Aujourd’hui, le 25 mai, c’est la journée internationale de la thyroïde, alors parlons-en!
Je ne sais pas si tous nos organes ont droit à ces égards et j’imagine que les poumons sont un peu jaloux, mais pour cette petite glande de 30 grammes qui régularise les activités métaboliques de notre corps, l’honneur est mérité.
Initiative lancée en 2007, la journée vise à sensibiliser à propos des problèmes, plutôt fréquents, pouvant affecter notre glande thyroïde, incluant un cancer qui demeure peu fréquent et d’excellent pronostic.
Avant de me lire vous décrire les hauts et les bas de la vie de votre thyroïde, vous pouvez commencer par vous la palper, même si sa petite taille la rend difficile à détecter. Situés de part et d’autre de la trachée, dans la base du cou, ses deux lobes sont liés par un pont de tissu qui la surplombe. Comme elle monte et descend quand vous avalez, il est plus facile de sentir son mouvement à ce moment.
Mais ne vous inquiétez pas si vous ne palpez rien: l’examen d’une thyroïde normale est difficile. En fait, si vous pouvez la palper trop facilement, il est possible qu’elle ait augmenté en taille, ce qu’on appelle un goitre, en termes médicaux.
Le thermostat du corps humain
Je présente souvent la thyroïde à mes patients comme le thermostat du corps humain. Ses hormones régulent en effet à peu près toutes les fonctions dans notre corps.
Le terme «accélérateur» serait encore plus approprié: selon qu’il soit collé au plancher ou que le pied soit levé, le métabolisme du corps accélèrera ou ralentira d’autant. En position neutre, notre corps fonctionnera juste à la bonne vitesse, comme c’est le cas pour la vaste majorité d’entre nous, dont la thyroïde travaille normalement.
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L’accélération ou le ralentissement de la glande causera toutefois des symptômes très variés, parfois sévères. Ceux-ci touchent tous les autres organes, incluant le cerveau, ce qui affectera notre activité mentale et même notre humeur.
Quand la thyroïde ralentit
L’hypothyroïdie, correspondant à un ralentissement de la glande, est le problème le plus fréquent, particulièrement chez les personnes âgées.
Elle touche environ 2 personnes sur 100, ce qui représente environ 700 000 personnes au Canada et un peu moins de 200 000 au Québec, un nombre appréciable, surtout quand on connaît les conséquences de ce problème.
Lorsque la thyroïde ralentit sa production d’hormones thyroïdiennes, c’est un peu comme si on abaissait le niveau du thermostat ou qu’on relâchait l’accélérateur: toutes les fonctions corporelles s’engourdissent. Même la température du corps baisse. Les symptômes peuvent aller jusqu’au coma, une situation toutefois exceptionnelle aujourd’hui.
Parmi les symptômes causés par l’hypothyroïdie, on retrouve:
• Un manque d’énergie
• De la fatigue
• Une difficulté à supporter le froid et même la température normale
• Un état dépressif
• De la confusion, surtout chez les personnes âgées
• De la difficulté à se concentrer
• Des pertes de mémoire
• Une peau sèche
• De la pâleur
• Des cheveux secs et même une perte de cheveux.
• Des ongles se brisant facilement
• Des cycles menstruels irréguliers, souvent plus longs, voire même absents
• De l’infertilité, dont c’est une cause traitable
• De la constipation
• Enfin, un goitre, ce gonflement à la base du cou qui correspond à une augmentation du volume de la thyroïde.
Au fait, pourquoi un goitre? C’est que notre cerveau, ce chef d’orchestre hormonal, détecte aisément toute insuffisance d’hormones thyroïdiennes, de sorte qu’il entreprend de stimuler fortement la thyroïde, ce qui entraine une augmentation de sa taille, sans nécessairement réussir à augmenter la production d’hormones.
L’hypothyroïdie, habituellement irréversible, se produit notamment dans les contextes cliniques suivants:
• La maladie de Hashimoto, causée par nos anticorps, qui provoque une inflammation de la thyroïde. Il faut noter qu’au début, la production hormonale peut être augmentée, avant de s’effondrer.
• L’hypothyroïdie congénitale, qu’on détecte aujourd’hui systématiquement chez le nouveau-né.
• La chirurgie de la glande pour traiter par exemple un cancer de la thyroïde.
• L’effet du traitement par iode radioactif de la maladie de Graves-Basedow (voir plus loin), qui détruit la glande.
Fort heureusement, elle est facile à traiter, puisqu’il suffit de prescrire des hormones de remplacement thyroïdien, de la thyroxine, dont la forme pharmaceutique est en tout point semblable à l’hormone native.
Une fois la dose ajustée, le corps normalise son métabolisme de base dans les semaines qui suivent et les patients retrouvent dès lors une vie normale.
Quand la glande va trop vite
Si la thyroïde sécrète trop d’hormones, c’est le problème inverse que l’on constate. L’accélérateur est enfoncé et le corps tout entier subit les effets de cette agitation. Les symptômes ainsi engendrés correspondent au syndrome clinique de l’hyperthyroïdie, beaucoup moins fréquent que celui de l’hypothyroïdie.
La principale cause d’hyperthyroïdie est une autre maladie auto-immune, la maladie de Graves-Basedow, décrite dès 1835.
Pour en comprendre les symptômes, il suffit d’imaginer que tout le corps est maintenant en mode accéléré, ce qui n’épargne aucun organe. On retrouve donc:
• Une perte de poids, malgré un appétit normal ou même augmenté
• Une transpiration accrue et des bouffées de chaleur
• Une intolérance à la chaleur
• Des tremblements fins
• Des sautes d’humeur
• De l’anxiété
• Des selles plus fréquentes et même des diarrhées
• Des difficultés de sommeil
• Un rythme cardiaque rapide (souvent plus de 100 à la minute au repos), des palpitations cardiaques et même de l’arythmie cardiaque comme la fibrillation auriculaire
• Des changements dans le cycle menstruel
• Enfin, une saillie des yeux appelée exophtalmie, ce qui est le signe le plus apparent.
Le traitement est plus complexe que celui de l’hypothyroïdie, et différentes stratégies sont possibles. D’abord, on peut prescrire des médicaments qui bloquent temporairement la synthèse des hormones thyroïdiennes, ce qui empêche leur augmentation.
On peut ensuite freiner les effets de ces hormones sur les tissus périphériques, par exemple en donnant aux patients des médicaments de la classe des «bêtas-bloqueurs», qui bloquent une des voies permettant d’accélérer le métabolisme cellulaire. Cela permet de contrôler, au moins sur une base temporaire, plusieurs des symptômes de l’hyperthyroïdie.
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De manière plus définitive, on procèdera ensuite souvent à la destruction de la glande par l’administration d’iode radioactif, que la thyroïde utilise pour produire ses hormones et qui brulera localement les tissus, conduisant à un arrêt de production hormonal. Suite à ce traitement définitif, on prescrira des hormones de remplacement pour éviter l’hypothyroïdie.
L’exophtalmie persistera généralement, même après résolution de l’hyperthyroïdie. Si une atteinte fonctionnelle (œil irrité, par exemple) ou esthétique est trop évidente, des chirurgies correctrices permettront généralement de régler ou de masquer le problème.
Détecter les hauts et les bas de la thyroïde
Il est aisé de détecter une activité excessive ou insuffisante de la glande thyroïde.
On peut doser directement les hormones produites par la glande, mais il est encore plus simple, rapide et économique de mesurer ce qu’on appelle la TSH (qui veut dire, en anglais, «thyroid stimulating hormone») provenant de l’hypophyse, qui régule le fonctionnement de la glande thyroïdienne.
La TSH peut en effet être mesurée avec une grande précision et donne un indice fiable du fonctionnement de la thyroïde elle-même:
• Si la TSH est trop basse, cela veut généralement dire que la thyroïde va elle-même trop vite et que l’hypophyse tente de la ralentir en diminuant sa stimulation (ce qui ne fonctionne pas en cas d’hyperthyroïdie).
• Si la TSH est trop élevée, cela signifie plutôt que la thyroïde éprouve une difficulté à fabriquer suffisamment d’hormones thyroïdiennes et que l’hypophyse tente de compenser en la stimulant plus énergiquement, ce qui peut fonctionner temporairement.
Ensuite, quand on traite l’hyper ou l’hypothyroïdie, on surveille le niveau des hormones, mais surtout de la TSH, sa mesure constituant un reflet précis du niveau d’hormones.
L’hypothyroïdie sévère: une rareté
Historiquement, il y avait beaucoup d’hypothyroïdie sévère, ce qu’on retrouve encore malheureusement dans plusieurs parties du monde, notamment là où les tests diagnostiques sont peu disponibles ou trop coûteux.
L’une de ces causes historiques est la carence en iode, que la glande utilise pour créer son hormone, mais ce phénomène a pratiquement disparu depuis que l’alimentation contient davantage d’iode et que l’on ajoute de l’iode au sel de table.
Quant à l’hypothyroïdie congénitale, qui touche un bébé sur 4000, nos enfants n’ont plus à en subir les conséquences, puisqu’on la dépiste systématiquement à la naissance. Auparavant, le manque de stimulation thyroïdienne menaçait le développement de tous les organes, incluant le cerveau, ce qui engendrait ce retard mental sévère qu’on appelait à l’époque le crétinisme.
Et le cancer
Puisqu’on parle de la thyroïde, il faut bien aborder la question du cancer, qui n’est pas si fréquent. On le diagnostique chaque année chez environ 4500 Canadiens, dont environ 1000 Québécois.
L’exposition à des radiations, auxquelles les cellules thyroïdiennes sont particulièrement sensibles, constitue un facteur de risque important, surtout quand on est plus jeune. D’où l’importance de limiter l’exposition à ces radiations — celles provenant des rayons X médicaux, par exemple — et de n’effectuer des radiographies et des SCANs que lorsqu’ils sont médicalement indiqués. En cas d’accident nucléaire et de risque de contamination par iode radioactif, on fait prendre rapidement aux gens de l’iode en bonne quantité pour éviter que la thyroïde ne capte et concentre l’iode radioactif dans ses tissus.
On soupçonnera le cancer par l’apparition d’une bosse ou encore d’une difficulté à avaler si le cancer prend déjà trop de place. L’examen de la glande permettra souvent de détecter une anomalie, mais c’est généralement par échographie et biopsie que se feront les diagnostics.
Selon le type de cancer et l’évolution, il pourra y avoir chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie afin d’enrayer la maladie. C’est toujours terrible d’avoir le cancer, mais il est bon de se rappeler que les taux de survie à cinq ans dépassent les 95 % pour le cancer de la thyroïde, un des «meilleurs» pronostics dans le monde du cancer.
Voilà, tout ça pour souligner adéquatement la journée mondiale de la thyroïde, ce petit organe si important pour notre santé, qui peut parfois nous causer bien des soucis, mais qui se laisse toutefois généralement soigner de manière très efficace.
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Merci pour cet article très intéressant|
Problème de thiroide j ai la peau de la tete tres seche le dessus des oreilles pique le nez les sourcils et en dessous du cou et en dessous des bras ne peu plus mettre desodorisant je prends les pilules pour la thiroide 5 mg depuis 2 ans et c st pire que pire je suis and n train de devenir folle je me fais des boutons dans la tetea force d me me ndr est a l institut d cardiologie son prenonest Suzanne
Merci Docteur Vadeboncoeur,Je vous ai suivi longtemps dans l’a pm a Radio Canada,par vos réponses vous m’avez guéri d’un problème en faisant un certaine excercice ,et sa marche, Merci, c’ était très instructif, merci, et pour votre artice de ce soir, très intéressant et instructif ,merci milles fois , vous devriez avoir une émission régulière , nous on ne connaient rien de la médecine , sa nous manque , merci beaucoup Bonne continuité et merci encore.
Bonjour Monsieur,je voudrais des avis .j ai fait plusieurs examen a la suite d une gene dans la gorge.l echographie cervicale a montre une legere augmentation de la glande.donc j ai fait une iodure ,un examen de sang sur le placenta ,une ecg,une scyntigraphie et tous ces examens sont plutot normaux mais il m ont mit sur levothyros sur une periode de six mois donc frnchement je suis inquiete parce que je voudrais avpoir plus d info .j avais mit sur l effet du stress.svp donner moi plus d information ou conduisez moi vers un special
J’ai été opéré il y a environ 50 ans pour une glande qui fonctionnait trop, plus tard j’ai commencé à prendre du syntroide. Aujourd’hui j’ai pris du poids je me sens fatiguée et je dors très peu (env 2-3 hres par nuit) Quoi faire
N’ayant plus de glande suite à un traitement d’iode radioactif, est-il vrai qu’il est plus difficile de perdre du poids? Et est-il normal de ressentir quelques symptômes de l’hypothyroidie, malgré des tests sanguins annuels démontrant que le dosage de TSH par ordonnance soit dans les barèmes.
Je fais de l’hypothyroidie depuis 20 ans et j’ai lu beaucoup d’articles sur le sujet. Votre texte est le plus clair que j’ai lu. Merci beaucoup.
Je voudrais savoir ce que veuxdire le decapeusateur sur les os
Decalpusateur. Debut de tendinite avec probleme thyroide operer a l age 12 ans le probleme revient au galot merci