de l’« effritement ». On les vit présentement, alors que l’attente ne diminue pas encore beaucoup, que les attentes demeurent immenses et que l’image des médecins en prend pour son rhume dans les médias, notamment en raison de leur augmentation de revenu.

J’ai tendance à interpréter ce sentiment d’effritement comme un deuil. Le deuil d’une population pour un service qui n’a jamais été à la hauteur de ses prétentions, et le deuil des médecins par rapport à un métier qu’ils pratiquent toujours avec passion, mais dans un environnement de plus en plus difficile. On peut le comparer aux étapes du deuil, classiquement décrites par Elisabeth Kübler-Ross, qui me semblent bien s’appliquer à la situation actuelle.

D’abord, dans le deuil, on trouve le choc, qui se renouvelle à chaque information paraissant dans les journaux. Ce choc qui fait dire aux gens : « Hein ? Ils ont encore eu une augmentation ? » et aux médecins : « Quoi ? Les journalistes ont vraiment écrit des trucs pareils ? » Le citoyen : « Ben voyons, 12 heures à l’urgence, ça se peut pas ! » L’urgentologue (qui entrouvre la porte de la salle d’attente) : « Je ne peux pas croire qu’il y a 100 patients à voir ! »

Comme dans cette deuxième étape du deuil, et nous y sommes pleinement, on retrouve la fameuse colère. La colère de la population qui s’exprime ainsi : « Les maudits docteurs qui pensent juste à eux ! » Celle des médecins s’exprime plutôt ainsi : « Le ministre a encore passé une loi qui a pas d’allure ! » La colère est partout et se répand en pleines pages dans les journaux. Si vous aviez le loisir de suivre les groupes internes des médecins, vous en verriez tout autant.

Après la colère, survient souvent la culpabilité lors d’un deuil. Je ne pense pas qu’il s’agit actuellement d’un sentiment dominant, mais on le retrouve tout de même sous deux formes. La culpabilité d’un patient, par exemple, qui me dit à l’urgence : « Je m’excuse de vous déranger. » Celle du médecin s’exprime parfois ainsi : « On n’aurait pas dû signer cette entente, l’augmentation du revenu est trop forte. »

Dans le deuil, la quatrième étape classique est celle du marchandage, qu’on retrouve aussi dans notre situation médico-sociale. Par exemple, le citoyen indigné qui exige « que les médecins remboursent ». De son côté, le médecin, qui marchande aussi, puisque certains menacent de quitter la profession, quittent le régime public, prennent leur retraite ou menacent de s’en aller en Ontario, cet éden… qui n’en est probablement pas un.

La cinquième étape du deuil est la dépression. C’est aussi un sentiment largement répandu pour les gens : « Le système ne marche plus, on s’en va chez le diable, on va foncer dans un mur. » Pour le médecin, cela s’exprime souvent par : « Moi, j’en peux plus, j’arrête de pratiquer, je suis en burnout, je ne suis plus capable de lire les journaux. »

Ce sentiment dépressif est palpable et, à mon avis, amplifié par la couverture médiatique intense, qui est parfois fondée, parfois partiale, mais qui frappe dur depuis des années. Il ne faut pas en sous-estimer les effets collatéraux.

La sixième étape du deuil étant l’acceptation, je suis mal à l’aise de vous entraîner jusque-là. Surtout que nous n’y sommes pas encore et que nous ne devrions jamais y être, point à la ligne. Il ne faut pas accepter, mais plutôt réagir et se battre.

Comment s’en sortir ?

Mais comment se battre ? Comment renverser le processus d’effritement ? Peut-être en sortant de notre rôle uniquement professionnel et en retournant à plus d’humanité, comme l’a mentionné le troisième panéliste, le très intéressant Alexandre Berkesse, ex-physicien nucléaire (!) aujourd’hui doctorant en philosophie.

Peut-être en se recentrant sur ce qui constitue vraiment notre métier, soit la qualité de la relation médecin-patient, qui semble demeurer assez indemne, bien distincte de la relation globale entre les médecins, la société et les médias.

Peut-être aussi en sortant de cet axe hospitalo-médical sur lequel s’est bâti notre système, en élargissant l’accès et en réorganisant les soins autour des équipes, en faisant notamment la promotion de l’accès à la psychothérapie et aux autres professionnels.

Enfin, en réglant la question des attentes, notamment en travaillant sur la pertinence des soins, en combattant par exemple l’idée de la médecine de suivi pour les personnes en bonne santé, des bilans annuels, des prises de sang annuelles, des dépistages plus ou moins utiles, etc.

L’éducation à la santé est une autre étape importante, afin de redonner de l’autonomie à la population. En santé, à mon humble avis, la moyenne des gens souffrent d’une source d’analphabétisme à combattre autant que pour l’usage de la langue.

Dans cet apprentissage, faire comprendre avec patience les limites de la médecine et éduquer les gens à la prise en charge de la santé quotidienne est un enjeu majeur. Mais pour y arriver, la seule manière d’avancer est par l’utilisation des médias de masse, comme la télévision. Tiens, je me souviens d’une émission dont c’était justement le mandat… !

Enfin, mettre l’accent sur la vraie prévention est primordial : l’alimentation, l’exercice et la cessation du tabagisme, plutôt que les concepts nébuleux comme la détox, les super-aliments, ou encore les fraudes intellectuelles comme l’homéopathie ou d’autres pratiques sans aucune efficacité démontrée. Ça tombe bien, le gouvernement vient justement d’annoncer sa nouvelle politique à cet égard, sur laquelle je reviendrai.

Diminuer l’attente

Pour combattre l’effritement, s’attaquer à l’expérience du patient — passablement effritée, en effet — est crucial. Ce patient qui est encore bien trop souvent aux prises avec l’attente.

C’est l’accès adapté qui est la clé, soit transformer la médecine de première ligne, non pas dans une optique futuriste, mais bien comme la pratique que mon grand-père faisait : voir les patients quand ils sont malades essentiellement, tout en s’assurant de pratiquer les quelques dépistages requis pour améliorer la santé des patients.

Quant à l’éternelle crise de l’attente à l’urgence, l’autre grand problème de notre système, plutôt effritant aussi, elle est beaucoup plus complexe à régler, puisqu’il s’agit d’un manque de capacité en lits d’hôpitaux. Je vous réfère à mon texte récent sur le sujet pour en lire plus.

Une des clés est l’augmentation des soins à domicile. Les systèmes de santé canadiens et québécois font figure de parents pauvres à ce chapitre, étant situés dans les derniers rangs des pays de l’OCDE pour l’investissement en soins à domicile. Comme la population vieillit, nous ne pouvons faire l’économie de réussir à mieux la soigner en dehors de l’hôpital.

Et la question des coûts

Pour ce qui est du conflit de valeurs entre la gratuité des soins et les augmentations du revenu des médecins, j’ai proposé, comme d’autres, de mettre fin aux hausses du revenu des médecins, de geler leur revenu durant plusieurs années afin de réinvestir dans les services et d’augmenter la couverture par les autres professionnels.

L’effet symbolique et l’amélioration qui en résulterait pour l’image des médecins seraient appréciables. Rééquilibrer les revenus entre les spécialités, de même qu’entre la médecine familiale et la médecine spécialisée, où trop d’écarts persistent toujours, demeure un aspect central de l’équation.

Et regardons aussi le coût des médicaments. Le Québec est l’endroit au Canada où les médicaments sont les plus chers, et le Canada figure dans les trois pays où les médicaments sont les plus onéreux au monde. Repenser notre lien par rapport aux médicaments passe par l’inclusion des médicaments dans une couverture publique, comme pour la plupart des pays comparables dans le monde. C’est d’ailleurs potentiellement le plan du gouvernement fédéral. Il était temps !

Pour les 30 prochaines années, devant le vieillissement de la population, la nécessité de repenser les soins aux personnes âgées touche également la question budgétaire. Si nous ne faisons rien pour mieux soigner cette frange de plus en plus importante de nos patients, les coûts exploseront, avec des résultats médiocres qui ne sont pas dignes de nos intentions.

Il importe de se mettre dès maintenant à travailler sur la reconstruction du contrat social, seule garantie pour affronter les 30 prochaines années, qui nous mettront sous une tension de plus en plus grande.

Parce qu’au-delà du risque de voir s’effriter le contrat social des médecins, il faut surtout empêcher notre système de santé public de s’effoirer.

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Il y a un effritement évident dans la relation médecins et société et c’est la moindre des choses que de le reconnaître. Les attentes de la société est à la hauteur des promesses faites par la science…et des sommes colossales investies dans la rénumération des médecins. Les médecins par leurs demandes de revenus exagérés et incompatibles avec la capacité de payer des contribuables s’éloignent de jour en jour des réalités sociales de leurs clients au point où historiquement commme groupe social ils se rapprochent des aristocrates français de la fin du 18ème siècle groupe socialement puissant et abusif que la société a dû remettre à sa place de façon plutôt brutale. Le jour où la société en aura assez du bris du parte sociale des médecins ils seront tous à salaire comme cela se passe dans les sociétés où la médecine répond à ses engagements sociétale. Quant au bris de contrat, à qui la faute lorsqu’on voit des fils d’attente se formé à -10 à l’entrée des cliniques dès 6 heures du matin. Ça rappelle les pires moment du régime soviétique.
Jacques Tremblay
Sainte-Luce, Qc

Ayant eu affaire avec le système de santé au fil des ans, je considère que comme patient, j’ai toujours été bien traité. Nos médecins et nos infirmières sont compétents et humains. Une fois entré dans le «système», nous sommes bien pris en charge et bien traités. Le problème, c’est d’entrer dans le système. Par exemple, il n’est pas normal d’avoir besoin d’un rendez-vous pour se rendre au «sans-rendez-vous» d’une clinique médicale. Si la cédule est pleine pour la journée, on doit se ressayer le lendemain matin pour tenter d’avoir un rendez-vous. Donc si on a un malaise que l’on juge assez grave pour ne pas attendre, on se rend à l’urgence.
Comme citoyen, vu de l’extérieur, j’ai l’impression que le système est articulé en fonction des médecins et du système, plutôt que des patients. Dans le domaine de la vente au détail et des services, tous les processus sont articulés en fonction de la satisfaction à la clientèle.
La solution pour effectuer un virage majeur n’est pas évidente, le système de la santé étant une grosse machine et chacun voulant protéger ses acquis et ses habitudes. Même si je ne suis pas d’accord avec toutes les mesures du Dr. Barrette, il a au moins le mérite d’avoir «brasser la baraque» et d’être allé là où ses prédécesseurs n’ont pas osé aller.

Gilles, vous avez raison, une grosse machine bien embourbée, voir très fonctionnarisée. Une suggestion serait de créer une nouvelle entité, genre Santé 4.0, avec une nouvelle équipe de gestionnaires expérimentée dans ce genre de changement, entourée d’expertise « meilleur de classe » pour l’industrie médicale dans le monde, puis y confier graduellement, les nouveaux complexes médicaux, par ex, on débute avec le nouveau CUSM, le nouveau CHUM…et ainsi de suite … un jour le tout deviendra une courroie d’entrainement vers de nouvelles approches, de nouvelles performances… Un début est de regarder l’approche différente poursuivie chez nous par certains hôpitaux anglophones qui ne sont pas sous le joug du Dr Barrette…

Ouf, on part de loin…mais pas si loin quand même, puisque voilà seulement 10-12 ans, le contrat social me semblait assez équilibré.

Mais il est vrai que depuis lors, le bulldozer Dr Barrette, ci-devant radiologiste et président de la FMSQ, est arrivé avec ses demandes de rééquilibrage de salaire avec les médecins des autres provinces.

Ce qu’il a réussi à faire sans difficulté devant les faibles ministres de la santé qui négociaient en face de lui…je ne les nommerai pas…, il a réussi à obtenir des hausses faramineuses, hausses qui faisaient bien l’affaire de la profession en général, avec raison à l’époque.

Mais depuis cette belle époque où le contrat social ne semblait pas en voie de s’effriter, notre valeureux cardiologue devenu ex-président de la FMSQ (avec 1,2$ million d’indemnité de départ ±), se présente en politique sous la CAQ, pour « arranger« cela comme il était sûr de pouvoir le faire…

La CAQ pas élue, il voit une meilleure opportunité de devenir ministre de la santé en se présentant Libéral. Et voilà…Après avoir bulldozé le pauvre ministre de la santé libéral en place (qui est sagement retourné à sa pratique), le voilà maître à bord dans ce que les médias en continu qualifient (en continu) de gouvernement des docteurs…

Une grande partie de l’effritement du contrat social vient de l’avènement du Dr Barrette comme Dieu le père de la santé au Québec, avec ses qualités (on le dit charmant en privé…) et ses nombreux défauts illustrés ad nauseam dans nos médias.

Voilà où on en est.

Mais ne comptons pas sur le gouvernement libéral actuel, qui songe avant tout à sa réélection, pour trouver une solution à court terme. La solution passe maintenant par des médecins de plus en plus engagés dans les changements nécessaires à un nouveau contrat social.

Ouf ! bcp de sujets dans cet article. Je me permets qques commentaires. Ce n’est pas gratuit, ça représente 50% du budget des services de tout le Québec, faut donc passer de patients à clients. Vous avez raison, les médecins devraient se concentrer sur la pratique médicale, laissez la gestion à des gestionnaires, j’ai déjà écrit ici que les systèmes de gestion sont d’une autre époque et la TI en retard de 30 ans, des processus modernes génèreraient des efficacités d’opération, meilleure utilisation des ressources et des économies substantielles, c’est par là que doit passer une réforme de ce nom. Aussi, en se comparant à ce qui se fait ailleurs on pourra possiblement trouver un équilibre public-privé. Espérons qu’il y a ait plus de vos confrères à partager votre approche, bravo et bon we !

Merci pour cet exposé très éclairant. Donc les solutions existent… et surtout, elles sont connues. Nos concitoyens qui occupent des postes électifs, qui ont la prétention de nous représenter, qu’attendent-ils pour les mettre en place ?

Les dommages sont énormes. Il est difficile et long d’obtenir la confiance.Mais c’est beaucoup plus facile et court de la perdre et ça ne revient jamais. Cliniquement mort….

Vision très articulée, cohérente et réaliste de la situation, des problématiques constatées, ainsi que des améliorations envisagées. Je suis bien d’accord avec cette vision. Rassurez-vous, à l’appui de ce que vous dites, on entend souvent cette remarque : « Lorsqu’on est (enfin) parvenu à entrer dans le système », lorsqu’on peut rencontrer le médecin — ou même mieux notre médecin — la lien de confiance est toujours très fort, et l’on peut dire que « l’on est bien servi »… Et cela, la plupart du temps — les éventuelles exceptions, on peut même en parler à son médecin, en temps voulu, et il pourra les commenter, en tenir compte, et même en acheminer un certain suivi… ce qui n’est pas trop mal, en somme…
Pour en revenir à la répartition de la « charge de soigner » et même celle de « diagnostiquer » bien des petits bobos, il est évident que l’implication des infirmières et autres professionnels de la santé est essentielle, voire incontournable, et devra de plus en plus jouer un rôle de premier plan, pour résoudre le sempiternel problème d’engorgement de notre système de santé… Il ne faudrait surtout pas oublier, en outre, le rôle essentiel des préposés à l’accueil des patients, surtout à l’hôpital ou dans les « grosse cliniques », quant à la gestion des rendez-vous, à la bonne répartition des personnes arrivant à l’Urgence… Leur bonne connaissance des ressources véritables de leur hôpital, des meilleures façons d’en tirer parti concrètement… leur souci de verbaliser correctement ces renseignements pertinents… peuvent faire toute une différence sur la gestion des files d’attente, sur le « désengorgement » de l’Urgence. Le fait de passer moins de temps à vérifier si l’adresse de la personne est toujours la bonne, etc., pour se concentrer sur la possibilité de faire rencontrer au plus tôt une infirmière, pour les cas mineurs, par exemple… ce genre d’initiatives concrètes ne sont certainement pas à négliger, afin d’atteindre un meilleur « rendement » d’un urgence… La débrouillardise, quoi, et l’ouverture d’esprit… plutôt que d’invoquer toujours le sempiternel « protocole », afin d’assurer sa propre sérénité d’esprit… tout en se permettant d’exacerber celle des patients toujours « en attente »… Ce genre de choses, on n’en entend jamais parler, mais un hôpital, ce n’est pas que des médecins, et chacun des membres de son personnel doit y mettre du sien…
Quant au rôle du patient lui-même, il ne faut jamais oublier qu’il joue un rôle central dans le suivi de son propre état de santé. Il est quand même le meilleur observateur de son propre corps, celui qui le suit ( et qui le « sent » ) quotidiennement et de plus près. Il a d’ailleurs souvent « commencé à se soigner » lui-même, à l’aide de médicaments en vente libre, par exemple. Plus ses observations seront précises, mieux il pourra les décrire au médecin ou à l’autre spécialiste de la santé qu’il rencontrera éventuellement, plus il pourra faire part de certaines intuitions qu’il aura pu avoir, au sujet de « son propre cas », plus il pourra faire sauver du temps à tout le monde… et même, et surtout, s’il a commis des erreurs dans ses propres essais de soulager son mal… Après tout, même les connaissances médicales les plus fines et les plus « avancées » n’ont-elles pas été obtenues grâce à bien des observations, à diverses expériences qui n’ont pas toujours été couronnées de grands succès… Plus le patient est « allumé »… et « transparent », plus il peut aider son médecin à cerner rapidement « le vrai problème de santé » dont on parle… Je ne crois pas que l’on doive dire que le patient cherche ainsi à « se substituer » au professionnel qu’il vient rencontrer durant quelques minutes : plutôt que de le laisser « deviner » de quel mal il s’agit, grâce à une bonne description de ce que l’on a observé, on peut lui faire sauver bien du temps… et ainsi contribuer modestement à améliorer son efficacité professionnelle… Du moins, c’est mon avis…

Dans un souci didactique, on pourrait ajouter que le terme de « contrat social » se réfère aussi à un ouvrage majeur : « Du Contrat social » écrit pas Jean-Jacques Rousseau et publié en 1762, qui affirme quelques principes qui par bien des aspects façonnent encore ce que devrait être une société libre et évoluée dans ce 21ième siècle.

Principes auxquels sembleraient déroger quelques classes dans nos sociétés, ce qui pourrait inclure les médecins qui préfèrent leurs intérêts corporatifs au principe conducteur de la volonté générale comme guide des actions à porter pour le bien commun.

Il s’agit bien sûr d’une simple hypothèse de ma part et non point : une affirmation !

S’il est vrai que le modèle médical canadien est directement inspiré du modèle britannique, il est aussi imprégné du modèle américain en créant par le fait même des clivages concurrentiels qui n’existent pas automatiquement chez les britanniques. De plus les habitants du Royaume-Uni ont eu tendance ces dernières années à vouloir faire évoluer le système à fin d’offrir plus de services sociaux et de proximité qui viennent enrichir le système de santé et le bien-être des patients.

Ce caractère justement social de la médecine britannique et de leur système de santé semble avoir été presque entièrement occulté dans notre pourtant magnifiquement excellent système québécois ; de telle sorte qu’un homme sain mentalement devrait choisir la mort plutôt que d’entrer dans ce débris (rapport avec l’effritement) qu’est le système de santé québécois qui pompe tel un vampire plus de 50% du budget du Québec en y incluant les services sociaux.

J’ai le sentiment qu’on devrait pouvoir faire autrement mieux avec tout cet argent.

Dans le même temps, hormis les médecins. Tout le monde manque de tout et à peu près personne ne peut se targuer de vivre en santé, incluant du reste celles et ceux qui en très grand nombre travaillent dans ce système.

Ce qui est problématique, ce n’est pas le revenu que retire le médecin pour l’exercice de son art, c’est plutôt la médiocrité du service rendu par l’artiste (l’homme de l’art) dans l’exercice de sa profession. Il y a donc distanciation entre les actes qui devraient être posés et ceux qui sont effectivement obtenus dans les faits par la population.

Le problème est non seulement éthique (et pas seulement social), il est économiquement insupportable dans le temps ; il est qui plus est contre-productif et nocif au bien être d’une société qui devrait être naturellement bien portante.

Faut-il en ce sens parler d’un simple effritement ou ne conviendrait-il mieux d’« écrapoutir » ce système dans la dignité tout en lui donnant un petit coup de pouce pour qu’il puisse une bonne fois pour toute s’effondrer ?

Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Après cet effondrement pur et simple, je ne doute pas qu’une manière de prendre soin des gens renaitrait rapidement, meilleure et plus forte que jamais. Et pourquoi pas un système de santé autogéré ? Après tout quand les citoyennes et citoyens sont bien éduqués ils peuvent aussi mettre leurs connaissances acquises au bénéfice de toutes choses y compris le bienêtre et puis la santé.

Enfin revoir les façons de faire et laisser place au autres spécialistes de la santé. Dans l’UMF dont j’ai le privilège d’être client, nous prenons rendez-vous directement avec notre médecin via un système de rendez-vous informatisé, ( ce n’est pas le paradis, mais cela dégage l’équipe autour du médecin), les examens pré-rencontre avec la médecin sont prises en charge par de infirmière ou autre pour garder au médecin les tâche de médecine uniquement, les résultats d’analyse, si normal, sont transmis au patient directement par du personnel autre que son médecin, etc.
C’est une début, mais enfin l’on commence à revoir l’organisation du travail et améliorer les processus et l’efficience de l’organisation.
Bravo

Pourquoi, quand il est question du temps d’attente, parlez-vous toujours du temps qui s’écoule avant de pouvoir installer un patient qui le nécessite dans une chambre (c.-à-d. après qu’il a été vu à l’urgence)? La majorité des gens qui se rendent à l’urgence y vont pour des problèmes mineurs, et n’auront pas besoin d’être hospitalisés et pour eux, le temps d’attente représente le nombre d’heures passées dans la salle d’attente de l’Urgence avant d’être vus par un médecin. Il est clair que si le système fonctionnait comme il le devrait, ces gens verraient plutôt leur propre médecin à brève échéance au lieu de venir embourber l’urgence. Il n’en reste pas moins que ce que les gens veulent voir diminuer, ce sont les 12, 15 ou même 20 heures d’attente dans la salle avant d’être vus par un médecin. Une nuit de janvier dernier, après 20 heures, la plupart des gens étaient repartis chez eux sans voir un médecin. Mais ma collègue y était toujours… Il y avait eu plusieurs accidents d’auto et il n’y avait qu’un médecin à l’Urgence! Et c’est courant les fins de semaine, lui a-t-on dit… (hôpital de Hull).

Madame Nicole,
Essentiellement vous vous demandez pourquoi il n’y a pas plus qu’un médecin dans les urgences la nuit? Probablement parce que les hôpitaux ne peuvent pas y ajouter de ressources (le personnel requis pour aider ce médecin à voir plus de patients) supplémentaires pour diverses raisons… Nous l’avons tenté dans la salle d’urgence où je travaille. Après une semaine, les infirmières nous ont demandé de ne plus être deux médecins car elles étaient incapables de suivre la cadence…

Bonjour. Je ne connais pas d’endroit où les médecins sont tous à salaire. Les modes de rémunération varient beaucoup. Il y a plus de médecins à salaires dans les milieux hospitaliers dans certains pays, mais je ne connais pas de première ligne largement à salaire.

Le système de santé n’est pas gratuit, ils est payé grâce aux impôts non? sinon d’où vient l’argent? de loto québec?

et ont entend justement rarement les médecins se prononcer. sur les décisions.

Eh puis la détox ça fonctionne car ont donne des bons aliments à notre corps. Rien de bien sorcier à ça… tout plein d’anti-oxydant pour enlever les radicaux libre du corps et revenir à un terrain plus alcalin. Quand ont se renseigne un peu ont trouve toute l’information nécessaire pour justement prendre en charge notre propre santé.

En sortant du cabinet de notre médecin, du CLSC ou de l’hôpital, on devrait recevoir une facture, indiquant le prix réel du service qu’on vient de recevoir, avec une solde de $ 0.00. Ce serait le minimum pour nous éduquer sur le fait que notre système de santé n’est pas gratuit.
On devrait aussi regarder comment d’autres pays ayant un système de santé public chargent leurs citoyens pour certains services.